samedi 29 juin 2024

Revenir sans cesse


Avec le temps, l'expérience qui consiste à étiqueter ses pensées « penser » devient aussi beaucoup plus claire. On peut être complètement plongé dans une rêverie, dans une remémoration du passé ou faire des projets d'avenir, totalement absorbé, comme si on avait pris place dans un avion qui s'est envolé. On est ailleurs, on est avec d'autres personnes, on a redécoré une pièce ou bien on a revécu des événements, agréables ou non, ou bien on s'inquiète énormément de quelque chose qui pourrait arriver, ou encore on retire une grande jouissance en pensant à quelque chose qui pourrait se produire, mais on y est immergé tout entier, comme si on était dans un rêve. Puis, soudain, on s'en rend compte et on revient, un point c'est tout.

C'est automatique. On se dit « penser » et, en le disant, fondamentalement, on choisit de laisser tomber ces pensées : on ne les refoule pas, mais on les reconnaît avec beaucoup de clarté et de douceur comme du « penser », pour ensuite les abandonner.

Quand on commence à se familiariser avec ce processus, on acquiert une puissance incroyable : voir que l'on peut être complètement obsédé par l'espoir, la peur et toutes sortes d'autres pensées, se rendre compte de ce que l'on fait — sans le critiquer —, et que l'on peut abandonner ces pensées.

C'est probablement l'un des outils les plus stupéfiants qu'on puisse recevoir, cette capacité de simplement renoncer aux choses, sans être pris dans l'étreinte de ses propres pensées de colère, de passion, d'inquiétude ou de dépression.

Pema Chödrön – Entrer en amitié avec soi-même

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