Le soin de la vie intérieure est le fil rouge de ma vie. « Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours » : la devise de Louis Pasteur, mon maître en biologie, pourrait être la mienne. Ancien interne des hôpitaux et biologiste médical de formation, je suis devenu thérapeute pour essayer de soulager parfois et écouter toujours.
L'écoute est la première façon de soigner. Pour écouter, il faut se rendre disponible et se laisser bousculer. La vie peut y aider. J'ai grandi dans une culture familiale imprégnée par le sens du service. Pour mon père, médecin, le patient était le cœur de sa pratique. Quant à ma mère, les visites aux malades et personnes isolées l'auront occupée toute sa vie...
Deux événements m'ont structuré lors de la préadolescence. Vers l'âge de 13 ans, je regarde un divertissement à la télévision, un dimanche après-midi, lorsque mon père me lance : « Viens, on va voir ton grand-père à l'hôpital. » L'adolescent que je suis, affalé comme une larve devant l'écran, commence à râler... Mon père interrompt le grognement d'une voix douce et ferme qui ne supporte pas la contestation : « Quand une personne souffre, on va la visiter. » Il n'y a pas à tergiverser. J'ai à peu près le même âge lorsque mes parents et des amis de notre paroisse du Val-de-Marne accueillent une famille de boat people rescapée du génocide de Pol Pot. Nous avons reçu chez nous un jeune Cambodgien. J'ai été chargé de lui apprendre le français et de l'accompagner dans son initiation, comme s'il était mon frère jumeau. Lui apprendre à lire, compter, parler, s'habiller... Or il ne comprenait rien ! J'ai même passé mon CAP de boulanger pour l'aider !
Ça me « gavait », bien sûr, mais je n'avais pas à discuter : je savais, par mes parents, que la charité est un engagement, pas un sentiment. On aide l'autre non pas quand on en a envie, mais quand il en a besoin...
Jean-Guilhem Xerri
(source : La Vie)
(source : La Vie)
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