"Si la tradition chinoise était une religion, elle serait celle du Naturel. Elle pose l'existence d'un « ordre naturel de la vie ». Il suffit de regarder des reportages sur la vie des animaux ou le déroulement de la gestation d'un embryon humain pour se convaincre de cette évidence. Tous les ordres sociaux, familiaux, religieux, personnels... devraient, idéalement, en être le reflet. C'est vers le Naturel que nous devons tendre, car « seul le Naturel est fiable », avec ses aléas, Yin et Yang, ses normalités et ses anomalies.
Comment y accède-t-on ? Par la spontanéité. Car la condition sine qua non pour être soi-même, pour accéder à sa « nature essentielle », est de laisser le naturel, son naturel, advenir spontanément : être à l'écoute de soi, de ce qui, en soi, ne demande qu'à émerger à chaque instant et cesser de l'empêcher de surgir en imposant sa volonté propre. Le classique «non agir », Wuwei, implique, non que l'on n'agisse pas, mais que l'on n'agisse pas contre le « cours naturel ». Il demande que l'on agisse « spontanément, selon sa nature propre, car il ne convient pas d'interférer avec le cours des choses » (Daodejing) en imposant ses décisions, au lieu de percevoir ce qui aspire à jaillir à ce moment. A l'instar du tailleur de jade qui ne cherche pas à donner à son bloc la forme qu'il désire, mais plutôt à avoir le pressentiment, au bout de son ciseau, de celle qui y est contenue. « David était dans le marbre », disait Michel-Ange lorsqu'on lui demandait comment il avait pu concevoir un tel chef-d'oeuvre. Tous les grands créateurs ont été, de fait, au service de leur création.
extrait de "Médecine traditionnelle chinoise" de Jean Marc Kespi. Ce petit livre nous fait découvrir la MTC qui est une vision du monde, de la vie et de l'homme.