Vous n’allez rien y gagner, rien y obtenir.
J’ai conscience que ce n’est pas facile à entendre, ami chercheur.
Je sais que tu ne vas pas me croire, car c’est difficile à avaler, toi qui espères tant de cette quête.
J’ai conscience que souvent tu en attends quelque chose de merveilleux, qu’il y a un espoir tellement immense en toi, probablement de sortir de ta condition humaine si difficile, d’améliorer ta vie, ton vécu, que sais-je encore.
Et pourtant, quelle paix de le comprendre !
Quelle joie de ne plus rien attendre de cette quête de soi, de ne plus rien considérer comme acquis!
Quelle beauté d’accepter de n’y rien comprendre !
Et quelle douceur de se déposer dans le cœur même de la vie, pour se laisser bercer dans son mouvement naturel, quel qu’il soit, sans protection!
Juste être, ici et maintenant.
Alors à un moment donné, tu vas t’en rendre compte :
le chemin n’apporte rien du tout.
Absolument rien de personnel.
Rien, rien, rien.
A l’inverse, si tu y consens, cette quête, cette « rencontre inconditionnelle avec soi », cette plongée totale dans le réel va te prendre tout ce qui t’est personnel, tout ce que tu considères comme t’appartenant.
Tu vas te délester.
Le chercheur obtient quelques acquisitions : plus de tranquillité, de douceur, d’amour, de compréhension peut-être.
Quelques belles envolées spirituelles parfois.
Parfois même ça dure un peu, quelques années même, on a l’impression d’être arrivé quelque part, c’est agréable.
Dès qu’il se passe quelque chose, le chercheur en fait un évènement, une acquisition.
L’éveil devient un truc à obtenir, où à retrouver si on l’a «perdu».
Le chercheur fait comme toutes les personnes en ce monde : accumuler des belles choses, rejeter celles qui ne lui plaisent pas.
Mais lorsqu’il les a eues, il peut les perdre.
Sur ce chemin là, on finit toujours par perdre ce qu’on a acquis.
Je l’ai déjà dit ici : tous les états spirituels que vous allez gagner, vous allez les perdre.
La vie va et vient.
Elle fait ce qu’elle veut.
Alors entends-moi bien, surtout la prochaine fois que tu auras l’impression d’avoir encore perdu ou gagné quelque chose sur ce chemin.
Oui entends-moi bien :
Accepte de te dénuder de ce désir d’accumuler des expériences, de ce désir d’obtenir quelque chose de tous tes efforts.
Il ne s’agit pas de gagner,
ni d’accumuler,
ni de réussir,
il s’agit de perdre la totalité de ce que tu crois avoir,
de perdre la totalité de ton monde,
de lâcher tout ce que tu crois tenir.
La condition humaine c’est de porter la vie, d’en faire une affaire personnelle, une réalisation, un devenir.
La quête spirituelle récupère ce même mouvement et devient quelque chose à réussir.
Comme c’est lourd et épuisant !
Comme c’est difficile !
N’en as-tu pas marre ?
Tant que tu n’en auras pas assez marre, tu vas continuer.
Il faut parfois aller au bout de l’absurdité.
Essayer encore et encore de réussir cette quête, d’arriver quelque part, d’accumuler les expériences.
Mais un jour, tu ne pourras plus faire autrement, tu va revenir à plus d’humilité et reconnaitre profondément la vérité :
Tu ne tiens rien,
Tu ne possèdes rien,
Il n’y a rien à réussir,
Tu es déjà nu devant la vie.
Et en réalité c’est cela que ton cœur désire le plus : reconnaitre cette nudité de ton être.
C’est dans cette nudité que nous pouvons faire le don de nous-même au vivant que nous sommes.
Et nous laisser porter par son libre mouvement.
Alors ami chercheur, acceptes-tu de ne plus rien accumuler ?
De te délester de ce que tu crois avoir acquis ?
Et de te montrer dans ta plus intime vulnérabilité ?
Dans ta plus totale nudité ?
Tu te rencontreras alors dans ta plus profonde humanité.
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