À l'occasion de la sortie de son recueil Poèmes pour habiter la terre, le chroniqueur des Essentiels se livre à propos de sa vie intérieure. Dans les Pyrénées, près de Lourdes, Philippe Mac Leod vit en communion avec la nature.
1. Laissez-vous dérouter
La poésie ne se donne pas dans l'immédiateté. C'est toujours une erreur de vouloir tout comprendre tout de suite. Elle nous demande l'humilité des détours, d'une approche à petits pas, comme on pénètre sans bruit dans une pièce pour ne pas déranger les objets, les meubles dans leur silence. Dans le poème, on ne dérangera pas les mots par la brusquerie de nos attentes, on se laissera gagner par leur étrangeté, les alliances nouvelles, les rencontres inattendues, la musique d'un ailleurs.
2. Ouvrez-vous à la pluralité de sens
Le poème est un monde en lui-même, autonome, avec sa respiration propre, ses rapports internes, son équilibre, son climat. D'abord tenu au-dehors, pour y entrer le lecteur y cherchera le fil conducteur, les points d'appui que lui offriront une image, un mot, le relief d'un adjectif particulièrement évocateur, qui va susciter en lui de multiples résonances. L'étrangeté deviendra familiarité. On relira le poème plusieurs fois, en le laissant retentir en soi, au besoin en fermant les yeux pour mieux entendre les accords entre les mots. Il y a aussi une musique du sens. La difficulté première tient souvent à la polysémie. Il faut renoncer à l'univocité des mots.
3. Soyez dans la gratuité
On se souviendra du langage en paraboles qui est celui de Jésus. Les choses de ce monde recèlent du sens, que la parole va libérer, laisser affleurer, en faisant jouer les correspondances, le dialogue entre l'âme et le monde, entre la matière et l'esprit. L'image poétique renoue des liens que nous avons perdus. Comme pour la prière, elle nécessite de la part du lecteur une gratuité, une disponibilité, une mise en condition. Lire de la poésie sera toujours une aventure, un exercice éminemment spirituel.