samedi 31 octobre 2015

L'âme est un bijou sacré par Annick de Souzenelle (5)

Et la mort, qu'est-ce que c'est pour vous ? Une ultime épreuve sur terre ?

C'est la vie. Je pense que ce qui est une épreuve, c'est vraiment la maladie, la souffrance, en un mot les conditions si difficiles de fin de passage en ce monde. Mais la mort en elle-même est une épreuve parmi de nombreuses épreuves qui toutes sont ontologiques. Elle est un passage à une autre dimension d'être. Intellectuellement je n'ai pas peur mais je ne sais pas comment je me comporterai devant elle. 


Vous avez une idée de ce qui vous attend après ?

Non. Je crains l'imagination à ce sujet. Ce qui est certain c’est la rencontre avec « l’imaginai », soit les mondes angéliques selon le langage d’Henry Corbin. Ces mondes angéliques sont intermédiaires entre notre dimension seigneuriale et nous ; nous avons à continuer de les intégrer après la mort car ce devrait être l’objet de notre vie après cette seconde naissance ; nous devrions en continuer la dynamique après la mort de ce corps matériel. Ces mondes angéliques que nous avons à intégrer sont ceux qui spiritualisent le corps et qui corporalisent l’esprit.


Est-ce que c’est encore un enseignement qu'on reçoit ?

L’enseignement que l’on reçoit est celui d’une connaissance qui s’acquiert par cette voie de l’intégration des énergies. Elle est celle de notre vie réelle ici-bas et se continue certainement après la mort de ce corps matériel jusqu’à ce qu’on devienne fruit de l’Arbre de la connaissance ; c’est cela devenir notre NOM secret.

Les textes chrétiens en parlent ?

Oui bien sûr, mais de façon très énigmatique. Le plus explicite pour nous est le texte du songe de Jacob : Jacob voit se dresser devant lui une échelle d’anges qui, tout au long d’elle, montent et descendent ; en haut d’elle est le Seigneur. Saint Paul en parle aussi mais il est très mal traduit. Les traductions sont des trahisons, on le sait bien ! On sent très bien que les traducteurs n'ont pas compris ce dont il s'agit. Je donne l'exemple de Paul qui dit : "L'homme est la gloire de Dieu et la femme est la gloire de l'homme ". Ça ne me plaît pas beaucoup. En réalité Paul dit certainement : l’Homme avec un grand H, aussi bien homme que femme,’ est la gloire de Dieu et Ishah est la gloire de l’Homme. Ishah est le féminin intérieur de tout un chacun ; elle n’est pas la femme extérieure. Nous avons à épouser ce féminin intérieur. Alors nous sommes épousés de Dieu. Ishah est en effet notre gloire parce que c'est elle qui nous fait grandir au fur et à mesure que nous accomplissons les énergies potentielles qu’elle détient ; alors nous entrons dans une conscience autre et nous sommes épousés de Dieu. Il y a doubles épousailles. C'est dans ce sens-là que parle l'apôtre Paul,

Vous préoccupez-vous de votre succession ?

Le vrai maître est celui qui doit susciter chez l'autre son maître intérieur. C'est l'affaire du Seigneur. Si cette anthropologie est juste et si elle doit être enseignée, le Seigneur qui m'a suscitée en suscitera d'autres. Je vois bien qu'il y en a, ici ou là, qui se dressent ! Je m'en préoccupe peu.

Est-ce que certains étudiants deviennent des disciples ?

Oui, mais il n'y a pas de disciples au sens maître et disciple ; il y a des êtres qui se plongent dans cette étude-là et qui ont compris l'engagement que ça représente. Certains ont commencé à y consacrer leur vie.

Vous ne vous considérez pas comme un maître ? 

Ah non, surtout pas. Je n'en ai pas la prétention. Je suis un enseignant, mais un maître, celui qui accompagne les êtres, c'est autre chose.

Vous n'avez pas ce rôle auprès de ceux qui vous sont proches ?

Je ne conduis pas leur personne. Ça ne me regarde pas. On échange beaucoup ensemble. Je suis responsable de la justesse de l’enseignement et de ce qu’ils en comprennent. Je pars du principe que le vrai maître est celui qui doit susciter chez l'autre son maître intérieur. Et quand le maître intérieur est présent chez l'autre, le maître extérieur s'efface. Je pense que c'est le Seigneur qui est le maître, ce n'est pas moi.

L’enseignement qui réveille le maître intérieur dans les personnes ?

Une âme c'est une délicatesse, elle est conduite par son maître intérieur mais elle ne le connaît pas encore. C'est pourquoi le maître ne peut qu'amener la personne à entrer en résonance avec son maître intérieur, c'est tout. Il ne donne aucun ordre, aucune direction, il cueille les perles qui sont dans l’âme de son disciple. Tout le travail des psychothérapeutes a été indispensable jusqu'à aujourd'hui. Ils ont toujours expliqué le présent par rapport au passé, l'enfance, etc. Ce sont des personnes qui aident à nettoyer. C'est encore nécessaire mais aujourd'hui c'est insuffisant, il faut aller beaucoup plus loin, c'est-à-dire susciter le maître intérieur. À sacrpartir du moment où on entre en résonance avec le maître intérieur, on explique le passé par le présent, ce qui est très différent. L'âme de l'autre ne nous appartient pas, elle est unique. C'est un bijou sacré et il n'y en a pas deux pareils.

source : Magazine Reflets n°17 / donnez sens aux événements

vendredi 30 octobre 2015

L'âme est un bijou sacré par Annick de Souzenelle (4)

Quelle a été l'épreuve centrale de votre vie ?

Il y a longtemps de ça, un soir d'hiver j'étais partie me promener le long de la Loire toute seule pour regarder le coucher de soleil. Tout à coup, je me sens suivie. Je me retourne et un homme arrive sur moi avec un couteau à la main. J'étais dans la prière, celle du nom de Jésus et j'ai eu la grâce incroyable de ne pas avoir peur, d'être plutôt dans la compassion de cet homme pour pouvoir faire ça. Il me met par terre. Et là, il y a entre nous deux un échange de regards tout à fait surprenant. Après que je lui ai demandé son nom, il me répond qu’il ne me le dira pas. Ce n'était pas pour le dénoncer mais pour prier pour lui bien sûr. Il finit par me donner son couteau. Or le couteau, c'est le symbole de l'Épée qui court dans toute la Bible des deux Testaments. Le Christ dit : « Je ne suis pas venu apporter la paix mais l'Épée. » C'est le Saint Nom qui veut dire « Je suis », c'est-à-dire le Nom au-dessus de tous les Noms. Nous sommes connus sous un prénom et nous avons à devenir notre Nom. Aussi lorsque cet homme me donne son couteau, il me donne beaucoup plus que son prénom, il ne le sait pas. C'est un symbole bouleversant. Puis il finit par me demander de le lui rendre. « Je peux ? » Il me dit oui et il s'en va. Ça s'est passé en un quart d'heure et quand je me suis relevée, j’ai compris qu’il s’agissait d’un face-à-face : « Annick, quand as-tu manié le couteau ? ». Et l'ennemi est devenu l'ami parce qu’il m'a amenée à faire une prise de conscience incroyable de bêtises faites autrefois et dont je n'avais pas compris la gravité ; parce qu'on peut tuer avec le couteau, avec le verbe, avec le sexe, on peut tuer de mille façons. Et tout à coup, ça m'est arrivé en pleine figure, j'ai nommé l'animal tueur à l'intérieur de moi. Dans la Genèse, le Christ invite à nommer les animaux de l'Homme. Vous imaginez le travail que ça m’a permis de faire ! J'ai eu une grâce incroyable de ne pas avoir eu peur ; je l'ai regardé avec amour.
J'obéis à des ordres intérieurs très nets 

Y a-t-il en ce moment des choses qui vous occupent l'esprit, que vous ne comprenez pas encore ?

Bien sûr ! Ce n'est que dans un langage paradoxal je vous l’ai dit que l’on peut aller dans la profondeur des choses. C'est et ça n'est pas. C'est toujours au-delà, au-delà, au-delà. C'est très bouleversant. Ce n'est pas dans notre état actuel que nous pouvons aller au bout. Mais déjà, on peut enlever un ou deux petits voiles, chose qu'exige la vraie Tradition qui est révolution permanente. "Le Fils de l’Homme n’a pas où reposer sa tête". Le « Fils de l’Homme » est celui que nous avons à faire croître et devenir à l’intérieur de nous. Là, est le mystère de la " seconde naissance " que Nicodème. bien que docteur de la loi, n’a pas compris ! Les docteurs de la loi que sont encore aujourd'hui de nombreux théologiens, ne comprennent pas...


Pour le moment, vous continuez à enseigner au Prieuré seulement ?

Je suis, grâce à Dieu, en bonne santé mais je n'ai pas la résistance que j'avais avant. Donc, je crois que c'est sage de prendre la décision de me concentrer au Prieuré et de m'arrêter pour tout le reste. Puis un jour, probablement, j'arrêterai le Prieuré. Je suis dans les mains du Seigneur. Les mondes angéliques sont intermédiaires entre notre dimension seigneuriale et nous.

Le fait d'arrêter, c'est aussi pour avoir une vie intérieure ?

Bien sûr, ce n'est pas pour rien. J'obéis à des ordres intérieurs très nets comme celui de prendre la plume, celui d'arrêter les psychothérapies puis de me consacrer à l'écriture. J'ai pris ces décisions-là parce que c'était un ordre intérieur, bien vérifié, qui était nécessaire. Maintenant, je suis prête à un autre. Je n'envisage rien du tout si ce n'est d'être là dans la prière. C'est Lui mon maître.

Moins de vie extérieure, c'est plus de vie intérieure ?

Bien sûr, plus on est centré sur soi, plus c'est pour la vie intérieure ; ce n'est pas sur l'ego qu'on est centré. C’est l’obéissance au " va vers toi " de toute la Bible.

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jeudi 29 octobre 2015

L'âme est un bijou sacré par Annick de Souzenelle (3)

Et puis le Prieuré Saint-Augustin ?

Le Prieuré, c'est une autre aventure. Au début des années 1980, des amis nous ont prêté une petite maison tout près de ma résidence actuelle. Elle est devenue notre résidence secondaire pendant cinq ans. Et en 1987, nous avons acheté une maison et sommes venus nous installer ici définitivement. À l’époque, j'allais souvent au Centre « Sainte-Croix » où j’animais des stages. J'y ai rencontré une femme qui s'appelle Agnès Desanges. Passionnée par mon travail, un jour elle m'a dit : « Ça ne t'ennuie pas que je vienne habiter à Rochefort-sur-Loire ? ». Je lui ai répondu : « Tu as le droit d'habiter où tu veux en France mais je ne veux pas que ce soit à cause de moi ». Elle est venue s'installer : ce n’était en effet pas pour moi mais pour mon travail ! Elle a organisé ici des cours, des conférences pendant une vingtaine d’années et en 2007, elle est venue m’annoncer : « Je vais acheter une propriété à Angers et nous allons créer un Institut d'Anthropologie spirituelle. Je suis tombée des nues et c'est ce qui s'est passé. Toute refaite à neuf, la propriété située à la limite sud d'Angers est magnifique avec ses trois hectares de parc. L’activité essentielle, c'est l'enseignement de l'anthropologie des grandes traditions du monde. Cet enseignement se déroule sur trois années à raison de sept week-ends par an et l’année prochaine, on débutera la troisième promotion. Les étudiants sont bouleversés et leur cœur s’ouvre au message des grandes profondeurs dans toutes ces traditions.

Je suis étonné que l’enseignement ne soit pas centré que sur la tradition judéo-chrétienne qui contient tout ?

Je vais vous dire ma vision de base : le signe de l'alliance que Dieu donne à Noé, c'est l'arc-en-ciel, c’est-à-dire la lumière une qui se diffracte en de multiples lumières ; mais chaque lumière porte la lumière une. Chacune des traditions exprime une couleur. Le christianisme est central, c'est évident pour nous. Et toutes les traditions - cela est indicible - viennent apporter leurs lumières propres qui toutes sont dans le christianisme mais on ne voyait pas. Et le Christ qui est "JE SUIS" est présent dans toutes les traditions depuis toujours.
C'est quelque chose de très bouleversant, très beau. Ça vient fortifier notre révélation judéo-chrétienne.

Donc étudier les autres traditions vous paraît-il important ?

Ce sont des perles. Si vous vous plongez dans la tradition chinoise ou celle de l’Inde, ce sont des visions tellement différentes. Or, lorsqu'on parle le langage de la tradition, on ne peut parler que dans un langage paradoxal parce que c'est quelque chose d'infiniment mystérieux. C'est pour ça que toutes ces traditions qui apportent un autre langage, révèlent un trésor magnifique. Elles viennent préciser le christianisme, l’éclairer d’une lumière supplémentaire.

Peut-on étudier à fond toutes les autres traditions ?

Non, mais on a des professeurs qui vont à l'essentiel, des êtres de très haute valeur. Et surtout, nous insistons non pas sur un enseignement intellectuel mais sur l'expérience de ces êtres-là : ils se situent dans le sillage d’un père Monchanin, d’un père Le Saux par exemple, qui ont vécu l'hindouisme dans une grande profondeur ; d’autres maîtres qui vivent le judaïsme ou le soufisme à fond...

Notre tradition est tellement magnifique, tellement complète...

Oui, à condition qu'on sache ce qui est écrit et la plupart du temps on ne le sait pas. Nous avons eu la visite d'un prêtre envoyé par l'évêché. Et parce que j'enseigne les trois baptêmes, celui de d'eau, celui du feu, celui du crâne, il m’a demandé : « Qu'est-ce que c'est que ce baptême du crâne ? ». Je lui ai donné les références des Évangiles qu'il ne connaissait même pas, ce n'est pas enseigné. Vous voyez, on connaît très mal le christianisme et encore moins le judaïsme. Si je vous demandais, à l'heure actuelle qu'est-ce qui se passe quand le Christ guérit un malade ?


L'ennemi est devenu l'ami parce qu’il m'a amenée à faire une prise de conscience

À brûle-pourpoint, je ne pourrais pas vous répondre.

C'est complètement ignoré parce que c'est une dimension qui ne peut pas être dite ; la tradition profonde du christianisme me fait voir le Christ qui, à ce moment-là, descend dans les enfers du malade ; il se mesure au démon qui s'exprime par la maladie ; il s'unit à ce démon, l’intègre et l’énergie du démon devient information. Parce que Jésus est « JE SUIS », il est l'Instant. On ne peut pas décrire ce qui se passe dans un instant. Tout cela est totalement ignoré des chrétiens !

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mercredi 28 octobre 2015

L'âme est un bijou sacré par Annick de Souzenelle (2)


Qui vous faisait l'enseignement de la cabale ?

Emmanuel Levyne, un rabbin, un homme très ouvert même en ce qui concerne le christianisme puisque, avant de mourir, il m'a écrit ceci : « Quand on va au fond de la cabale, on ne peut pas ne pas rencontrer le Christ ».
Donc je vivais en stéréophonie ces deux sources, christianisme et judaïsme, et cela a été le commencement de cette grande aventure de mes écrits, de mon enseignement et surtout de mon devenir parce que, à mon avis, on ne peut pas écrire ou enseigner quelque chose qu'on ne vit pas.

Ensuite, d'autres événements ont été déterminants ?

Les épreuves de la vie, mais je les ai vécues avec conscience : ces événements étaient un enseignement qui me renvoyaient à moi-même et qui devaient me conduire à plus grand. On est tous pris par les épreuves de la vie ; soit on entre dedans et elles sont un objet d'évolution, soit on se fait manger.

Quand avez-vous commencé à enseigner ?

J'ai d'abord exercé pendant quinze ans le métier d’anesthésiste. Je dois beaucoup à cette étape-là parce que j'étais face à la souffrance, ça m'a fait beaucoup réfléchir. J'endormais les gens, maintenant j'essaie de les réveiller.
En fait, tout a commencé le jour où mon professeur d'hébreu a mis devant nos yeux l'arbre des Sephiroth. Je ne me souviens plus de ce qu'il a dit. Tout ce que je sais, c’est que j'allais faire mon marché à Paris et tout à coup, sur le trottoir de ma rue, j'ai vu l'arbre des Sephiroth se plaquer sur les christs de nos basiliques romanes et de nos chapelles orthodoxes. Je me suis dit : « Mais c'est le corps de l'Homme ! »

J’ai alors étudié puis commencé d’enseigner. J’ai enseigné tout simplement parce que j’étais psychothérapeute. J’essayais d’aider les personnes qui venaient vers moi en leur apportant quelques bribes de ce que je découvrais. Elles étaient fascinées et l’une d’elle m’a demandé d’écrire. « Ce que vous dites, il faut que vous l’écriviez », m'a-t-elle dit. Elle a eu raison. Je me suis mise à écrire, et j'ai mis beaucoup de temps avant de trouver un éditeur parce que personne ne me connaissait, et c'était très peu compris. À partir de ce moment-là, j'assumais les psychothérapies et en même temps j'enseignais. Puis ces deux domaines ont pris une telle dimension qu'il a fallu que je choisisse. Au début des années 1980, j'ai arrêté les psychothérapies pour me consacrer à l'écriture et à l'enseignement.

Depuis que vous l'avez dit, voir le corps humain sur l'arbre des Sephiroth, paraît une évidence,

À ce moment-là, ce n'était pas du tout une évidence. L’origine de ce dessin remonte à Moïse, qui sur la montagne, a eu l'expérience du Seigneur. Le Seigneur dit alors au frère et à la sœur de Moïse : « À vous deux je parle par énigmes, par songes, mais à mon serviteur Moïse, je parle de bouche à bouche et lui, il voit ma forme. » Par de multiples dessins Moïse a essayé d'exprimer son expérience mais aucun n’en rend compte vraiment. Lorsque mon professeur nous a montré celui-là, qui est le plus elliptique, il me parut éblouissant à moi qui ai étudié le corps dans mes études d’infirmière. Ça a été fulgurant. J'ai été saisie et il a fallu que je dise et que j'écrive tout ça. Je croyais que ce serait mon seul livre, en fait il est fondateur. Il a été traduit en six langues et va paraître en anglais en novembre 2015 aux États-Unis. C'est une grande aventure.


Toutes ces traditions apportent en profondeur une invitation commune

Après, j'ai voulu écrire ce que je voyais dans le livre de la Genèse. C'est une autre aventure, parallèle, très imbriquée avec celle-là, différente mais en remettant en question l’anthropologie classique. Je posais alors des questions alors à mon professeur de théologie pour être vérifiée. C’était un homme tout à fait exceptionnel. J'ai eu la grâce de le veiller toute la nuit avant sa mort et il m'a dit : « Annick, l'anthropologie chrétienne n'est pas née ». Ça résonnait avec les livres de Nicolas Berdiaev qui explique que l'anthropologie patristique est très insuffisante. Et ce fut comme s’il me donnait le coup d'envoi. J'étais en train de découvrir une nouvelle anthropologie grâce à cet arbre des Sephiroth et grâce à ma lecture du livre de la Genèse, livre compris jusqu’ici comme une description extérieure et historique du début de la création, alors qu'il s'agit de celle de l'Homme intérieur et actuel. Pendant longtemps j’ai refusé de prendre ma plume, me trouvant prétentieuse de faire une nouvelle traduction de la Genèse. Ce sont des accidents qui m’ont fait comprendre qu'il fallait que j'écrive. Alors je me suis mise à écrire le livre qui s'appelle Alliance de feu : c'est l'Alliance entre Dieu et l'Homme, une alliance d'amour ! J’ai écrit par la suite plusieurs ouvrages parce qu'il y a des détails que j'ai voulu expliciter.

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mardi 27 octobre 2015

L'âme est un bijou sacré par Annick de Souzenelle (1)



Annick de Souzenelle a d’abord fait des études de mathématiques.
Elle exerça le métier d’infirmière, puis de psychothérapeute d’inspiration jungienne. De culture catholique, elle se convertit vers la trentaine, à la religion orthodoxe. Elle apprend la théologie ainsi que l’hébreu. Elle relit alors les textes bibliques dans leur essence redécouvrant le projet divin altéré par les traductions réductrices. Cette connaissance, elle va la mettre à la disposition du public à travers de nombreuses conférences et livres, dont le dernier Va vers toi: La vocation divine de l’Homme (éd. Albin Michel. 2013.)
Âgée de plus de 90 ans, elle poursuit inlassablement son activité. www.prieure-saint-augustin.org

 L’œil vif, un tantinet malicieux, Annick De Souzenelle s’enthousiasme dès qu’il s’agit de parler des textes bibliques qui ont donné sens à sa vie. Je l’avais rencontrée voilà bien longtemps, lors d’une conférence sur le symbolisme du corps. J’avais été subjugué par sa connaissance, bien différent d’un savoir retransmis. Elle a donné une dimension incontournable à l’anthropologie spirituelle et chrétienne. Cette approche est bien nécessaire en un temps où nous manquons gravement de points de repères.
Si bien qu’elle continue inlassablement à diffuser son enseignement en particulier dans l’institut créé à cet effet, au Prieuré Saint Augustin. Pour cet entretien, Annick Ce Souzenelle nous reçoit chez elle, à deux pas d’Angers, devant la rivière le Louet si paisible bordée de maisons anciennes. Parfois le temps ne semble pas avoir de prise sur la vie.



Quels ont été les moments clés de votre existence ?

J’ai vécu une expérience lumineuse dans ma toute première enfance. Je suis née dans ce monde très perturbé de l’après-guerre de 14-18.
Ma famille a été complètement disloquée et j'en ai vécu toutes les conséquences. J’habitais Rennes et j'ai été envoyée en pension à Paris à l'âge de 4 ans et demi chez les bonnes sœurs qui ne comprenaient pas grand-chose à la détresse de cette petite fille. J'ai connu les enfers. Enfermée dans la pension, j'étais très malheureuse. Je n'avais plus aucun repère, ni géographique ni affectif, et c’est là que j’ai vécu une expérience lumineuse extrêmement importante.

J'étais dans un vide et j'ai été précipitée au fond de ce vide. Au fond du vide, j'ai vu un autre monde que le nôtre et pendant longtemps, j'en étais là, à la recherche de cet autre monde. Je sentais bien que le nôtre n'était pas le vrai monde, que nous étions « en exil » de nous-mêmes. Je ne l'appelle pas du tout « la chute », ça n'a rien à voir. C'est une question d'exil. Nous sommes vraiment dans l'oubli.



Au fond du vide, j’ai vu un autre monde que le nôtre.


Je me suis beaucoup attachée aux textes bibliques dès ma petite enfance alors qu'à ce moment-là, c'était interdit de lire la Bible ; et je m'apercevais bien que ce qui était dit voulait dire autre chose, que c'était le langage de mon monde et pas celui du monde extérieur. Mais quand j'en parlais aux prêtres, ils m'envoyaient promener en me disant : « Tu n'es qu'une orgueilleuse, tu ne devrais pas lire autre chose que ce qui est écrit ». J'ai beaucoup reçu de cette Église à ce moment-là, parce qu'il y avait quand même quelque chose de très solide encore. Mais en même temps, petit à petit, ce n'était plus possible. À 18 ans, j'ai quitté cette Église. J’ai fait l'expérience d'une liberté intérieure, de ce qu'est la vraie liberté : une obéissance à cet autre monde. La vraie liberté est une obéissance à notre vraie identité qui est une identité divine. Cette obéissance est très exigeante et émerveillante. Mais pendant plusieurs années j'ai un peu perdu le fil.

J’ai vécu une autre descente aux enfers, négative celle-là : le moment de la puberté, où la jeune fille a envie d'être aimée, d'aimer, etc. et j'ai été reconduite avec vigueur, à cet essentiel, par la perte d'un ami très cher qui était désolé que j'aie quitté l'église. Avant de mourir, alors qu'il était très jeune, il m'a dit :
« Annick, je vous serai beaucoup plus utile de là-haut. » Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. Après, ma vie a été parsemée de petits cailloux comme ceux du petit poucet pour retrouver le chemin que j'avais quitté et qui était le vrai mien. Ces « petits cailloux » venaient toujours de lui. Je dois beaucoup au père Eugraph Kovalevsky devenu ensuite l’évêque de l'Église orthodoxe de France sous le nom de Jean ; c’était un prophète et c’était mon maître. Il a été mon professeur de théologie et j’ai fait une licence de théologie avec lui.
En même temps, j'ai rencontré dans l'Église celui qui est devenu mon mari et qui m’a donné deux beaux enfants. Hors de l’Église Institution, mais dans celle du cœur, le Seigneur a mis sur mon chemin un rabbin cabaliste. Il proposait des cours d'hébreu dans la dimension de la cabale. À partir de ce moment-là, j’avais des cours de théologie le soir en semaine et les cours d'hébreu le dimanche après-midi. Ça résonnait d'une manière étonnante et cela m’a fécondée. C'est là où tout a commencé.

Vous aviez quel âge ?

J'avais 38 ans. J'avais passé beaucoup de temps dans l'errance à chercher dans de nombreux endroits qui ne me satisfaisaient pas. Après la mort de l’ami dont je vous ai parlé, j’avais 33 ou 34 ans, j'étais déjà dans une recherche essentielle.

lundi 26 octobre 2015

Mélodie d'automne avec Khalil Gibran


Par un jour d’automne le brin d’herbe dit à la feuille: « Tu fais tant de bruit en tombant que tu dissipes mes songes d’hiver. »
Indignée, la feuille répondit: «  Toi, chose hargneuse et muette, que la bassesse a engendrée et que la platitude a élevée. Comment peux-tu oser rêver, toi qui vis et meurs à même la terre sans jamais saisir la mélodie des airs? »
La feuille d’automne prit alors pour couche la terre et offrit son sommeil à l’hiver. Et quand vint le printemps, elle se réveilla. Elle était devenue un brin d’herbe.
Et lorsque revint l’automne, elle entendit des feuilles tomber de toutes parts sur elle. Elle se plaignit au fond d’elle-même en soupirant: « Ô feuilles d’automne, votre vacarme m’exaspère, vous ravagez tous mes rêves d’hiver! »
Khali Gibran
l’Oeil du Prophète


dimanche 25 octobre 2015

Autre visage avec Eva de Vitray-Meyerovitch



« Je suis peut-être trop intellectuelle, mais je ne suis pas capable de savoir comment est Dieu. Je ne peux pas me le représenter et je ne le veux pas. Mais je sais qu’il y a un Absolu qui est au-delà de tout ce qu’on peut savoir ou imaginer. Quand vous voyez qu’un spermatozoïde peut devenir Mozart ou Einstein, vous ne pouvez pas ne pas penser qu’il y a une intelligence derrière tout cela. Il y a donc un Absolu, mais Il se révèle ou ne Se révèle pas.

S’il ne Se révèle pas, vous avez une religion de type bouddhiste dans laquelle, à force de purifications successives, vous grimpez les échelons d’une échelle en haut de laquelle vous pouvez commencer à avoir une petite idée.

Quand le Bouddha répondait à ses disciples l’interrogeant sur l’immortalité de l’âme, il le faisait comme un papa à qui son petit garçon de six ans demanderait ce qu’est la relativité d’Einstein : « Nous en reparlerons quand tu auras fait math. Sup. ». Tout comme ce papa, le Bouddha répondait en substance à ses disciples : « Nous en reparlerons quand vous aurez atteint un niveau de conscience suffisant ».

A l’inverse, les trois religions abrahamiques s’accordent pour dire que Dieu Se révèle à l’homme. Cette révélation nous apprend qu’Il est miséricorde. Mais Il ne peut pas Se révéler d’une façon fondamentalement différente à des Chinois, des Indiens ou des Arabes. Il est nécessairement le même pour tous. Le message fondamental est le même, et c’est lui qui est l’Essentiel. Tout le reste n’est que réflexion sur une donnée révélée qu’on peut interprêter de différentes façons. »

Islam, l’autre visage, Eva de Vitray-Meyerovitch (Albin Michel, P.109)


samedi 24 octobre 2015

Vie précieuse...


La vie est trop précieuse pour nous perdre dans nos propres idées et concepts, 
dans notre colère et notre souffrance. 
Thich Nhat Hanh.



vendredi 23 octobre 2015

Les psys se confient avec Christophe André


Patrice van Eersel : Après Secrets de psys, pourquoi avoir réalisé un nouveau livre collectif ?
Christophe André : Dans le premier, mes amis et moi-même cherchions à reconnaître les points faibles sur lesquels chacun de nous avait à travailler (dépression, timidité, colère, etc.). Dans Les psys se confient, nous avons voulu raconter plus largement la façon dont nous nous étions construits, en tant que thérapeutes, et en tant qu’humains. C’est donc un approfondissement du livre précédent, fondé sur un constat que nous avons tous fait dans nos pratiques : c’est un atout que d’avoir été dépressif soi-même quand il s’agit d’aider quelqu’un à sortir de la dépression, d’avoir connu l’angoisse pour accompagner un anxieux, etc.

Patrice van Eersel Quelque part dans votre témoignage, vous dites : « Je suis fait du même bois que mes patients... »
Christophe André : Bien sûr ! De cette façon, le psy ne se pose ni en juge ni en modèle, mais en personne ayant elle-même connu des problèmes, des souffrances, des manques. Cela dit, n’oublions pas que celui qu’il faut aider, c’est le patient, pas le psy ! Les moments où le thérapeute décide de parler de lui-même - parce qu’il voit que son patient est en proie à un sentiment de solitude, qu’il a l’impression d’être seul au monde à avoir ces problèmes, qu’il se sent coupable, dévalorisé, pensant qu’il ne s’en sortira jamais-, ces moments doivent être rares, minutieusement dosés et tournés vers l’autre.

Patrice van Eersel : Pour les psychanalystes, parler de soi était le tabou suprême !
Christophe André : Oui, il était hors de question de sortir de la neutralité. Mais les temps ont changé. Ce que nous appelons aujourd’hui la « révélation de soi » s’inscrit dans un modèle beaucoup moins vertical, patriarcal, élitiste que du temps de Freud, et beaucoup plus collaboratif, empathique, fraternel. A un certain moment, le thérapeute sent que l’aide la plus puissante et la plus réconfortante pour son patient, est de lui dire : « Je sais ce que vous êtes en train de vivre, pour l’avoir moi-même vécu. Voilà dans quel état j’étais, ne vous découragez pas... » Créée par les thérapeutes humanistes américains, cette pratique obéit aujourd’hui à des règles précises et intéresse toutes les nouvelles psychothérapies.

Patrice van Eersel : On sent une grande jubilation dans vos vingt-deux récits. Comment avez-vous procédé ? Par interview ?
Christophe André : Non. J’ai rédigé mon témoignage en premier, pour amorcer la pompe et donner à mes amis une sorte de cahier des charges. Ensuite, chacun a librement écrit son propre texte, chacun dans son style et avec son tempérament. Certains se dévoilent énormément, d’autres sont plus réservés. Mais si vous lisez entre les lignes, tout est dit. Et tous ont pris un immense plaisir à faire ce travail.



mercredi 21 octobre 2015

Matthieu Ricard... en images et en livre

Face à la "banalité du mal" théorisée par Hannah Arendt, ce docteur en génétique cellulaire reconverti dans le bouddhisme veut rappeler la banalité du bien, "occultée par cette violence qu'on surexpose, alors que les 7 milliards d'humains qui peuplent la planète se comportent le plus souvent de manière décente". Matthieu Ricard le prouve en donnant les droits de ce livre, comme ceux de tous ses autres ouvrages, à l'association Karuna-Shéchèn, qui soigne chaque année 120000 malades et accueille 25000 enfants dans ses écoles.
Olivier Le Naire



Extraits :

"En 1966, alors que j'avais 20 ans, deux amis chers, Frédérick Leboyer et Arnaud Desjardins, me montrèrent des portraits de grands maîtres spirituels tibétains qu'ils venaient de rencontrer en Inde sur les versants de l'Himalaya, à Darjeeling, à Kalimpong et au Sikkim. Ces portraits, ainsi que les films rapportés par Arnaud, ont véritablement changé ma vie. C'était un peu comme si on m'avait montré des portraits de Socrate ou de saint François d'Assise. Je ne me lassais pas de les contempler, et c'est leur force d'inspiration qui me décida à entreprendre mon premier voyage en Inde pour aller à leur rencontre.





De fil en aiguille, après avoir fait sept allers et retours entre l'Institut Pasteur et Darjeeling, alors que je faisais ma thèse en génétique cellulaire, en 1972, je décidai de quitter la France pour vivre auprès de celui de ces maîtres qui m'avait le plus profondément inspiré, Kanguiour Rinpotché. 

C'est ainsi que des portraits ont été à l'origine de presque un demi-siècle de vie dans l'Himalaya, passé à étudier et à pratiquer auprès de ces maîtres, à m'imprégner de la qualité de leur présence, de leur sagesse et de leur bonté aimante.




Puis ce fut mon tour de faire des portraits d'eux. [...] 


Durant toutes ces années, j'ai aussi photographié des gens simples, des moines et des nonnes, de rudes montagnards du Bhoutan ou du Tibet, des femmes du Kham au Tibet oriental, coiffées de turquoises, de coraux et d'ambre, d'enfants étudiant avec joie et enthousiasme dans les écoles que nous avons construites au Népal et au Tibet au travers de Karuna-Shéchèn, l'association humanitaire que j'ai fondée avec quelques amis et bienfaiteurs.




Bien des tragédies peuvent être illustrées de manière poignante par la photographie, mais, personnellement, j'ai pris le parti de célébrer la beauté intérieure de la nature humaine afin de redonner confiance et espoir à ceux qui douteraient du potentiel d'altruisme et de compassion de l'humanité. J'ai donc plus souvent photographié les sourires que la tristesse, la bienveillance que la méchanceté, la candeur que l'affectation. Il ne s'agit certes pas de minimiser les drames issus de la violence, de la persécution et de la cruauté, mais de mettre en exergue la banalité du bien, qui est plus souvent présente en nos vies que celle du mal."







mardi 20 octobre 2015

Souvenir d'une disparition


"On ne possède pas le bonheur comme une acquisition définitive. Il s'agit à chaque instant de faire jaillir une étincelle de joie. Ne l'oublions pas : "Souris au monde et le monde te sourira." " 

 Sœur Emmanuelle



Palpitations...



" T'es tu couché dans l'herbe la nuit
et t'es tu recouvert de cieux , renonçant à l'avenir
et oublieux du passé ?
Le silence de la nuit est une mer
dont les vagues déferlent dans ton ouie
Et au sein de la nuit ,
il est un cœur qui palpite dans ton lit.


ô combien j'aimerais savoir à quoi bon
tous ces rassemblements et encombrements,
toutes ces discussions et disputes!
Tout cela n'est que galerie de taupe,
n'est que toiles d'araignée.

La vie c'est dans la forêt , et si je pouvais avoir la mainmise sur mes jours,
je les jetterais à la volée dans la forêt.
Les destins ont leurs propres chemins que nul ne peut modifier;
Et impuissants les hommes renoncent à atteindre leur but' "

'Khalil Gibran'



lundi 19 octobre 2015

Sur les pas de Matthieu Ricard (2)


Matthieu Ricard précise ce qu'est la méditation : 
"L'idée est vraiment d'essayer de devenir un meilleur être humain et de s'affranchir des causes de la souffrance : la confusion mentale, l'animosité, l'arrogance, l'obsession, l'attachement, la jalousie, etc. Il ne s'agit pas de devenir un sage ou un saint, mais d'aller de façon très pragmatique aux causes de ses souffrances et d'essayer de les dissoudre une à une. C'est vraiment pas compliqué."

"Mais non, je n'ai pas de rôle. Je suis heureux de partager ce que j'ai reçu de mes maîtres. Je n'ai rien inventé. Partager des idées, oui. Elles m'ont été particulièrement précieuses et utiles. Et si je peux les partager... C'est comme lorsque vous avez des provisions, alors, on fait un pique-nique ensemble. Franchement, il ne faut pas se prendre la tête"





dimanche 18 octobre 2015

Sur les pas de Matthieu Ricard (1)


Matthieu Ricard vit depuis des dizaines d'années dans un monastère au Népal où il pratique la méditation pour "essayer de devenir un meilleur être humain". Le moine bouddhiste ne s'en échappe que pour récolter des fonds destinés à ses actions humanitaires.

samedi 17 octobre 2015

Une heure avec Matthieu Ricard


C'est les vacances alors si vous avez le temps, il y a cette vidéo avec Matthieu Ricard d'une heure...



vendredi 16 octobre 2015

Petite démonstration d’impuissance acquise


Voici la vidéo d’une expérience intéressante qui nous aide à mieux comprendre comment la résignation peut être inculquée à une population. On y voit une psychologue (Charisse Nixon) qui réussit à provoquer dans sa classe, à travers l’angoisse et la frustration, un état de résignation et d’impuissance, le tout en moins de 5 minutes.
Il ressort de ce type d’expérience que dans des conditions de frustration ou d’angoisse permanente, l’être humain tend à se résigner et à considérer comme insurmontables des difficultés même légères.

extrait :
"Si l’on pense seulement un instant au bombardement médiatique auquel nous sommes soumis en permanence, il n’est pas difficile de comprendre de quelle manière ces études sont utilisées et qui les manie à son avantage… En soumettant une personne à un sentiment d’angoisse et de frustration constant, on peut l’induire à penser qu’il n’y a rien à faire, que rien ne peut changer sa propre condition, et l’amener ainsi à un état d’apathie où il supportera n’importe quel méfait. À l’inverse, comprendre comment ces mécanismes fonctionnent permet de savoir comment réagir de manière positive à l’adversité.
Certains disaient par le passé que lire pendant 15 minutes un magazine de mode fait baisser le taux d’estime pour soi d’environ 30%, mais aujourd’hui, la guerre contre l’estime de soi s’étend sur tous les fronts : radios, télés, journaux, publicités partout dans les rues, sur Internet et sur les réseaux sociaux qui te suivent où que tu ailles. Imaginez ce que peut provoquer de s’entendre dire tout au long de son existence que quelque chose ne va pas dans votre vie, que votre voiture est vieille, que votre garde-robe est démodée, que vos dents ne scintillent pas, que vous avez de la cellulite, etc.
Autrement dit, à travers la frustration, l’estime de soi plonge sous le niveau zéro et la voie est alors ouverte pour faire accepter avec résignation et apathie n’importe quelle solution qui en général, sera proposée par ceux-là mêmes qui sont à l’origine du problème."


mercredi 14 octobre 2015

L'art et la pratique spirituelle du Reiki par Patrice Gros


Les Cinq Préceptes selon l'enseignement du Reiki Jin Kei Do :
Sois conscient à chaque moment de ta journée :
  • d’observer l’émergence du désir, de la colère et de l’illusion, regardant profondément leur véritable cause
  • d’apprécier le cadeau de la vie et d’être rempli de compassion pour tous les êtres
  • de trouver le moyen de subsistance juste et d’être honnête dans ton travail
  • de voir en toi-même la nature toujours changeante du corps et de l’esprit
  • de fusionner avec la nature universelle de l’esprit alors que le Reiki coule en toi
En suivant ces idéaux tous les jours, ton esprit et ton corps se transformeront véritablement, avec le pouvoir du Reiki




"Et une fois n'est pas coutume, j'ai l'immense joie de vous annoncer la nouvelle parution de mon tout premier livre, L'art et la pratique spirituelle du Reiki, qui vient d'être re-publié en format papier aux Éditions Grancher.
La mise en page a été particulièrement réussie. Le texte a été revu, corrigé et augmenté (notamment, l'aspect historique a été entièrement ré-écrit pour l'occasion)."
Patrice Gros


mardi 13 octobre 2015

Ecoute la voix... de la pensée.




Le processus de la pensée est en majeure partie involontaire, automatique et répétitif chez la plupart des gens. Ce n'est rien d'autre qu'une sorte d'electricité statique mentale qui n'a pas de raison d'être reelle. A proprement parler, ce n'est pas vous qui pensez, c'est seulement la pensée qui se produit. 
L'énoncé disant "Je pense" implique un acte de volonté. Il implique que vous avez votre mot à dire sur le sujet, qu'il y a un choix à faire de votre part. Mais pour la plupart des gens, ce n'est pas ce qui se passe. "Je pense" est un énoncé qui est aussi faux que "Je digère" ou "Je fais circuler mon sang". 
La digestion se produit, la circulation de sang se fait et la pensée se produit aussi. La petite voix dans sa tête a sa vie à Elle. La plupart des gens sont à sa merci, ce qui signifie qu'ils sont possédés par la pensée, par le mental. Etant donné que le mental est conditionné par le passé, vous êtes ainsi forcé de le jouer et le rejouer sans cesse.


lundi 12 octobre 2015

Jardin japonais...


Ce qui différencie un jardin japonais d'un jardin japonisant, outre l'aspect purement visuel ou esthétique, est l’Émotion, l'émotion que ressentira le maître des lieux dans son jardin mais aussi l'émotion et le trouble que provoquera ce lieu chez les invités.

En effet, un jardin japonais n'est pas une "belle pièce déco" supplémentaire attenante à la maison où il est plaisant, il est vrai, de se détendre entre amis un soir d'été, mais un lieu ou le maître de maison et ses hôtes se trouvent transportés par le charme et la sérénité, un lieu où l'on peut s'unir, pour un temps, à la nature. L'Homme peut alors sublimer la nature, la révéler notamment par la taille des arbres ou il dévoilera sa beauté cachée.

Les principaux symboles sont les sables (graviers) et les pierres.
Le sable représente l'eau d'une façon générale (la mer, les rivières, les torrents...). La manière de le ratisser et le tracé de ses contours indiqueront aux promeneurs, sans ambiguïté, s'il s'agit d'une mer calme ou non, d'un torrent, d'un lac...
Les pierres représentent les montagnes ou les îles ; elles seront disposées de façon précise.


Les règles permettant l'implantation des pierres en fonction de l'orientation des différents éléments, sont retranscrites dans un manuel le "SAKUTEIKI" dès le milieu du XIe siècle. Le recours aux symboles comme le sable par exemple n'exclut pas la possibilité de mettre de l'eau sous sa forme liquide ; de nombreux jardins japonais disposent de lacs, cours d'eau, rivières, etc.

Les symboles ne se contentent pas de reproduire certaines composantes de la nature, ils font aussi appel à des représentations plus abstraites comme la longévité symbolisée par les conifères ou l'évasion symbolisée par le lotus.

Vous l'aurez compris, même si la simplicité caractérise les jardins japonais, il n'est pas simple de les concevoir et l'utilisation de galets, graviers, bassins ou lanternes ne feront pas de votre jardin un jardin japonais, mais un jardin japonisant. Seule une parfaite connaissance des règles et des codes, des plantes et de l'environnement, associée à un regard aiguisé et à une âme d'artiste, vous permettront de réaliser ces jardins de rêves.

Créer un jardin japonais relève en effet de l'Art.


source : Le journal des femmes


dimanche 11 octobre 2015

La méditation peut-elle guérir ?... réponse de Olivier Douville

Psychologies : Le docteur Lionel Coudron, grand connaisseur du yoga et de la méditation, a eu accès au dossier médical du lama Phakyab Rinpoché. Selon lui, sa guérison peut s’expliquer par des processus neurophysiologiques naturels.

Comment vous, psychanalyste, qui avez rencontré Phakyab Rinpoché, l’expliquez-vous ?

Olivier Douville : Je ne l’explique pas, justement. Cette guérison est un défi pour la psychanalyse et la médecine. Mon premier réflexe a été de me plonger dans l’histoire des miracles recensés par l’Eglise. Jamais on a vu des os se reconstituer de cette manière. Un canular ? L’hypothèse est tentante. Mais après avoir rencontré Phakyab Rinpoché, je préfère m’interroger : « Et si c’était vrai ? ». Il est convaincu que la méditation l’a sauvé. Pour ma part, je ne parierai pas sur les causes réelles de son rétablissement. Selon le docteur Lionel Coudron, en méditant, Phakyab Rinpoché a donné à ses cellules souches de tissus, de cartilage et d’os, la capacité de se reproduire. Il pose que dans chaque cellule de notre organisme se trouve la totalité des plans de notre corps. Nous, occidentaux, aurions perdu cette capacité naturelle d’agir sur nos cellules. C’est un point de vue ! D’ailleurs comment prouver les effets curatifs de la méditation ? Une telle étude impliquerait de priver un malade de tout autre traitement. Puis d’observer comment son état évolue. Aucun médecin ne s’y risquerait. Si je risque une hypothèse, c’est qu’il se pourrait que plus on oublie son narcissisme, son reflet dans le miroir, plus on développe une mémoire du corps – possiblement inscrite dans les gènes.

Dans une psychanalyse, symptômes physiques et maladies ne régressent-ils pas aussi d’une manière inexplicable ?

Olivier Douville : Si bien sûr. Freud en son temps a parlé d’une pulsion de guérison. Et spontanément les patients se placent en état de méditation, d’auto-hypnose. Le divan est aussi fait pour cela. La psychanalyse et le bouddhisme ont en commun de refuser la séparation du corps et de l’âme. Toutefois nous ne parlons pas d’ « esprit », plutôt d’énergie psychique, de libido, ou de narcissisme ayant une action thérapeutique sur le corps. Mais nous ne savons rien de cette énergie psychique : c’est une hypothèse de travail. Là où le bouddhisme et la psychanalyse ne sont pas à égalité, c’est que la seconde est incapable d’inventer une théorie de la guérison ou une théorie psychosomatique convaincante. Pour l’instant, aucune n’est satisfaisante. Dans la symbolique bouddhiste, le rétablissement « miraculeux » de Phakyab Rinpoché ne choque pas. Justement parce que le matériel philosophique et spirituel pour l’envisager est là, disponible.


Phakyab Rinpoché a l’ambition d’utiliser sa propre histoire pour guérir l’humanité. Un psychanalyste pourrait-il s’en inspirer ?

Olivier Douville : Je crois que nous avons beaucoup à apprendre des philosophies orientales dans le rapport au corps, dans les relations entre psychisme et corps. Mais aussi qu’il ne faut pas considérer ce livre comme un simple document ethnographique sur la pensée tibétaine. Il nous concerne tous – dans notre relation à notre corps. Je pense aussi qu’il faudrait en finir avec ce terme de « corps » - que le même mot désigne le corps biologique, le corps malade, le corps de plaisir, l’image de soi ou le cadavre, n’est pas pertinent. En ce qui concerne la valeur du témoignage de Phakyab Rinpoché, beaucoup d’éléments nous échappent. Du fait qu’il s’agit de propos recueillis, que nous ne parlons pas sa langue. Du fait aussi que des mots tels que « compassion » ou « moi » n’ont pas la même signification dans sa culture et dans la nôtre. Sa compassion n’a rien de sentimental : c’est une ouverture à l’universel.



source Psychologies magazine


samedi 10 octobre 2015

Phakyab Rimpoché, sauvé par la méditation...

Sauvé de l’amputation par la méditation Sur le point d’être amputé de sa jambe dévorée par la gangrène, le lama tibétain Phakyab Rinpoché s’est tourné vers la méditation pour se soigner. Il affirme aujourd’hui qu’elle l’a guéri d’un mal jugé… inguérissable par la médecine. Miracle ? Une première mondiale en tous les cas qui interroge toutes nos connaissances sur les capacités thérapeutiques du psychisme comme sur le rapport corps-esprit. Et les révolutionnera peut-être. Isabelle Taubes


Novembre 2003. Phakyab Rimpoché regarde de sa fenêtre, les éclairs d’orage illuminer le ciel New Yorkais. « Je ferme les yeux et respire profondément pour tenter de contrôler la douleur. Le dos me lance et j’ai aussi, à intervalles réguliers, des sensations de déchirement au pied droit que déforme une gangrène à un stade avancé. Le pansement ne réussit pas à contenir l’odeur insoutenable de chair purulente que dégage ma plaie », écrit le lama tibétain, dans son livre La Méditation m’a sauvé (avec Sofia Stril-Rever - Ed. du Cherche Midi 2014). Selon les médecins de l’hôpital Bellevue où il est arrivé dans le cadre du programme américain en faveur des survivants de la torture, seule l’amputation au dessous du genou pourrait lui permettre de survivre. Les os, le cartilage, les tissus de son pied droit sont en train de se décomposer d’une manière irréversible. De plus, une pleurésie et une tuberculose osseuse épuisent son organisme. Ni les antibiotiques ni les curetages quotidiens n’ont le moindre effet. Son état est la conséquence des tortures infligées par la police chinoise quelques années auparavant.

Un grand méditant
Petit retour en arrière car l’histoire de cet homme n’a rien de banale. Né en 1966 au pays des Neiges, le Tibet, il est un descendant des mythiques cavaliers Khampas qui vainquirent la dynastie chinoise Tang. Il a grandi en pleine nature, au milieu des chevaux et des troupeaux de yaks. Dans ce monde, les dieux se transforment en oiseaux pour servir de guides. Dès son plus jeune âge, Phakyab Rinpoché a su qu’il devait écouter leur chant pour savoir où aller. Sa vocation de moine s’est décidée l’année de ses 13 ans. Endormi dans les hautes herbes, il rêve. Une silhouette se dessine. Un être de lumière le regarde. C’est le Bouddha Maitreya - le protecteur, la divinité de l’amour - qui lui demande de le suivre. Le veut-il ? « Oui », répond le rêveur qui se réveille aussitôt, le visage baigné de larmes. « Je fais alors le vœu de donner ma vie en offrande à tous les êtres », écrit-il. En quelques minutes, l’adolescent est devenu un autre. Il raconte cette vision à sa grand-mère qui, la première, va l’initier à la voie du Bouddha et aux grands saints du Tibet. Cette initiation n’est pas sans risque. Dans le Tibet occupé, évoquer la religion des ancêtres est un acte de résistance. Un geste politique. Qu’il paiera vingt ans plus tard en étant arrêté, torturé et poussé à l’exil.

Un destin d’exilé
En se réfugiant en Amérique, Phakyab Rinpoché s’inscrit dans le destin commun des lamas. Depuis que les Chinois ont asservi le pays, les plus grands maîtres se sont exilés pour assurer la transmission. Pour la plupart en Inde. Mais beaucoup aussi se sont installés aux Etats-Unis, la terre des Peaux Rouges. Une de leurs vieilles prophéties semble d’ailleurs l’avoir annoncé, il y a bien longtemps : « Quand les oiseaux de fer voleront, quand les chevaux de fer galoperont sur des roues, le Dharma sera chassé du Tibet. Les Tibétains se répandront comme des fourmis sur l’espace de la Terre. Et le Dharma parviendra au Pays de l’homme rouge ». En Amérique Phakyab Rinpoché se confie à une psychologue. Pour la première fois, il parle de sa situation de réfugié, des coups subis, de la violence, de la torture. « Cesser d’être un homme, être réduit à l’état de rebut abject, le corps disloqué, démembré, humilié par des traitements dégradants - comment exprimer cela à des êtres dont l’intégrité physique et morale n’a jamais été bafouée ? » Mais il n’en veut pas à ses tortionnaires - ils ont accumulé tant de mauvais « karma » qu’ils sont à plaindre. Autant victimes que lui, finalement. « Le véritable ennemi est toujours en soi, raconte-t-il en bouddhiste authentique. C’est la haine, la colère, la volonté de posséder, le désir de vengeance. »

La guérison en soi
En ce mois de novembre 2003, les médecins décrètent que l’amputation de la jambe gangrénée est la seule solution. Il ne s’y résout pas car ce serait un obstacle à la circulation des énergies à travers le corps. Indécis, il écrit au Dalai Lama. La réponse ne se fait pas attendre : « Pourquoi cherches-tu la guérison à l’extérieur de toi ? Tu as en toi la sagesse qui guérit. Et une fois guéri, tu enseigneras au monde comment guérir. » C’est une révélation pour Phakyab Rinpoché. En dépit des avertissements de ses médecins, il quitte l’hôpital Bellevue le 1er décembre 2003 pour un petit appartement de Brooklyn qui sera sa grotte de méditation. « J’avais coutume d’appeler sur moi la protection du faucon, j’invoquai ce jour-là la protection de ma lignée. Et rapidement, je perçus une aura de protection lumineuse et bienveillante. » C’est le début d’une retraite de trois ans, trois de méditation et de yoga, trois ans de travail sur les énergies du corps. Ou plutôt des corps. Car dans la tradition bouddhiste, derrière le corps physique visible s’en tient un autre, invisible, « conscient et relié à des niveaux profonds de l’esprit. » La méditation consiste à entrer en contact avec lui. Le lama effectue également un intense travail de visualisation en imaginant son corps comme une enveloppe vide, sans la chair ni les os. Travail de respiration aussi , « pour chasser les toxines, les expirer », afin de mieux faire circuler les 21 600 « souffles », nos forces de vie. Pendant sa retraite, Phakyab Rinpoché met en place un véritable programme thérapeutique. Basé d’une part sur une véritable ascèse : lever à 5h, coucher après minuit, repas simples à base de farine d’orge, de fromage, de thé. Mais surtout sur un travail spirituel essentiel : prières, offrandes, récitation de mantras, utilisation de pierres médicinales. Des dieux à forme humaine et à tête de cheval ou de buffle sont invoqués pour faire face à la maladie, puis Tara verte, mère de tous les humains. Il se relie ainsi au monde des ancêtres et des forces agissantes. Bien sûr, tout cela ne s’improvise pas. Il faut être initié dès son plus jeune âge pour espérer obtenir des résultats.

La victoire
Cinq ans plus tard, Phakyab Rinpoché remarche sans problème. Aujourd’hui, de la gangrène, il ne reste qu’une vieille cicatrice. L’astragale, l’os de la cheville est reconstitué. Mais le lama ne cache pas sa déception: « Pourquoi ces mêmes médecins qui avaient voulu m’amputer ont-ils dédaigné ma guérison ? Ils ont vu les plaies de ma gangrène cicatriser, j’ai progressivement réussi à marcher sans béquille. Pourtant, ils ont préféré ignorer cette évolution. Parce qu’elle contredisait leurs pronostics ? Parce que j’ai fait appel pour guérir au potentiel de guérison de l’esprit ? » Pour le corps médical, son cas relève plus des guérisons spontanées inexplicables. Car les techniques d’imageries médicales les plus sophistiquées ne permettent pas d’observer et de comprendre le phénomène. Pour Phakyad Rinpoché, la réponse est limpide : son intense pratique de la méditation l’a soigné. Et sauvé de l’amputation. C’est en tous les cas la première fois dans l’histoire médicale et celles des miracles recensés par l’Eglise qu’une repousse osseuse a lieu.

(source : Psychologies magazine)

vendredi 9 octobre 2015

La méditation ne se mesure pas à l'aune du moi par Dominique Durand

S'il vous est arrivé de laisser de côté la pratique méditative pendant ces mois d'été, ne passez pas trop de temps à vous accabler de reproches. Reconsidérez plutôt avec sérieux ce propos de Karlfried Graf Dürckheim : « On sait que l'on est sur le chemin lorsqu'on ne peut plus s'en écarter ».
En effet, chercher de bonnes raisons au fait que l'on a médité ou pas, c'est encore vouloir justifier cette pratique et l'enfermer dans des grilles de lecture définies par le moi. 

La méditation ne se justifie pas, elle est sans usage, elle se présente sans référence et ne ressemble à aucune autre activité. Il n'y a pas à se dire : « C'est bien de pratiquer », « Je devrais pratiquer », ou encore : « J'aurais dû pratiquer ». Ces remarques ne font qu'introduire entre le moi et la pratique une relation de marchandage. Nul ne peut définir la méditation et nous ne pouvons nous définir par rapport à elle. En outre, la pratique ne s'aborde pas à petits pas (un pas en avant, trois pas en arrière), c'est un saut.

Afin de répondre à l'exigence du propos de K.G.Dürckheim, nous devons démontrer une confiance absolue dans l'action de s'asseoir, le dos droit, totalement immobile. Immersion sans retenue dans une pratique corporelle saisissante de simplicité et qui demeure inchangée depuis Bouddha. Expérience vierge de tout présupposé, à laquelle vous vous abandonnez chaque jour parce qu'elle est toujours neuve. La tenue juste, à elle seule, désorganise la pensée et ses stéréotypes.
Quand nous regrettons de ne pas avoir suffisamment médité, nous soumettons notre pratique à « la surveillance du moi ». Si nous laissons dépendre notre assiduité d'une gratification du moi, nous perdons l'essence de la pratique.

Abandonnons marchandages et palabres inutiles; devenons simplement curieux de l'approfondissement de notre propre façon d'expérimenter. C'est cette curiosité qui devient alors invitation à la pratique, se soustrayant ainsi au contrôle du moi existentiel. La curiosité a quelque chose d'immédiat, elle ne nous engage pas dans le long terme, elle nous libère de cette idée d'une quête infinie. Elle nous introduit dans la méditation avec ce regard éveillé, totalement attentif à la manière dont nous sommes touchés par ce qui nous arrive. Personne n'est en mesure d'inciter quelqu'un à persévérer dans la pratique, il n'y a que la pratique pour expliquer la pratique et pour convaincre de pratiquer.

On ne peut pas « se forcer » à méditer et cependant il faut s'efforcer, jusqu'au point où l'on bascule dans cette évidence corporelle qu'est l'exercice méditatif. Là commence le chemin, parce que la foi en zazen (dont parle maître Hakuin) s'est suffisamment nourrie d'une pratique assidue. La foi ne peut se passer de la pratique, de même que la pratique ne peut se passer de la foi.
Négliger la pratique n'est pas un manquement par rapport au moi, puisqu'elle est sans usage pour le moi, mais par rapport à notre vraie nature, à ce qui nous fait être, un manquement quant à l'actualisation de ce que nous sommes au plus profond. Cela ne s'évalue pas en terme de regrets, de culpabilité.


jeudi 8 octobre 2015

L'attraction pour la méditation par Jacques Castermane


L’attraction phénoménale pour le mot méditation est certainement un événement positif. A la fin du siècle dernier la personne qui disait pratiquer la méditation était aussitôt suspectée d’être membre d’une secte.

Aujourd’hui le mot méditation, loin d’être tabou, est en première de couverture des magazines, il fait le titre du J.T. de vingt heures, les radios lui consacrent de nombreuses émissions ; quand aux maisons d’éditions elles ne peuvent que se féliciter d’un tel engouement. Mais un tel emballement pour la méditation oblige à se poser trois questions : ce qui est pratiqué, dans quel but, et par qui est enseigné cet exercice.

Méditer ! Concrètement, cela consiste en quoi ?

A cette question, André Comte-Sponville répond : « C’est un exercice indissociablement corporel et spirituel. » (1) Voilà dit ce qui ne l’est que rarement.
Spirituel ? Un mot qui désigne l’universel devenir qui nous porte et nous emporte : être !
Le corps ? Non pas le corps disséqué, fragmenté, analysé dans les laboratoires (le corps objet) mais le corps vivant (Leib) qui respire et qui, à travers notre attitude, nos gestes, exprime dans quelle mesure notre vie intérieure est épanouie, ample, joyeuse, calme ou agitée, amère, morose, déprimée.

En 1947, à son retour du Japon, K.G.Dürckheim (docteur en philosophie) propose à l’homme occidental la méditation de pleine attention (Achtzamkeit Meditation).
« Lorsque j’étais au Japon j’ai rapidement perçu que la méditation est l’art de cultiver la plénitude intérieure, le silence intérieur, le calme intérieur. Au cours de cette méditation sans objet, l’attention est portée à la couche la plus profonde de l’être ; là ou la véritable nature d’un être s’accomplit. Et cet accomplissement se manifeste alors directement sur le plan humain dans une autre manière d’être au monde. »

Depuis plus de vingt-cinq siècles, la méditation de pleine attention, a sillonné les terres de l’Orient et l’Extrême-Orient, dans un but : « l’épanouissement de l’être humain » qui a sa source dans l’expérience de cette part de lui-même encore trop souvent ignorée, —sa propre essence—, son —être essentiel—. Mais aujourd’hui, sous prétexte d’occidentalisation, de scientifisation, de laïcisation, est proposée une méthode pour laquelle le mot méditation ne me semble ni justifié ni légitime.
Ainsi, lorsque je lis les promesses faites par les promoteurs de « l’étatsunisation de la méditation » je suis inquiet : « La pratique de la méditation garanti un gain d’efficacité et un surcroît de performance … la méditation vous permet de faire face aux exigences imposées dans le milieu du travail, de supporter le stress sans tomber malade … la méditation vous permet de retrouver le sommeil lorsque vous êtes surmené ».

Réduire la « méditation » — exercice fondamental dans la plupart des écoles de sagesse —, à de telles visées pragmatiques est un non-sens ! Vue sous cet angle la « méditation » aurait donc pour but de continuer à vivre d’une manière inepte, sans plus souffrir des symptômes qui révèlent cette manière absurde de vivre ! Attitude inintelligente qui ne sera pas sans dommage pour la santé.

Alors, quelle forme de méditation choisir ? A chacun de décider après s’être posé ces trois questions : ce qui est pratiqué, dans quel but et par qui ? 

 (1) André Comte-Sponville – « C’est chose tendre que la vie » Albin Michel -2015- ; pages 229 et suivantes