Votre dernier livre s’intitule Une vie en confiance, Dialogues sur la peur et autres folies. De quelle confiance s’agit-il ?
Durant toutes ces années d’accompagnement, j’ai constaté de manière évidente et criante que la peur est présente en chaque être humain, et qu’elle dirige en sous-main de nombreux aspects de notre vie. Ce livre est axé sur le fait que la peur est l’émotion aliénante par excellence. Elle empoisonne notre quotidien. J’y propose des outils et des réflexions sur la manière dont on peut se délivrer de son emprise. La peur nous referme, nous contracte. Les peurs sont souvent inconscientes, on les sous-estime, on ne voit pas toutes leurs ramifications. La peur est une émotion qui s'infiltre partout, qui va conditionner notre pensée. Chacun d’entre nous porte une, deux ou trois peurs fondamentales et, derrière elles, se cache une seule et même peur : la peur de notre destruction psychique ou physique. Par exemple, si vous vivez un grand amour et que votre compagnon vous quitte, c’est une destruction. Le travail consiste donc à reconnaître la peur et à nous ouvrir à la confiance. La confiance, c’est l’ouverture, le lâcher-prise... Il existe deux niveaux de confiance. Il y a d’abord la confiance relative : en tant qu’être humain, sur quoi puis-je m’appuyer en moi-même ? Sur mon discernement, mon jugement, ma bienveillance, mon corps, mes sensations ? Des pratiques telles que le yoga ou la méditation peuvent nous aider à expérimenter cette confiance relative. Mais il existe une autre confiance. Lorsque nous sommes confrontés à des événements très douloureux, nous ne serons peut-être plus en mesure de nous reposer sur ces appuis intérieurs, nous risquons de nous sentir humainement dépassés par l’épreuve à laquelle nous sommes confrontés. Alors, peut-il y avoir un abandon, un lâcher-prise plus profond ? Une confiance dans la confiance elle-même ?
Lorsque l’on s’abandonne à la confiance, on n’approche pas les événements de la même manière. Il ne s’agit plus de faire confiance à ceci ou à cela, ni même à la vie ou à Dieu. Nous ne pouvons pas faire confiance à la vie en nous persuadant qu'elle nous préservera de toute souffrance. En revanche, quand il nous arrive quelque chose de douloureux, nous pouvons faire confiance à une disposition intérieure confiante. Cette attitude nous permet de nous relâcher, de nous laisser porter intérieurement sans plus chercher à contrôler quoi que ce soit. On constate alors que tout devient plus fluide. Au cœur de la plus grande souffrance, on s’abandonne à la confiance elle-même et on la laisse accomplir son œuvre. préservera de toute souffrance. En revanche, quand il nous arrive quelque chose de douloureux, nous pouvons faire confiance à une disposition intérieure confiante. Cette attitude nous permet de nous relâcher, de nous laisser porter intérieurement sans plus chercher à contrôler quoi que ce soit. On constate alors que tout devient plus fluide. Au cœur de la plus grande souffrance, on s’abandonne à la confiance elle-même et on la laisse accomplir son œuvre.
Après toutes ces années de pratique, quelle est la principale leçon que vous avez retenue ?
J’avais posé cette question à Dilgo Khyentsé Rinpoché, le second maître de Matthieu Ricard. Alors que je lui parlais de mon travail auprès de mes patients, il m’avait simplement dit : « Aimez-les. » Ce qui me frappe fondamentalement, c'est à quel point l’être humain a besoin de bienveillance, avant toute autre chose. Quand on cherche à se transformer sur une base d’exigence idéaliste, de dureté, de fermeture, on peut beaucoup se maltraiter, et les résultats sont décevants. C’est ce que le Bouddha avait constaté, il y a 2 500 ans, avec la quête de la Voie du juste milieu. Il s’était rendu compte que ses ascèses les plus rudes et sévères ne conduisaient à rien. Dès qu'il y a de la patience et de la bienveillance, tout peut advenir. L’être humain commence à s’ouvrir, à se montrer. C’est le préalable fondamental à tout cheminement intérieur.
Propos recueillis par Nathalie Calmé
Source : Sources
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