vendredi 26 août 2016

Rencontre avec le peti-fils de Gandhi : Arun Gandhi


Adolescent à Durban, en Afrique du Sud, j’ai été agressé, battu, insulté parce que j’avais la peau sombre. Cela a entraîné beaucoup de violence en moi, c’est la raison pour laquelle mes parents ont voulu que nous allions vivre avec mon grand-père, en Inde....

Seule l’éducation peut améliorer cela. Malheureusement, elle nous apprend à obtenir des succès, pas à devenir meilleurs. Les enfants d’aujourd’hui grandissent sans connaître leur part d’humanité, sans savoir comment la développer. Ils apprennent à devenir de bons scientifiques ou financiers, mais n’ont aucune idée de la manière d’établir de bonnes relations avec les autres. Commençons par modifier une chose simple : la violence de notre langage. Soyons attentifs à nos comportements, soyons plus compréhensifs. Mon grand-père m’expliquait la différence entre la violence passive et la violence physique. Il m’a encouragé à faire mon examen intérieur chaque soir. Qu’ai-je fait qui puisse être utile aux autres ? Qu’ai-je fait de mauvais? Il m’a demandé d’afficher un papier sur lequel je devais noter mes actes de violence passive et active. Peu à peu, cela m’a aidé à me connaître et à voir ce que je devais changer en moi...

La non-violence est un idéal qui peut et qui doit fonctionner chaque jour, parce qu’elle est fondée sur l’amour, la compréhension et le respect. Nous chérissons ces valeurs, et pourtant tout le monde dit aujourd’hui qu’elles sont dépourvues de sens. Mais en pensant ainsi, nous devenons une partie de ce processus. C’est vrai, nous sommes modelés par la culture de la violence... J’ai retenu de mon grand-père que nous devons nous changer nous-mêmes pour entrer dans une culture non violente...

Dans le passé, nous parlions surtout de non-violence physique, en réaction aux guerres, aux mauvais traitements... Aujourd’hui, la violence passive est devenue plus puissante que la violence physique. Elle réside dans les discriminations, le pillage des ressources, l’exploitation des peuples. Elle n’utilise pas la force mais elle laisse les victimes en colère, qui utilisent à leur tour la violence pour obtenir justice. Et nous nous faisons subir à nous-mêmes des violences passives comme le stress, l’angoisse. 
La vraie non-violence réside dans une transformation de nous-mêmes. 
A nous, par exemple, de prendre conscience de la violence passive que nous faisons subir autour de nous : ne pas considérer une personne parce que nous la pensons inférieure, ou parce qu’elle est noire ou musulmane ou pauvre... La pire chose est le nationalisme, lorsque nous pensons pouvoir être fiers de notre pays en excluant le reste du monde. Nous devons avoir une vision générale, nous devons créer une globalisation des esprits, une globalisation philosophique, bien plus importante que la globalisation économique...


Extraits de Psychologies magazine de déc. 2015