J’ai rencontré, avec le groupe de Bruxelles, ce samedi 10 mai, Colette et Daniel Roumanoff. Je vous en laisse quelques empreintes.Tout d'abord Daniel a expliqué qu'un diagnostic médical lui avait révélé qu'il était atteint de la maladie d'Alzheimer et que donc, par moments, il aurait des pertes de mémoire. Il a ajouté que son médecin lui avait demandé, en le voyant souriant et serein, de témoigner en tant que malade, sur ce thème : "comment peut-on être heureux en ayant la maladie d'Alzheimer ?".
A la première question sur ce qu'il retient d'essentiel de sa rencontre avec Svami Prajnanpad, il répond :
"Etes-vous à l'aise ou pas ? Ce qui compte, c'est la manière dont on reçoit les choses... Et qu'est-ce qu'on en fait ?"
Daniel explique qu'à la mort de Swami Prajnanpad, il a senti qu'un trésor pouvait disparaître. Il a donc passé plus de 30 ans de son existence à réunir les paroles et les histoires de Swamiji. Son "testament" sera les 3 tomes qui vont paraître aux éditions "L'originel" et dont le titre est
"La connaissance de soi".
De sa relation avec Swamiji, il dit ceci :
- « Une relation de reconnaissance et de joie, c'est ce que je ressens. Rien ne me prédestinait à rencontrer des sages indiens... Je fais toujours appel à lui en cas de difficultés. Je ressens sa présence, une présence permanente qui me guide, dont je suis très heureux. »
- « La difficulté est devenu le marchepied de la délivrance. On transforme le désagréable en quelque chose d'agréable. »Daniel Roumanoff est souvent revenu sur la phrase de Swami Prajnanpad : « Your being attract your life » et qu'il traduit par : « La vie que l'on a est produite par ce que l'on est. »
- « C'est vraiment intéressant, les choses qui nous arrivent. »Colette Roumanoff a pris la parole très souvent. Voici quelques unes de ces phrases :
- « On ne sait pas la souffrance des gens. On est parachuté on ne sait où. La situation de tout être humain, elle est dramatique en soi. L'idée de ne pas avoir de chance est à remettre en question. Vous ne savez pas ce qui est pire, ce qui est facile, ce qui est difficile. »
- « A quoi ça sert de se comparer ? A rien. »
- « Si on arrive vraiment à se connaître soi-même, on connaît tout le monde. »
- « Prenez ce que vous avez (tout ce que la vie vous offre), c'est à vous. »
- « Il faut toujours partir de son expérience, dans ce qu'elle a de plus intime, de plus concret. »
-« Si on a une question, il faut garder la question jusqu'à ce qu'on ait la bonne réponse. […] On peut quelquefois attendre longtemps. »Colette prend l'exemple écrit dans son livre pour illustrer son propos :
"Pourquoi j'ai battu une orpheline quand j'avais 7 ans ?" Cette question, elle l'a gardée sans véritable réponse jusqu'à 27 ans, lors de sa rencontre avec Swamiji. Celui-ci lui a dit d'essayer de voir les yeux de cette orpheline. Colette a mis la main devant ses propres yeux et le visage de l'orpheline est apparu "J'ai vu ses yeux et son visage, c'était moi l'orpheline, je n'avais pas de papa, je n'avais pas de maman."
Elle s’est mise à sangloter pendant que Swamiji disait : "Yes, yes , yes", en souriant.
Colette a dit : "I want to kill my mother."
"Very nice", a répondu Swamiji.- « Dans votre coeur, quel que soit l’être humain que vous ayez en face de vous, vous ne le jugez pas. Vous savez qu'il est comme vous. »
Swamiji disait : « Vous pouvez tuer quelqu'un avec un sourire plein d'amour dans les yeux. »Daniel Roumanoff nous a parlé ensuite de sa pratique de la méditation :
- « J'ai beaucoup pratiqué la méditation dans le sud de la France… Je méditais pendant des semaines entières. » Il explique qu'il a eu une révélation. L'état de contentement qu'il ressentait en méditation restait imparfait :
« Il fallait redescendre sur terre. Il fallait m'ouvrir à ce qui est désagréable. Qu'est ce que je fais avec cette chose désagréable ? "
- « Ca frappe à la porte, et on l'accueille .»Daniel a également insisté sur la voix intérieure.
- « On a chacun une voix intérieure qu'il s'agit d'écouter. Cette voix intérieure, elle ne nous raconte pas d'histoire."
- « Etre fidèle à la voix du coeur, elle ne trompe pas, on peut lui faire confiance. Ca consiste à s'ouvrir et à laisser rentrer. »
-« Il y a à la fois une ouverture et une discrimination. »
- « Savoir si la note est juste ou non, la note qui détend. »
- « J'ai le sentiment que tout le monde a cette sensibilité mais que peu de monde l'utilise. »