mardi 30 avril 2024

Les formules de Swami Prajnanpad (2)

 Emotion is an unnecessary luxury.

L’émotion est un luxe inutile.


L’émotion, notre manière subjective d’appréhender la réalité, en référence à nous, n’est pas indispensable pour vivre. Elle représente même un énorme gaspillage d’énergie, un « luxe inutile ». Certes, c’est la donnée de départ de tout être humain et Swâmi Prajnânpad, qui avait transcendé les émotions, disait de lui, en se remémorant le passé ! «The young man was only emotion », le jeune homme n’était qu’émotion. Il avait donc connu, comme chacun d’entre nous, la condition commune : le pouvoir qu’a l’existence de modifier nos états intérieurs — tant que nous n’avons pas entrepris un travail conscient et méthodique pour émerger de ce « statut d’esclave ».

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A son élève Arnaud qui s’était comporté sans conscience dans une certaine situation et avait causé du tort à quelqu’un, Swâmiji avait écrit un jour :

Carried away by your emotional blindness, you have gone down below human level.

Emporté par votre aveuglement émotionnel, vous êtes descendu en dessous du niveau humain.

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lundi 29 avril 2024

Les formules de Swami Prajnanpad (1)

 What, why, what for, how ?

Quoi, pourquoi, pour quoi (dans quel but), comment ?


La vie juste est un fonctionnement conscient, délibéré. L’homme doit aller de l’avant dans le voyage de sa vie avec les yeux ouverts : quoi ? pourquoi ? dans quel but ? comment ? Sur le chemin vers le Soi, l’homme ne doit commettre aucune action sans dessein. Agir sans savoir pourquoi on le fait, quand ce n’est pas agir sans savoir même qu’on le fait, signifie qu’on fonctionne pour rien, que sa propre existence n’est rien et qu’on ne va nulle part. 

Dans une vie consacrée à la vérité, aucun acte n’est possible sans que cet acte ait une raison et un but. Cette vigilance devient possible progressivement, d’abord avec effort, ensuite sans effort.

— Monde moderne et sagesse ancienne, chap. « Le chemin de l’être ».

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dimanche 28 avril 2024

Routes spirituelles

En chemin vers la détente avec Jacques Castermane...


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samedi 27 avril 2024

Peut-on (vraiment) lâcher prise ?

 par Violaine Gelly, psychopraticienne 

Cliché du développement personnel, le lâcher-prise serait devenu la solution à toutes nos ruminations, toutes nos angoisses. Mais encore faut-il savoir ce que nous aimerions lâcher. Et d'ailleurs, sommes-nous si sûrs de notre prise ?


Renoncer à notre toute-puissance, une gageure ?

Lâcher prise, c’est chuter du piédestal des envies, des attentes, des espoirs dont nous estimons légitimement qu’ils devraient tout emporter sur leur passage. Cela nous renvoie illico au fait que nous sommes impuissants, soumis, contraints. Tous ces ressentis qui nous écorchent l’ego en apportant la preuve que nous ne contrôlons pas tout. Remplacez le mot « contrôle » par celui de « pouvoir », et vous admettrez qu’il n’est pas facile d’y renoncer. D’abord parce que le contrôle a d’abord été, pour chacun d’entre nous, une source de joie et de sécurité. C’est ce que la psychanalyse appelle la toute-puissance enfantine. Contrôler le monde qui nous entoure, dans la vulnérabilité absolue des premiers mois, est une épopée de chaque instant : vérifier que le parent accourt dès qu’on a peur, faim ou froid ; découvrir qu’on peut rattraper une balle qu’on nous lance ou cogner deux cubes l’un sur l’autre ; apprendre à tenir en équilibre et réussir à articuler des premiers mots… Voilà des occasions de plaisir et de fierté accentuées par les encouragements et les rires de ceux qui s’occupent de nous. Quelle formidable source de narcissisme que cette faculté d’agir sur notre environnement, et quelle difficulté à la quitter. Bien entendu, en grandissant, nous avons dû renoncer à notre toute-puissance. L’autorité, la morale, la vie en compagnie des autres ont tenté de nous remettre à notre juste place mais, en chacun de nous, sommeille ce petit-enfant pour qui le monde se pliait à ses désirs : « Si je veux, je peux. »

Il nous faudrait donc oublier ce désir – cette illusion – enfantin d’avoir prise sur soi, sur les autres et sur le monde, et admettre, définitivement, que nous n’avons pas systématiquement raison. Raison de vouloir nous accrocher, raison de ne pas lâcher, raison de résister. Certes, la combativité est souvent un moteur. Mais quand cette obstination devient pathologique, qu’elle nous contraint à rester dans des situations professionnelles sans issue, dans des relations conjugales destructrices, qu’elle nous engage à livrer des combats perdus d’avance, à tenter de réparer l’irréparable, qu’elle nous fait dédaigner le bon, le simplement bon ou même le pas mal, pour une perfection inatteignable, nous ne cessons de nous fracasser contre des murs. Bien sûr, cela nourrit de magnifiques portraits littéraires, comme celui du capitaine Achab usant les mers à la recherche de Moby Dick, mais notre vie doit-elle se résumer à courir après des baleines blanches ?

Accepter la réalité pour ce qu’elle est

Nos luttes internes s’inspirent de nos espoirs profonds, de nos attentes vitales, de nos valeurs. Souterrainement, pourtant, elles reposent aussi sur bien des injonctions imposées de l’extérieur par nos parents, nos maîtres, la société, ou générées par notre surmoi, ce gendarme intérieur fort bavard. Pour savoir reconnaître celles-ci et entrer dans ce fameux « lâcher-prise », il peut être utile de faire appel aux philosophes stoïciens. Le premier d’entre eux, Épictète, décrivait la source de cette sagesse passant par « nous occuper de ce qui dépend de nous, et user des autres choses comme elles sont1 ». C’est-à-dire agir sur ce qui dépend de nous, et renoncer à ce qui ne dépend pas de nous. Le philosophe Alexandre Jollien avoue ne pas aimer beaucoup l’expression de lâcher-prise et lui préfère l’idée de « s’abandonner à la vie ». Cet abandon, pour lui, ne s’apparente pas à de la résignation, mais à un véritable engagement dans l’existence. Il ne s’agit plus de vivre au conditionnel, dans les supputations de ce qui aurait pu être ou de ce qui pourrait être mieux, mais de braver nos peurs pour embrasser pleinement la réalité et faire avec ce qui est, même l’imparfait ou le difficile.

Dans tous ses livres, cet adepte du stoïcisme remplace l’idée de « lâcher-prise » par celle de « laisser-passer ». Gravement handicapé de naissance, il raconte : « Mon parcours m’a habitué à la lutte et je ne suis pas très enclin à apprécier avec légèreté le bonheur qui passe. Je m’agrippe, je m’accroche et tout est gâché. Alors, souvent, je me souviens de cette parole d’Épictète qui me guide : “Souviens-toi que tu dois te conduire dans la vie comme dans un festin. Un plat est-il venu jusqu’à toi ? Étendant ta main avec décence, prends-en modestement. Le retire-t-on ? Ne le retiens point. N’est-il point encore venu ? N’étends pas au loin ton désir, mais attends que le plat arrive enfin de ton côté .” » Ne pas s’accrocher, ne pas fuir pour autant, juste être là et accepter la réalité pour ce qu’elle est.


Avoir le courage de regarder nos propres limites

Comme le disait Marc Aurèle, autre grand stoïcien : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre3. » Et pour cela, ce sont nos propres limites qu’il faut avoir le courage de regarder. Lâcher-prise, c’est accepter de se voir comme imparfait et ne pas s’en alarmer. Invictus, qui se finit sur ce vers : « Je suis le capitaine de mon âme », aurait été le poème préféré de Nelson Mandela. Certes, mais pas le capitaine de l’océan, pas celui de la tempête, pas celui des autres navires.

Pour rester dans la métaphore nautique, l’enseignant spirituel Arnaud Desjardins, disciple du gourou indien Swami Prajnanpad, comparait la vie avec une descente de torrent en kayak : un enfer pour celui qui lutte, un réel plaisir pour ceux qui jouent avec le torrent. Avec, et non contre. Il ne s’agit pas de lâcher une quelconque « prise », mais d’abandonner le combat et l’anticipation pour accepter la surprise et l’incertitude joyeuse. Les vivre à notre façon et dans notre singularité d’être, c’est exercer le seul contrôle que nous aurons jamais sur notre vie.


Petit Traité de l’abandon, pensées pour accueillir la vie telle qu’elle se propose d’Alexandre Jollien (Points, “Essais”, 2015).

 Pensées pour soi de Marc Aurèle (Flammarion, “GF”, 2015).

 Invictus, poème de William Ernest Henley.

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(source Psychologies magazine)

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vendredi 26 avril 2024

Respiration au carré


Voici une petite technique de respiration qui peut être efficace

 (extrait de l'émission dédiée au sommeil) :

 Prenez soin de vous ! Votre sommeil en forme olympique (France 5)


dormez bien !

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jeudi 25 avril 2024

 Mes chers amis,

By Photo Dharma from Sadao, Thailand 

L'impermanence conditionne toute notre vie et il est bien de ne jamais la perdre de vue.

L'impermanence est la caractéristique de tout ce que nous pouvons percevoir au travers de nos 5 sens (le vue, l'audition, le toucher, le goût et l'odorat), et de notre mental (pensées, émotions, ressentis...)

Que veut dire impermanent ? Cela caractérise ce qui a un début (et donc n'existe pas depuis toujours) et a une fin (càd qui ne durera pas toujours).

Or nous, les êtres humains ordinaires, (par opposition aux grands maîtres et les êtres réalisés) sommes très sujets à l'attachement. Ce que nous aimons bien, nous y devenons très facilement attachés et nous éprouvons du chagrin, ou de la souffrance quand nous devons nous détacher que ce soit d'objets matériels, de sensations plaisantes (visuelles, auditives, gustatives, tactiles ou olfactives)  et encore bien plus quand il s'agit d'êtres vivants animaux ou humains.

Il ne s'agit pas de n'avoir aucun attachement, ce qui serait un leurre bien impossible à atteindre, mais d'être libre de ses attachements, de savoir que l'attachement est illusoire, puisque ce à quoi on s'attache est transitoire, soit cela se terminera avant moi, soit moi je partirai sans l'emporter.

Car bien sûr, moi aussi je suis impermanent, comme toutes les choses mon corps est apparu un jour il est certain qu'il disparaîtra. Mes pensées apparaissent et disparaissent.

En tant qu'être humain ordinaire je suis très identifié à mon corps/mental, ce que j'appelle moi. Qui peut vraiment affirmer qu'il ne croit nullement en l'existence d'un moi ?

Même si théoriquement, il a compris que ce moi ne peut être trouvé nulle part.

La méditation d'hier a été une réflexion sur ce sujet. Nous n'avons pas cultivé le calme mental, mais nous avons réfléchi. Nous sommes finalement revenus à cette pure présence que nous sommes, cette pure présence spacieuse, qui est là d'instant en instant, insaisissable, mais vaste et source d'amour.

Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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mardi 23 avril 2024

Averse de vers


"Je veux une averse d'étoiles sur les villes sales,

des arbres qui dansent dans les pas fatigués des passants,

le tournesol d'une robe jaune sur la grisaille des tristesses,

le souffle pur d'une terre haute,

l'eau glacée d'un torrent éclatant de rire,

des étincelles de nuit faisant battre le cœur des mots pour nettoyer

celui des hommes, un petit matin clair, irrévérencieux, insolent, confiant,

où des fées en espadrilles font le ménage du jour."

Ile Eniger


peinture: Rubaldo Merello 1872-1922 / Ulivi a San Fruttuoso 1915

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lundi 22 avril 2024

Faire la paix avec la mort

 FAIRE LA PAIX AVEC LA MORT…

♥😊♥
Certains maîtres Zen distinguent
La Grande mort de la petite mort…
La petite mort est la mort du corps...
La Grande mort est la vraie mort :
Celle de votre nom, prénom
Et de tout ce qui se cache derrière
Votre identité, votre monde intérieur
Incluant vos rêves, cauchemars
Espoirs et désespoirs…
En un mot, l’effacement de vous-même !
Sous quelque forme que vous puissiez vous imaginer !
La mort du corps n’est rien
Qu’un changement de peau
En particulier si vous croyez
Si vous vous accrochez
À l’idée-bouée de sauvetage
Que vous continuez après
Que la réincarnation existe, etc…
La vraie mort est terrifiante
La mort du corps, au pire
Un mauvais moment à passer…
Faire la paix avec la mort
Implique
Faire la paix avec votre disparition complète…
Comprendre et accepter avec le sourire
Que dans peu de temps
Vous ne serez plus même un souvenir
Dans la mémoire de personne…
Le corps physique
Avec le cerveau et son extension, les sens
Est l’équivalent d’un casque de réalité virtuelle
Qui plonge l’esprit que vous êtes
Temporairement
Dans un monde qui « apparait » matériel
Jusqu’à son obsolescence programmée…
Si le fœtus savait ce qu’est la naissance
Disait Charlie Chaplin
Il paniquerait…
La naissance est un passage
La mort, un autre passage…
Mais l’esprit qui retrouve sa forme
Après la disparition du corps
Est temporaire lui aussi…
Il peut faire plusieurs aller-retours
Ou voyages matériels ou spirituels
Mais au moment où il réalise
De façon claire et définitive
Qu’il n’est qu’une autre forme éphémère
Du Grand Silence Éternel
Il disparait lui aussi
Ne laissant aucune trace derrière
Dans le Grand Silence…
C’est la Grande mort !
Aucune forme n’est éternelle !
Physique, spirituelle, mentale, astrale
Toute forme, quelle qu’elle soit
Est éphémère…
Cherchez ce qui est éternel
Dans les profondeurs de votre être
Touchez le « sans forme »
Sans identité aucune…
Même l’océan d’amour
Que vous trouverez sur votre route
N’est pas le bout du chemin !
Dans les grandes profondeurs
Vous êtes un potentiel d’énergie infini
Conscient
Un big-bang à venir de créativité !
Une liberté magique !
Au creux de votre éternité
Sans nom, sans forme
Vous êtes de la même nature
Que la fourmi, que le soleil
Que l’ombre du renard sur la neige
Que les pas de tous les Bouddhas
Sur les plages de l’espace-temps…
Abandonnez-vous avec ivresse
Au Grand jeu divin
Au travers des multiples joies et douleurs
Elles sont toutes temporaires…
Laissez-le vous transporter
Vous porter à travers tous les mondes
Possibles et impossibles
Jusqu’à la Source silencieuse
Magique
Mystérieuse
Que vous êtes de tout temps
De toute façon
En dehors de l’espace-temps…
Préparez-vous à la Grande mort
À la fusion définitive
Avec le cœur silencieux de toute chose…
♥♥♥

Claude Leclerc

Image : « Flight », Carl Bergstrom CC , Seattle, Washington, mars 2018.

dimanche 21 avril 2024

« La vie est un collier de perles »


Après avoir parlé, la personne victime d’abus peut ressentir un immense soulagement. Enfin, elle a été entendue. Enfin, les faits ont été reconnus. Enfin, la voilà libérée de ce poids si lourd qui pesait sur elle et qui la détruisait depuis de nombreuses années. Mais, en même temps, elle s’est entièrement construite avec et autour et à côté de ce trauma. Si on imagine l’abus comme un obus qui s’est fiché violemment en elle, on se rend compte de l’impact que cela a pu avoir en son psychisme, en son âme, en sa vie. Il suffit de penser aux trous de bombes que l’on observe encore dans nos campagnes. Parler a donc non seulement laissé en elle des éclats bien tranchants, mais a en plus créé un vide, un gouffre ingérable.

Un travail d’orfèvre

Commence alors, pour le patient et son thérapeute, un travail long et douloureux, un travail d’orfèvre. Comme l’expliquait le médecin général et professeur de psychiatrie Louis Crocq, mon maître, il faut que la personne parvienne à faire un « récit autobiographie » de son existence. Ce n’est que lorsque la parole va permettre au trauma d’être intégré à la vie, à l’être même de la personne, que peuvent poindre les bénéfices d’une liberté retrouvée.

Je dis souvent à mes patients que la vie est un collier de perles : « Nous allons les enfiler les unes après les autres. Certaines seront magnifiques, d’autres toutes noires. Celles-ci ne redeviendront jamais blanches, mais elles font partie du collier. Il faut l’accepter. Cela ne veut pas dire accepter l’innommable, mais accepter de vivre malgré et avec l’innommable qu’il y a eu en votre vie. » La personne victime ne parviendra peut-être jamais à donner un sens à son vécu, mais, en prenant son temps, en creusant au plus profond d’elle-même, en acceptant de cheminer sur des sentiers jusqu’alors inconnus, en se détachant du regard des autres, elle rencontrera une source qui l’autorisera tout simplement à vivre.

Isabelle Chartier Siben 

source : La Vie

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samedi 20 avril 2024

Embarquement

 Il y a des jours où les expressions les plus populaires et les découvertes scientifiques les plus récentes semblent se faire écho.

« Mondialisation oblige, nous sommes tous dans la même galère » et il semblerait que dans la soute de notre navire planétaire, il y ait quelques bombes atomiques ou à retardement.

« Nous sommes embarqués » disait Pascal, mieux « nous sommes intriqués » dirait la physique quantique. Ce n’est pas une question de vouloir, même pas de pulsions, mais d’ondes et de particules.

Savoir cela devrait rendre dérisoires nos avis contraires, nos luttes assidues pour prendre ou garder le pouvoir, pour être le premier ou le dernier à avoir raison. Nos déterminismes se moquent bien de ces « je », de ces « jeux » puérils.

Nous sommes dans la même galère, embarqués, intriqués… et alors ?

Savoir cela suffirait-il pour que nous descendions ensemble dans la cale du navire planétaire, pour désamorcer ce qui est prêt et programmé pour l’explosion ?

Descendre ensemble dans la cale, c’est-à-dire dans notre intériorité, là où nous sommes un, interreliés, intriqués. Là où il n’y a plus d’Iraniens, d’Israéliens, de Palestiniens, de Russes, d’Ukrainiens, de Français, d’Américains… mais seulement l’humanité une, silencieuse et blessée… Là où il n’y a plus de veaux, de vaches et de cochons mais des animaux malades de la peste, avides de guérison plutôt que d’extinction….

Est-ce possible ?

Vœu désuet, vaste utopie ou expérience simple et triviale :

Le chat et la souris, dans leur faim de survivre, ne savourent-ils pas le même fromage ?

Mais où est la faim, où est le fromage ?

Ne demandez pas à la vie : « Où es-tu ? ».

Elle est là, je suis là, tu es là, nous sommes là…

Allons-y !     

  Jean-Yves Leloup, Avril 2024

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vendredi 19 avril 2024

Performance ou robustesse

 


Je vous conseille l'écoute de l'interview d'un français sur une chaîne belge et qui parle de pause café !

L'article est ici

Olivier Hamant propose plutôt de passer de l’abondance matérielle à l’abondance relationnelle.

Si vous n'arrivez pas à écouter l'audio, vous pouvez la trouver ici.






"La croissance donne l’impression d’abondance alors qu’elle crée la pénurie."


"Nous sommes dans une secte de la performance : on n’est plus capable de la questionner alors qu’on sait scientifiquement qu’elle induit une dégradation, c’est le burn-out des humains et celui des écosystèmes."

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jeudi 18 avril 2024

lignes flottantes



Extrait de Tu dis délivrer la lumière (Pourquoi viens-tu si tard ?, 2021)


Nos souffles puisent à la source

qui précède la fièvre

soutenue par le bond de lumière
tu pousses la question
qui t’élève déjà vers la pointe des vagues
ton corps est le navire

le silence me berce encore
je cherche son assise
dans la rumeur inquiète
repasse mes contours sur les lignes flottantes

Sabine Dewulf

Tableau : Le souffle de la mer de Guillaume Barazer

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mercredi 17 avril 2024

Ecole de la souplesse

 L’école du saule (par Cécile Bolly)


Il était une fois, il y a très longtemps, dans un pays très loin d'ici, un homme qui marchait. Il marchait parfois vite, parfois lentement, sous le soleil ou dans le vent. Il quittait la Chine, où il venait d'apprendre les arts martiaux, et rentrait chez lui. En chemin, il pensait à la technique qu'on lui avait enseignée. Il sentait qu’il y avait sans doute quelque chose à associer à cette technique ; quelque chose de plus intérieur, une réflexion philosophique, peut-être, ou un fondement spirituel. Quelle est, se demandait-il, la force qu’il faut opposer à la force pour la combattre ? Se retirant longuement dans un temple zen afin d'y méditer, il se promène un jour dans le grand jardin alors qu'il y neige abondamment. Son attention est subitement attirée par le bruit d’une branche de cerisier qui casse sous la neige malgré sa robustesse. Un peu plus loin, alors qu'il s'approche d’un saule, il voit la neige glisser silencieusement à terre et la branche pourtant fragile du saule se relever, indemne. À ce moment-là, son esprit s'éclaire, son âme s’éveille. Il comprend que ce n’est pas la force qu'il faut opposer à la force, mais bien la souplesse ; que ce n’est pas la lance qu’il faut opposer à la lance, mais bien la main vide et le cœur pacifié. Depuis lors, on attribue à ce médecin japonais, Shirobei Akiyama, la création de l'école du saule, Yoshin-ryu, qui a donné naissance au judo et au ju-jitsu. Cette école du saule, ou plus précisément cette école de l’esprit du saule, est ma préférée ! Que ce soit dans mon travail de médecin, dans celui de vannière ou à d’autres moments encore, je me sens avant tout dans la recherche du geste juste.

Le saule est un des arbres qui permet de faire de la vannerie. Les branches de saule une fois coupées deviennent des brins d’osier, que des mains tissent pour réaliser un panier. La beauté de celui-ci dépend de la qualité de chaque geste effectué, qui n’est pas seulement un geste technique, mais une trace de l’interdépendance entre différentes formes du vivant. Au moment de l’imaginer ou même de le créer, nul ne sait ce que ce panier pourra contenir. Dans mon travail de médecin et de psychothérapeute, la recherche du geste juste est tout aussi importante. Pour moi, elle se manifeste avant tout dans la qualité de l’écoute que je peux offrir à l’autre. Qu’est-ce qu’écouter, si ce n’est offrir un contenant, être contenant, afin que ce moment de rencontre puisse accompagner, relier, soutenir, contenir, protéger parfois.

Plus largement, quels que soient notre place, notre rôle, notre fonction, l’école de l’esprit du saule nous apprend donc la souplesse, la disponibilité, l’attention à tout être vivant. Elle nous rend ainsi capables de tisser des liens solides et porteurs de sens, des liens qui libèrent.

Extrait du livre "La puissance des liens" de Ilios Kotsou, Caroline Lesire, Christophe André, Abdennour Bidar, Fabienne Brugère, Rébecca Shankland, Matthieu Ricard

mardi 16 avril 2024

L'autre peut me nourrir...

 


Il est extrêmement rare de rencontrer quelqu’un, qu’on voie beaucoup de monde ou qu’on soit ce qu’on appelle un solitaire. La plupart des gens rendent très difficile de les rencontrer parce qu’ils ne sont pas vraiment dans leur parole ou parce qu’ils sont sans âme. Je fais toujours à l’autre le crédit de la nouveauté incroyable de son existence, mais ce crédit va s’user si l’autre a gâché cette merveille-là pour devenir comme tout le monde. Comment parler avec personne ? C’est impossible.

Parfois le désir de partager est si fort que je vais quand même tenter ma chance mais souvent en vain. Les opinions ne m’intéressent pas. Ce qui me touche, c’est quand l’autre met tout le poids de sa vie dans la balance des mots et que sa pensée s’appuie sur ça. Pour ma part, j’ai parfois l’impression d’être totalement incapable d’aimer, et en même temps d’aimer plus que personne. Je vois très peu de monde, mais je peux être indéfiniment avec l’autre quand il est là. Quand je suis né, on m’a proposé le menu du monde, et il n’y avait rien de comestible. Mais quand l’autre est vraiment avec moi, je peux manger : je bois une gorgée d’air, je mange une cuillerée de lumière.

~ Christian Bobin

La lumière du monde 

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lundi 15 avril 2024

7 maintenant...

En ce dimanche, pour moi jour de repos, je vais jouer à réfléchir
Je vais essayer sept fois, autant que les jours de la semaine.
1. Pas d'avant, pas d'après, tout est MAINTENANT.
2. Si ce n'est pas MAINTENANT, quand ?
Si ce n'est pas ICI, où ?
Si ce n'est pas TOI, qui ?
3. Nous ne pouvons pas changer le monde, mais nous pouvons commencer à le changer. (Ne divisons pas, unissons-nous ! )
4. La mort n'est qu'un changement
La vie ne finit jamais.
5. Nous ne vivons pas dans un pays mais sur une planète.
6. Ce que tu donnes, tu le donnes.
Ce que tu ne donnes pas, tu le retires.
7. ET MAINTENANT, une vérité : notre squelette n'a ni pensées, ni sentiments, ni désirs, il n'a pas de vie mais il existe. C'est notre meilleur ami.
Du sang dans le sang.
Âme dans l'âme.
Temps dans le temps.
Os dans la chair.
Amour dans mon câlin pour toi.

Alexandre Jodorowsky

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dimanche 14 avril 2024

Etre au bon endroit et au bon moment


Mes chers amis,

Hier lors de la méditation, j'ai fait une petite introduction sur la conséquence de nos actes dont nous sommes souvent bien ignorants.

Nous pouvons en effet réaliser que tous nos actes ont des conséquences dans cette vie, mais aussi des conséquences beaucoup plus profondes dans le courant de notre esprit.

Quand nous réalisons que nous ne sommes pas ce corps qui est une apparence changeante d'instant en instant, donnant des sensations toujours changeantes, nous pouvons commencer à réaliser notre dimension spirituelle et cela peut nous amener à prendre conscience de ce qu'on peut appeler l'esprit.


En effet tout ce que nous percevons passe par l'esprit, par la conscience. Comment en effet pourrions nous percevoir quelque chose dont nous ne sommes pas conscients, ne fut-ce qu'en pensée ?

Tous nos actes plantent des graines dans le courant de l'esprit. Ces graines peuvent se développer si les conditions sont favorables.

Cette prise de conscience pourrait nous amener  à mesurer qu'à chaque instant, par nos réactions à ce que nous percevons, nous créons des conditions qui vont entrainer la manifestation de nos tendances qui sont liées à ces graines plantées dans le courant de l'esprit.

Nous ne sommes pas responsables de ce qui arrive, mais nous sommes responsables de ce que nous en faisons, et ce que nous en faisons est la cause des graines qui vont être plantées. Nous prenons alors conscience que fondamentalement nous sommes responsables de l'avenir, des tendances que nous créons par notre action dans l'instant.

Avec ma profonde amitié, je vous souhaite une bonne méditation à vous tous.


Philippe Fabri

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samedi 13 avril 2024

Pourquoi notre cerveau adore les mauvaises nouvelles


Faits divers sordides, catastrophes naturelles, conflits en tout genre… Notre cerveau raffole secrètement de ce genre d’informations ! En cause : le biais de négativité qui entretient notre goût inavouable pour les mauvaises nouvelles. (Par Anne Guion)

Pourquoi les médias ne parlent-ils que des trains en retard et jamais de ceux qui arrivent à l’heure ? La réponse à cette question est simple : parce que tout le monde préfère les mauvaises nouvelles aux bonnes ! Ou plus précisément, nous sommes tous – journalistes compris – victimes du biais de négativité, une tendance spontanée de notre cerveau à être attiré par les informations négatives. Cela s’explique par l’évolution.


Pour pouvoir éviter le danger et maximiser nos chances de survie, notre cerveau est particulièrement sensible à tout ce qui pourrait nous menacer. Et il va littéralement s’accrocher au négatif. Résultat : notre vision du monde est déformée. Nous pensons en général que celui-ci est beaucoup plus sombre et sans espoir qu’il ne l’est réellement.

Processus en cascade

Surtout, la multiplication des informations négatives dans les médias produit des effets nocifs sur notre santé mentale. Il faut reconnaître que notre cerveau n’a pas beaucoup évolué depuis l’époque des chasseurs-cueilleurs. Celui-ci va percevoir l’annonce d’une guerre ou d’un fait divers sordide, par exemple, comme une menace réelle même si ces événements ont lieu très loin de chez nous. Résultat : il va activer notre réponse au stress.

Dans la vie réelle, c’est un processus en cascade dont l’objectif est de nous soustraire à un danger, à une situation difficile que nous vivons. Imaginez : vous vous apprêtez à traverser une rue très fréquentée, et une voiture fonce droit sur vous ! Aussitôt, un flot de neuromodulateurs va déferler en vous : d’abord l’acétylcholine puis l’adrénaline. Cette dernière va contracter les vaisseaux sanguins de notre cœur, qui, à son tour, va se mettre à battre plus vite pour que le sang parvienne plus rapidement vers nos muscles. Et presque instantanément, sans même que vous en ayez conscience, vous sautez sur le trottoir ! Ouf. 

Mais ce n’est pas tout. Un autre processus va s’enclencher. Nos glandes surrénales, juste au-dessus de nos reins, vont diffuser un autre neuromodulateur, le cortisol, qui va activer la formation de glucose nécessaire à notre production d’énergie. Il faut bien soutenir notre réaction sur la durée ! Il s’agit de mettre en condition notre corps pour lui permettre de combattre ou de fuir.

Rumination et anxiété


Mais contrairement à une situation réelle, nous ne pouvons être qu’impuissants face, par exemple, à un massacre qui a lieu à 5 000 km de chez nous. Notre réponse au stress tourne dans le vide. « Nous ne pouvons ni fuir ni affronter le danger, ni prendre de la distance, explique la psychologue clinicienne Sabine Duflo. Et lorsque ces mauvaises nouvelles sont répétées plusieurs fois dans une même journée, nous subissons en continu des minichocs traumatiques. Les tours jumelles à New York ne se sont effondrées qu’une fois, mais pour nous, c’est comme si cela s’était produit des milliers de fois. C’est le même phénomène pour la bande de Gaza. Chaque drame répété inlassablement a des conséquences sur notre santé mentale, cela nous épuise… »

Surtout, les informations négatives s’inscrivent plus profondément dans notre mémoire que les bonnes. Pour pouvoir réagir le plus efficacement possible si le danger se représente, le cerveau emmagasine le maximum de détails sur le contexte : le lieu, les sons, les odeurs. Objectif : déclencher le plus rapidement possible la réponse au stress lorsque la menace reviendra. C’est ce processus qui est à l’origine du syndrome de stress post-traumatique : une odeur, un bruit peut réactiver brutalement le traumatisme.

Sans aller jusqu’à ces extrêmes, tandis qu’une annonce positive sera vite oubliée, une information négative provoquera rumination et anxiété. Or, de nombreuses études ont ainsi montré que ruminer altérait la santé cardio-vasculaire, appauvrissait la qualité du sommeil, stimulait la production d’hormones du stress dont le cortisol. Un tableau qui peut même favoriser la survenue d’une dépression.

source : La Vie

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