... Extrait...
Vous auriez pu jouer Timide, que vous avez été pendant longtemps…
C’est vrai, mais j’ai justement fait du théâtre pour m’extérioriser et progresser ! Au début, je jouais ce qui était évident. Puis, j’ai réussi à aller chercher ce qu’il y avait derrière les mots et à laisser parler en moi quelque chose de plus profond, dont je n’ai pas le contrôle, mais qui est très généreux.
L’Esprit-Saint ?
Oui, contrairement à beaucoup d’artistes qui se pensent géniaux, s’en attribuent le mérite et n’ont aucune reconnaissance pour le don reçu, je crois que cela vient de l’Esprit-Saint. Il y a en nous une liberté d’être et d’inventer que la paresse et l’ignorance occultent trop souvent. J’incite ceux que je rencontre à ne pas se fermer à ce possible élargissement d’infini.
Qu’est-ce qui vous a révélé à vous-même ?
La peinture. Il y a eu un jour où, en train de peindre, j’ai enfin respiré. Un jour où j’ai renoncé à la volonté. Je me suis alors abandonné à cette force intérieure qui sait mieux que vous ce que vous voulez ou pouvez faire.
J’imagine que le chemin a été long pour arriver à ce renoncement…
Pendant 10 ou 15 ans, j’ai ramé ! Je voulais faire un beau tableau, je le voyais dans ma tête, j’essayais de le reproduire et, au final, je m’ennuyais. Et puis, ce jour-là, alors que j’écoutais de la musique, j’ai tellement été pris que ma main a travaillé presque toute seule. Je me suis comme réveillé et j’ai vu sur la toile quelque chose qui me dépassait, au point que je me suis dit : « Mais qu’est-ce que j’ai fait là ? » Eh bien, j’avais laissé venir l’inconnu et le mystère des êtres humains, qui s’expriment quand on ne décide pas à l’avance ce qui va être et ne pas être. J’avais laissé venir l’improvisation. C’était moi, mais au-delà de la clarté intelligente de ce que j’étais. C’est ce qu’on peut appeler le mystère, et c’est ce à quoi je m’efforce d’être fidèle, au théâtre, au cinéma et dans la vie.