2 - Poser de petits actes de confiance
Selon ce qu’a écrit Aristote, c’est en pratiquant la vertu que l’on acquiert la vertu. C’est en posant de petits actes de confiance que l’on devient confiant. Moi, je me disais souvent : « Quand j’aurai la confiance, je ferai des actes de confiance. » C’est le contraire qui est vrai. C’est en faisant chaque jour un tout petit peu confiance à la vie que, peu à peu, la confiance se découvre. Il ne s’agit pas d’importer la confiance mais de voir qu’elle est déjà en nous.
Quand je prends ma petite fille Céleste dans mes bras, elle ne se dit pas : « Papa a des spasmes, il va me lâcher, je vais m’écraser sur les carreaux de la cuisine. » Non, elle se donne totalement. Je crois que la détermination, c’est conjuguer l’abandon et une infinie confiance en la vie.
Qu’est-ce que je peux faire pour me protéger de la vie ? Absolument rien. Et pourtant, jour après jour, j’essaie de construire des boucliers et des façades qui me protégeraient du tragique de l’existence. La dimension tragique de l’existence fait partie de la vie. Quand on l’a compris du fond de son être, on peut danser avec ce tragique sans se crisper. Mais en attendant, il faut beaucoup de détermination pour s’en approcher, même petit à petit.
Le philosophe Amiel disait : « 1 000 pas en avant, 999 en arrière. C’est cela le progrès. » Le désir aliéné voudrait que l’on progresse une fois pour toutes, que l’on guérisse de toutes nos blessures intérieures. Mais la chose est sans doute radicalement impossible. Ce qui nous sauve, c’est de savoir que l’on ne peut pas guérir de ses blessures mais que l’on peut vivre avec, que l’on peut cohabiter avec elles sans qu’il y ait nécessairement de l’amertume.