Historien et philosophe, le dominicain Yves Combeau, qui collabore régulièrement aux émissions du Jour du Seigneur, revient pour La Vie sur la véritable histoire de la Nativité et les origines de la fête de Noël telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Jésus n'est pas né à Noël. Entendons-nous : Jésus n'est pas né le jour où nous fêtons sa naissance. Ou probablement pas. Il y a une chance sur 365... Il en est de Noël comme de beaucoup d'éléments de la culture chrétienne : c'est un mélange de vérité évangélique et d'apports successifs. Ces apports, qu'il s'agisse de détails pittoresques, de personnages, de lieux, de dates, entrent si bien dans les mémoires que nous les croyons vrais, et que nous sommes déconcertés de ne pas les trouver dans l'Évangile.
On m'a souvent demandé : « Où sont le boeuf et l'âne dans l'Évangile ? » Ils n'y sont pas. Cela ne signifie pas qu'ils sont absurdes. Ils évoquent tel souvenir, tel symbole. Nos ancêtres avaient moins le goût de la sécheresse scientifique que nous. Pour eux, le sens passait avant l'exactitude historique.
Quelque part, entre - 8 et - 4
Jésus est né à n'importe quelle période de l'année entre -8 et -4. En tout cas, pas en l'an 0. Nous le savons par saint Luc, qui est le seul évangéliste à donner des précisions sur la date. Il le fait à la méthode antique, c'est-à-dire en mentionnant le règne d'Auguste et le recensement ordonné par Quirinius, gouverneur de Syrie. De plus, Hérode le Grand, qui est mort en -4, était forcément vivant quand Jésus est né, puisqu'il est question de lui aussi bien chez saint Luc que chez saint Matthieu. Ce n'est pas très précis, mais cela donne une bonne idée. Il y a eu un recensement dans l'Empire romain en -8 et probablement un recensement similaire dans le royaume d'Hérode (qui n'était pas encore intégré à l'empire) dans les années suivantes. Peut-être vers -6, si l'on en croit l'historien antique Flavius Josèphe.
Qui s'est trompé ensuite dans la date du début de l'ère chrétienne ? Un moine, Denys le Petit, au VIe siècle. Car longtemps on a procédé à la datation à partir de la fondation de Rome, selon l'année de règne de l'empereur ou par le nom des consuls de l'année. La datation à partir de la naissance de Jésus n'est apparue qu'après l'Empire romain d'Occident, précisément au VIe siècle. Or six siècles après l'événement, avec des éléments aussi flous que ceux que donne saint Luc, une erreur était presque inévitable.
Quant au jour, au mois, à la saison, l'Évangile n'en dit rien. Peut-être pas lors de la saison agricole, printemps et été, qui ne convient guère aux déplacements que nécessitait ce recensement. Mais cela reste possible. Peut-être en hiver, même si Joseph ne pouvait ignorer que l'hiver est plus rude sur les montagnes de la Judée, où la neige n'est pas rare, qu'en Galilée. Et il est douteux que les bergers soient dans les prés avec leurs bêtes en décembre. Mais en réalité, Joseph n'étant pas agriculteur mais charpentier, cela pouvait être n'importe quand.
Le reste du récit est simple : Bethléem est une petite ville, la maison est pleine – l'Évangile ne dit pas si c'est une auberge ou une maison particulière –, Marie doit accoucher dans l'étable, ou un appentis, ou n'importe quel endroit, et l'enfant est couché dans une mangeoire, ce qui n'est pas une mauvaise idée, parce que les mangeoires ressemblent à des berceaux et contiennent de la paille fraîche. Arrivent les bergers avertis par un ange en pleine nuit - cela, l'Évangile le dit bien. Et c'est Noël.
Jésus n'est pas né à Noël. Entendons-nous : Jésus n'est pas né le jour où nous fêtons sa naissance. Ou probablement pas. Il y a une chance sur 365... Il en est de Noël comme de beaucoup d'éléments de la culture chrétienne : c'est un mélange de vérité évangélique et d'apports successifs. Ces apports, qu'il s'agisse de détails pittoresques, de personnages, de lieux, de dates, entrent si bien dans les mémoires que nous les croyons vrais, et que nous sommes déconcertés de ne pas les trouver dans l'Évangile.
On m'a souvent demandé : « Où sont le boeuf et l'âne dans l'Évangile ? » Ils n'y sont pas. Cela ne signifie pas qu'ils sont absurdes. Ils évoquent tel souvenir, tel symbole. Nos ancêtres avaient moins le goût de la sécheresse scientifique que nous. Pour eux, le sens passait avant l'exactitude historique.
Quelque part, entre - 8 et - 4
Jésus est né à n'importe quelle période de l'année entre -8 et -4. En tout cas, pas en l'an 0. Nous le savons par saint Luc, qui est le seul évangéliste à donner des précisions sur la date. Il le fait à la méthode antique, c'est-à-dire en mentionnant le règne d'Auguste et le recensement ordonné par Quirinius, gouverneur de Syrie. De plus, Hérode le Grand, qui est mort en -4, était forcément vivant quand Jésus est né, puisqu'il est question de lui aussi bien chez saint Luc que chez saint Matthieu. Ce n'est pas très précis, mais cela donne une bonne idée. Il y a eu un recensement dans l'Empire romain en -8 et probablement un recensement similaire dans le royaume d'Hérode (qui n'était pas encore intégré à l'empire) dans les années suivantes. Peut-être vers -6, si l'on en croit l'historien antique Flavius Josèphe.
Qui s'est trompé ensuite dans la date du début de l'ère chrétienne ? Un moine, Denys le Petit, au VIe siècle. Car longtemps on a procédé à la datation à partir de la fondation de Rome, selon l'année de règne de l'empereur ou par le nom des consuls de l'année. La datation à partir de la naissance de Jésus n'est apparue qu'après l'Empire romain d'Occident, précisément au VIe siècle. Or six siècles après l'événement, avec des éléments aussi flous que ceux que donne saint Luc, une erreur était presque inévitable.
Quant au jour, au mois, à la saison, l'Évangile n'en dit rien. Peut-être pas lors de la saison agricole, printemps et été, qui ne convient guère aux déplacements que nécessitait ce recensement. Mais cela reste possible. Peut-être en hiver, même si Joseph ne pouvait ignorer que l'hiver est plus rude sur les montagnes de la Judée, où la neige n'est pas rare, qu'en Galilée. Et il est douteux que les bergers soient dans les prés avec leurs bêtes en décembre. Mais en réalité, Joseph n'étant pas agriculteur mais charpentier, cela pouvait être n'importe quand.
Le reste du récit est simple : Bethléem est une petite ville, la maison est pleine – l'Évangile ne dit pas si c'est une auberge ou une maison particulière –, Marie doit accoucher dans l'étable, ou un appentis, ou n'importe quel endroit, et l'enfant est couché dans une mangeoire, ce qui n'est pas une mauvaise idée, parce que les mangeoires ressemblent à des berceaux et contiennent de la paille fraîche. Arrivent les bergers avertis par un ange en pleine nuit - cela, l'Évangile le dit bien. Et c'est Noël.