Même si vous progressez sur le chemin et qu'en tant qu'adultes vous devenez plus lucides, plus mûrs, plus intelligents, l'enfant, lui, subsiste tel quel. Il n'évolue pas, il ne mûrit pas, il demeure.
Simplement, il jouera un rôle de moins en moins important dans vos existences. Mais même en ayant beaucoup progressé, il y aura encore des moments où un enfant de deux ans qui, lui, n'a pas du tout changé affleurera à la surface.
Votre progrès, c'est la manière dont vous allez vous situer par rapport à cet enfant. Pour lui, certaines situations seront toujours insupportables, en ce sens que s'il est marqué par un abandon, tout signe actuel d'abandon touchera toujours une plaie à vif. Le symptôme d'aujourd'hui va être interprété émotionnellement et mentalement par l'enfant. C'est l'appréciation par un cerveau et un cœur puérils d'une situation présente, c'est-à-dire une vision – erronée, certes, mais qui s'impose – de la réalité à laquelle l'enfant donne inévitablement un contenu menaçant, déchirant, intolérable.
Ne tentez pas cette acrobatie qui consisterait à ce que l'enfant en vous accepte ce qu'en aucun cas il n'acceptera, ce qu'il ne pourra jamais accepter, cet enfant dont la définition est de ne pouvoir que refuser.
Cherchez en tant qu'adultes à vous dissocier de l'enfant. Considérez qu'il y a en vous deux lieux psychologiques, deux manières de vous situer, l'une qui est l'enfant, avec ses émotions douloureuses, l'autre qui est l'adulte, lequel est détendu, à l'aise, en paix. Ces deux mondes sont complètement différents mais il est possible de passer de l'un à l'autre.
La question n'est donc pas de faire grandir l'enfant mais de dissocier l'adulte de l'enfant. Ou, autre manière d'exprimer la même idée : on ne guérit pas les empreintes passées, on en émerge.
« Dissociate adult and child », disait Swâmiji. « Dissociez l’adulte et l’enfant. »
Lorsque Swâmiji a dit ceci, j’ai commencé par tiquer, comme je le faisais souvent : « Ah ! encore une dualité, s’il y a l’enfant et l’adulte, ça fait deux... » Non. Ça ne fait pas deux. Parce qu’aujourd’hui, ce qui est vraiment réel, c’est l’adulte qui voit les choses telles qu’elles sont et que l’enfant, lui, appartient au passé : vous n’avez plus trois ans, vous n’avez plus deux ans et demi. Si vous pouvez dissocier en vous l’adulte et l’enfant, vous pourrez être vraiment dans le monde réel, ici et maintenant, et pas dans le monde recouvert par les projections de l’enfant.
Swâmiji disait aussi : « L’ego, c’est le passé qui recouvre le présent. » L’ego, c’est l’enfant en vous qui vient recouvrir le présent. Vous pouvez voir en vous l’enfant qui est toujours là, pour l’éduquer avec amour. Mais tant que l’enfant sera là, vous ne serez ni un adulte ni un sage.
(Les formules de Swami Prajnanpad)
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A se rappeler et à pratiquer le plus souvent possible !