« J'espère qu'il fera beau », « j'espère que ça va s'arranger », « j'espère qu'il ne va pas tomber malade... ». Combien de fois dans la journée prononçons-nous cette petite phrase : « J'espère que... ». Il y a les grands espoirs, surtout en ce moment de troubles, et puis tous les petits du quotidien. Or le Dalaï-Lama, qui a tant de belles phrases sur la compassion, a dit plusieurs fois une phrase qui m'a choquée : « Pas d'espoir, pas de peur. » Je connaissais déjà le : « N'espérez rien, vous ne serez pas déçu », mais j'ai toujours refusé cette phrase la trouvant assez négative, comme un repli sur soi et justement l'expression d'une peur. Je ne pouvais croire que c'était ce que le Dalaï-Lama voulait dire. J'ai donc entrepris de creuser un peu.
Une attente anxieuse
J'ai d'abord essayé de voir quand j'espérais, et ce qui se passait ensuite. Eh bien, j'espère tout au long de la journée, et beaucoup de ces espoirs ne se réalisent pas ! J'ai alors essayé de trouver un fil conducteur ; parfois j'espère des choses qui ne dépendent pas de moi : un peu de soleil pour faire du vélo, par exemple. S'il pleut, je le regrette, mais c'est l'automne, et la pluie, c'est bon pour les sources ! Et puis il y a les choses qui dépendent de quelqu'un d'autre : « J'espère que cette personne va me téléphoner », « j'espère que je vais pouvoir louer cet appartement »...
Et là, ça ne se passe pas du tout pareil : j'attends avec plus ou moins d'anxiété et, si ça ne marche pas, je suis mécontente ou carrément en colère. Pourquoi après avoir promis de m'aider cette personne me laisse-t-elle tomber ? Je ne vois aucune bonne raison - mais il est évident qu'elle en voit, et que je ne les connaîtrai pas… Pourquoi n'ai-je pas été choisie pour ce travail, cet appartement, cette opportunité ? Je rumine, je grommelle, j'explique dans ma tête à ces dites personnes ce que je pense d'elles, et ce n'est pas flatteur, bref, je suis de mauvaise humeur.
Le désir de me poser
J'ai le sentiment d'avoir perdu quelque chose qu'en fait je n'ai jamais eu autrement que dans mon idée. Il me semble qu'on me ce qui, pourtant, ne m'avait jamais été promis. J'ai un sentiment de perte, de manque. Peu importe ce qui m'arrive à côté, j'ai la certitude que tout pourrait être beaucoup mieux, que mes désirs sont là pour être comblés. Ah ! Nous y voilà : je ne suis pas satisfaite de ma vie en cet instant. Il y a plein d'améliorations à y faire . N'est-ce pas naturel, me demanderez-vous ? Eh bien, je n'en suis pas sûre. « Comment, n'espérez-vous pas que cette épidémie, ces guerres, cette misère prennent fin ? »
Oui, bien sûr, qui serait indifférent à tout cela ? Mais mes espoirs, ceux qui font naître chez moi anxiété, attentes et mauvaise humeur ne sont pas de cet ordre. Ils naissent d'une incapacité presque permanente à être satisfaite de ce que je vis dans ce moment ; ils expriment le désir de plus, de mieux et le ressenti constant d'un manque. « Comment ? Est-ce que ce n'est pas le désir d'améliorer notre vie qui justement nous fait avancer, étudier, travailler ? » Oui, c'est vrai, mais est-ce qu'il n'y a pas des moments où l'on pourrait simplement se dire : « Voilà, ce n'est pas parfait, mais comme c'est, ça va. » Et vivre sans attentes… Aujourd'hui, j'ai envie de prendre les choses de ma vie comme elles sont, de me poser un peu, de ne plus chercher toujours autre chose. Et si vous n'êtes pas d'accord avec moi, eh bien, pour me rattraper, dans la prochaine chronique je parlerai de soleil et de la fin de cette maladie, enfin… je l'espère !