...Amoureux de la nature, le jeune François doit très tôt quitter sa Savoie natale, où il a reçu de sa famille noble une éducation de gentilhomme. À Paris, puis à Padoue, il fait de brillantes études de droit. À 24 ans, il est déjà docteur, admis comme avocat au Sénat de Savoie. Mais il n’exerce au barreau de Chambéry qu’un court laps de temps. Une chute de cheval vient bouleverser sa vie. Car cette mise à terre est suivie d’une deuxième, puis d’une troisième. À chaque fois, son épée sort de son fourreau. Sur le sol, ils forment une croix. François y voit l’appel de Dieu. La vocation sacerdotale, qui le titille depuis longtemps, s’affirme comme une évidence.
Le jeune homme a déjà renoncé à ses titres de noblesse et à sa fonction de sénateur du duché de Savoie. Mais il lui faut convaincre son père, qui préférerait pour son fils une vie professionnelle réussie. Deux ans plus tard, en 1593, il est ordonné prêtre par Mgr Granier, évêque de Genève. L’Église romaine est en crise, malmenée par les guerres de religion entre protestants et catholiques. L’évêque s’est réfugié à Annecy depuis que Genève est tombée aux mains des protestants. Il confie à François la réévangélisation du Chablais, région presque entièrement passée au calvinisme.
Le jeune prêtre se lance avec ardeur dans la prédication. Il sillonne tout le territoire à pied, à cheval... Attaqué par des loups sur un chemin isolé, il se réfugie dans un arbre. Il y restera toute une nuit, s’accrochant aux branches pour ne pas tomber. Partout les églises sont vides. Personne pour écouter sa parole. Il entreprend alors d’écrire des lettres sur la foi catholique. Qu’il glisse sous les portes ou qu’il placarde sur les murs des villages. À la mort de Mgr Granier, en 1602, François lui succède. Il se donne pour mission de reconquérir Genève et le Chablais par l’amour et non par la force. La douceur pour convertir les cœurs. Aller vers les autres et non les faire venir à soi.
Plus de deux siècles plus tard, avec les jeunes délinquants de Turin, en Italie, Don Bosco (1815-1888) retiendra les trois grandes vertus salésiennes: la patience, l’humilité et la douceur. Le fondateur de la Société de Saint-François-de-Sales passera lui aussi des nuits à écrire des milliers de lettres.
Je suis, pour ma part, très proche de la spiritualité salésienne – une spiritualité de l’aller-retour. Il n’y a pas deux amours, l’amour de Dieu d’un côté et l’amour de l’homme de l’autre. Au contraire, l’un renvoie constamment à l’autre. "Amour de Dieu et amour du prochain : ce sont deux amours qui ne vont point l’un sans l’autre", écrit saint François de Sales. Aussi accueille-t-il tout le monde avec respect, qu’il soit protestant ou catholique, riche ou pauvre: "Je ne sais pas distinguer entre les gens... je vois que tous sont revêtus de la dignité de chrétien".
Je retiens, dans ma vie de salésien, l’oraison jaculatoire qu’il a lui-même mise en pratique. Dans le métro ou dans le train, en faisant mes courses ou ma cuisine, je fais mentalement une halte pour me tourner vers Lui. Si je suis en conflit avec un jeune, je m’arrête intérieurement quelques secondes, et je me rappelle que Dieu est concerné par ce qui m’arrive. Respiration pour me mettre à son écoute, pour Lui demander comment Il voit ce jeune. Avec les jeunes d’Argenteuil, j’essaie de m’inspirer de ce respect de la différence dans la construction de la relation. Être suffisamment proche pour ne pas être indifférent, mais suffisamment distant pour ne pas être indifférencié.
La prière salésienne, c’est la prière du bricoleur, disait le théologien Xavier Thévenot. Ma prière est nourrie de toutes les bricoles de mon quotidien qui assaillent ma pensée quand je prends un temps pour prier. Plutôt que de les chasser de mon esprit, je les présente sereinement à Dieu. Un autre regard que le mien est possible sur la réalité que j’ai à vivre. François de Sales nous dynamise par son optimisme, sa confiance, sa joie. Il ouvre un chemin de sainteté. Il a remporté un défi majeur pour son temps: dialoguer avec les protestants comme avec les catholiques. Car il a su construire l’unité en respectant les différences. Laissons-nous éclairer dans notre vie quotidienne par le soleil de Dieu. Sans rien demander, juste en pleine confiance.
Prêtre salésien, Jean-Marie Petitclerc s’est engagé auprès des jeunes au sein du Valdocco, à Argenteuil (Val-d’Oise), et dirige la communauté salésienne Dominique Savio, près de Lyon.
Le jeune homme a déjà renoncé à ses titres de noblesse et à sa fonction de sénateur du duché de Savoie. Mais il lui faut convaincre son père, qui préférerait pour son fils une vie professionnelle réussie. Deux ans plus tard, en 1593, il est ordonné prêtre par Mgr Granier, évêque de Genève. L’Église romaine est en crise, malmenée par les guerres de religion entre protestants et catholiques. L’évêque s’est réfugié à Annecy depuis que Genève est tombée aux mains des protestants. Il confie à François la réévangélisation du Chablais, région presque entièrement passée au calvinisme.
Le jeune prêtre se lance avec ardeur dans la prédication. Il sillonne tout le territoire à pied, à cheval... Attaqué par des loups sur un chemin isolé, il se réfugie dans un arbre. Il y restera toute une nuit, s’accrochant aux branches pour ne pas tomber. Partout les églises sont vides. Personne pour écouter sa parole. Il entreprend alors d’écrire des lettres sur la foi catholique. Qu’il glisse sous les portes ou qu’il placarde sur les murs des villages. À la mort de Mgr Granier, en 1602, François lui succède. Il se donne pour mission de reconquérir Genève et le Chablais par l’amour et non par la force. La douceur pour convertir les cœurs. Aller vers les autres et non les faire venir à soi.
Plus de deux siècles plus tard, avec les jeunes délinquants de Turin, en Italie, Don Bosco (1815-1888) retiendra les trois grandes vertus salésiennes: la patience, l’humilité et la douceur. Le fondateur de la Société de Saint-François-de-Sales passera lui aussi des nuits à écrire des milliers de lettres.
Je suis, pour ma part, très proche de la spiritualité salésienne – une spiritualité de l’aller-retour. Il n’y a pas deux amours, l’amour de Dieu d’un côté et l’amour de l’homme de l’autre. Au contraire, l’un renvoie constamment à l’autre. "Amour de Dieu et amour du prochain : ce sont deux amours qui ne vont point l’un sans l’autre", écrit saint François de Sales. Aussi accueille-t-il tout le monde avec respect, qu’il soit protestant ou catholique, riche ou pauvre: "Je ne sais pas distinguer entre les gens... je vois que tous sont revêtus de la dignité de chrétien".
Je retiens, dans ma vie de salésien, l’oraison jaculatoire qu’il a lui-même mise en pratique. Dans le métro ou dans le train, en faisant mes courses ou ma cuisine, je fais mentalement une halte pour me tourner vers Lui. Si je suis en conflit avec un jeune, je m’arrête intérieurement quelques secondes, et je me rappelle que Dieu est concerné par ce qui m’arrive. Respiration pour me mettre à son écoute, pour Lui demander comment Il voit ce jeune. Avec les jeunes d’Argenteuil, j’essaie de m’inspirer de ce respect de la différence dans la construction de la relation. Être suffisamment proche pour ne pas être indifférent, mais suffisamment distant pour ne pas être indifférencié.
La prière salésienne, c’est la prière du bricoleur, disait le théologien Xavier Thévenot. Ma prière est nourrie de toutes les bricoles de mon quotidien qui assaillent ma pensée quand je prends un temps pour prier. Plutôt que de les chasser de mon esprit, je les présente sereinement à Dieu. Un autre regard que le mien est possible sur la réalité que j’ai à vivre. François de Sales nous dynamise par son optimisme, sa confiance, sa joie. Il ouvre un chemin de sainteté. Il a remporté un défi majeur pour son temps: dialoguer avec les protestants comme avec les catholiques. Car il a su construire l’unité en respectant les différences. Laissons-nous éclairer dans notre vie quotidienne par le soleil de Dieu. Sans rien demander, juste en pleine confiance.
Prêtre salésien, Jean-Marie Petitclerc s’est engagé auprès des jeunes au sein du Valdocco, à Argenteuil (Val-d’Oise), et dirige la communauté salésienne Dominique Savio, près de Lyon.