Récemment, un mien ami m’a offert des films à foison. Dans le lot, j'ai déniché American Pie 1,2,3,4,5,6, 7. Comme j’avais une bonne semaine pour me reposer, j’ai osé franchir la ligne. Oui, j'ai succombé à la tentation et me suis octroyé 7 x 90 minutes d’âneries intégrales.
J'en retire deux ou trois enseignements. D'abord, ce que je cherche en pratiquant la méditation, la paix, la détente, je l’ai entraperçu devant l’écran. Le film a été cathartique, et j’ai tout de suite pensé à Pascal, qui a écrit que « l'homme n'est ni ange ni bête et (que) le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête ». Je consacre beaucoup de temps à écouter les autres. Souvent, je participe à des colloques, à des groupes de soutien, et un flot de souffrances, que je peine à alléger, envahit mon esprit. Se peut-il qu'il faille parfois quitter la profondeur pour la rejoindre plus profondément ? Devant les adolescents rieurs et ignares en bien des matières, je repère un manque. Un jour où je me prenais un petit peu trop au sérieux, un camarade s'est exclamé : « Tes-tu jamais permis d'être con au moins un jour ? » Je crains que non, quoique ma femme puisse avoir une opinion légèrement différente sur le sujet. En regardant ces films tout droit venus d'Amérique, j'ai envisagé la question à nouveaux frais.
Pour s'avancer dans la légèreté et suivre en quelque sorte Pascal, il s'agit avant tout de sortir de la culpabilité. Outre les éclats de rire suscités par les rocambolesques aventures des héros, il me semble que j'ai reçu une véritable leçon anthropologique, qui m'aide à quitter un esprit de sérieux qui nie les besoins du corps et la faiblesse qui est la nôtre. 11 n'est pas si facile d’assumer ses pulsions. Allègrement, le voile a été levé sur le champ de bataille que peut représenter la sexualité pour les jeunes et les moins jeunes.
Voir ces garçons et ces filles obsédés par la conquête amoureuse, pour le dire avec des mots élégants, alors que leur ambition ne vise pas si haut, me permet d’envisager la beauté de l’être humain, qui englobe certains combats, sa fragilité aussi. Accueillir nos travers avec une absolue bienveillance, c’est déjà faire un pas vers la vertu. La pudibonderie nous éloigne de la vérité, en créant du mythe.
J'apprécie la comédie. Elle invite à prendre du recul, à ne pas trop se prendre pour le roi du monde. Et je rêve d’être suffisamment vertueux et libre pour contempler la bêtise humaine avec une infinie douceur, comme un père regarderait son enfant. S’il l’aime vraiment, jamais il ne peut être déçu par son rejeton. Ainsi ai-je pensé à tout ce que l’on dissimule par peur d’être jugé. Le film ne vient que caricaturer les balbutiements de chacun dans son apprentissage de la vie, car il faut tout une œuvre, tout un accomplissement pour devenir adulte sans nier la légèreté, l’innocence.
En éteignant mon poste de télévision, j'ai rejoint ma femme et mes enfants. Avec une légèreté toute ravivée, j’ai plaisanté avec eux. Nous avons bien rigolé ! Le lendemain, une mère me confiait avoir perdu son fils, victime d'une overdose. J’ai pu l’écouter et la soutenir pleinement, aussi parce que j’avais goûté une bouchée de légèreté. Loin de m’avoir soustrait à l’essentiel, après avoir ri, un peu bêtement il est vrai, de notre condition, j’en mesurais une nouvelle fois la profondeur. La vie est sacrée, derrière les faux pas, les travers, la beauté de l’être humain reste toujours indemne.
J'en retire deux ou trois enseignements. D'abord, ce que je cherche en pratiquant la méditation, la paix, la détente, je l’ai entraperçu devant l’écran. Le film a été cathartique, et j’ai tout de suite pensé à Pascal, qui a écrit que « l'homme n'est ni ange ni bête et (que) le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête ». Je consacre beaucoup de temps à écouter les autres. Souvent, je participe à des colloques, à des groupes de soutien, et un flot de souffrances, que je peine à alléger, envahit mon esprit. Se peut-il qu'il faille parfois quitter la profondeur pour la rejoindre plus profondément ? Devant les adolescents rieurs et ignares en bien des matières, je repère un manque. Un jour où je me prenais un petit peu trop au sérieux, un camarade s'est exclamé : « Tes-tu jamais permis d'être con au moins un jour ? » Je crains que non, quoique ma femme puisse avoir une opinion légèrement différente sur le sujet. En regardant ces films tout droit venus d'Amérique, j'ai envisagé la question à nouveaux frais.
Pour s'avancer dans la légèreté et suivre en quelque sorte Pascal, il s'agit avant tout de sortir de la culpabilité. Outre les éclats de rire suscités par les rocambolesques aventures des héros, il me semble que j'ai reçu une véritable leçon anthropologique, qui m'aide à quitter un esprit de sérieux qui nie les besoins du corps et la faiblesse qui est la nôtre. 11 n'est pas si facile d’assumer ses pulsions. Allègrement, le voile a été levé sur le champ de bataille que peut représenter la sexualité pour les jeunes et les moins jeunes.
Voir ces garçons et ces filles obsédés par la conquête amoureuse, pour le dire avec des mots élégants, alors que leur ambition ne vise pas si haut, me permet d’envisager la beauté de l’être humain, qui englobe certains combats, sa fragilité aussi. Accueillir nos travers avec une absolue bienveillance, c’est déjà faire un pas vers la vertu. La pudibonderie nous éloigne de la vérité, en créant du mythe.
J'apprécie la comédie. Elle invite à prendre du recul, à ne pas trop se prendre pour le roi du monde. Et je rêve d’être suffisamment vertueux et libre pour contempler la bêtise humaine avec une infinie douceur, comme un père regarderait son enfant. S’il l’aime vraiment, jamais il ne peut être déçu par son rejeton. Ainsi ai-je pensé à tout ce que l’on dissimule par peur d’être jugé. Le film ne vient que caricaturer les balbutiements de chacun dans son apprentissage de la vie, car il faut tout une œuvre, tout un accomplissement pour devenir adulte sans nier la légèreté, l’innocence.
En éteignant mon poste de télévision, j'ai rejoint ma femme et mes enfants. Avec une légèreté toute ravivée, j’ai plaisanté avec eux. Nous avons bien rigolé ! Le lendemain, une mère me confiait avoir perdu son fils, victime d'une overdose. J’ai pu l’écouter et la soutenir pleinement, aussi parce que j’avais goûté une bouchée de légèreté. Loin de m’avoir soustrait à l’essentiel, après avoir ri, un peu bêtement il est vrai, de notre condition, j’en mesurais une nouvelle fois la profondeur. La vie est sacrée, derrière les faux pas, les travers, la beauté de l’être humain reste toujours indemne.