lundi 24 décembre 2018

Naissance en son berceau avec Christian Bobin


comme Berceau 

« Je ne sais rien de plus sidérant que le spectacle d'un nouveau-né dans son berceau. C'est quelqu'un qui vient d'une nuit insondable et ouvre sur nous la prunelle noire de ses yeux. Je suis fasciné par la fascination qu'éprouve le nouveau-né devant le visage de sa mère, devant les sourires étrangers, mais aussi devant une simple tache de lumière, ou face à la surprise d'un bruit inconnu. Je sais que je contemple là la plus grande sagesse terrifiée de la vie. Je dis terrifiée, car tout peut écraser la vie naissante : les sorcières de la mélancolie et de la détresse se penchent sur tous les berceaux. Mais je parle de sagesse, parce que l'espérance clouée dans ce petit visage ne peut être définitivement enlevée ni effacée. Il y a une force atomique dans chaque berceau, dans chaque surgissement d'un nouvel être au monde. Et c'est avec une centrale atomique que nous produisons de la lumière. Ce n'est pas plus lourd qu'un souffle, un bébé. Mais c'est un souffle qui change tout, qui emporte tout. C'est un souffle 10 000 fois plus fort que la plus forte des tempêtes. »

comme Noël 

« Il y a un petit problème avec Noël. Le nouveau-né que l'on célèbre, on va le massacrer quelques mois après, à Pâques... Et puis on apprend que de ce massacre, on ne nous en veut pas. C'est la plus vaste énigme qui soit : celle de Pâques est plus grande que celle de Noël, mais elles sont liées, comme les deux faces de la même pièce. Qui n'a pas vu la terreur dans les yeux d'un nouveau-né ? Il faut imaginer une étoile tombée jusque dans la chambre surchauffée d'une maternité. Cette étoile ne comprend pas où elle est, ni ce qu'elle fait, et elle commence à ressentir les tremblements de la faim et de la soif, des menaces dont elle ne sait pas le nom. L'extraordinaire est que celui qui est le plus exposé soit le plus grand donateur. 
Car évidemment, rien n'est plus réjouissant qu'un bébé. Mais comment quelqu'un qui est mis en danger à chaque seconde de sa vie, quelqu'un qui est aussi anxieux, peut-il nous réjouir autant ? Un nouveau-né est le croisement de la plus grande angoisse et du plus grand apaisement. On ne peut résoudre ce paradoxe. Mais à l'entrevoir, on sait qu'on a une réponse absolument informulable à nos interrogations sur le sens de la vie. Quand un nouveau-né commence à découvrir la petite flèche en or de son sourire - un spectacle qui est à mes yeux encore 10 000 fois plus beau qu'un lever de soleil -, alors on sait très bien pourquoi on vit, et il est hors de question d'enterrer ce savoir dans une formule. »


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On s'est bien amusé ?

A regarder sans s'amuser !


La situation se dégrade, on doit faire la Troisième Révolution.
C'est la mère Nature qui l'a décidé.
Charlotte Gainsbourg nous raconte la 3ème Révolution. 🌎 🌍 🌏
Ce texte a été écrit par Fred Vargas, en 2008.
Réalisé par Henri Poulain, StoryCircus.
Graphisme : Michaël Alcaras
Production : Imagine2050

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