J’entre dans le secrétariat de ma communauté, et j’aperçois le dernier-né de nos appareils de bureau : un « destructeur de documents ».
La notice vient d’être affichée, bien en vue, au-dessus de la machine, et j’y lis, écrit à la main en grosses lettres - «mode d’emploi du destructeur »...
...Le Destructeur est toujours à nos portes.
Et mieux que cela, il habite nos vies. Aujourd’hui, on le nommerait peut-être pulsion de mort. Car tout être, comme toute collectivité, est habité par cette tendance. Elle lui fait rétrécir ses chances, regarder sa vie de façon négative, craindre les autres et les événements, fuir le risque, choisir ce qui est bien connu, et souvent s’enfermer dans une bulle : sécurité, sécurité ! Notre époque nous y invite. Cette bulle va-t-elle devenir chrysalide ? Il y aurait alors ouverture, espoir d’une renaissance. Mais hélas, bien souvent sans s’en rendre compte, beaucoup ont tellement pris l’habitude de se protéger et de restreindre leur élan vital qu’ils n’imaginent plus qu’il puisse en être autrement. Ils stagnent alors dans des vies marquées par des idées un peu mesquines, des comportements peureux et une sorte d’amertume : celle de manquer le rendez-vous avec la vraie vie.
Regardons notre Destructeur en face. Et pour cela, apprenons à reconnaître son engeance en faisant appel à la grande vertu de discernement. Une aigreur tenace, une colère sourde contre les manifestations de la vie, une méfiance permanente... sont les enfants d’un Destructeur non reconnu et maîtrisé. Disons-le clairement : personne ne pourra l’éliminer, il fait partie de notre ménagerie intérieure. Autant faire sa connaissance, lui attribuer une place et veiller à ce qu’il ne dépasse pas les limites qu’on lui a attribuées. Il peut même finir par tenir un rôle reconnu. Pourquoi ne pas lui confier la charge de nous débarrasser de ce que les ans ont accumulé dans notre maison et qui ne sert plus à rien : déchetteries et organismes de recyclage sont à nos portes.
Mais pourquoi ne pas l’enrôler aussi dans notre combat spirituel ?
Lui demander de veiller à notre chemin de vie et de nous aider à écarter les inévitables obstacles, intérieurs ou extérieurs ? Si nous mettons en œuvre cette grande sagesse, il se transfigure et devient « l’Ange destructeur ».
Benoît Billot
La notice vient d’être affichée, bien en vue, au-dessus de la machine, et j’y lis, écrit à la main en grosses lettres - «mode d’emploi du destructeur »...
...Le Destructeur est toujours à nos portes.
Et mieux que cela, il habite nos vies. Aujourd’hui, on le nommerait peut-être pulsion de mort. Car tout être, comme toute collectivité, est habité par cette tendance. Elle lui fait rétrécir ses chances, regarder sa vie de façon négative, craindre les autres et les événements, fuir le risque, choisir ce qui est bien connu, et souvent s’enfermer dans une bulle : sécurité, sécurité ! Notre époque nous y invite. Cette bulle va-t-elle devenir chrysalide ? Il y aurait alors ouverture, espoir d’une renaissance. Mais hélas, bien souvent sans s’en rendre compte, beaucoup ont tellement pris l’habitude de se protéger et de restreindre leur élan vital qu’ils n’imaginent plus qu’il puisse en être autrement. Ils stagnent alors dans des vies marquées par des idées un peu mesquines, des comportements peureux et une sorte d’amertume : celle de manquer le rendez-vous avec la vraie vie.
Regardons notre Destructeur en face. Et pour cela, apprenons à reconnaître son engeance en faisant appel à la grande vertu de discernement. Une aigreur tenace, une colère sourde contre les manifestations de la vie, une méfiance permanente... sont les enfants d’un Destructeur non reconnu et maîtrisé. Disons-le clairement : personne ne pourra l’éliminer, il fait partie de notre ménagerie intérieure. Autant faire sa connaissance, lui attribuer une place et veiller à ce qu’il ne dépasse pas les limites qu’on lui a attribuées. Il peut même finir par tenir un rôle reconnu. Pourquoi ne pas lui confier la charge de nous débarrasser de ce que les ans ont accumulé dans notre maison et qui ne sert plus à rien : déchetteries et organismes de recyclage sont à nos portes.
Mais pourquoi ne pas l’enrôler aussi dans notre combat spirituel ?
Lui demander de veiller à notre chemin de vie et de nous aider à écarter les inévitables obstacles, intérieurs ou extérieurs ? Si nous mettons en œuvre cette grande sagesse, il se transfigure et devient « l’Ange destructeur ».
Benoît Billot