Vivre délibérément - Vie non délibérée et passoire énergétique
(extrait du "carnet" - Gilles Farcet )
« J’ai fait ce que j’avais à faire, reçu ce que j’avais à recevoir, donné ce que j’avais à donner »
Quantité de personnes que nous connaissons et aimons ne prennent pas du tout au sérieux la dimension de ce que Swami Prajnanpad appelait « deliberate living ». Elles n’en voient pas le caractère vital, crucial, ne font pas le lien avec la voie, alors même qu’elles s’y veulent sincèrement investies.
Cette lacune se manifeste de bien des manières, la plus évidente étant qu’elles ne vont pas au bout de leurs « petites » actions quotidiennes. Elles ne font pas les choses attentivement, tranquillement et surtout jusqu’au bout, avec le souci du travail pleinement accompli, lequel, du coup, laisse en paix, unifié. Par exemple, elles ne lisent pas complètement les courriels mais les survolent. Du coup, elles commettent quantité de « petites" erreurs , certes pas « graves » mais qui consomment temps et énergie (le leur et celui des autres) en pure perte.
Par une implacable logique, les gens se disent « débordés ». Ils "n’ont pas le temps", courent, s’agitent… Comme ils ne vont pas au bout, ils ne sont jamais complètement unifiés, en paix, car au fond d’eux mêmes ils savent : je n’ai pas fait ce que j’avais à faire, donné ce que j’avais à donner, reçu ce que j’avais à recevoir ».
Cette formule de Swamiji ne concerne pas seulement les « grands » désirs, accomplissements … Comment ne pas être une « passoire énergétique » quand on ne va pas au bout de ce qui nous est demandé instant après instant ? Et si on est une passoire énergétique, comment disposer de l’énergie subtile nécessaire à la maturation intérieure, à la transformation ?
C’est un cercle proprement vicieux.
Je me sens débordé, donc je vais vite, donc je ne prends pas le temps, donc je ne suis pas en paix, donc je suis fatigué, donc je veux que ce soit fini, donc …
Quand je me souviens d’Arnaud sur cet aspect … Je le revois me disant « je suis en paix », après avoir été jusqu’au bout d’une action, même de détail. Là dessus comme sur pas mal d’autres aspects, il était impeccable.
Bien sûr, personne - ni lui ni quiconque- n'est à l'abri d'un oubli ou erreur occasionnels. Par contre, quand la vie non délibérée est de fait systémique, la personne se voulant investie sur la voie se trouve dans la situation énergétique d'une réserve d'eau trouée par temps de sécheresse.
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