L'ordinateur est enfin remis à niveau mais avec quelques pertes en ligne. Il faudra quelques semaines pour retrouver mes petits documents mijotés à souhait. Sensation de grande fatigue, mais il y a heureusement des plantes dans ma trousse de remise en forme.
lundi 31 octobre 2011
dimanche 30 octobre 2011
Une si petite flamme avec Philippe Mac Leod
Les anciens faisaient de la passivité le pivot de l’oraison. Tu lui préféreras le terme de réceptivité. Il résonne mieux aujourd’hui, plus proche de cette veille qu’est la prière, cet engagement de tout l’être, corps, âme et esprit, par une sorte d’acte nu, ou plutôt de nudité, de pureté de l’acte à sa racine intérieure, dans un effort passif, ou une passivité soutenue, vibrante, intense, déployant dans le plus grand silence une hypersensitivité, une hyperactivité même, une industrie des plus subtiles, une prodigieuse distillerie de l’invisible.
Durant de longues années, j’ai prié devant le saint-sacrement en fixant la petite veilleuse comme un phare dans la nuit, comme la lueur incertaine d’un rivage encore bien lointain, la palpitation vacillante d’un cœur jamais atteint – jusqu’à ce qu’elle finisse par s’éteindre, définitivement ; jusqu’à ce qu’elle s’allume en moi, d’une flamme d’abord faible, puis de plus en plus haute ; jusqu’à ce que je la devienne.
C’est cela même une vie de prière. Et de quelle huile brûlerions-nous ? La présence n’a pas besoin de faire beaucoup de bruit ni prendre beaucoup de place. Elle respire, elle palpite, doucement elle rayonne à partir d’un foyer infime, comme au fond du sanctuaire où brûle la petite veilleuse rouge, pas plus grosse qu’une étoile vacillante dans le ciel nocturne, mais si vivante, si proche de ce que tu peux ressentir en toi-même.
Un jour tu comprendras combien cette présence demeure suspendue aux battements de ton cœur. Par l’entremise de la petite flamme, elle t’appelle d’une voix si faible que tu ne lui prêtes aucune attention, parce que tu ne sais pas encore que le plus précieux est en même temps le plus fragile. Cependant, ne te méprends pas, cette présence nous visite seulement, jamais elle ne se laisse prendre. C’est dans l’abandon le plus total, dans le vide, dans la chute, que l’on découvre l’assise la plus ferme. La présence se révèle alors même qu’on a tout perdu. Comme dans le cœur des pèlerins d’Emmaüs, au moment extrême où elle nous échappe nous en avons la plus grande certitude. Sa substance tient tout entière dans sa volatilité, cette sorte de prégnance invisible, d’insistance légère, sans poids, sans marque, sans attache.
Parce qu’il se dérobe, parce qu’il échappe à nos prises habituelles, le silence, sans figure ni matière, se manifeste toujours s’évanouissant, toujours s’approchant, comme si cette proximité ne pouvait avoir de fin. Il semble disparaître plus qu’il n’apparaît mais, en réalité, il vient, il ne cesse de venir, de l’intérieur, de l’absence qui prend vie, fuyant pour mieux nous toucher, présence immense qui se donne en se retirant, dans l’éloignement le plus intime qui soit, là où il n’y a rien à saisir parce qu’il n’y a plus rien qui puisse saisir. Le sentiment de l’être n’est paradoxalement jamais aussi fort.
Je t’invite à y entrer avec douceur, patiemment. Si la traversée du silence n’aboutit qu’au moment où l’on décroche de soi-même, néanmoins on ne le décide pas. Il donne son fruit, il accomplit son travail, qui justement reste silencieux. C’est alors que tout s’ouvre, que la prière elle-même devient espace. Tu n’as pas bougé, et cependant tu t’éveilles à mille lieues de ton point de départ, comme projeté, propulsé. À moins que ce ne soit toi qui t’ouvres comme un bouton, libérant un parfum d’infini, dans lequel ta prière se prolonge.
Durant de longues années, j’ai prié devant le saint-sacrement en fixant la petite veilleuse comme un phare dans la nuit, comme la lueur incertaine d’un rivage encore bien lointain, la palpitation vacillante d’un cœur jamais atteint – jusqu’à ce qu’elle finisse par s’éteindre, définitivement ; jusqu’à ce qu’elle s’allume en moi, d’une flamme d’abord faible, puis de plus en plus haute ; jusqu’à ce que je la devienne.
C’est cela même une vie de prière. Et de quelle huile brûlerions-nous ? La présence n’a pas besoin de faire beaucoup de bruit ni prendre beaucoup de place. Elle respire, elle palpite, doucement elle rayonne à partir d’un foyer infime, comme au fond du sanctuaire où brûle la petite veilleuse rouge, pas plus grosse qu’une étoile vacillante dans le ciel nocturne, mais si vivante, si proche de ce que tu peux ressentir en toi-même.
Un jour tu comprendras combien cette présence demeure suspendue aux battements de ton cœur. Par l’entremise de la petite flamme, elle t’appelle d’une voix si faible que tu ne lui prêtes aucune attention, parce que tu ne sais pas encore que le plus précieux est en même temps le plus fragile. Cependant, ne te méprends pas, cette présence nous visite seulement, jamais elle ne se laisse prendre. C’est dans l’abandon le plus total, dans le vide, dans la chute, que l’on découvre l’assise la plus ferme. La présence se révèle alors même qu’on a tout perdu. Comme dans le cœur des pèlerins d’Emmaüs, au moment extrême où elle nous échappe nous en avons la plus grande certitude. Sa substance tient tout entière dans sa volatilité, cette sorte de prégnance invisible, d’insistance légère, sans poids, sans marque, sans attache.
Parce qu’il se dérobe, parce qu’il échappe à nos prises habituelles, le silence, sans figure ni matière, se manifeste toujours s’évanouissant, toujours s’approchant, comme si cette proximité ne pouvait avoir de fin. Il semble disparaître plus qu’il n’apparaît mais, en réalité, il vient, il ne cesse de venir, de l’intérieur, de l’absence qui prend vie, fuyant pour mieux nous toucher, présence immense qui se donne en se retirant, dans l’éloignement le plus intime qui soit, là où il n’y a rien à saisir parce qu’il n’y a plus rien qui puisse saisir. Le sentiment de l’être n’est paradoxalement jamais aussi fort.
Je t’invite à y entrer avec douceur, patiemment. Si la traversée du silence n’aboutit qu’au moment où l’on décroche de soi-même, néanmoins on ne le décide pas. Il donne son fruit, il accomplit son travail, qui justement reste silencieux. C’est alors que tout s’ouvre, que la prière elle-même devient espace. Tu n’as pas bougé, et cependant tu t’éveilles à mille lieues de ton point de départ, comme projeté, propulsé. À moins que ce ne soit toi qui t’ouvres comme un bouton, libérant un parfum d’infini, dans lequel ta prière se prolonge.
Source : La Vie
Philippe Mac Leod est écrivain et a publié plusieurs recueils de poésie. Son dernier ouvrage, Sens et beauté, est paru aux éditions Ad Solem.
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Religions
samedi 29 octobre 2011
Quel type d'engrais pour les plantes ?
Voici un documentaire sur les engrais, leurs avantages et leurs inconvénients. Bonne croissance !
vendredi 28 octobre 2011
"Méditer jour après jour" avec christophe André
Dans « Méditer jour après jour », Christophe André nous accompagne dans notre propre cheminement avec clarté, progressivité et intelligence. Tout paraît simple sous sa plume en seulement 25 leçons. En voici quelques unes, perles parmi tant d’autres :
•Vivre c’est vivre l’instant présent. On ne peut pas vivre dans le passé ou dans le futur : (...) pendant ce temps, on n’existe pas.
•Comprendre que, lorsque nous n’arrivons pas à les résoudre (nos problèmes), mieux vaut mille fois prêter attention à notre souffle qu’à nos ruminations.
•Inviter le monde en nous et découvrir sa subtilité et sa diversité, au lieu de ne voir de lui que ce qui correspond à nos obsessions de l’instant.
•A propos de la contemplation : mystique apaisante et étonnante de la casserole ou de l’éponge, négligées et oubliées.
•Faire la chasse à tous ces automatismes consistant à allumer sans y penser la radio, la télé, l’ordinateur.
•Accepter ce qui est rend plus calme et plus intelligent. Et donc plus capable de changer ce qui doit l’être.
...•Vivre c’est vivre l’instant présent. On ne peut pas vivre dans le passé ou dans le futur : (...) pendant ce temps, on n’existe pas.
•Comprendre que, lorsque nous n’arrivons pas à les résoudre (nos problèmes), mieux vaut mille fois prêter attention à notre souffle qu’à nos ruminations.
•Inviter le monde en nous et découvrir sa subtilité et sa diversité, au lieu de ne voir de lui que ce qui correspond à nos obsessions de l’instant.
•A propos de la contemplation : mystique apaisante et étonnante de la casserole ou de l’éponge, négligées et oubliées.
•Faire la chasse à tous ces automatismes consistant à allumer sans y penser la radio, la télé, l’ordinateur.
•Accepter ce qui est rend plus calme et plus intelligent. Et donc plus capable de changer ce qui doit l’être.
Source : e-santé - Christophe André. Méditer jour après jour, Editions l’Iconoclaste, 2011
jeudi 27 octobre 2011
Le Dalaï-Lama et les religions
Venu à Toulouse au mois d’août dernier, le chef spirituel tibétain a longuement insisté sur la nécessité de poursuivre un dialogue interreligieux respectueux du pluralisme. Dans un petit salon privé du Zénith, il est revenu sur Assise 1986, aux côtés de son traducteur, le moine bouddhiste français Matthieu Ricard. Le visage éclairé de son éternel sourire, humain et lumineux, il ne se contente pas de parler de cet esprit d’Assise, il le transmet.
En 1986, vous étiez aux côtés de Jean Paul II à Assise. Quel souvenir gardez-vous de cette rencontre ?
J’avais particulièrement apprécié l’initiative de Jean Paul II. En réunissant les représentants des grandes religions pour ces journées de prière, le pape leur avait permis d’exprimer leur point de vue sur la paix dans le monde. Que des responsables religieux montrent un exemple d’unité sur de grandes questions comme la paix et l’amour altruiste aux yeux de tous les citoyens est très important.
D’autant plus qu’aujourd’hui le fanatisme religieux persiste : aucune religion n’est épargnée et l’esprit d’Assise semble parfois loin !
Pour certains, il n’y a qu’une seule vérité, une seule voie... Alors qu’en réalité les vérités et les voies sont multiples, comme les religions. Chaque pratiquant doit prendre conscience que sa vérité peut être unique, mais jamais exclusive. Si l’on pratique une religion, il faut être sérieux. Si l’on est sérieux, on ne peut pas manquer de reconnaître que l’amour, la tolérance sont au cœur de notre religion ! L’individu doit donc se concentrer sur sa foi. L’harmonie n’est pas une utopie. En Inde, différentes traditions coexistent pacifiquement depuis un millénaire, sur la base du respect mutuel.
Mais comment lutter contre l’extrémisme ?
Pour acquérir le respect, il faut d’abord se connaître ! Il faut nouer des liens, que les gens se voient et se parlent, qu’ils étudient les autres traditions religieuses pour en apprécier la valeur, aillent en pèlerinage sur les lieux saints des autres croyants. Il faut faire des rencontres personnelles avec d’autres pratiquants et partager leur expérience profonde de la spiritualité. Cette intimité est la base d’une communion essentielle à la paix.
Quelle est la place des non-croyants dans la construction d’un monde de paix ?
Il faut partir de la base : nous sommes des êtres humains et nous voulons être heureux. Nous sommes des animaux sociaux par nature, frères et sœurs de la même espèce. Nous devons donc nous rappeler que nous avons besoin les uns des autres, que nous sommes interdépendants. Notre survie même dépend de cette relation. C’est pourquoi il faut créer une éthique séculière dans laquelle tous les humains puissent se reconnaître, fondée sur les valeurs essentielles.
Et les religions, en quoi peuvent-elles être facteurs de paix ?
De nombreux problèmes de société viennent d’un sentiment exacerbé d’importance de soi. Les grandes religions nous apprennent à nous défaire de ce carcan d’égocentrisme par la foi. Des études ont montré que ceux qui sont le plus animés par un sentiment de compassion et utilisent peu des mots comme je, moi, mien ont moins de problèmes cardiaques. Le fait d’être centré sur soi crée un sentiment d’insécurité destructeur. Celui qui suit sérieusement un chemin spirituel ne se livrera à aucun acte néfaste et pourra mener une vie qui ait un sens. En s’abandonnant à Dieu, on renonce à l’ego.
En 1986, vous étiez aux côtés de Jean Paul II à Assise. Quel souvenir gardez-vous de cette rencontre ?
J’avais particulièrement apprécié l’initiative de Jean Paul II. En réunissant les représentants des grandes religions pour ces journées de prière, le pape leur avait permis d’exprimer leur point de vue sur la paix dans le monde. Que des responsables religieux montrent un exemple d’unité sur de grandes questions comme la paix et l’amour altruiste aux yeux de tous les citoyens est très important.
D’autant plus qu’aujourd’hui le fanatisme religieux persiste : aucune religion n’est épargnée et l’esprit d’Assise semble parfois loin !
Pour certains, il n’y a qu’une seule vérité, une seule voie... Alors qu’en réalité les vérités et les voies sont multiples, comme les religions. Chaque pratiquant doit prendre conscience que sa vérité peut être unique, mais jamais exclusive. Si l’on pratique une religion, il faut être sérieux. Si l’on est sérieux, on ne peut pas manquer de reconnaître que l’amour, la tolérance sont au cœur de notre religion ! L’individu doit donc se concentrer sur sa foi. L’harmonie n’est pas une utopie. En Inde, différentes traditions coexistent pacifiquement depuis un millénaire, sur la base du respect mutuel.
Mais comment lutter contre l’extrémisme ?
Pour acquérir le respect, il faut d’abord se connaître ! Il faut nouer des liens, que les gens se voient et se parlent, qu’ils étudient les autres traditions religieuses pour en apprécier la valeur, aillent en pèlerinage sur les lieux saints des autres croyants. Il faut faire des rencontres personnelles avec d’autres pratiquants et partager leur expérience profonde de la spiritualité. Cette intimité est la base d’une communion essentielle à la paix.
Quelle est la place des non-croyants dans la construction d’un monde de paix ?
Il faut partir de la base : nous sommes des êtres humains et nous voulons être heureux. Nous sommes des animaux sociaux par nature, frères et sœurs de la même espèce. Nous devons donc nous rappeler que nous avons besoin les uns des autres, que nous sommes interdépendants. Notre survie même dépend de cette relation. C’est pourquoi il faut créer une éthique séculière dans laquelle tous les humains puissent se reconnaître, fondée sur les valeurs essentielles.
Et les religions, en quoi peuvent-elles être facteurs de paix ?
De nombreux problèmes de société viennent d’un sentiment exacerbé d’importance de soi. Les grandes religions nous apprennent à nous défaire de ce carcan d’égocentrisme par la foi. Des études ont montré que ceux qui sont le plus animés par un sentiment de compassion et utilisent peu des mots comme je, moi, mien ont moins de problèmes cardiaques. Le fait d’être centré sur soi crée un sentiment d’insécurité destructeur. Celui qui suit sérieusement un chemin spirituel ne se livrera à aucun acte néfaste et pourra mener une vie qui ait un sens. En s’abandonnant à Dieu, on renonce à l’ego.
Source : La Vie
mercredi 26 octobre 2011
C'est une présence... avec Jacques castermane
Juste une présence qui est un rappel à l'instant "frissonant". Jacques Castermane nous ramène à Graf Durckheim et à Arnaud Desjardins... Merci !
mardi 25 octobre 2011
Catherine BARRY reçoit la psychologue Marie de HENNEZEL, pour parler de l'évolution des lois concernant les soins palliatifs et de l'accompagnement des personnes en fin de vie. Elle indique aussi les éléments qu'elle a suggéré au ministère de la santé pour améliorer les conditions de l'accompagnement de fin de vie, en ce qui concerne les malades, mais aussi leurs proches et le personnel soignant. Les propositions du rapport de Marie de Hennezel, chargée de mission auprès du Ministre de la santé en 2003, ont étayé le projet de loi concernant la fin de vie.
lundi 24 octobre 2011
Le programme de la nature
"Dans mon enfance, j'ai eu la chance d’avoir un jardin. Allongé dans l’herbe je découvrais fasciné l’immensité de l'infiniment petit. Je n’ai jamais cru une seconde dans ma vie d’homme que je pourrai dominer la nature. Lorsque l’on grandit près de la mer, on apprend cela très vite.
L'homme est le seul animal qui refuse de se plier aux règles que la nature lui impose. Les autres espèces utilisent leur intelligence pour s'adapter, l'homme veut dominer. Il détourne les cours d’eau, abat les montagnes, assèche les mers...
De la même manière que certains ont foi en un Dieu qu'ils ne verront jamais, j'ai pour ma part une foi quasi scientifique dans l'intelligence du programme de la nature, je crains que la correction qu'elle nous impose soit un jour d’une violence inouïe pour le genre humain."
Marc Levy
L'homme est le seul animal qui refuse de se plier aux règles que la nature lui impose. Les autres espèces utilisent leur intelligence pour s'adapter, l'homme veut dominer. Il détourne les cours d’eau, abat les montagnes, assèche les mers...
De la même manière que certains ont foi en un Dieu qu'ils ne verront jamais, j'ai pour ma part une foi quasi scientifique dans l'intelligence du programme de la nature, je crains que la correction qu'elle nous impose soit un jour d’une violence inouïe pour le genre humain."
Marc Levy
dimanche 23 octobre 2011
A la découverte de Sylvie Germain (3)
"On écrit, certes, dans une totale solitude et jamais pour un public - ce serait lui manquer de respect - mais jamais pour soi seul non plus. On écrit en fait pour ce qu'il y a d'altérité en soi. Pour tous ces mots qu'on a entendu dire. Pour ces morts dont le visage ou le regard reviennent dans la densité extrême de la concentration."
interview de Sylvie Germain (dernière partie)
Source : RCF
samedi 22 octobre 2011
A la découverte de Sylvie Germain (2)
vendredi 21 octobre 2011
A la découverte de Sylvie Germain (1)
jeudi 20 octobre 2011
mercredi 19 octobre 2011
Eloge de la faiblesse avec Alexandre Jollien
mardi 18 octobre 2011
Un piano en forêt
L'ordinateur a rendu l'âme et a abattu sa dernière carte mère. Voici donc une musique en son honneur. De ce fait, je vais tenter de poursuivre sans la base de données qu'il contenait. Il faut laisser tomber les feuilles en attente et préparer les bourgeons de demain. Une inspiration pour assurer le quotidien...
lundi 17 octobre 2011
Respirer l'automne avec Joshin Luce Bachoux
Fermez les yeux ! Ou plutôt non : prenez d’abord le petit chemin qui monte, à travers pierres et broussailles... Pas la peine de vous équiper de pied en cap... Venez juste comme vous êtes, la montée est accueillante, et ne vous tiendra pas rigueur de votre vieux chandail ! Voilà, maintenant, quittez le sentier et avancez un peu dans la forêt. Vous y êtes ? Regardez autour de vous et trouvez une souche d’arbre, ou peut-être un gros caillou à peine moussu et asseyez-vous. On reprend : fermez les yeux. Restez tranquille. Pas la peine de vous agiter, oui, c’est un peu dur, tant pis. N’essayez pas subrepticement de regarder à travers vos paupières mi-closes. Il n’y a personne autour, pas de bêtes féroces, le dernier loup a dû disparaître sans héritier il y a environ 200 ans, vous n’avez rien à craindre, détendez-vous.
Pas facile : vous vous sentez vulnérable ; il y a des petits bruits, des chuchotis, des craquements ; non, vous avez imaginé ce frôlement, c’est juste une petite branche qui s’incline vers vous... Il vous semble que les grands pins qui paraissaient si beaux vus d’en bas vous encerclent et s’approchent d’un peu près... Vous pensez : « Qu’est-ce qu’elle me fait faire, là ? J’ai l’air stupide ! Je ferais mieux de me lever et de trouver une occupation sérieuse... » Mais vous n’osez peut-être pas le dire tout haut, car vous n’êtes pas tout à fait sûr du son de votre voix. Vous haussez les épaules dans un moment d’indépendance ostensible, mais vous restez assis.
Rien ne se passe ; vous tapez du pied, mais c’est assez décevant : aucun bruit dans les aiguilles de pin humides. Alors, vous prenez votre mal en patience et vous commencez à respirer. Je veux dire à vraiment prendre conscience du fait que tout au long de cette petite scène, et même dans les minutes et les heures qui précèdent, vous avez respiré. C’est agréable, cette impression de vous ouvrir à la forêt, de la laisser flotter à l’intérieur de vous-même, et vous commencez à distinguer des odeurs que vos pensées agitées vous avaient cachées jusque-là.
La plus saisissante, la plus reconnaissable : l’humus ; une odeur de feuilles et de terre, de pluie et d’écorce ; une odeur qui résonne dans votre mémoire sans pour autant qu’aucun souvenir ne s’y accroche ; une odeur noire, profonde comme le son d’une grosse cloche – et flottant juste au-dessus, riche et délicate comme un miel épais, l’odeur des pins, et il vous revient en mémoire le goût des jours d’hiver où, enfant, pour faire passer une toux, vous suciez l’un après l’autre de petits bonbons orangés en forme de pomme de pin. Un petit soupir amusé devant ce souvenir, et ding ! quelque chose vous a frappé au front, vous en êtes sûr, vous faites un bond...
Vous ouvrez les yeux : là-haut, dans les branches fines, il y a un écureuil qui s’impatiente de vous voir planté là, et s’apprête à lancer une deuxième noisette... Vous riez et, vexé, en râlant, « Chirp, chirp, chirp », il gagne son refuge. Vous continuez à respirer, sentant sur votre visage, à travers le soleil, la coupante légèreté de l’air comme un son finement aigu, contrepoint au murmure incessant des pins. Vous soupirez encore, d’aise cette fois. Vous n’avez plus envie de bouger. Vous découvrez une part de vous-même qui est arbre, qui est ciel, qui est terre. Vous êtes feuille, et nuage et racine. Vous êtes en paix avec vous et avec le monde.
L’automne est là et vous êtes prêt à l’accueillir.
Nonne bouddhiste, Joshin Luce Bachoux anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche.
Pas facile : vous vous sentez vulnérable ; il y a des petits bruits, des chuchotis, des craquements ; non, vous avez imaginé ce frôlement, c’est juste une petite branche qui s’incline vers vous... Il vous semble que les grands pins qui paraissaient si beaux vus d’en bas vous encerclent et s’approchent d’un peu près... Vous pensez : « Qu’est-ce qu’elle me fait faire, là ? J’ai l’air stupide ! Je ferais mieux de me lever et de trouver une occupation sérieuse... » Mais vous n’osez peut-être pas le dire tout haut, car vous n’êtes pas tout à fait sûr du son de votre voix. Vous haussez les épaules dans un moment d’indépendance ostensible, mais vous restez assis.
Rien ne se passe ; vous tapez du pied, mais c’est assez décevant : aucun bruit dans les aiguilles de pin humides. Alors, vous prenez votre mal en patience et vous commencez à respirer. Je veux dire à vraiment prendre conscience du fait que tout au long de cette petite scène, et même dans les minutes et les heures qui précèdent, vous avez respiré. C’est agréable, cette impression de vous ouvrir à la forêt, de la laisser flotter à l’intérieur de vous-même, et vous commencez à distinguer des odeurs que vos pensées agitées vous avaient cachées jusque-là.
La plus saisissante, la plus reconnaissable : l’humus ; une odeur de feuilles et de terre, de pluie et d’écorce ; une odeur qui résonne dans votre mémoire sans pour autant qu’aucun souvenir ne s’y accroche ; une odeur noire, profonde comme le son d’une grosse cloche – et flottant juste au-dessus, riche et délicate comme un miel épais, l’odeur des pins, et il vous revient en mémoire le goût des jours d’hiver où, enfant, pour faire passer une toux, vous suciez l’un après l’autre de petits bonbons orangés en forme de pomme de pin. Un petit soupir amusé devant ce souvenir, et ding ! quelque chose vous a frappé au front, vous en êtes sûr, vous faites un bond...
Vous ouvrez les yeux : là-haut, dans les branches fines, il y a un écureuil qui s’impatiente de vous voir planté là, et s’apprête à lancer une deuxième noisette... Vous riez et, vexé, en râlant, « Chirp, chirp, chirp », il gagne son refuge. Vous continuez à respirer, sentant sur votre visage, à travers le soleil, la coupante légèreté de l’air comme un son finement aigu, contrepoint au murmure incessant des pins. Vous soupirez encore, d’aise cette fois. Vous n’avez plus envie de bouger. Vous découvrez une part de vous-même qui est arbre, qui est ciel, qui est terre. Vous êtes feuille, et nuage et racine. Vous êtes en paix avec vous et avec le monde.
L’automne est là et vous êtes prêt à l’accueillir.
Nonne bouddhiste, Joshin Luce Bachoux anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche.
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dimanche 16 octobre 2011
Christiane Singer et l'éloge du mariage et de l'engagement...
samedi 15 octobre 2011
Christiane Singer et le corps...(4)
vendredi 14 octobre 2011
Christiane Singer et la crise...(3)
De nouveau, un morceau d'anthologie à écouter, la joie dans l'âme !
"La mort, cette fidèle et excellente amie" c'est de Mozart, une citation que reprend volontiers à son compte Christiane Singer. Pour elle, les crises sont une nécessité sans quoi la vie serait fade et sans intérêt.
Troisième partie avec Christiane singer (14 min.)
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Troisième partie avec Christiane singer (14 min.)
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jeudi 13 octobre 2011
Christiane Singer, une spiritualité du quotidien (2)
"La pâte humaine avec sa part de divin, voilà qui pourrait résumer l'intérêt premier de Christiane Singer.. Elle est auteur de plusieurs romans, essais. Ses racines spirituelles sont chrétiennes, mais Christiane Singer et, on le voit dans ses écrits, puise dans d'autres traditions religieuses. Elle se défend toutefois de faire du syncrétisme..."
mercredi 12 octobre 2011
Christiane Singer et la quête du sens (1)
Quête de soi, du sens de la vie, ce sont des thèmes porteurs : beaucoup disent, écrivent, témoignent sur ces sujets fondamentaux de notre existence. Christiane Singer avec son don de conteuse et son approche spirituelle, apporte sa pierre à l'édifice. Certains lui reprochent un discours trop simpliste, en tout cas, ses succès de librairie démontre que sa vision de la vie est porteuse de sens pour certains.
Christiane Singer avait, en 2004, 61 ans. Même si son accent trahit ses origines marseillaises, elle vivait en Autriche et parcourait l'Europe pour donner des conférences, animer des ateliers...
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Christiane Singer avait, en 2004, 61 ans. Même si son accent trahit ses origines marseillaises, elle vivait en Autriche et parcourait l'Europe pour donner des conférences, animer des ateliers...
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mardi 11 octobre 2011
Un pas vers l'amour actif avec Alexandre Jollien
Dans les Frères Karamazov, Dostoïevski dépeint le formidable champ de bataille de mille et une passions. La jalousie côtoie l'ambition, la haine, l'amour. Il nous livre une prodigieuse méditation sur ce sentiment qui devrait rapprocher les hommes mais, bien souvent, lorsqu'ils se fourvoient, les éloigne. Comment aimer mieux ?
S'il fallait choisir une définition pour l'amour, celle de Spinoza remporterait tous mes suffrages. Pour lui, il est une joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure. Ainsi, aimer l'autre revient à se réjouir de son existence. Nous voici, loin de l'attachement, de la convoitise, d'un aliénant désir. L'amour est une disponibilité envers ce qui est. Cependant, nous avons, tous ou presque, rencontré la difficulté de conserver intact ce lien profond.
Ivan Karamazov parle de l'amour du lointain, plus aisé à vivre parce que ponctuel, passager. Le roman rapporte les paroles d'un médecin qui désirait ardemment servir l'humanité et pour ainsi dire était prêt à se crucifier pour les hommes tandis qu'il était incapable de partager sa chambre plus de deux jours. Cette ardeur soudaine se pratique dans la fulgurance, on s'approche ici de l'idéal. Une fois en ma vie, j'éprouve un élan charitable pour un étranger et je fais tout pour lui. Porter sa famille dans son cœur réclame un tout autre engagement. Il s'agit de supporter les petits défauts, d'habiter la routine, de renouveler chaque jour une présence.
Le starets Zossima me livre un outil. Il parle d'un amour actif, d'une pratique, d'actes réitérés de bienveillance, de disponibilité et d'accueil. L'épreuve du quotidien me montre qu'il faut une persévérance pour continuer à se réjouir de l'existence de l'aimé. Mais est-ce que je sais lui laisser sa place ? Souvent, devenant le centre de notre relation, je l'instrumentalise. Dès lors, je suis dans l'attachement, je veux avoir la mainmise sur l'objet de ma tendresse. Ainsi, l'amour actif pourrait réclamer comme préalable un certain effacement devant l'autre. Le starets le dit si bien : « L'amour actif, c'est du travail et de la patience. » Je préfère quant à moi parler d'œuvre plutôt que de travail, congédiant tout danger volontariste. Celle-ci consiste peut-être à se détacher, par amour, de nos attentes, quitter progressivement nos projections. Souvent, je m'éprends d'une image façonnée par mes désirs. Dès que la réalité paraît, je cesse d'aimer.
Si la passion rend aveugle, l'amour peut ouvrir les yeux. Aimer en actes, c'est contempler le réel sans souhaiter le modeler à son gré. Au-delà des fantasmes, des idéaux, un être me fait face. Comment partir à sa découverte en abandonnant préjugés et projections ? La vérité peut ici servir de guide et permettre un fécond retour sur soi qui révélera mes espérances, ma volonté de m'approcher des distributeurs de tendresse sans -vouloir m'engager, partager. Une action demeure essentielle : aider. L'amour en actes revient précisément à accompagner l'autre sans m'imposer. Un sage indien, Swami Prajnanpad, vient compléter ce portrait lorsqu'il affirme qu'aimer, c'est aider à se détendre. Souvent, le désir oppresse, il contraint la réalité pour que celle-ci se plie à ses attentes. Suivre Prajnanpad, c'est au contraire accueillir autrui tel qu'il se propose. Ainsi peut-il se réaliser dans la joie. Cet appel à la vérité, cette bienveillance, ce refus de juger, gageons qu'il commence par un sain amour de soi.
Un exercice spirituel
Est-ce que je sais laisser sa place à l'être aimé ?
Est-ce que, par des actes réitérés de bienveillance, de disponibilité et d'accueil, je parviens à me réjouir de son existence ?
ALEXANDRE JOLLIEN est un philosophe et écrivain né en 1975 à Savièse, en Suisse. Il est l'auteur notamment d'Éloge de la faiblesse et de la Construction de soi.
Source : La vie
S'il fallait choisir une définition pour l'amour, celle de Spinoza remporterait tous mes suffrages. Pour lui, il est une joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure. Ainsi, aimer l'autre revient à se réjouir de son existence. Nous voici, loin de l'attachement, de la convoitise, d'un aliénant désir. L'amour est une disponibilité envers ce qui est. Cependant, nous avons, tous ou presque, rencontré la difficulté de conserver intact ce lien profond.
Ivan Karamazov parle de l'amour du lointain, plus aisé à vivre parce que ponctuel, passager. Le roman rapporte les paroles d'un médecin qui désirait ardemment servir l'humanité et pour ainsi dire était prêt à se crucifier pour les hommes tandis qu'il était incapable de partager sa chambre plus de deux jours. Cette ardeur soudaine se pratique dans la fulgurance, on s'approche ici de l'idéal. Une fois en ma vie, j'éprouve un élan charitable pour un étranger et je fais tout pour lui. Porter sa famille dans son cœur réclame un tout autre engagement. Il s'agit de supporter les petits défauts, d'habiter la routine, de renouveler chaque jour une présence.
Le starets Zossima me livre un outil. Il parle d'un amour actif, d'une pratique, d'actes réitérés de bienveillance, de disponibilité et d'accueil. L'épreuve du quotidien me montre qu'il faut une persévérance pour continuer à se réjouir de l'existence de l'aimé. Mais est-ce que je sais lui laisser sa place ? Souvent, devenant le centre de notre relation, je l'instrumentalise. Dès lors, je suis dans l'attachement, je veux avoir la mainmise sur l'objet de ma tendresse. Ainsi, l'amour actif pourrait réclamer comme préalable un certain effacement devant l'autre. Le starets le dit si bien : « L'amour actif, c'est du travail et de la patience. » Je préfère quant à moi parler d'œuvre plutôt que de travail, congédiant tout danger volontariste. Celle-ci consiste peut-être à se détacher, par amour, de nos attentes, quitter progressivement nos projections. Souvent, je m'éprends d'une image façonnée par mes désirs. Dès que la réalité paraît, je cesse d'aimer.
Si la passion rend aveugle, l'amour peut ouvrir les yeux. Aimer en actes, c'est contempler le réel sans souhaiter le modeler à son gré. Au-delà des fantasmes, des idéaux, un être me fait face. Comment partir à sa découverte en abandonnant préjugés et projections ? La vérité peut ici servir de guide et permettre un fécond retour sur soi qui révélera mes espérances, ma volonté de m'approcher des distributeurs de tendresse sans -vouloir m'engager, partager. Une action demeure essentielle : aider. L'amour en actes revient précisément à accompagner l'autre sans m'imposer. Un sage indien, Swami Prajnanpad, vient compléter ce portrait lorsqu'il affirme qu'aimer, c'est aider à se détendre. Souvent, le désir oppresse, il contraint la réalité pour que celle-ci se plie à ses attentes. Suivre Prajnanpad, c'est au contraire accueillir autrui tel qu'il se propose. Ainsi peut-il se réaliser dans la joie. Cet appel à la vérité, cette bienveillance, ce refus de juger, gageons qu'il commence par un sain amour de soi.
Un exercice spirituel
Est-ce que je sais laisser sa place à l'être aimé ?
Est-ce que, par des actes réitérés de bienveillance, de disponibilité et d'accueil, je parviens à me réjouir de son existence ?
ALEXANDRE JOLLIEN est un philosophe et écrivain né en 1975 à Savièse, en Suisse. Il est l'auteur notamment d'Éloge de la faiblesse et de la Construction de soi.
Source : La vie
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lundi 10 octobre 2011
Christian Bobin : « La poésie, c´est l´expérience spirituelle de la vie »
Christian Bobin : « La poésie, c´est l´expérience spirituelle de la vie » par Antoine Buffet
Christian Bobin habite près du Creusot (Saône-et-Loire). Il a écrit de très nombreux ouvrages (Le Très Bas, Ressusciter...) La prise de contact fut laborieuse, notre poète n´utilisant qu´avec modération les moyens de communication modernes. D´où l´impression positive d´avoir « gagné » ce contact. Christian m´accueille dans sa jolie maison aux volets bleus tout au fond des bois. Un accueil simple et chaleureux.
Antoine Buffet.- Christian, dans un de vos livres, Ressusciter, vous écrivez : « Je ne crois plus à l'amour parce que je ne crois qu´à l´amour ». Que voulez-vous dire ?
Christian Bobin.- Le mot « amour » est dévalué, il a trop servi : les chrétiens en parlent trop, le monde le galvaude, en fait du commerce. Pour moi, l´amour est une chose qui vient après beaucoup de luttes, de douleurs. Une sorte de clairière. Mais pour l´atteindre, il faut traverser une forêt bien sombre, celle de notre monde. Je vous conseille, là-dessus, le récent livre de Lytta Basset : Aimer sans dévorer.
- Alors pessimisme face au monde ?
- La Bonne Nouvelle ne vient que par la Bible. Le monde, lui, ne change pas. Le monde est un arbre mort sur lequel on ne peut s´appuyer. C´est un écran entre la personne et son cœur. L´argent, la possession, autant de masques. Nous vivons un état de naufrage. Mais je suis confiant, quelque chose reste hors d´atteinte du monde : c´est l´âme. Elle ne s´éteint pas. C´est elle qui lutte contre le monde.
- Quelle est votre espérance ?
- Je crois que toute vie humaine s´inscrit dans le temps d´un Évangile : d´abord, rien, puis l'annonciation, l´incarnation, l´errance, la révélation, le Golgotha puis la résurrection. Les plus belles choses doivent être conquises. Une croissance dure, exigeante. À l´image de la fleur qui doit lutter pour croître, qui va vers la lumière. L´homme doit se faire petit à petit. Mettre en forme le meilleur. Rien n´est parfait au départ. Comment faire évoluer l´homme ? Pas de prosélytisme, pas de sermons. Par l´exemple. Par une longue patience attentive. Exposer sa manière de vivre.
- Vous dites : « Croyez seulement à ce que j´ai vu car je l´ai réellement vu. »[1]
- Mon travail, c´est regarder, témoigner avec précision de ce que je vois. Par exemple, j´aime décrire les très petits enfants, leurs yeux ouverts et étonnés, jouant avec leurs lacets de chaussures... La poésie n´est pas un genre littéraire, elle est l´expérience spirituelle de la vie, la plus haute densité de précision. La précision, c´est la sainteté de l´âme.
[1] « Ne croyez pas que je sois bon, sage ou même intelligent, croyez seulement à ce que j´ai vu car je l´ai réellement vu ». Ressusciter, p.167 (Gallimard, 2001)
Photo : Christian Bobin chez lui, près du Creusot
Cet interview a d´abord été publiée dans le numéro de juin 2011 de "Marcher ensemble", bulletin du diocèse d´Autun, Chalon et Mâcon, où habite Christian Bobin.
dimanche 9 octobre 2011
Michael Lonsdale et l'Amour
Le 6 octobre est paru L’Amour sauvera le monde (Philippe Rey), un choix très personnel qu’a fait Michael Lonsdale des plus belles pages de la littérature et de la poésie chrétiennes... En voici des extraits...
« Dostoïevski a écrit cette phrase devenue célèbre : “La beauté sauvera le monde.” J’ai longtemps nourri cet espoir, moi aussi, puisque la confiance en l’art a guidé ma vie de comédien et d’acteur.
Pourtant, de la beauté, j’ai ressenti les limites. Elle élève les sentiments, guérit, soulage, donne une raison d’avancer, de faire un effort sur soi-même. Mais elle ne peut pas retourner une âme, la diriger vers une lumière neuve.
Cela, seul l’amour le peut.
Oui, je le crois profondément, c’est l’amour qui changera le monde. Le véritable amour, celui qui unit Dieu à toute Sa création. Le jour où les hommes répondront à cet appel d’amour, ils en seront transformés, et le monde sera sauvé.
L’amour de Dieu permet de découvrir à quel point l’être humain est extraordinaire, quel qu’il soit. Chacun d’entre nous est une espèce de trésor, même si nous sommes mal fichus et par moments insupportables. C’est magnifique, une personne – magnifique, ce qu’il y a en elle de paix, de chagrin, de joie. Le genre humain est un sujet de contemplation pour moi, de plus en plus : je vois Dieu dans les êtres, je sais qu’Il est là, même si caché souvent, parfois enfermé, muré dans beaucoup d’individus qui ne Le connaissent pas et qui en souffrent. À ceux-là, je dis qu’il existe quelque chose qui peut leur changer la vie, les rendre plus heureux…
Si j’ai choisi de partager mes plus belles pages chrétiennes, c’est une manière pour moi de rendre hommage à ces hommes
et ces femmes – saints, moines, religieuses, prêtres, écrivains, personnes ordinaires – pétris de la parole du Christ, qui m’ont accompagné au long de ma vie. De saint Benoît et sa règle monastique à sœur Emmanuelle, militante si généreuse ; de saint Augustin à l’âme fervente au père Christian de Chergé et son cœur fraternel ; de Pascal et ses fulgurantes intuitions à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dans son abandon total au Christ, en passant par des écrivains chers à mon cœur – Villon, Chateaubriand, Hugo, Verlaine, Jammes, Claudel, Bobin… –, j’aimerais faire connaître leur lumière, leur foi, leur profonde sagesse humaine. »
Un acteur immense animé par la foi
Monument du cinéma français né en 1931, cet acteur s’est imposé dans les films de la nouvelle vague. Il a joué avec les plus grands et pour des productions internationales comme le Nom de la Rose ou le James Bond Moonraker. Récemment, son interprétation de frère Luc dans Des hommes et des dieux, grand prix du jury à Cannes en 2010, a bouleversé des millions de spectateur.
Il n’a jamais caché la foi qui l’anime et son engagement auprès de la communauté charismatique de l’Emmanuel.
« Dostoïevski a écrit cette phrase devenue célèbre : “La beauté sauvera le monde.” J’ai longtemps nourri cet espoir, moi aussi, puisque la confiance en l’art a guidé ma vie de comédien et d’acteur.
Pourtant, de la beauté, j’ai ressenti les limites. Elle élève les sentiments, guérit, soulage, donne une raison d’avancer, de faire un effort sur soi-même. Mais elle ne peut pas retourner une âme, la diriger vers une lumière neuve.
Cela, seul l’amour le peut.
Oui, je le crois profondément, c’est l’amour qui changera le monde. Le véritable amour, celui qui unit Dieu à toute Sa création. Le jour où les hommes répondront à cet appel d’amour, ils en seront transformés, et le monde sera sauvé.
L’amour de Dieu permet de découvrir à quel point l’être humain est extraordinaire, quel qu’il soit. Chacun d’entre nous est une espèce de trésor, même si nous sommes mal fichus et par moments insupportables. C’est magnifique, une personne – magnifique, ce qu’il y a en elle de paix, de chagrin, de joie. Le genre humain est un sujet de contemplation pour moi, de plus en plus : je vois Dieu dans les êtres, je sais qu’Il est là, même si caché souvent, parfois enfermé, muré dans beaucoup d’individus qui ne Le connaissent pas et qui en souffrent. À ceux-là, je dis qu’il existe quelque chose qui peut leur changer la vie, les rendre plus heureux…
Si j’ai choisi de partager mes plus belles pages chrétiennes, c’est une manière pour moi de rendre hommage à ces hommes
et ces femmes – saints, moines, religieuses, prêtres, écrivains, personnes ordinaires – pétris de la parole du Christ, qui m’ont accompagné au long de ma vie. De saint Benoît et sa règle monastique à sœur Emmanuelle, militante si généreuse ; de saint Augustin à l’âme fervente au père Christian de Chergé et son cœur fraternel ; de Pascal et ses fulgurantes intuitions à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dans son abandon total au Christ, en passant par des écrivains chers à mon cœur – Villon, Chateaubriand, Hugo, Verlaine, Jammes, Claudel, Bobin… –, j’aimerais faire connaître leur lumière, leur foi, leur profonde sagesse humaine. »
Un acteur immense animé par la foi
Monument du cinéma français né en 1931, cet acteur s’est imposé dans les films de la nouvelle vague. Il a joué avec les plus grands et pour des productions internationales comme le Nom de la Rose ou le James Bond Moonraker. Récemment, son interprétation de frère Luc dans Des hommes et des dieux, grand prix du jury à Cannes en 2010, a bouleversé des millions de spectateur.
Il n’a jamais caché la foi qui l’anime et son engagement auprès de la communauté charismatique de l’Emmanuel.
Source : La Vie
samedi 8 octobre 2011
Un conseil à nous donner... par Arnaud Desjardins
Le sage conseil vers le samadhi...
vendredi 7 octobre 2011
Histoire et conseils pour réussir vos soupes
L'automne est là et il est est temps de souper...
jeudi 6 octobre 2011
Maintenant est le temps de l'action avec Albert Blackburn
"Nul ne connaît le contenu caché de sa conscience. Quand nous commençons à voir les subtilités de tout cela et les possibilités illimitées de se duper soi-même, la vie devient un champ d'expérience. Chaque instant prend une importance extrême lorsque l'on réalise que, dans le maintenant présent tout le temps, et seulement alors, se trouve ouverte la porte de la liberté. La vie devient véritablement pleine de surprises et d'aventures.
Lorsque la parole : "non pas ma volonté, mais que la Tienne soit faite" devient un mode de vie et non pas une idée à suivre, jamais un moment d'ennui ou de lourdeur ne se présente. Dans ces circonstances, le temps chronologique prend une autre signification : il est toujours « plus tard que nous ne pensons ». Le temps de l'action est maintenant ! Nos relations aux choses, aux gens et aux idées sont vues dans une nouvelle lumière. Certaines choses perdent leur importance — même si d'une autre façon, chaque petite chose peut être très importante."
Albert Blackburn, décédé en 1987, était un proche de Krishnamurti, et c'est l'enseignement de ce dernier qui est à l'origine de sa transformation intérieure. Il témoigne de celle-ci dans les ouvrages suivants :
Now Consciousness et Worlds beyond thought.
Voir ses ouvrages et ceux de sa femme. Gabriele Blackburn. qui témoigne aussi de la lumière de Krishnamurti et de l'investigation "intuitive" (The Light of Krishnanmurti, The nrystical spiritual Intuitive htyttiries, The Way of S'out), sur le site internet : http://www.idylwildbooks.com/
Cet article est un extrait inédit de The golden key of awareness, avec l'aimable autorisation de Gabriele Blackburn (3ème millénaire)
mercredi 5 octobre 2011
Découvrir les Fraternités de Jérusalem
Allons-nous encore aujourd’hui nous scandaliser et rester sur le palier ou oserons-nous franchir le seuil pour entrer avec lui dans le grand bouleversement de la Miséricorde ? Jésus se tient à notre porte, amenant une foule de pauvres de tout acabit, il veut s’inviter à la table de notre cœur et promet de servir lui-même le festin dont il sera également la nourriture… Allons-nous le laisser entrer, lui, et la foule qui est avec lui ? En nous ? Ce n’est pas du tout raisonnable, mais c’est le seul moyen pour que nous (re)trouvions enfin et notre cœur, et cette nourriture dont notre âme languit depuis si longtemps, et le Dieu véritable, plus grand, plus fou, plus sage que tout ce que nous avions pu oser imaginer.
Venez, tout est prêt ! (Lc 14,17).
Venez, tout est prêt ! (Lc 14,17).
Fraternités Monastiques de Jérusalem au Mont-Saint-Michel
Portail des Fraternités de Jérusalem
mardi 4 octobre 2011
Rencontre avec Arnaud Desjardins
"Entre le bonheur ordinaire et le malheur ordinaire, nous trouvons ce qu'il est convenu d'appeler paix, sérénité ou parfois même béatitude... des sentiments qui n'ont pas de contraire."
lundi 3 octobre 2011
Hommage à
Arnaud DESJARDINS
Arnaud DESJARDINS
DOSSIER SPECIAL
Réalisé par la rédaction de Meditationfrance
Réalisé par la rédaction de Meditationfrance
L'enseignant spirituel Arnaud Desjardins, qui est sans aucun doute le plus grand maître spirituel français de ces dernières décennies, nous a quitté cet été, dans la nuit du 10 août 2011 à l'âge de 86 ans.
L'équipe de Meditationfrance veut lui rendre hommage en publiant un dossier spécial sur cet homme remarquable qui a consacré vingt-cinq ans de vie à partir à la rencontre de maîtres orientaux et à faire des films documentaires et des livres relatant cette expérience.
Pendant neuf ans, disciple auprès de swami Prajnanpad, Arnaud Desjardins a ensuite créé plusieurs centres spirituels en France où le message d'éveil y est transmis jusqu'à aujourd'hui et va continuer d'y être transmis.
Arnaud Desjardins et Swami Prajnanpad
Le centre ou ashram de Hauteville se trouve en Ardèche. Un centre similaire Mangalam existe aussi au Québec sous la direction d'Eric Edelmann. Plusieurs élèves d'Arnaud proposent aussi des conférences, séminaires ou retraites sur le cheminement spirituel.
L'ashram d'Hauteville
L'homme, le corps nous a quitté mais son message continue… et peut-être qu'il ne fait même que commencer!
Dans le livre La transmission selon Arnaud Desjardins, Gilles Farcet qui est un disciple de longue date écrit :
Au moment de la mort du maître, remarque Arnaud, quelque chose se passe pour les élèves réellement engagés. C'est le moment pour eux de passer du stade d'apprenti disciple à celui de disciple.
Encore faudrait-il savoir ce qu'Arnaud entend par cette expression appliquée à des élèves déjà considérés comme "réellement engagés". Il s'en explique :
« Cela veut dire que tout d'un coup la pratique en soi devient dix fois plus sérieuse. Non qu'on ait l'impression de se "crever" dix fois plus, que l'on fasse dix fois plus d'efforts; on constate plutôt que la pratique se fait pour ainsi dire d'elle-même dix fois plus intense, et que la relation avec le maître est dix fois plus purifiée. »
« Cela veut dire que tout d'un coup la pratique en soi devient dix fois plus sérieuse. Non qu'on ait l'impression de se "crever" dix fois plus, que l'on fasse dix fois plus d'efforts; on constate plutôt que la pratique se fait pour ainsi dire d'elle-même dix fois plus intense, et que la relation avec le maître est dix fois plus purifiée. »
Pour "l'après Arnaud", l'évolution de Hauteville, le développement des enseignements, il faudra attendre pour voir ce qui se passe…
L'essentiel est son message qui reste toujours autant d'actualité.
Pour Arnaud Desjardins, nous vivons aujourd'hui une crise de sens et il est plus que jamais indispensable d'ouvrir notre cœur et de remettre de la spiritualité dans nos vies.
"Le but, le seul, c'est de franchir ces limitations, ces contradictions, ces finitudes, pour s'éveiller à la Conscience réelle." Arnaud Desjardins
Voir la suite du dossier et un dossier sur Eric Edelmann
dimanche 2 octobre 2011
Zen à table avec Marc de Smedt
samedi 1 octobre 2011
Sourires à propager avec Matthieu Ricard
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