La méditation de pleine attention, l’exercice de l’absolue présence, n’est pas une méthode pour atteindre un
objectif.
La méditation dite de pleine conscience diffère totalement de la méditation qui, pendant plus de vingt-cinq
siècles, a irrigué les terres Orientales et Extrême-Orientales.
L’homme du zen aborde la réalité d’une manière pré-scientifique ; peut être même anti-scientifique écrit
D.T. Suzuki (1). Alors qu’en Occident, l’étude scientifique de la réalité consiste à l’envisager sous un angle
« objectif » (en s’appuyant sur la conscience “de”, la pensée, la conceptualisation, l’analyse, le
raisonnement), le maître zen invite ses disciples à considérer soigneusement leur vécu intérieur absolument
« subjectif ».
Un exemple : L’expression « exercer la pleine conscience sur la respiration » invite la personne qui médite à un regard dualiste sur le réel : Moi, qui suis assis (n° 1) et quelque chose, la respiration (n° 2). Ce qui correspond à l’étude scientifique de la réalité qui consiste à l’envisager sous un angle objectif en fabriquant un point de vue dualiste qui oppose le sujet et l’objet. L’approche du zen est absolument différente. La personne qui pratique la méditation est invitée à porter attention à l’expérience « JeInspire » en ce moment, pour ce moment. « JeInspire », en un mot, sans intervalle entre le sujet et le verbe ; parce qu’il n’y a ni distance ni écart de temps entre ce que je nomme « Je » et ce que je nomme « Inspire ». La méthode zen nous invite à appréhender la réalité de l’intérieur, telle qu’elle est réellement. Combien de fois ai-je entendu Graf Dückheim dire : « La respiration, ça n’existe pas ! Quelqu’un en ce moment respire. La marche, ça n’existe pas ; en ce moment quelqu’un marche ». La science propose des discours à propos de la respiration, des discours sur le corps (Körper) disséqué, fragmenté, fractionné à partir d’un point de vue dualiste ; ces théories empêchent la connaissance expérimentale du « tout corps vivant dans son —unité — ; du corps que l’homme— est— (Leib).» L’expérience JeInspire, JeMarche, JeVois, JeEntends, … l’expérience JeSuis est ce que le zen désigne comme étant l’expérience de notre vraie nature ; de notre propre essence, dit Dürckheim.
Méditer sans but … n’est pas sans effet. C’est lorsqu’il est saisi par l’expérience de sa vraie nature que l’être humain fait l’expérience de ces qualités d’être qui font de l’homme un être humain : le calme intérieur, la confiance, la paix intérieure. Et pas besoin de scanner, d’IRM, d’électroencéphalogramme pour objectiver si vous êtes vraiment calme, serein en paix ; vous le sentez et vous le ressentez naturellement. L’amalgame entre le mot « conscience » et le mot « attention » est propre à de nombreux auteurs qui traitent aujourd’hui de la méditation, sans qu’ils se rendent compte des conséquences néfastes auxquelles peut conduire cette confusion. Nous savons tous qu’il peut arriver qu’un mot manque son objet. L’idéal serait que les mots « attention » et « conscience » engendrent une action identique en vue d’un but commun. Mais c’est loin d’être le cas. Discernement sans doute hors de portée des personnes qui n’ont pas une expérience suffisamment approfondie de cet exercice indissociablement corporel et spirituel ou qui pensent pouvoir l’enseigner après seulement quelques week-ends de formation (!) (1)
Jacques Castermane
(1) lire : LE NON-MENTAL selon la pensée Zen – D.T. Suzuki – éd. Le courrier du livre
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Un exemple : L’expression « exercer la pleine conscience sur la respiration » invite la personne qui médite à un regard dualiste sur le réel : Moi, qui suis assis (n° 1) et quelque chose, la respiration (n° 2). Ce qui correspond à l’étude scientifique de la réalité qui consiste à l’envisager sous un angle objectif en fabriquant un point de vue dualiste qui oppose le sujet et l’objet. L’approche du zen est absolument différente. La personne qui pratique la méditation est invitée à porter attention à l’expérience « JeInspire » en ce moment, pour ce moment. « JeInspire », en un mot, sans intervalle entre le sujet et le verbe ; parce qu’il n’y a ni distance ni écart de temps entre ce que je nomme « Je » et ce que je nomme « Inspire ». La méthode zen nous invite à appréhender la réalité de l’intérieur, telle qu’elle est réellement. Combien de fois ai-je entendu Graf Dückheim dire : « La respiration, ça n’existe pas ! Quelqu’un en ce moment respire. La marche, ça n’existe pas ; en ce moment quelqu’un marche ». La science propose des discours à propos de la respiration, des discours sur le corps (Körper) disséqué, fragmenté, fractionné à partir d’un point de vue dualiste ; ces théories empêchent la connaissance expérimentale du « tout corps vivant dans son —unité — ; du corps que l’homme— est— (Leib).» L’expérience JeInspire, JeMarche, JeVois, JeEntends, … l’expérience JeSuis est ce que le zen désigne comme étant l’expérience de notre vraie nature ; de notre propre essence, dit Dürckheim.
Méditer sans but … n’est pas sans effet. C’est lorsqu’il est saisi par l’expérience de sa vraie nature que l’être humain fait l’expérience de ces qualités d’être qui font de l’homme un être humain : le calme intérieur, la confiance, la paix intérieure. Et pas besoin de scanner, d’IRM, d’électroencéphalogramme pour objectiver si vous êtes vraiment calme, serein en paix ; vous le sentez et vous le ressentez naturellement. L’amalgame entre le mot « conscience » et le mot « attention » est propre à de nombreux auteurs qui traitent aujourd’hui de la méditation, sans qu’ils se rendent compte des conséquences néfastes auxquelles peut conduire cette confusion. Nous savons tous qu’il peut arriver qu’un mot manque son objet. L’idéal serait que les mots « attention » et « conscience » engendrent une action identique en vue d’un but commun. Mais c’est loin d’être le cas. Discernement sans doute hors de portée des personnes qui n’ont pas une expérience suffisamment approfondie de cet exercice indissociablement corporel et spirituel ou qui pensent pouvoir l’enseigner après seulement quelques week-ends de formation (!) (1)
Jacques Castermane
(1) lire : LE NON-MENTAL selon la pensée Zen – D.T. Suzuki – éd. Le courrier du livre
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