Bonheur ? Bonheur ! Jusqu'à récemment, si l'on m'avait demandé quel sens avait ce mot pour moi, j'aurais été bien ennuyée pour répondre. Un petit goût de Bibliothèque rose ? Une illusion tenace :
« Un jour, mon prince viendra... » ? J'y aurais même vu, je crois, un côté assez égoïste : un renfermement sur soi, un cocooning - je suis bien entourée, j'ai tout ce qu'il me faut, ne me dérangez pas, merci...
Puis, en feuilletant un des livres du dalaï-lama, mon regard s'est arrêté sur cette idée incongrue : « l’égoïsme altruiste ».
Je comprends - et pratique ! - l'égoïsme : je recherche ma propre satisfaction, sans toujours me soucier des autres : je me fais souvent passer avant eux. Or, l'altruisme est de faire passer les autres d'abord. Comment serait-il possible de faire les deux en même temps ? Cela me semble impossible, dans ma vie, c'est ou moi, ou l'autre ! Pourtant, je vois que cette opposition implique un postulat si évident qu'il n'apparaît pas à première vue : je pose que « moi » et « les autres » non seulement ont des buts différents, mais sont fondamentalement séparés...
Et si une autre configuration existait ? Hier, devant la pauvre mine des fleurs qui bordent la fenêtre, je suis allée chercher l'arrosoir. Cela a profité aux fleurs - elles étaient resplendissantes dans le soleil ce matin - et m'a donné à moi à la fois la joie de les voir épanouies, et le vague et réconfortant sentiment d'avoir fait ce que je devais faire... Les deux côtés avaient profité également de mon geste... De plus, si je regarde un peu plus loin, ces fleurs vont attirer des abeilles... Voilà un peu de ma contribution au miel du petit déjeuner... Plus tard, les graines attireront les oiseaux, qui dissémineront en même temps les graines du potager, et voilà un peu de ma contribution à la nature en général... Au déjeuner, je mangerai certains de ces légumes ; d'autres graines, emportées plus loin, seront cultivées, et les légumes cueillis, acheminés, vendus... Voilà un peu de ma contribution à l'économie en général !
Je souris, bien sûr, mais il n'empêche que si, comme on le dit, «le battement d'une aile de papillon, de conséquence en conséquence, peut provoquer la pluie à l'autre bout du monde », alors, moi aussi je suis reliée à tout ce qui existe. Dans ce cas, que reste-t-il de cette question : moi d'abord ou les autres ? Arrosant mes fleurs, je me fais plaisir tout en apportant un bénéfice au monde entier ! Je peux peut-être trouver un chemin dans lequel « moi » et «les autres » iront dans la même direction, celle du plus grand bonheur pour les deux.
Mais alors, demande un esprit malin, il n'y aurait pas de don désintéressé ? Si, par « désintéressé », on entend une action qui n'aurait aucune conséquence sur moi, comment cela est-il possible ?
Si je ne suis pas un atome séparé du reste mais une partie du tout, rien de ce que je fais ne peut me rester extérieur ; je peux donc agir en toute bonne conscience à la fois pour moi et pour les autres : il n'y a plus de différence !
Il me reste, point crucial, le choix de l'action. Je sais ce qui peut m'apporter le contentement, la satisfaction ou la joie, mais qu'en est-il du bonheur ? Le dalaï-lama poursuit :
« Rendre les autres heureux, voilà ce qui nous apporte le véritable bonheur »... Le bonheur était là, pas dans le pré, mais à portée de main, de cœur, ni altruiste ni égoïste, ou bien à la fois altruiste et égoïste !
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Egalement son livre :
Journal de mon jardin zen
mercredi 8 décembre 2010
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