Ce que vit Jésus
Comme nous, Jésus s'est trouvé à un moment au pied du mur. Face aux intentions meurtrières des chefs de la synagogue, il a eu le choix entre deux options de vie : édulcorer le message que lui avait confié le Père, se cacher, essayer de se faire oublier, pour sauver son existence ; ou aller au bout de sa mission en courant à une mort certaine.
Son choix est clair. Dans une totale foi et confiance au Père, dans un amour passionné pour les êtres humains qu'il est venu libérer, éveiller, ramener au Père, il choisit de continuer. Par ce choix, il nous a aimés jusqu'au bout.
Ce dernier soir se divise en deux temps. D'abord, le repas paisible et grave. C'est le temps de l'acceptation de l'inéluctable, mais non de la résignation. Il demeure éminemment actif. Il invente l'eucharistie et enseigne ses disciples.
Puis, il y a le moment dramatique du jardin des Oliviers. Jésus se montre vulnérable. Il vit une tristesse insondable. Il nous signifie que l'on peut vivre dans une grande angoisse, tout en étant profondément relié au Père, apparemment absent.
Toutefois le Père, au cœur de ce désert intérieur, lui envoie un ange pour le fortifier. L'énergie revient alors : « Allons ! », s'exclame Jésus (Marc 14, 45).
Ce que j'en fais
Nous sommes invités en ce jeudi saint à accepter ce que nous ne pouvons éviter. Nous regardons en face la réalité de notre vie. Cette acceptation peut s'accompagner d'un long et douloureux travail de deuil. Mais s'il est vécu dans la grâce du Christ et le souffle de l'Esprit, il va remettre la Vie en route.
Car cette acceptation n'est pas résignation. Elle s'accompagne au contraire d'un « oui » à la vie. Il ne s'agit pas de détruire notre famille parce que l'on prend conscience que la relation à notre conjoint n'est pas juste. Nous avons à chercher comment faire jaillir la vie de notre situation présente.
Nous ne sommes pas omnipotents, mais nous avons toujours une marge d'action. Une petite initiative, insignifiante en apparence, peut avoir la vertu de rouvrir en nous la source. On peut, par exemple, se demander ce qui nous donne un sentiment de paix et de joie dans notre vie quotidienne. On va dès lors s'organiser pour réserver un quart d'heure chaque jour à cette activité, à cette rencontre...
Cette disposition d'acceptation pacifie peu à peu notre cœur, même si la douleur et la détresse ne disparaissent pas. Elle permet à la grâce de faire germer cette graine de vie mystérieusement présente en nous.
Simone Pacot