Oui, c’est notre propre histoire, l’histoire de notre pèlerinage sans fin que nous déchiffrons à travers ces Mages venus de la lointaine Babylone, conduits par l’étoile, vainqueurs obstinés de l’immensité des déserts aussi bien que de l’indifférence et de la politique, et parvenant finalement à trouver l’enfant et à l’adorer comme le roi sauveur.
Oui, c’est notre histoire que nous lisons… que nous devrions lire, à travers ce récit. Ne sommes-nous pas tous des pèlerins, des voyageurs, des hommes sans domicile fixe, même si nous n’avons jamais eu à quitter notre « chez nous » ? (…) Mais comment faire cette route ? C’est notre cœur qui doit se mettre en branle. (…)
Nous venons d’entrer dans une nouvelle année. Tous les chemins qui la traversent, de l’Orient à l’Occident, seront entraînés avec elle dans l’écoulement sans fin des années et des siècles. Mais on peut, même sur ces chemins, être de ces bienheureux pèlerins qui marchent vers l’Absolu, de ceux dont le voyage terrestre est un voyage vers Dieu. Allons, mon cœur, ouvre-toi et mets-toi en route, car l’étoile a lui. Tu ne peux sans doute emporter beaucoup de bagages, et tu en perdras bien d’autres en chemin. N’importe, va de l’avant. L’or de l’amour, l’encens du désir, la myrrhe de la souffrance, tu possèdes déjà tout cela. Il acceptera tout cela. Et nous finirons par le trouver.
Karl Rahner - L’Homme au miroir de l’année chrétienne