On ne s'accorde pas beaucoup de temps pour sentir le corps.
À un moment donné, plutôt que de réfléchir sur votre vie affective, sur la spiritualité ou sur quoi que ce soit, vous vous accordez un espace dans la journée, où vous êtes présent sensoriellement : éventuellement vous explorez un mouvement du doigt, du poignet, du souffle... Vous êtes présent.
Votre questionnement se fait tactilement, comme un musicien qui, lui, a un questionnement auditif. Ainsi, peu à peu, les zones endormies redeviennent conscientes. Il faut rester doux, être patient.
Le but de la vie c'est de commencer par observer les obstacles. On n'a pas le regard vers un but, mais vers le ressenti de l'obstacle pour sentir les zones du corps qui bloquent et empêchent de le réaliser. On devient disponible aux automatismes et réactions psychologiques, l'insatisfaction, le rejet, l'amertume, l'échec, le doute, l'agitation. Par la sensibilité, on décode la façon dont ces éléments se surimposent constamment à notre ressenti.
La réaction de notre psychisme à travers les réactions du corps est le cœur du travail. Ce qui arrive est nécessaire, que ce soit la tristesse ou la joie, que ce soit l'extase ou la difficulté, et à un moment donné, il y a cette écoute, qui va être de plus en plus là, où je deviens à l'écoute de ce qui se présente.
L'accent n'est pas mis sur ce qui se présente, sur ce que l'on écoute, mais sur le ressenti. Il est normal que la première fois que l'on fait l'expérience du corps vacant, d'une vibration très forte, il y ait une espèce de joie.
On ne va pas s'en vouloir parce que l'on est joyeux de sentir enfin la vibration, mais à un moment donné, il n'y a plus cet élément psychologique, on est dans l'écoute et ce qui est écouté passe au second plan. Le processus d'écoute du corps va de plus en plus refléter la Conscience.
C'est l'enseignement traditionnel, qui d'abord se fait sur le corps.
Le corps, c'est le symbole de la vie. La relation au corps c'est celle que l'on a avec le monde. La façon dont on traite son corps, c'est la façon dont on traite le monde. L'inconfort du corps, c'est l'inconfort qu'on a avec le monde. Quand le corps va devenir Conscience, le monde va devenir Conscience.
Le monde est une projection du corps. On est en relation avec le monde exactement comme on est en relation avec le corps. C'est très important de rendre ce processus conscient.
~ Éric Baret
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