Vous êtes toujours relié à son enseignement ?
Je suis relié... ou je ne le suis pas. C'est comme la vigilance qui est un aspect fondamental de l'enseignement ; je suis vigilant ou je ne le suis pas. Je suis à côté ou je ne suis pas à côté. Je suis conscient de l'instant, de ce que je suis en train de vivre ou, au contraire, je suis emporté, embarqué, « je ne suis pas là » ; le tout étant de prendre conscience que je n'étais pas là, de me réjouir, plutôt que de me blâmer d'être à côté de la plaque. C'est une différence par rapport à celui que j'étais il y a quelques années : par exemple, je passais une matinée ou plusieurs heures complètement ailleurs, perdu dans mes rêves et mes pensées, absorbé, happé par la vie, par l'existence... Et quand je reprenais conscience de ma présence, ma présence d'être vivant sur terre, je culpabilisais beaucoup ; je me flagellais, je me disais : « Merde, comment ça se fait ? ». Puis, avec le temps, on se rend compte que c'est une des règles du jeu. Pierre a renié le Christ trois fois : tomber, se relever, puis se réjouir à nouveau d'être au cœur de la pratique, se réjouir à nouveau d'être au cœur de l'enseignement.
La pratique peut-elle vous aider à comprendre ce qui se passe en vous ?
Parfois oui, parfois non. Je pense à un ami, Alexandre Jollien, qui m'aide beaucoup (on s'appelle tous les jours depuis des années) et qui a l'art de me faire comprendre que, parfois, je suis avec mes oeillères... ça y est, je suis embarqué dans mes problématiques existentielles et la pratique n'est plus là, la compréhension de l'enseignement n'est plus là. Parfois, il y a en moi un déni de l'enseignement ; je suis totalement à côté de la plaque. Alexandre sait très bien mettre le doigt là-dessus. Mais je peux aussi, dans des difficultés, à l'intérieur même de ces difficultés, puiser à la source de ce que m'apportent justement la pratique et l'enseignement.
Allez-vous souvent à Hauteville ?
J'essaie d'y aller deux fois par an et d'y faire des séjours de quinze jours. Pour moi, c'est un endroit sacré. La présence du Maître est là. Les collaborateurs d'Arnaud sont très précieux, indispensables. J'ai besoin de retourner à Hauteville, à Paris aussi, à la maison Raphaël ; c'est un lieu où des disciples d'Arnaud poursuivent son enseignement, je dirais, dans son aspect plus particulièrement psychologique. Christophe Massin, par exemple, est vraiment un être magnifique. Je peux le présenter comme mon thérapeute, mais en fait, son accompagnement est comme un relais avec Hauteville. Mon amitié avec Alexandre est une grande amitié spirituelle, mais je ne peux pas dire qu'il joue un rôle de guide, parce qu'on est vraiment, lui et moi, toujours dans un échange. L'accompagnement que je trouve à Hauteville ou à la maison Raphaël est, pour moi, indispensable. Sinon, je serais perdu.
Qu'est-ce pour vous : " Réussir sa vie " ?
Déjà, c'est éviter le piège de vouloir réussir sa vie. Dans un livre qu'il avait fait avec Arnaud, Emmanuel Desjardins citait un écrit de Simone de Beauvoir qui disait en substance : « On ne réussit pas sa vie ; ce n'est pas une chose, sa vie ». Agée. elle faisait le bilan et elle disait : "Finalement j'ai quasiment tout réussi dans ma vie, et pourtant la satisfaction n'est pas là ". Donc je pense que c'est un piège de vouloir réussir sa vie, d'objectiver la vie. Réussir sa vie. c'est se sentir vivant, c'est donc me sentir vivant, d'instant en instant, jusqu'au moment de mourir.
Vous faites partie d'un collectif de cinéastes pour les sans-papiers. Est-ce important pour vous d'être tourné vers une oeuvre humanitaire ?
Oui, c'est important. Mais en vous écoutant je m'aperçois que je ne suis pas bien en règle avec ça, je ne suis pas bien à l'aise avec tout ça. Par exemple, dans le cadre du collectif j'ai donné de ma présence deux fois ; ce n'est rien et en même temps je l'ai fait, donc c'est très bien. Je suis aussi parrain d'une association à Saint-Arnould, pour financer la partie paramédicale d'un hôpital pour enfants. Mais j'ai l'impression que mon engagement, ce n'est pas seulement par rapport aux gens qui souffrent, c'est par rapport à la rencontre, par rapport à l'autre. Je sens que je suis encore fermé et j'ai besoin de m'ouvrir. Les associations caritatives, c'est formidable, mais je pense que c'est en m'ouvrant à l'autre au sens le plus large, que je pourrai être plus présent. Et c'est ce qui me fait très peur. Finalement, le but d'une spiritualité, c'est de se tourner vers l'autre. Or, je m'aperçois que je suis quand même dans une récupération. J'ai un fonctionnement égocentrique qui a du mal à se tourner vers l'autre. Ça fait partie de mon chemin. C'est une étape, s'ouvrir peu à peu. Je suis en demande de cela ; et cela me terrorise aussi...
Je suis relié... ou je ne le suis pas. C'est comme la vigilance qui est un aspect fondamental de l'enseignement ; je suis vigilant ou je ne le suis pas. Je suis à côté ou je ne suis pas à côté. Je suis conscient de l'instant, de ce que je suis en train de vivre ou, au contraire, je suis emporté, embarqué, « je ne suis pas là » ; le tout étant de prendre conscience que je n'étais pas là, de me réjouir, plutôt que de me blâmer d'être à côté de la plaque. C'est une différence par rapport à celui que j'étais il y a quelques années : par exemple, je passais une matinée ou plusieurs heures complètement ailleurs, perdu dans mes rêves et mes pensées, absorbé, happé par la vie, par l'existence... Et quand je reprenais conscience de ma présence, ma présence d'être vivant sur terre, je culpabilisais beaucoup ; je me flagellais, je me disais : « Merde, comment ça se fait ? ». Puis, avec le temps, on se rend compte que c'est une des règles du jeu. Pierre a renié le Christ trois fois : tomber, se relever, puis se réjouir à nouveau d'être au cœur de la pratique, se réjouir à nouveau d'être au cœur de l'enseignement.
La pratique peut-elle vous aider à comprendre ce qui se passe en vous ?
Parfois oui, parfois non. Je pense à un ami, Alexandre Jollien, qui m'aide beaucoup (on s'appelle tous les jours depuis des années) et qui a l'art de me faire comprendre que, parfois, je suis avec mes oeillères... ça y est, je suis embarqué dans mes problématiques existentielles et la pratique n'est plus là, la compréhension de l'enseignement n'est plus là. Parfois, il y a en moi un déni de l'enseignement ; je suis totalement à côté de la plaque. Alexandre sait très bien mettre le doigt là-dessus. Mais je peux aussi, dans des difficultés, à l'intérieur même de ces difficultés, puiser à la source de ce que m'apportent justement la pratique et l'enseignement.
Allez-vous souvent à Hauteville ?
J'essaie d'y aller deux fois par an et d'y faire des séjours de quinze jours. Pour moi, c'est un endroit sacré. La présence du Maître est là. Les collaborateurs d'Arnaud sont très précieux, indispensables. J'ai besoin de retourner à Hauteville, à Paris aussi, à la maison Raphaël ; c'est un lieu où des disciples d'Arnaud poursuivent son enseignement, je dirais, dans son aspect plus particulièrement psychologique. Christophe Massin, par exemple, est vraiment un être magnifique. Je peux le présenter comme mon thérapeute, mais en fait, son accompagnement est comme un relais avec Hauteville. Mon amitié avec Alexandre est une grande amitié spirituelle, mais je ne peux pas dire qu'il joue un rôle de guide, parce qu'on est vraiment, lui et moi, toujours dans un échange. L'accompagnement que je trouve à Hauteville ou à la maison Raphaël est, pour moi, indispensable. Sinon, je serais perdu.
Qu'est-ce pour vous : " Réussir sa vie " ?
Déjà, c'est éviter le piège de vouloir réussir sa vie. Dans un livre qu'il avait fait avec Arnaud, Emmanuel Desjardins citait un écrit de Simone de Beauvoir qui disait en substance : « On ne réussit pas sa vie ; ce n'est pas une chose, sa vie ». Agée. elle faisait le bilan et elle disait : "Finalement j'ai quasiment tout réussi dans ma vie, et pourtant la satisfaction n'est pas là ". Donc je pense que c'est un piège de vouloir réussir sa vie, d'objectiver la vie. Réussir sa vie. c'est se sentir vivant, c'est donc me sentir vivant, d'instant en instant, jusqu'au moment de mourir.
Vous faites partie d'un collectif de cinéastes pour les sans-papiers. Est-ce important pour vous d'être tourné vers une oeuvre humanitaire ?
Oui, c'est important. Mais en vous écoutant je m'aperçois que je ne suis pas bien en règle avec ça, je ne suis pas bien à l'aise avec tout ça. Par exemple, dans le cadre du collectif j'ai donné de ma présence deux fois ; ce n'est rien et en même temps je l'ai fait, donc c'est très bien. Je suis aussi parrain d'une association à Saint-Arnould, pour financer la partie paramédicale d'un hôpital pour enfants. Mais j'ai l'impression que mon engagement, ce n'est pas seulement par rapport aux gens qui souffrent, c'est par rapport à la rencontre, par rapport à l'autre. Je sens que je suis encore fermé et j'ai besoin de m'ouvrir. Les associations caritatives, c'est formidable, mais je pense que c'est en m'ouvrant à l'autre au sens le plus large, que je pourrai être plus présent. Et c'est ce qui me fait très peur. Finalement, le but d'une spiritualité, c'est de se tourner vers l'autre. Or, je m'aperçois que je suis quand même dans une récupération. J'ai un fonctionnement égocentrique qui a du mal à se tourner vers l'autre. Ça fait partie de mon chemin. C'est une étape, s'ouvrir peu à peu. Je suis en demande de cela ; et cela me terrorise aussi...