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Si vous restez assis sans le moindre mouvement du corps juste à observer son comportement quelques minutes vous constaterez que les os, les muscles, les nerfs, les ligaments du corps se raidissent. Nous n’avons jamais appris à nous détendre, à nous relaxer. Alors s’asseoir tranquillement devient un problème. En réalité, c’est la chose la plus facile à faire. Nous devons garder notre corps stable, ma: pas rigide. Si la stabilité implique la rigidité, au bout de quelques minutes à peine, notre corps voudra bouger. Il aura des tensions dans l’abdomen, la colonne vertébrale, et ainsi de suite.
Il n’y a aucune obligation, aucune contrainte, mais si ça ne vous dérange pas, nous pouvons nous placer nous-mêmes dans un état de non-activité, et non pas d’inactivité. Nous ne connaissons que l’activité et l’inactivité. Or, dans l’inactivité il y a l’épuisement, soit une raison intentionnelle, délibérée d’être inactif. L’inactivité est une activité du mental. Ne pas faire, avec une intention ou un objectif, c’est une autre façon de faire quelque chose.
Mais de manière radicalement différente de l’activité et de l’inactivité, il y a l’état de non-activité. Cela signifie que nous n’allons pas convertir cet état de non-activité en un procédé pour obtenir quelque chose en retour. Si je m’assieds et ferme les yeux pour obtenir une expérience, pour voir une lumière, pour entendre des sons, ce n’est pas la non-activité, c'est l’inactivité avec un objectif.
Nous ne savons pas comment aller de l’avant sans objectif. C'est bien le problème.
Maintenant que nous allons nous asseoir ici, veillons à ne cas convertir cette assise silencieuse en un procédé pour réaliser quelque chose. Si c’est une activité egocentrée, il y aura bien inactivité physique et psychologique, mais fondamentalement ce sera une activité de l’ego.
L’ego dispose d’innombrables ruses, mais si vous demeurez très attentifs et vigilants pour observer ses stratégies, vous constaterez qu’il change de stratégie et arbore une infinie variété de masques et de costumes.
Lorsque vous employez un truc pour obtenir quelque chose en récompense, votre mental est perturbé par le plaisir et la souffrance, par le succès et par l’échec, par l’activité et l’inactivité, par les préférences et les aversions. Tout cela constitue la nourriture de l’ego, son carburant.
Donc, nous n’allons pas nous asseoir en silence pour obtenir quelque chose en échange. Essayons simplement pour le plaisir de la chose, si nous pouvons demeurer, ne serait-ce que quelques minutes par jour, dans un état dépourvu de tout objectif. Si cela peut être fait, alors notre système nerveux, qui subit la torture de conditions économiques et politiques instables et horribles, aura une chance d’être imbibé de silence, dans un état de relaxation totale.
Laissons notre système nerveux, torturé jour et nuit, se relaxer, se relâcher.
Il ne sert à rien de contraindre le mental au silence lorsque le corps épuisé ou le système nerveux maltraité demandent du repos. Ils ont soif de ce repos. Le mieux est de s’allonger et de s’étirer un moment. Même si vous ne vous asseyez que quelques minutes, ces quelques minutes auront la qualité d’intensité d’une demi-heure de non-action molle et léthargique C’est la qualité qui importe, c’est l’intensité de la présence attentive qui importe, pas le nombre de minutes ou d’heures.
Vimala Thakar - L'essence de la plénitude - Accarias L'Originel
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Bien qu’il soit peu probable que vous trouviez mention de ceci dans les enseignements traditionnels bouddhistes, le propos est essentiel. Droopy – outre son entrain légendaire – se caractérise en effet par une mâchoire merveilleusement détendue, à faire pâlir de jalousie un trader surbooké.
Pendant zazen, détendre la mâchoire et les joues, permet à votre diaphragme de se relâcher et à votre respiration d’aller s’installer dans le ventre, comme par magie.
En effet, bien que l’idée puisse paraître étrange de prime abord, mâchoire et diaphragme sont reliés entre eux par un système d’enchainement musculaire, les faisant fonctionner ensemble (si le thème vous intéresse, vous pouvez étudier les travaux de la fameuse kiné révolutionnaire Françoise Mézières).
Mais surtout : Faites le test ! Si votre mâchoire se relâche, votre ventre se gonfle… votre énergie s’installe dans le bas du corps.
Rappelez-vous les bons westerns d’antan. Un cowboy sur son cheval ondule au rythme de sa monture. Son bassin accompagne de façon naturelle et fluide les mouvements de l’équidé.
Pour la respiration abdominale pendant zazen, c’est la même chose… le cheval en moins.
Voyez plutôt : lors de l’inspiration, quand le ventre se gonfle, le bassin bascule légèrement vers l’avant, le bas du dos se creuse (légèrement là encore). Lors de l’expiration, quand le ventre se dégonfle, le bassin revient à sa place initiale.
Bien entendu, le mouvement est beaucoup moins ample que pour notre cavalier sus-cité, plutôt de l’ordre du micro-mouvement. Mais, si le bassin est figé, la respiration elle-même sera bloquée, empêchée dans son mouvement naturel.
Situé idéalement au milieu du corps, le bassin est une sorte de pivot ondulatoire permettant au corps de se déployer en harmonie, vers le haut, et vers le bas.
Alors pendant zazen, si vous sentez votre posture bloquée, tendue, redonnez vie au bassin en le laissant bouger davantage d’avant en arrière, au rythme de la respiration. L’énergie sera à même de circuler dans les jambes, le ventre de se libérer, et vous pourrez reprendre après quelques minutes votre zazen traditionnel : dans une simple ouverture à ce qui est.
Source : blog de Kankyo Tannier
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Regarder ce que provoquent vos pensées. Elles sont prises de tête !
Le poids de la pensée - Thomas Leroy
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Noël, par définition, c'est la fête de la vie. L'ancienne tradition chrétienne a voulu s'appuyer sur la commémoration païenne du solstice d'hiver, l'époque où le jour triomphe de la nuit, pour célébrer la naissance du Christ, lui qui est la Lumière du monde. Pourquoi, donc, la liturgie de l'Église nous empêche-t-elle de nous endormir paisiblement au coin du feu de la crèche ? Pourquoi nous pousse-t-elle, au lendemain même de Noël, à contempler de près la souffrance et la mort ? Saint Étienne d'abord, le premier des martyrs, et tout de suite les saints Innocents viennent nous alerter sur certains contours de cette solennité que le monde essaie en vain d'oublier derrière les paillettes.
Cette année, en pleine pandémie, la question sur le sens de la mort au sein même de la vie s'impose à nous sans aucune retenue. Elle vient nous déranger alors même que nous préférerions rester attachés à nos souvenirs des fêtes d'autrefois, riches d'une gaieté quelque peu insouciante. Aujourd'hui, ce n'est pas simplement la liturgie qui nous incite à regarder le drame de Noël, en tant que croyants ; la crise sanitaire que nous traversons à l'échelle planétaire nous oblige à réfléchir, en tant qu'humains. L'opportunité d'une nouvelle solidarité s'offre à nous, pourvu que nous soyons décidés à mettre de côté les paquets cadeaux afin d'aller plus loin, plus au fond, jusqu'au coeur même de la réalité qui nous interpelle.
Aux portes de Noël, une femme encore assez jeune, atteinte d'un cancer terminal, raconte sa vie à une aide-soignante dans une unité de soins palliatifs : « Vous savez, j'ai été dans le marketing, j'ai gagné plein d'argent, j'ai eu beaucoup de prestige. » Ses deux enfants en bas âge et son mari contemplent la scène, tous les trois muets et immobiles sur des photos collées au mur. L'aide-soignante écoute avec tendresse, en silence, et se fait interroger à son tour : « Et vous, pourquoi faites-vous un métier où vous devez gagner si peu d'argent ? » Elle ne répond pas immédiatement, elle prend le temps de laisser la question toucher son expérience et se révéler au plus intime d'elle-même. « Ça fait des années que j'ai découvert que ce n'est pas l'argent qui me rend heureuse. » Un nuage fugace assombrit le regard de la jeune femme, jusque-là si fière apparemment de sa réussite : « Moi, ça fait peu de temps que je l'ai découvert. » Elle mourra trois jours après cette confidence. Noël ?
Il n'est jamais trop tard. L'essentiel nous rejoint là où nous sommes en toute vérité, dans un lit d'hôpital comme au sommet d'une carrière professionnelle, ou encore sur le rivage modeste de nos tâches quotidiennes. Or, nos yeux ne sont pas toujours prêts à déchiffrer la subtilité de son message. Un nouveau-né, l'Enfant de Bethléem, tient alors à nous redire chaque année que la souffrance fait partie de la vie et que la beauté de toute existence prend racine dans le vertige du don de soi. Il nous parle d'un Dieu qui choisit la vulnérabilité comme lieu de rencontre grâce à la puissance d'un amour sans borne.
Auprès de cet Enfant, la vie et la mort se regardent sans peur droit dans les yeux. Étienne et tous ceux et celles qui témoignent de la vérité de par leur vie donnée jusqu'au bout sont au rendez-vous de cette fête de Noël où la joie - humble et parfois difficile - se fraye un chemin aux côtés de toutes les douleurs du monde. Les larmes d'un nourrisson embrassent les pleurs et les angoisses de mort de l'humanité tout entière. De son coeur, qui bat dans l'obscurité secrète de la nuit, jaillit déjà la lumière essentielle de l'amour vainqueur.
Bienvenue sur cette terre !
Dans les traditions les plus anciennes, l’Ange est l’expression de l’Éternité en soi, la reliance (Alliance) à la « vibration » d’origine, "l’Avant" l’incarnation dans le temps linéaire. (l’avent, à-vent = souffle sacré, instruments à vent, chant, orgue ), l’Avant l’incarnation dans le temps linéaire.
C'est la Voyelles des lettres...
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En ce temps de Noël, nous allons continuer sur le thème du bonheur. Je me demandais, la semaine dernière, pourquoi certaines personnes se rendent littéralement malheureuses. C’est le cas d’une partie d’entre nous. Il y a, d’un côté, le « vrai » malheur, et il y a, d’un autre côté, le cinéma que nous nous faisons. Il y a, en particulier, les contraintes de l’idéal, c’est-à-dire les définitions que nous nous donnons de notre propre bonheur, définitions qui nous enferment : je serai heureux quand j’aurai atteint tel but, quand je serai reconnu dans tel domaine, quand mes enfants auront réussi leurs études comme je l’attendais, quand je serai entendu dans mes pensées profondes sur l’avenir du monde, quand j’aurai la place que je cherche à gagner en mon existence.
Tout cela n’est en rien choquant, et confère des buts à la vie. En même temps, il nous arrive de mettre la barre trop haut et de souffrir des objectifs que nous ne sommes pas en capacité d’atteindre. Les contraintes de l’idéal pèsent sur nous. Nous « devons » réussir nos vies et nous donner des objectifs, extrêmement moraux, extrêmement contraignants qui orientent nos trajectoires d’existence. Notre époque se veut libérée, mais n’est pas exempte de ces contraintes de perfection ou de moralisme. Cela ne fonctionne pas toujours. Ce que nous cherchons ne marche pas forcément, quand bien même nous sommes des gens très bien, et quel que soit notre niveau de responsabilité, philosophes, journalistes, universitaires, professeurs, gouvernants, managers, responsables de tous ordres, et tout simplement responsables de nous-même et de notre petite famille et de son cercle de proches, et de quelques-uns du côté de notre monde professionnel. Rien ne marche quand on attend trop, ou bien quand on attend en mettant seulement les autres, et pas d'abord soi-même, au travail.
Le bonheur, la plénitude se réalisent dans la faille, dans l’imparfait, dans l’angle mort de ce que nous avons prévu.
On attend, on attend que les autres fassent, que la société mette en place ce qui est bien, que nos familiers nous gratifient ou nous reconnaissent. Mais la réalité n’est pas ainsi. Elle ne gratifie pas nécessairement, ou pas tout de suite. Il faut savoir attendre… Le signe de Noël est simple comme la vie nue. Le bonheur, la plénitude ne se réalisent pas selon ce que nous attendons, en tout cas dans la dimension grandiose de ce que nous attendons. Ils se réalisent dans la faille, dans l’imparfait, dans l’angle mort de ce que nous avons prévu.
Il ne faut plus attendre quelque chose de précis qui nous satisfasse, il faut (simplement) vivre en attendant. Quelque chose se passe dans l’angle mort de nos désirs précis, dans l’inconnu de ce qui ne marche pas, comme dans la mangeoire d’une étable, dans l’arrière-monde de ce qui est souhaité. Il ne s’agit pas de savoir, de comprendre, ou de planifier… Les idéaux faciles ne sont plus de ce monde, en cette période de Covid, en cette époque de défaillance de l’espoir. Et pourquoi pas…
Il faut laisser la place à autre chose, qui ne soit pas du registre d’une attente pour soi, d’un idéal enfermant, mais simplement d’une déchirure, d’une ouverture sur un ailleurs qui nous libérerait des idéaux trop personnels ou trop faciles. Les idéaux sont désirables, souhaitables, mais qui peut les vivre complétement dans leurs extrêmes, en un imaginaire de totale plénitude ? L’incertitude et le doute sont des moments où peut s’ouvrir le temps que nous croyons posséder, vers autre chose que nous n’avons jamais su anticiper… Quelque chose comme le bonheur.
Photo, Robert Doisneau |
À 40 ans, Franz Kafka (1883-1924), qui ne s'est jamais marié et n'avait pas d'enfant, se promenait dans un parc de Berlin quand il rencontra une petite fille qui pleurait parce qu'elle avait perdu sa poupée préférée. Kafka et elle cherchèrent la poupée sans succès. Kafka lui proposa de revenir le lendemain afin de la chercher encore.
Manifestation des bonhommes de neige contre le réchauffement climatique...
Pendant que l'homme continue son bonhomme de chemin !
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Franck : Oui, quoique tu fasses, tu es dedans jusqu’au cou.
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source : FB de José Le Roy
Un appel à être vivant en ce temps de l'Avent :
Tout d'abord, cette très belle homélie du premier dimanche de l'Avent de Monseigneur Martin
Et un texte pour l'acccompagner :
Gerrit Van Honthorst, L'adoration des bergers, 1622 |
"Entrer en Avent, c’est accepter de n’être plus ce petit soldat qui court sur son rempart intérieur pour colmater chaque brèche des murailles.Entrer en Avent, c’est consentir à entrer dans le vrai mouvement de la vie spirituelle : celui d’être là, pour accueillir la vie qui vient, Dieu lui-même. Et ne pas vouloir être le maître de ce mouvement-là.Entrer en Avent, c’est se savoir profondément travaillé à l’intime de soi, mystérieusement attiré par un appel à naître et à renaître.Entrer en Avent, c’est n’être ni rassasié ni repus, mais se mettre à l’écoute de ce qui murmure – ou crie – au fond de soi et appelle à se dire.Entrer en Avent, c’est Le regarder venir et s’approcher, avoir le visage, le cœur et l’être tournés vers cette rencontre, la découvrant comme la rencontre la plus importante de son existence.Entrer en Avent, c’est demeurer à cette place-là, et ne pas s’y dérober au nom de fausses urgences et de gratifiantes sollicitations.Entrer en Avent, c’est rassembler ce qu’il faut au seuil de l’hiver, pour les grandes traversées intérieures qui de Noël à Pâques, conduisent aux vrais passages.Entrer en Avent, c’est accepter de tâtonner parfois dans l’obscurité, et de marcher vers l’étoile sans se tromper de lumière dans la nuit froide et clinquante de décembre.Entrer en Avent, c’est refuser d’avoir une « âme habituée », ne se décourager ni de soi, ni des autres, ni de Dieu, se réjouir d’être en route et découvrir qu’on n’y est pas seul.Entrer en Avent, c’est laisser ce qui encombre et alourdit la vie et le cœur, pour ne garder que l’essentiel, les vrais trésors, demain, à offrir au Roi.Entrer en Avent, c’est ne pas se désoler de savoir si peu et si mal aimer, mais se réjouir profondément d’être sans cesse rattrapé par un amour étonnamment capable de faire battre de manière plus juste et vraie le cœur de sa vie.Entrer en Avent, c’est faire aujourd’hui ce que l’on peut, savoir que le reste ne nous appartient pas, et que l’essentiel nous sera donné."
P. François Boëdec, sj (1)
(2)François Boëdec est l'actuel Provincial des Jésuites pour l'Europe de l'Ouest francophone.
Voici un article extrait du très beau blog de La Licorne
Extraits du livre: "Dialogues avec l'ange",
recueilli par Gitta Mallasz
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Tout animal sait pleurer, gémir.
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