mercredi 30 décembre 2020

Pour le dernier jour...

 



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Non-activité...

 


Juste être ensemble sans prononcer un seul mot. Nous asseoir dans le silence détendu du corps, sans faire le moindre effort. Si vous relâcher devient un problème, rien au monde ne pourra vous aider.

Si vous restez assis sans le moindre mouvement du corps juste à observer son comportement quelques minutes vous constaterez que les os, les muscles, les nerfs, les ligaments du corps se raidissent. Nous n’avons jamais appris à nous détendre, à nous relaxer. Alors s’asseoir tranquillement devient un problème. En réalité, c’est la chose la plus facile à faire. Nous devons garder notre corps stable, ma: pas rigide. Si la stabilité implique la rigidité, au bout de quelques minutes à peine, notre corps voudra bouger. Il aura des tensions dans l’abdomen, la colonne vertébrale, et ainsi de suite.


Ainsi, quand une personne veut maintenir son corps tranquille, la première chose quelle remarque est son manque d’éducation.

Il n’y a aucune obligation, aucune contrainte, mais si ça ne vous dérange pas, nous pouvons nous placer nous-mêmes dans un état de non-activité, et non pas d’inactivité. Nous ne connaissons que l’activité et l’inactivité. Or, dans l’inactivité il y a l’épuisement, soit une raison intentionnelle, délibérée d’être inactif. L’inactivité est une activité du mental. Ne pas faire, avec une intention ou un objectif, c’est une autre façon de faire quelque chose.

Mais de manière radicalement différente de l’activité et de l’inactivité, il y a l’état de non-activité. Cela signifie que nous n’allons pas convertir cet état de non-activité en un procédé pour obtenir quelque chose en retour. Si je m’assieds et ferme les yeux pour obtenir une expérience, pour voir une lumière, pour entendre des sons, ce n’est pas la non-activité, c'est l’inactivité avec un objectif.

Nous ne savons pas comment aller de l’avant sans objectif. C'est bien le problème.

Maintenant que nous allons nous asseoir ici, veillons à ne cas convertir cette assise silencieuse en un procédé pour réaliser quelque chose. Si c’est une activité egocentrée, il y aura bien inactivité physique et psychologique, mais fondamentalement ce sera une activité de l’ego.

L’ego dispose d’innombrables ruses, mais si vous demeurez très attentifs et vigilants pour observer ses stratégies, vous constaterez qu’il change de stratégie et arbore une infinie variété de masques et de costumes.

Lorsque vous employez un truc pour obtenir quelque chose en récompense, votre mental est perturbé par le plaisir et la souffrance, par le succès et par l’échec, par l’activité et l’inactivité, par les préférences et les aversions. Tout cela constitue la nourriture de l’ego, son carburant.

Donc, nous n’allons pas nous asseoir en silence pour obtenir quelque chose en échange. Essayons simplement pour le plaisir de la chose, si nous pouvons demeurer, ne serait-ce que quelques minutes par jour, dans un état dépourvu de tout objectif. Si cela peut être fait, alors notre système nerveux, qui subit la torture de conditions économiques et politiques instables et horribles, aura une chance d’être imbibé de silence, dans un état de relaxation totale.

Laissons notre système nerveux, torturé jour et nuit, se relaxer, se relâcher.


De même que quand vous plongez dans l’eau d’une piscine ou d’une rivière, vous en sortez revigorés, quand vous plongez dans la relaxation de la non-action, votre système nerveux en ressort revigoré. Et si vous vous sentez somnolent dans cet état de non-action, ne vous en blâmez pas. Cela signifie que ça fait des jours ou des semaines que vous n’avez pas eu un sommeil profond, alors vous vous sentez somnolent dans la non-action. La meilleure chose à faire est de s’allonger un moment.

Il ne sert à rien de contraindre le mental au silence lorsque le corps épuisé ou le système nerveux maltraité demandent du repos. Ils ont soif de ce repos. Le mieux est de s’allonger et de s’étirer un moment. Même si vous ne vous asseyez que quelques minutes, ces quelques minutes auront la qualité d’intensité d’une demi-heure de non-action molle et léthargique C’est la qualité qui importe, c’est l’intensité de la présence attentive qui importe, pas le nombre de minutes ou d’heures.

Vimala Thakar - L'essence de la plénitude - Accarias L'Originel

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mardi 29 décembre 2020

Deux « trucs magiques » pour une respiration harmonieuse pendant zazen

1. Faire Droopy

Droopy : modèle parfait d'une mâchoire détendue

Bien qu’il soit peu probable que vous trouviez mention de ceci dans les enseignements traditionnels bouddhistes, le propos est essentiel. Droopy – outre son entrain légendaire – se caractérise en effet par une mâchoire merveilleusement détendue, à faire pâlir de jalousie un trader surbooké.

Pendant zazen, détendre la mâchoire et les joues, permet à votre diaphragme de se relâcher et à votre respiration d’aller s’installer dans le ventre, comme par magie.

En effet, bien que l’idée puisse paraître étrange de prime abord, mâchoire et diaphragme sont reliés entre eux par un système d’enchainement musculaire, les faisant fonctionner ensemble (si le thème vous intéresse, vous pouvez étudier les travaux de la fameuse kiné révolutionnaire Françoise Mézières).

Mais surtout : Faites le test ! Si votre mâchoire se relâche, votre ventre se gonfle… votre énergie s’installe dans le bas du corps.

2. Le cowboy

Le cowboy, modèle parfait d'un bassin mobile

Rappelez-vous les bons westerns d’antan. Un cowboy sur son cheval ondule au rythme de sa monture. Son bassin accompagne de façon naturelle et fluide les mouvements de l’équidé.

Pour la respiration abdominale pendant zazen, c’est la même chose… le cheval en moins.

Voyez plutôt : lors de l’inspiration, quand le ventre se gonfle, le bassin bascule légèrement vers l’avant, le bas du dos se creuse (légèrement là encore). Lors de l’expiration, quand le ventre se dégonfle, le bassin revient à sa place initiale.

Bien entendu, le mouvement est beaucoup moins ample que pour notre cavalier sus-cité, plutôt de l’ordre du micro-mouvement. Mais, si le bassin est figé, la respiration elle-même sera bloquée, empêchée dans son mouvement naturel.

Situé idéalement au milieu du corps, le bassin est une sorte de pivot ondulatoire permettant au corps de se déployer en harmonie, vers le haut, et vers le bas.

Alors pendant zazen, si vous sentez votre posture bloquée, tendue, redonnez vie au bassin en le laissant bouger davantage d’avant en arrière, au rythme de la respiration. L’énergie sera à même de circuler dans les jambes, le ventre de se libérer, et vous pourrez reprendre après quelques minutes votre zazen traditionnel : dans une simple ouverture à ce qui est.

Source : blog de Kankyo Tannier

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lundi 28 décembre 2020

Sextus Empiricus ou l'art de la suspension


Malgré son nom tout droit sorti d'un album d'Astérix, Sextus Empiricus a marqué de son empreinte l'histoire des idées. Bien malgré lui. Car sa doctrine prônait a contrario l'absence de jugement sur les choses comme conditions à la tranquillité. Selon ce vénérable penseur, la paix profonde de l'être humain ou ataraxie ne pouvait naître que d'une absence d'opinion définitive sur les événements de la vie. Une sorte d'existence suspendue, à simplement répondre aux sollicitations inévitables du moment.
On agit puisque l'action est requise, mais sans attachement. À noter que ce penseur était sans doute prêt, dans l'instant, à changer de doctrine et de conviction, ou à n'en choisir aucune, manifestant ainsi une vraie liberté d'action.
Ce positionnement original gagnerait sans doute à être mis au goût du jour alors que nous sommes invités en permanence à donner notre avis, sur tout et n'importe quoi en temps réel et de façon lapidaire de préférence. Pour les sceptiques et pour Sextus Empiricus, c'est l'absence de certitude qui libère l'homme et lui permet d'être "en recul" sur les choses.
Ainsi le souligne-t-il dans l'ouvrage Esquisses pyrrhoniennes : "(...) quand ils [les sceptiques] eurent suspendus leur assentiment, la tranquillité s'ensuivit fortuitement, comme l'ombre suit un corps."


Apprendre une vie simple et retrouver la tranquillité

L'ataraxie que l'on pourrait traduire par "absence de trouble" ne signifie pas absence de ressenti ou d'émotion. Dans l'acceptation moderne de ce terme, utilisé en neuropsychiatrie, il est question d'indifférence émotionnelle. Rien de ceci chez nos philosophes grecs. Ils considèrent et notamment les stoïciens, chaque événement comme un élément à vivre tel qui se présente, avec ou sans émotion. Pour favoriser l'ataraxie et le calme intérieur, des exercices physiques une certaine hygiène de vie sont prescrits, comme une éducation de la volonté. Le cadre général permettra ainsi d'harmoniser l'être avec la vie cosmique. Grâce à ces conditions de vie favorable, les perturbations émotionnelles peuvent être évitées ou du moins réduites. Pour autant, la vie stoïcienne n'est pas exempte de ressentis. Et le philosophe choisi de vivre les événements tels qu'ils se présentent, sans jugement. Vivre les choses telles qu'elles sont et non pas telles qu'on voudrait qu'elles soient nous permet d'apprendre, comme les stoïciens, à réconcilier l'idéal avec la réalité. 

Kankyo Tannier 
La sérénité des philosophes grecs








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Un projet qui témoigne d'une mise en pratique !


La ferme Kibo où Kankyo Tannier vous accueille :
(vous pouvez l'aider dans son projet)



Un espace mystique avant les pensées... pour mieux connaître Kankyo Tannier


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dimanche 27 décembre 2020

Un point précieux !

 

Le 14 février 1990 la sonde Voyager 1, alors qu’elle se trouve à plus de 6 milliards de kilomètres de la Terre et avant de dire définitivement adieu au système solaire, prend un cliché mémorable et émouvant. On y voit un point bleu pâle, minuscule, qui passe presque inaperçu : c'est notre Terre !!
A propos de cette photo Carl Sagan a écrit un monologue qui restera à jamais gravé dans l'histoire spatiale :


« Regardez ce point. C’est ici. C’est notre foyer. C’est nous. Dessus se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez jamais entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. La somme de nos joies et de nos souffrances. Des milliers de religions, d’idéologies et de doctrines économiques remplies de certitudes. Tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations. Tous les rois et paysans, tous les jeunes couples d’amoureux, tous les pères, mères, enfants remplis d’espoir, inventeurs et explorateurs. Tous les moralisateurs, tous les politiciens corrompus, toutes les “superstars”, tous les “guides suprêmes”, tous les saints et pécheurs de l’histoire de notre espèce ont vécu ici… Sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil.
La Terre est une scène minuscule dans l’immense arène cosmique. Songez aux rivières de sang déversées par tous ces généraux et empereurs afin que, nimbés de triomphe et de gloire, ils puissent devenir les maîtres temporaires d’une fraction… d’un point. Songez aux cruautés sans fin infligées par les habitants d’un recoin de ce pixel aux habitants à peine différents d’un autre recoin. Comme ils peinent à s’entendre, comme ils sont prompts à s’entretuer, comme leurs haines sont ferventes. Nos postures, notre soi-disant importance, l’illusion que nous avons quelque position privilégiée dans l’univers, sont mises en perspective par ce point de lumière pâle.
Notre planète est une poussière isolée, enveloppée dans la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien ne laisse présager qu’une aide viendra d’ailleurs, pour nous sauver de nous-mêmes. La Terre est jusqu’à présent le seul monde connu à abriter la vie. Il n’y a nulle part ailleurs, au moins dans un futur proche, vers où notre espèce pourrait migrer. Visiter, oui. S’installer, pas encore. Que vous le vouliez ou non, pour le moment, c’est sur Terre que nous nous trouvons.
On dit que l’astronomie incite à l’humilité et forge le caractère. Il n’y a peut-être pas de meilleure démonstration de la vanité humaine que cette lointaine image. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue. »

Carl Sagan, Pale Blue Dot, 1994.
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samedi 26 décembre 2020

Lourdes pensées


 Regarder ce que provoquent vos pensées. Elles sont prises de tête !



The Weight of Thought-Thomas Leroy
Le poids de la pensée - Thomas Leroy


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Pour mieux connaître de Fabrice Jordan


Fabrice Jordan, généraliste et expert en talismans taoïstes  
 

Né dans une famille italo-suisse catholique et fribourgeoise, Fabrice Jordan pratique d'abord la médecine d'urgence, puis ouvre un cabinet à Yvonand. Désormais médecin de village à Bullet, sur le balcon du Jura, il est aussi directeur du centre taoïste Ming Shan qu'il a fondé en 2019. Sa pratique combine allopathie, médecine traditionnelle chinoise et élaboration de talismans taoïstes. Pour lui, la rationalité impose de prendre aussi en compte les dimensions invisibles pour soigner l'autre. 


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vendredi 25 décembre 2020

Solennité...

 Noël, par définition, c'est la fête de la vie. L'ancienne tradition chrétienne a voulu s'appuyer sur la commémoration païenne du solstice d'hiver, l'époque où le jour triomphe de la nuit, pour célébrer la naissance du Christ, lui qui est la Lumière du monde. Pourquoi, donc, la liturgie de l'Église nous empêche-t-elle de nous endormir paisiblement au coin du feu de la crèche ? Pourquoi nous pousse-t-elle, au lendemain même de Noël, à contempler de près la souffrance et la mort ? Saint Étienne d'abord, le premier des martyrs, et tout de suite les saints Innocents viennent nous alerter sur certains contours de cette solennité que le monde essaie en vain d'oublier derrière les paillettes.


Une nouvelle solidarité

Cette année, en pleine pandémie, la question sur le sens de la mort au sein même de la vie s'impose à nous sans aucune retenue. Elle vient nous déranger alors même que nous préférerions rester attachés à nos souvenirs des fêtes d'autrefois, riches d'une gaieté quelque peu insouciante. Aujourd'hui, ce n'est pas simplement la liturgie qui nous incite à regarder le drame de Noël, en tant que croyants ; la crise sanitaire que nous traversons à l'échelle planétaire nous oblige à réfléchir, en tant qu'humains. L'opportunité d'une nouvelle solidarité s'offre à nous, pourvu que nous soyons décidés à mettre de côté les paquets cadeaux afin d'aller plus loin, plus au fond, jusqu'au coeur même de la réalité qui nous interpelle.

Aux portes de Noël, une femme encore assez jeune, atteinte d'un cancer terminal, raconte sa vie à une aide-soignante dans une unité de soins palliatifs : « Vous savez, j'ai été dans le marketing, j'ai gagné plein d'argent, j'ai eu beaucoup de prestige. » Ses deux enfants en bas âge et son mari contemplent la scène, tous les trois muets et immobiles sur des photos collées au mur. L'aide-soignante écoute avec tendresse, en silence, et se fait interroger à son tour : « Et vous, pourquoi faites-vous un métier où vous devez gagner si peu d'argent ? » Elle ne répond pas immédiatement, elle prend le temps de laisser la question toucher son expérience et se révéler au plus intime d'elle-même. « Ça fait des années que j'ai découvert que ce n'est pas l'argent qui me rend heureuse. » Un nuage fugace assombrit le regard de la jeune femme, jusque-là si fière apparemment de sa réussite : « Moi, ça fait peu de temps que je l'ai découvert. » Elle mourra trois jours après cette confidence. Noël ?

Le message de l'Enfant de Noël

Il n'est jamais trop tard. L'essentiel nous rejoint là où nous sommes en toute vérité, dans un lit d'hôpital comme au sommet d'une carrière professionnelle, ou encore sur le rivage modeste de nos tâches quotidiennes. Or, nos yeux ne sont pas toujours prêts à déchiffrer la subtilité de son message. Un nouveau-né, l'Enfant de Bethléem, tient alors à nous redire chaque année que la souffrance fait partie de la vie et que la beauté de toute existence prend racine dans le vertige du don de soi. Il nous parle d'un Dieu qui choisit la vulnérabilité comme lieu de rencontre grâce à la puissance d'un amour sans borne.

Les larmes d'un nourrisson

Auprès de cet Enfant, la vie et la mort se regardent sans peur droit dans les yeux. Étienne et tous ceux et celles qui témoignent de la vérité de par leur vie donnée jusqu'au bout sont au rendez-vous de cette fête de Noël où la joie - humble et parfois difficile - se fraye un chemin aux côtés de toutes les douleurs du monde. Les larmes d'un nourrisson embrassent les pleurs et les angoisses de mort de l'humanité tout entière. De son coeur, qui bat dans l'obscurité secrète de la nuit, jaillit déjà la lumière essentielle de l'amour vainqueur.

Margarita Saldaña

Margarita Saldaña est une journaliste et théologienne espagnole. Elle travaille comme aide-soignante à la maison Jeanne-Garnier, établissement de soins palliatifs à Paris.
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Joyeux Noël

 Bienvenue sur cette terre !


Dans les traditions les plus anciennes, l’Ange est l’expression de l’Éternité en soi, la reliance (Alliance) à la « vibration » d’origine, "l’Avant" l’incarnation dans le temps linéaire. (l’avent, à-vent = souffle sacré, instruments à vent, chant, orgue ), l’Avant l’incarnation dans le temps linéaire. 

C'est la Voyelles des lettres...

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jeudi 24 décembre 2020

La quête du bonheur sous le signe de Noël


En ce temps de Noël, nous allons continuer sur le thème du bonheur. Je me demandais, la semaine dernière, pourquoi certaines personnes se rendent littéralement malheureuses. C’est le cas d’une partie d’entre nous. Il y a, d’un côté, le « vrai » malheur, et il y a, d’un autre côté, le cinéma que nous nous faisons. Il y a, en particulier, les contraintes de l’idéal, c’est-à-dire les définitions que nous nous donnons de notre propre bonheur, définitions qui nous enferment : je serai heureux quand j’aurai atteint tel but, quand je serai reconnu dans tel domaine, quand mes enfants auront réussi leurs études comme je l’attendais, quand je serai entendu dans mes pensées profondes sur l’avenir du monde, quand j’aurai la place que je cherche à gagner en mon existence.

Tout cela n’est en rien choquant, et confère des buts à la vie. En même temps, il nous arrive de mettre la barre trop haut et de souffrir des objectifs que nous ne sommes pas en capacité d’atteindre. Les contraintes de l’idéal pèsent sur nous. Nous « devons » réussir nos vies et nous donner des objectifs, extrêmement moraux, extrêmement contraignants qui orientent nos trajectoires d’existence. Notre époque se veut libérée, mais n’est pas exempte de ces contraintes de perfection ou de moralisme. Cela ne fonctionne pas toujours. Ce que nous cherchons ne marche pas forcément, quand bien même nous sommes des gens très bien, et quel que soit notre niveau de responsabilité, philosophes, journalistes, universitaires, professeurs, gouvernants, managers, responsables de tous ordres, et tout simplement responsables de nous-même et de notre petite famille et de son cercle de proches, et de quelques-uns du côté de notre monde professionnel. Rien ne marche quand on attend trop, ou bien quand on attend en mettant seulement les autres, et pas d'abord soi-même, au travail.

Le bonheur, la plénitude se réalisent dans la faille, dans l’imparfait, dans l’angle mort de ce que nous avons prévu.

On attend, on attend que les autres fassent, que la société mette en place ce qui est bien, que nos familiers nous gratifient ou nous reconnaissent. Mais la réalité n’est pas ainsi. Elle ne gratifie pas nécessairement, ou pas tout de suite. Il faut savoir attendre… Le signe de Noël est simple comme la vie nue. Le bonheur, la plénitude ne se réalisent pas selon ce que nous attendons, en tout cas dans la dimension grandiose de ce que nous attendons. Ils se réalisent dans la faille, dans l’imparfait, dans l’angle mort de ce que nous avons prévu.

Il ne faut plus attendre quelque chose de précis qui nous satisfasse, il faut (simplement) vivre en attendant. Quelque chose se passe dans l’angle mort de nos désirs précis, dans l’inconnu de ce qui ne marche pas, comme dans la mangeoire d’une étable, dans l’arrière-monde de ce qui est souhaité. Il ne s’agit pas de savoir, de comprendre, ou de planifier… Les idéaux faciles ne sont plus de ce monde, en cette période de Covid, en cette époque de défaillance de l’espoir. Et pourquoi pas…

Il faut laisser la place à autre chose, qui ne soit pas du registre d’une attente pour soi, d’un idéal enfermant, mais simplement d’une déchirure, d’une ouverture sur un ailleurs qui nous libérerait des idéaux trop personnels ou trop faciles. Les idéaux sont désirables, souhaitables, mais qui peut les vivre complétement dans leurs extrêmes, en un imaginaire de totale plénitude ? L’incertitude et le doute sont des moments où peut s’ouvrir le temps que nous croyons posséder, vers autre chose que nous n’avons jamais su anticiper… Quelque chose comme le bonheur.

Jacques Arènes, psychologue et psychanalyste
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La venue d'un ange...

 




Source : La Vie


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mercredi 23 décembre 2020

Entrainement de Noël


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Livres et à ailes...

 


"L'ignorance est contagieuse.
C'est comme une épidémie.
Une fois qu'elle est entrée dans ton corps, elle s'y propage aussi rapidement qu'un virus.
Il n'y a qu'un seul vaccin pour l'enrayer : les livres !"
Elif Shafak
Lait noir (2009)

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mardi 22 décembre 2020

La poupée de Franz Kafka

 

Photo, Robert Doisneau

À 40 ans, Franz Kafka (1883-1924), qui ne s'est jamais marié et n'avait pas d'enfant, se promenait dans un parc de Berlin quand il rencontra une petite fille qui pleurait parce qu'elle avait perdu sa poupée préférée. Kafka et elle cherchèrent la poupée sans succès. Kafka lui proposa de revenir le lendemain afin de la chercher encore.

Le lendemain, la poupée demeurant introuvable, Kafka donna à la petite fille une lettre "écrite" par la poupée qui disait :
"S'il te plaît ne pleure pas. Je suis partie en voyage pour voir le monde. Je vais t'écrire sur mes aventures."
C'est ainsi que commença une histoire qui se poursuivit jusqu'à la fin de la vie de Kafka. Lors de leurs rencontres, Kafka lisait les lettres de la poupée, soigneusement écrites et contenant des aventures et des conversations que l'enfant trouvait adorables.
Enfin, Kafka lui ramena la poupée (en acheta une) qui était de retour à Berlin.
" Elle ne ressemble pas du tout à ma poupée", dit la petite fille.
Kafka lui remit alors une autre lettre dans laquelle la poupée écrivait : "mes voyages m'ont changée."
La petite fille embrassa la nouvelle poupée et l’emporta, toute heureuse. Un an après, Kafka mourut.
Plusieurs années plus tard, la petite fille désormais adulte trouva une lettre dans la poupée. Dans la minuscule lettre signée par Kafka, il était écrit :
"Tout ce que tu aimes sera probablement perdu, mais à la fin l'amour reviendra d'une autre façon."
Les lettres de la poupée n'ont jamais été retrouvées.
Elles ont peut-être fait partie des manuscrits brûlés par Dora Diamant, sa dernière compagne, à la demande de Franz, de son vivant, ou alors, en possession de la petite fille, ont été mises au rebut, jetées une fois atteint l'âge de l'adolescence, ou bien détruites dans un bombardement, piétinées par des pillards la guerre venue, ou bien encore soigneusement dissimulées sous les lattes du parquet attendant d'être découvertes.
L'histoire de la poupée a été rapportée par Dora Diamant au grand ami de Kafka, Max Brod, et à Marthe Robert. Chaque jour, leur a-t-elle précisé, il est resté rivé à son bureau pour écrire ces lettres avec la même intensité que lorsqu'il se consacrait à son œuvre. Poussé par la force la fiction et la toute puissance du récit, maître absolu du verbe, il a offert à la petite fille le plus beau cadeau qui soit : un monde imaginaire où s'oublient les chagrins.
Dévoré par la tuberculose dans un Berlin en proie à l'inflation, Kafka sait qu'il n'a plus que quelques mois à vivre. Bientôt, il renoncera à ses promenades. Alité, il s'amusera avec sa jeune fiancée Dora Diamant à raconter des contes de fées en projetant des ombres chinoises avec ses mains de plus en plus décharnées sur le papier peint de leur petit appartement où il a enfin connu le bonheur conjugal. Bientôt, il entamera son dernier voyage, via Prague, pour le sanatorium de Kierling, près de Vienne. Il s'enchantera de la venue d'un petit oiseau dans sa chambre et mourra le 3 juin 1924.

Source non trouvée
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L'avenir de l'homme fond comme neige au soleil...

Manifestation des bonhommes de neige contre le réchauffement climatique... 

Pendant que l'homme continue son bonhomme de chemin !


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lundi 21 décembre 2020

L'éveil en moins...



José Le Roy : Tu n’aimes pas le mot éveil, toi ?
Franck Terreaux
: Non parce qu’il suppose un plus et c’est un moins.
José : C’est un moins de quoi ?
Franck : C’est un retour chez soi, vers un pays qu’on n’a jamais quitté.
José : Oui
Franck : On n’accède pas à quelque chose, on revient à quelque chose. C’est une dé-survenue !
José : Dé-survenue ?
Franck : Parce que c’est la fin d’un long moment d’égarement que tu as depuis l’âge de trois, quatre ans. Cela a toujours été comme ça,
José : Et c'est quelque chose dont on s’est éloigné.
Franck : Oui comme un gamin dans un magasin de jouets, il est attiré par les jouets et il en oublie sa mère, complètement. Et puis on retrouve sa maman.
José : Retrouver sa maman, c’est une image ?
Franck : oui, mais au niveau perceptif c’est vrai car un jeune enfant est toujours avec sa mère.
José : C’est une reconnaissance, comme un retour au pays de l’enfance.
Franck : Le plus étonnant, c’est qu’on ne l’a jamais quitté. C’est pour cela que je n’aime pas le mot éveil, car on a l’impression que les gens vont être portés vers quelque chose d’extraordinaire, alors qu’on retrouve le simple du simple. Il n’y a rien à en dire, c’est à l’avant mots. Dès qu’on en parle on en fait quelque chose. C’est avant le commencement de vouloir en faire quelque chose. Le juste avant de toutes choses. Le mieux c’est de n’en rien dire. Se laisser prendre par le silence, par cette non-intention. C’est pourquoi je me repose dans la paresse qui est divine en ce sens qu’elle nous fait demeurer dans le non-dit. Le dire c’est déjà de la caricature.
José : Ce qui me frappe c’est ce que c’est évident.
Franck : Oui le proche est déjà trop loin. Tu es déjà dedans jusqu’au cou. Ramana disait ; « Autour de moi, je vois des poissons qui disent j’ai soif ». Cela n’a pas de sens de leur parler d’eau. Tu leur parles d’eau et ils disent « ah bon comment je vais faire pour y arriver » Comment quitter cette vision en fait ? Trouver donc un moyen de la quitter ? Le seul moyen de la quitter c’est de retourner à cet égarement.
José : Mais en fait même là, on ne la quitte pas

Franck : Oui, quoique tu fasses, tu es dedans jusqu’au cou.

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source : FB de José Le Roy

On ne sait jamais...

 


dimanche 20 décembre 2020

L'Avent

Un appel à être vivant en ce temps de l'Avent : 

Tout d'abord, cette très belle homélie du premier dimanche de l'Avent de Monseigneur Martin 

Cliquez ici

Et un texte pour l'acccompagner :

Gerrit Van Honthorst, L'adoration des bergers, 1622

"Entrer en Avent, c’est accepter de n’être plus ce petit soldat qui court sur son rempart intérieur pour colmater chaque brèche des murailles.
Entrer en Avent, c’est consentir à entrer dans le vrai mouvement de la vie spirituelle : celui d’être là, pour accueillir la vie qui vient, Dieu lui-même. Et ne pas vouloir être le maître de ce mouvement-là.
Entrer en Avent, c’est se savoir profondément travaillé à l’intime de soi, mystérieusement attiré par un appel à naître et à renaître.
Entrer en Avent, c’est n’être ni rassasié ni repus, mais se mettre à l’écoute de ce qui murmure – ou crie – au fond de soi et appelle à se dire.
Entrer en Avent, c’est Le regarder venir et s’approcher, avoir le visage, le cœur et l’être tournés vers cette rencontre, la découvrant comme la rencontre la plus importante de son existence.
Entrer en Avent, c’est demeurer à cette place-là, et ne pas s’y dérober au nom de fausses urgences et de gratifiantes sollicitations.
Entrer en Avent, c’est rassembler ce qu’il faut au seuil de l’hiver, pour les grandes traversées intérieures qui de Noël à Pâques, conduisent aux vrais passages.
Entrer en Avent, c’est accepter de tâtonner parfois dans l’obscurité, et de marcher vers l’étoile sans se tromper de lumière dans la nuit froide et clinquante de décembre.
Entrer en Avent, c’est refuser d’avoir une « âme habituée », ne se décourager ni de soi, ni des autres, ni de Dieu, se réjouir d’être en route et découvrir qu’on n’y est pas seul.
Entrer en Avent, c’est laisser ce qui encombre et alourdit la vie et le cœur, pour ne garder que l’essentiel, les vrais trésors, demain, à offrir au Roi.
Entrer en Avent, c’est ne pas se désoler de savoir si peu et si mal aimer, mais se réjouir profondément d’être sans cesse rattrapé par un amour étonnamment capable de faire battre de manière plus juste et vraie le cœur de sa vie.
Entrer en Avent, c’est faire aujourd’hui ce que l’on peut, savoir que le reste ne nous appartient pas, et que l’essentiel nous sera donné."

P. François Boëdec, sj (1)

(2)François Boëdec est l'actuel Provincial des Jésuites pour l'Europe de l'Ouest francophone.

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samedi 19 décembre 2020

Lâcher de ballons

 


Un professeur a donné un ballon à chaque élève, qui devait le gonfler, écrire son nom dessus et le lancer dans le couloir. Le professeur a ensuite mélangé tous les ballons. Les élèves ont eu 5 minutes pour trouver leur propre ballon. Malgré une recherche mouvementée, personne n'a trouvé son ballon. À ce moment-là, le professeur a dit aux étudiants de prendre le premier ballon qu'ils avaient trouvé et de le remettre à la personne dont le nom était écrit dessus. En 5 minutes, chacun avait son propre ballon.
Le professeur a dit aux étudiants: «Ces ballons sont comme le bonheur. Nous ne le trouverons jamais si tout le monde cherche le sien. Mais si nous nous soucions du bonheur des autres... nous trouverons le nôtre aussi.

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vendredi 18 décembre 2020

Au bout du monde

 


"Je pourrais parler nuit et jour avec un bébé :
Quelqu’un arrive qui est absolument indemne des fausses vérités et des habitudes.
Les bébés ont quelque chose qui est comme fondé en sagesse, tels des ‘Bouddhas’.
Ils nous donnent des nouvelles d’une étoile très lointaine et cette nouvelle n’est pas encore ralentie par les mots.
Les bébés s’autorisent aussi à fixer, ce que nous ne nous permettons pas.
On croit que la naissance est finie, mais non : leur regard continue d’avancer sans ralentir sa vitesse.
Si on regarde cet étrange absolu qu’est un bébé, on voit qu’il est presque heurté par le langage convenu que nous employons pour lui parler.
On voit une lueur d’incongruité dans son regard quand on lui dit des petits mots bêtes.
Cela produit la même impression que si, devant un sage au visage aussi vieux qu’une carapace de tortue, on se mettait à dire des choses sans intérêt.
Les bébés sont des métaphysiciens absolus, et c’est une misère que de ne leur accorder qu’une admiration conventionnelle.
C’est une insulte faite à la pénétration très fine de ces sages.
Je suis fasciné par le visage des nouveau-nés, mais en même temps je n’arrive pas à les atteindre.
Cet espace de vingt centimètres qu’il y a entre mon visage et le leur est infranchissable, comme la distance entre une étoile et la planète Terre.
Il est très difficile de soutenir leur regard, car dedans le faux naturel n’existe pas.
Leur regard vient du bout du monde et va au bout du monde, et nous sommes pris dans le court-circuit.
Tout leur corps est rassemblé comme une pensée dans leur tête qui est elle-même résumée dans les yeux…
Le bébé a un grand étonnement de tout ce qui vient vers lui.
Il est ravi par le jeu d’un feuillage comme par une fête milliardaire.
Il laisse volontiers venir le rire.
Quand un tout-petit rit, c’est toute sa personne qui est secoué comme un grelot.
Son regard pétille, comme si on avait versé dans ses yeux une minuscule coupe de champagne."

Christian Bobin (La Lumière du monde)

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Cool, suivre le flux

Une véritable méditation avec la Nature ! 


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jeudi 17 décembre 2020

Ecoute de la blessure

 


"Tourne-toi vers la partie de toi-même qui se sent brisée,
sensible,
à vif,
" mal à l'aise ",
et pour un instant,
arrête de t'enfuir,
arrête de chercher une solution.
Écoute-la.
Reste présent en sa présence,
comme tu le ferais avec un enfant blessé."
Jeff Foster

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mercredi 16 décembre 2020

Quelques plumes d'ange...

 Voici un article extrait du très beau blog de La Licorne



Extraits du livre: "Dialogues avec l'ange", 

recueilli par Gitta Mallasz

 

C'est au plus profond de la nuit 
que se manifeste la lumière.

 .

La grandeur de l'obstacle n'est pas punition 
mais confiance.

 .

Allume les hommes 
et ne t'attriste pas des ténèbres.

 .

Ne corrige pas le mauvais, mon serviteur, 
mais augmente le bon.

 .

Le désespoir, le doute sont manque d'unité. 
Ne demeure pas dans la dualité. 


Ce qui est sève pour la plante , 
est joie de vivre pour l'homme.

 .

Sois toujours pleine de joie, envers tous, envers tout!
Envers toi-même aussi!

 .

Tu ne rayonneras pas, si tu oublies de le demander. 
La demande est nécessaire. 
Ne sois pas tiède à demander, 
demande toujours! Constamment!

 .

Tu accueilles en toi le mal et tu le transformes en bien. 
Car le mal n'existe pas, mais seulement la force non transformée.

 .

Le monde a soif - en vous la source. 
Le monde hurle - en vous le silence. 
Le monde pleure - en vous le seul baume.

.

 Tout animal sait pleurer, gémir. 

Sourire, seul l'homme le sait. 
C'est la clef. 
Ne souriez pas seulement 
lorsque vous êtes de bonne humeur! 
Votre sourire est sourire créateur!

 .

Le sourire élève au dessus de tout. 
Le sourire intérieur est la condition première.

.

Avez-vous observé où vous en êtes 
lorsque vous ne pouvez pas sourire? 
Dans la boue, dans la boue gluante.

 .

"C'était" - est omission, 
"ce serait bon" - incapacité, 
"c'est bon" - suffisance. 
Que ta parole soit: "que ce soit!"


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