" La douceur apparaît d'abord comme une défaillance.
Elle déroge à toutes les règles du savoir-vivre social.
Les êtres qui en font preuve sont parfois des résistants mais ils ne portent pas le combat là où il a lieu habituellement. Ils sont ailleurs.
Incapables de trahir comme de se trahir, leur puissance vient d'un agir qui est constamment une manière d'être au monde.(...)
De l'animalité, elle garde l'instinct, de l'enfance l'énigme, de la prière l'apaisement, de la nature, l'imprévisibilité, de la lumière, la lumière. (...)
Dessous est la douceur, tapie. Sous chaque chose regardée, juste la ligne en dessous, c'est là, sous chaque chose touchée, chaque mot prononcé, chaque geste commencé, comme la ligne mélodique qui accompagne une ligne chantée.(...)
...Attenter à la douceur est un crime sans nom que notre époque commet souvent au nom de ses divinités : l'efficacité, la rapidité, la rentabilité. (...)
La douceur a fait pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable.(...)
Comment faire entendre le manque de la douceur dans l'existence, la mémoire, la fragilité des êtres ?
Ce manque n'est presque pas audible, je ne sais même pas s'il est vraiment perçu. Il apparaît en creux dans la norme de plus en plus présente que fait peser une société qui se veut démocratique et libérale mais dont la logique consumériste fait s'indifférencier les êtres dans une économie qui ne souffre aucun "état d'âme"....(...)