"Si nous sommes capables de considérer nos existences – par « nos existences », il faut entendre aussi les conditions sociales et politiques du monde dans lequel nous vivons – et de dire honnêtement que nous sommes satisfaits, absolument, totalement satisfaits des choses telles qu'elles sont... si nous sommes satisfaits, merveilleux. Si nous ne le sommes pas, il y a du boulot.
Les vérités cosmiques peuvent nourrir notre illusion, comme l'illustre cette histoire racontée par un roshi zen contemporain en Amérique.
Il y a bien des années, alors qu'il débutait sur la voie du zen, il participait à une retraite intensive, une sesshin, sous la direction de son premier maître. À l'époque, il pratiquait sur le kôan mu, et vers le milieu de la sesshin il tomba en extase. Tout était parfait. Il avait réalisé que la forme est vacuité et se sentait totalement heureux. Durant la sesshin, il avait un entretien quotidien avec le roshi et ce jour-là ce dernier lui demanda :
« Comment ça va avec le kôan ? » L'élève lui répondit tout excité : « Je suis dans la béatitude! J'ai le satori ! J'ai réalisé la Vérité ! Je suis parfaitement heureux, tout est parfait ! ».
Le roshi lui sourit gentiment et dit : « D'accord, retourne t'asseoir. » Il retourna donc pratiquer. Le jour suivant, alors qu'il méditait, la pensée lui vint : « Je
n'ai pas besoin de pratiquer. Je n'ai plus besoin de m'asseoir. J'ai réussi, c'est bon. » Il attendit son entretien, puis se rendit en extase auprès du roshi qui lui demanda : « Comment ça va avec le kôan ? »
Il dit à son maître : « Je n'ai pas eu besoin de travailler sur le kôan. J'ai fini, c'est bon, je suis heureux, le monde est parfait, tout est Un. » Il continua dans la même veine, à quoi le roshi se contenta de sourire et de dire : « D'accord, retourne t'asseoir. » Il retourna à sa pratique et, le lendemain, se dit à nouveau : « C'est ridicule. Comment se fait-il que le roshi ne reconnaisse pas mon satori ? C'est fini pour moi, je suis arrivé au but. Je n'ai plus besoin de méditer. »
Il retourna pour la troisième fois à son entretien et le roshi lui demanda comment cela se passait pour lui. Il répondit de la même manière que les jours précédents, mais cette fois le roshi se mit à hurler après lui avec fureur : « Ce coussin sur lequel tu es assis... oui, le coussin dans la salle de méditation... ce coussin est précieux. Il y a des gens qui veulent ce coussin! Il y a des gens qui ont besoin de ce coussin ! Si tu dois t'arrêter à mi-chemin du sommet, fiche le camp d'ici, parce qu'il y a des gens qui, eux, veulent aller jusqu'en haut ! »
En état de choc, l'élève retourna pratiquer. Une fois assis, il comprit qu'il avait encore besoin d'apprendre."
Les vérités cosmiques peuvent nourrir notre illusion, comme l'illustre cette histoire racontée par un roshi zen contemporain en Amérique.
Il y a bien des années, alors qu'il débutait sur la voie du zen, il participait à une retraite intensive, une sesshin, sous la direction de son premier maître. À l'époque, il pratiquait sur le kôan mu, et vers le milieu de la sesshin il tomba en extase. Tout était parfait. Il avait réalisé que la forme est vacuité et se sentait totalement heureux. Durant la sesshin, il avait un entretien quotidien avec le roshi et ce jour-là ce dernier lui demanda :
« Comment ça va avec le kôan ? » L'élève lui répondit tout excité : « Je suis dans la béatitude! J'ai le satori ! J'ai réalisé la Vérité ! Je suis parfaitement heureux, tout est parfait ! ».
Le roshi lui sourit gentiment et dit : « D'accord, retourne t'asseoir. » Il retourna donc pratiquer. Le jour suivant, alors qu'il méditait, la pensée lui vint : « Je
n'ai pas besoin de pratiquer. Je n'ai plus besoin de m'asseoir. J'ai réussi, c'est bon. » Il attendit son entretien, puis se rendit en extase auprès du roshi qui lui demanda : « Comment ça va avec le kôan ? »
Il dit à son maître : « Je n'ai pas eu besoin de travailler sur le kôan. J'ai fini, c'est bon, je suis heureux, le monde est parfait, tout est Un. » Il continua dans la même veine, à quoi le roshi se contenta de sourire et de dire : « D'accord, retourne t'asseoir. » Il retourna à sa pratique et, le lendemain, se dit à nouveau : « C'est ridicule. Comment se fait-il que le roshi ne reconnaisse pas mon satori ? C'est fini pour moi, je suis arrivé au but. Je n'ai plus besoin de méditer. »
Il retourna pour la troisième fois à son entretien et le roshi lui demanda comment cela se passait pour lui. Il répondit de la même manière que les jours précédents, mais cette fois le roshi se mit à hurler après lui avec fureur : « Ce coussin sur lequel tu es assis... oui, le coussin dans la salle de méditation... ce coussin est précieux. Il y a des gens qui veulent ce coussin! Il y a des gens qui ont besoin de ce coussin ! Si tu dois t'arrêter à mi-chemin du sommet, fiche le camp d'ici, parce qu'il y a des gens qui, eux, veulent aller jusqu'en haut ! »
En état de choc, l'élève retourna pratiquer. Une fois assis, il comprit qu'il avait encore besoin d'apprendre."