« L'affirmation de soi, c'est repérer ce qui est le plus profond en moi, le plus fidèle à moi. Une grande source de souffrance consiste à vouloir ce qu'ont les autres. Pour s'en guérir, il faut cesser d'être son propre juge et arrêter de se comparer aux autres. Spinoza rapporte l'exemple de l'aveugle, qui est parfait en soi : ce n'est que s'il se compare aux autres qu'il perçoit sa cécité comme un manque. Quelle est la place de la comparaison dans ma vie? Je me souviens d'une discussion avec un jeune moine bouddhiste à qui je disais : "Vous, vous êtes au-dessus de ça", et qui m'a répondu : "Pas du tout, je suis jaloux de cet autre moine parce qu'il est plus compatissant que moi." Une fois encore, il ne s'agit ni de se priver, ni de culpabiliser. Il faut juste ne pas être dupe de notre désir. Faire semblant de ne pas être envieux ou jaloux serait se mentir à soi-même. Quand j'entre dans une librairie et que je vois des piles de livres de Luc Ferry, je suis envieux de sa réussite, je l'admets. Mais si je commence à faire semblant de ne pas l'être, je ne suis pas dans la vérité de moi-même. »
dernier extrait du magazine Psychologies de novembre 2006