mardi 31 août 2021
lundi 30 août 2021
Zazen en ce temps de pandémie ?
Personne ne peut ignorer le drame que traverse actuellement le collectif humain. Proposer des retraites en silence, la pratique méditative, l’exercice de la marche lente et inviter chacun à prendre le temps de contempler son vécu intérieur, peut paraître saugrenu, inconséquent. À moins de réaliser que, en réalité, c’est la personne individuelle qui souffre d’être confronté au rappel que notre existence a une fin. Me revient souvent cette affirmation de C.G. Jung : « Les éléphants ça n’existe pas ; il y chaque fois un éléphant !».
Face à l’angoisse et aux états qui l’accompagnent il y a
chaque fois une personne individuelle à laquelle Graf Dürckheim ne propose pas
un chemin composé de recettes thérapeutiques en provenance de l’extérieur mais
un chemin d’exercice et d’expérience susceptible d’ébranler notre manière
d’être habituelle et notre manière de penser habituelle. La voie proposée par
Graf Dürckheim a pour sens l’accomplissement intérieur qui nous rend capable
d’affronter la vie telle qu’elle est sans attendre que le monde change.
Matières premières d’un séjour au Centre Dürckheim ?
Il y a plus de cinquante ans je demandais à Graf
Dürckheim ce qu’il entendait par méditation ?
« Méditation ? C’est un concept. Si vous posez cette
question à vingt personnes je suis persuadé que vous aurez vingt définitions
différentes. On ne peut pas dire la méditation c’est ça ! On peut décrire ce
que l’on comprend en pratiquant soi-même un exercice proposé sous ce nom. La
méditation que je pratique et enseigne est désignée au Japon comme étant zazen.
»
Au cours d’une sesshin au Centre il y a une dizaine
d’années, le maître Zen Hirano Katsufumi Rôshi (1) allègue que : « Il y a mille
et une manières de méditer mais il n’y a qu’une manière de faire zazen ».
Afin d’éviter une confusion malencontreuse je suis obligé
de préciser que le Centre Dürckheim n’est pas un lieu dédié à la méditation.
L’exercice fondamental sur la Voie tracée par Graf Dürckheim, à son retour du
Japon en 1947, est la technique appelée zazen. Si en parlant de zazen on
utilise le mot méditation il serait approprié d’ajouter qu’il s’agit d’une méditation
sans médiation d’aucune sorte, une méditation sans but.
Le Centre Dürckheim ne participe donc pas à la submersion
de l’homme occidental dans la pleine conscience ; il s’agit plutôt de s’exercer
à la pleine attention. (2)
J’aimerais comprendre ce qu’est le zen ?
À cette question, Hirano Roshi nous rappelle la réponse
donnée par le Maître Dogen (3) :
« Chercher à comprendre profondément le zen n’est rien
d’autre que pratiquer zazen. » Ce qui peut-être permettrait à l’homme
occidental d’avaler une réponse aussi véhémente est de savoir que le kanji
-zen- a pour origine le kanji -zazen-, et pas le contraire. Le concept Zen n’a
pas donné naissance à un exercice appelé zazen ; c’est l’exercice appelé zazen
qui est à l’origine de cette branche du bouddhisme dénommée Zen.
A celles et ceux qui aimeraient quand même comprendre ce qu’est le Zen je propose de voir ce qu’est le Zen en regardant un film récent du cinéaste japonais Tatsushi Ōmori : « Dans un jardin qu’on dirait éternel ». C’est l’histoire de deux jeunes-filles qui en ce vingt et unième siècle sont intéressées par l’art ancestral qu’est l’art de la préparation du thé, le Cha No Yu ou Chado.
Ce film, particulièrement apaisant, permet une approche
du Zen que l’entendement (l’approche intellectuelle, conceptuelle, du réel) ne
permet pas de saisir.
Il faut savoir qu’au Japon, des disciplines artistiques,
artisanales ou martiales, aussi différentes que l’art du tir à l’arc (Kyudo),
le combat à l’épée (Kendo) la calligraphie (Shodo), ou la cérémonie du thé
(Chado) ont un but commun : l’éveil de l’homme à sa vraie nature d’être humain.
Ces exercices japonais ne consistent pas à poursuivre un
résultat extérieur mais uniquement à préparer les conditions qui permettent et
favorisent cette expérience intérieure. En 1938, le savant du Zen, Daisetz
Teitaro Suzuki, dit à Graf Dürckheim qui disait s’intéresser au Zen « Pour
comprendre ce qu’est le Zen, il faut faire un exercice à fond. » Et le maître
dans l’art du tir à l’arc qui a accompagné Graf Dürckheim tout au long de sa
plongée dans le monde du Zen d’ajouter : « Plus vous ferez un exercice à fond
et plus nombreux seront les secteurs de votre vie fécondés par cette
profondeur. » (4)
La RÉPÉTITION de toujours les mêmes gestes,
magistralement soulignée dans le film sur l’art du thé, est très certainement
l’outil irremplaçable sur la Voie qu’est le Zen. L’essentiel n’est donc pas
d’apprendre mais de pratiquer ce qu’on a appris afin de devenir un artiste de
la vie plutôt que de s’imaginer devoir accéder à un art de vivre.
Bon film et bonne pratique de zazen !
Jacques Castermane
(1) Lire :
Hirano Katsufumi Rôshi : ENSEIGNEMENTS (recueillis par J. Derudder)
(2) Dans
l’ouvrage de Christophe André « Méditez avec nous » —Edition Odile Jacob— je
réponds à la question : Quelle est la différence entre la pleine conscience et
la pleine attention (p.193 et suivantes)
(3) Dōgen Zenji
est le fondateur de l'école Sōtō du bouddhisme zen au 13ème Siècle au Japon.
(4) Les leçons
de Dürckheim —Jacques Castermane - Ed. du Rocher - p.90.
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dimanche 29 août 2021
Samadhi même un dimanche
Il s'agit d'un terme complexe utilisé dans le mysticisme et la magie taoïstes.
samedi 28 août 2021
Corps énergétique...
Comment entrer en contact avec votre corps subtil .
Essayez tout de suite, s’il vous plaît. Fermez les yeux : cela pourra peut-être vous aider. Plus tard, quand il vous sera devenu facile et naturel d’être dans le corps, ceci ne sera plus nécessaire.
Exercice : Dirigez votre attention sur le corps. Sentez-le de l’intérieur. Est-il vivant ? Sentez-vous la vitalité dans vos mains, vos bras, vos jambes, vos pieds, votre abdomen, votre poitrine ? Sentez-vous le subtil champ énergétique qui infuse tout votre corps et vitalise chaque organe et chaque cellule ? Le sentez-vous simultanément dans toutes les parties du corps comme un seul et unique champ énergétique ? Maintenez votre attention sur votre corps subtil pendant quelques instants. Ne vous mettez pas à y penser. Sentez-le seulement.
Plus vous y accordez d’attention, plus la sensation se clarifie et s’intensifie. Vous aurez l’impression que chacune de vos cellules se vivifie et, si vous êtes très visuel, il se peut que vous perceviez votre corps sous la forme d’une image lumineuse. Même si une telle image peut temporairement vous aider, accordez davantage d’attention à la sensation qu’à toute image pouvant se présenter. Peu importe sa beauté ou sa force, une image a déjà une forme définie. Elle empêche donc la sensation de s’approfondir.
Eckhart Tolle
Extrait du livre : Mettre en pratique Le pouvoir du moment présent.
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vendredi 27 août 2021
Mouvement sans arrêt...
Le plus important dans le mouvement est qu'il n'ait pas de fin, que l'on n'aille pas vers quelque chose.
Quand on soulève un bras, le but n'est pas d'avoir le bras levé mais de sentir, d'instant en instant.
Dans la sensibilité énergétique, le mouvement ne s'arrête pas.
Restez dans la pose intérieure.
On peut avoir le dos voûté, extérieurement, et sentir la verticalité : l'énergie se centre, se libère.
Eric Baret, Yoga
Source : Gérard Beaulet
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jeudi 26 août 2021
mercredi 25 août 2021
Contenu et structure de l’ego.
mardi 24 août 2021
L'hexagramme de l'année est le 36.
lundi 23 août 2021
Dire oui !
dimanche 22 août 2021
Ecouter la musique
1. L’honorer
À quoi sert le musicien ? À rien, disait Olivier Messiaen, sinon à ouvrir autrui au monde de Dieu. En 1988, à l’église de la Sainte-Trinité, à Paris, j’avais passé plusieurs soirées avec lui à travailler sur sa Nativité du Seigneur. « Comment se fait-il que votre musique exprime aussi bien le mystère sacré ? », lui ai-je demandé. « Parce que le compositeur est croyant... », m’a-t-il répondu. Tout artiste l’est, mais il ne le sait pas forcément. Si l’on veut rendre à la musique sa dimension spirituelle, si l’on veut entrer en phase avec le message qu’elle transporte, entrevoir cet au-delà qu’elle révèle, on ne peut pas la galvauder, la traiter comme un vulgaire produit de consommation. Elle mérite mieux que ça !
2. Se préparer
Il faut se mettre dans un certain état d’esprit, se préparer, se prédisposer à l’écoute. La démarche du concert est belle en cela qu’elle honore le côté sacré de la musique. En concert, on ne fait rien d’autre, a priori, qu’écouter. Il est important aussi de rester en silence de temps en temps, de préserver ce silence extérieur qui est la seule façon de percevoir une musique intérieure.
3. Se laisser faire
Si on se laisse faire, si on entre dans une forme d’abandon de soi, si l’on se remet entre les mains et dans l’esprit de la personne qui chante ou joue, alors la musique pourra parler au cœur et à l’âme. Lors des ordinations sacerdotales (celles que j’ai accompagnées à Notre-Dame m’ont bouleversé) l’évêque dit aux ordonnants : « Que le Seigneur continue en toi ce qu’il a commencé. » Cette phrase me touche.
4. Se renseigner
Avant ou après l’écoute, il est bon de se renseigner sur le compositeur et l’œuvre en question, sur les circonstances d’écriture, l’environnement historique ou sociétal par exemple. L’œuvre est-elle liée à un drame précis, à un événement, à un poème, etc. ? Que porte le compositeur, quelle est son intention ?
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samedi 21 août 2021
Grand Soir avec Gilles Farcet
vendredi 20 août 2021
Imaginer votre réalité future
Contrairement à ce que vos professeurs vous ont peut-être dit lorsqu’ils vous surprenaient à regarder fixement par la fenêtre lorsque vous étiez en cours, laisser votre esprit vagabonder peut constituer une première étape essentielle pour atteindre vos objectifs...
Accordez-vous donc des moments pour rêver et jouer. Quel vœu demanderiez-vous à Cendrillon d’exaucer si elle venait vous rendre visite ? Elle s’assurerait que vous avez l’influence, les contacts et les ressources nécessaires pour que votre désir devienne réalité. Vous avez votre objectif en tête ? Voici la marche à suivre :
1. Dressez une liste des éléments importants concernant votre objectif, des raisons pour lesquelles vous voulez l'atteindre, puis classez-les par ordre d’importance.
Vos valeurs vous surprennent ? Vous êtes-vous rendu compte que des choses que vous jugiez importantes ne l’étaient pas tant que cela après tout ? Avez-vous pensé à une valeur qui manquait au départ ?
2. Maintenant, toujours éveillé, imaginez-vous en train de flotter en dehors de votre corps et projetez-vous dans l’avenir, à l’époque où vous pourriez avoir atteint l’objectif fixé.
3. Prêtez attention aux images, sons et sensations et modifiez-les.
Parvenez-vous à les rendre plus puissants, vibrants, éclatants, et à aller encore au-delà ?
4. Depuis l’avenir, retournez-vous sur le présent et laissez votre inconscient identifier ce qu’il a besoin de savoir et vous aider à en prendre conscience, pour vous permettre d’atteindre votre objectif.
N’oubliez pas de noter quelle serait la première mesure à prendre !
5. Une fois le rêve bien savouré, revenez à la réalité et prenez cette première mesure
Vous vous surprendrez !
extrait de La PNL, Programmation Neuro-Linguistique pour les nuls
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jeudi 19 août 2021
Pratique à expérimenter
mercredi 18 août 2021
« La poésie porte secours, je l’ai vécue, celle de nos poètes comme celle qui se crée en nous. »
mardi 17 août 2021
Ouverture sur la journée
lundi 16 août 2021
Un peu plus qu'une minute avec la nature
dimanche 15 août 2021
« la mer donne le cap à une vie »
Pour le navigateur breton Jacques Caraës, directeur du Vendée Globe, la mer est une école de la vie.
S'adapter et rester humble
La mer est l’une des plus belles écoles de vie. Parce que tu ne sais pas ce qui va t’arriver demain, à toi de t’adapter à la météo, aux courants, aux vagues et aux vents, etc. Tu dois rester éveillé, attentif, ouvert d’esprit, et surtout très humble, les yeux bien ouverts pour prendre de l’expérience.
Tu en apprends tous les jours en mer, car cet espace immense et imprévisible est une source inépuisable d’enrichissement, de découvertes, comme la montagne. Le mec qui sait tout, il se trompe ! Mais il ne peut tromper personne. Sur terre, tu peux toujours fuir la réalité, vivre hors-sol, mentir à toi-même et aux autres. En mer, tu ne peux pas tricher. Ou, si tu veux biaiser, tu ne le feras pas longtemps, car tu seras vite mis à nu par les éléments qui sont plus forts que toi.
Être solidaire et au coude-à-coude
Sur une course en équipage, tu es le gardien de ton frère. Tu dois prendre soin de lui, comme lui de toi. Par exemple, quand un gars accomplit une manœuvre délicate sur le pont et que toi tu tiens la barre, tu lèves un peu le pied jusqu’à ce qu’il finisse, puis tu redémarres à fond. La vie en équipage est une société miniature, une véritable communauté où chacun a sa place, où tout homme est précieux, nécessaire. Préparer les repas, faire la vaisselle, remettre les voiles, laver le pont… : chacun doit se rendre utile et œuvrer pour le bien commun.
Récupérer des gens à la dérive
Pour toutes ces raisons, et bien plus, la mer est un moyen extraordinaire de donner un cap aux personnes qui sont à la dérive, de les récupérer lorsqu’elles se noient. Le père Michel Jaouen, ce jésuite extraordinaire, en était convaincu. Il a embarqué des milliers de jeunes et de moins jeunes, paumés et sans repères, pour traverser l’Atlantique à bord de ses voiliers, et notamment de son trois-mâts, le Bel Espoir, qu’ils retapaient tous ensemble avant de prendre la mer. Il disait souvent que pour réinsérer les jeunes délinquants ou toxicomanes, il faudrait des centaines de bateaux comme les siens !
source : La Vie
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samedi 14 août 2021
Une histoire d'âme
En cours d`existence nous devenons réalistes, concrets, effectifs, c`est-à-dire que nous perdons contact avec la complexité et la diversité de la réalité qui est par essence, sacrée.
Pourquoi croyez-vous que certains vieillards finissent par ne se souvenir que de leur enfance?
Elle seule a le poids, l`épaisseur du réel; l`âge adulte retourne à son irréalité, à la brume des valeurs abstraites, arbitraires et datées auxquelles il a tout sacrifié.
Extrait de Histoire d'âme de Christiane Singer
vendredi 13 août 2021
Unique expression !
Zao Wou Ki |
jeudi 12 août 2021
Des "faire"...
Je viens d’employer le mot « faire ». C’est un mot particulièrement important sur le chemin. Je l’ai beaucoup entendu en anglais, « to do ». En anglais, il existe deux mots, qu’on traduit en français communément par « faire » : « to make », qui veut dire faire au sens de fabriquer et « to do » qui veut dire faire au sens de agir. Et ce mot faire ou agir vous demandera une réflexion poursuivie pendant des années et une compréhension qui changera d’année en année. Par exemple, dans le premier enseignement vivant avec lequel j’ai été en contact à l’âge de vingt-quatre ans, celui de Gurdjieff, exprimé dans le livre Fragments d’un enseignement inconnu, le mot « faire » est le terme essentiel. Gurdjieff affirme : « On ne fait rien, tout arrive. » L’homme (en tout cas l’homme actuel) est incapable de faire et « il n’y a qu’un seul pouvoir miraculeux : la capacité de faire ». À l’autre extrémité, l’enseignement hindou, tel qu’on l’entend répété dans les ashrams divers et auprès de pandits, de shastris et de swâmis, insiste sur l’illusion du « faire » et, quand, en 1959, j’ai découvert l’Inde et le vedanta, j’ai été quelque peu surpris en entendant un langage nouveau. L’expression que je retrouvais au cours de différents entretiens, aussi bien au nord de l’Inde qu’au sud, était : « free from the “I am the doer” illusion », libre de l’illusion : « je suis l’agissant, l’auteur des actions ».
Il y avait de
quoi être dérouté. Depuis dix ans, dans l’enseignement Gurdjieff, je m’étais donné
comme but la capacité de faire, j’étais arrivé à la conviction qu’en effet je
ne faisais pas, que tout se faisait mécaniquement à travers moi, sauf à de bien
rares moments, et maintenant on me proposait surtout de ne plus faire et de
perdre l’illusion que c’était à moi de faire, que je pouvais faire ou que
j’avais la capacité de faire. Vous voyez comme on peut être vite désorienté par
le langage si on entend des entretiens ou si on lit des livres, à moins d’être pris
en charge par un maître qui, peu à peu, comprend, je dirais presque apprend,
notre langage, le sens que nous donnons aux mots, dans quelle mesure ceux-ci
nous éclairent ou, au contraire, obscurcissent notre vision, et qui nous aide à
leur donner un sens vivant puis à les faire disparaître pour les remplacer par
des expériences et des certitudes.
Effectivement, il est tout à fait légitime de décrire la libération comme un renoncement absolu à faire ou comme le constat de sa totale impuissance à faire, au vrai sens des mots « faire » ou « agir ». Mais c’est réellement le plus haut accomplissement, que vous pouvez prendre comme synonyme d’éveil, et qui ne peut advenir que si vous êtes allés jusqu’au bout de votre effort pour devenir capables de faire. Ceux qui connaissent un peu cet enseignement de Swâmi Prajnânpad vont reconnaître quelques paroles si importantes que je les cite d’abord en anglais, c’est-à-dire avec les mots mêmes de mon gourou : « to do, there must be a doer », « pour agir, il faut qu’il y ait un agissant » ; ou bien : « first the doer, then the deeds », « d’abord l’agissant, ensuite les actions ». Et, sur ce point, l’enseignement de Swâmiji rejoignait celui des Fragments d’un enseignement inconnu. Le manque d’unité intérieure, la succession de personnages qui se lèvent en nous et disparaissent, remplacés par un autre, la puissance efficace de l’inconscient pour nous pousser à des réactions dont nous ne savons pas les véritables motivations, tout cela nous empêche de « faire » et une première partie du chemin, qui peut durer quelques années, sera la perte d’une série d’illusions à cet égard et la découverte expérimentale de cette incapacité à faire. Vous ne la découvrirez que peu à peu ; même si vous donnez votre adhésion au langage de Swâmiji, vous ne pouvez pas sentir tout ce qui est impliqué dans de telles affirmations. Seules la vigilance, la prise de conscience, la connaissance de soi dans le relatif, peuvent vous convaincre de ce que je reprends à mon compte aujourd’hui. Comment fonctionnent vos impulsions, vos décisions, vos volontés, vous ne le savez pas. Le corps, l’émotion, la pensée, le sexe ont leurs propres mécanismes qui se renforcent ou se contredisent les uns les autres. Pendant longtemps l’inconscient demeure le maître si un effort intense, prolongé, par moments héroïque, n’a pas été mis en œuvre, soit par une plongée directe dans l’inconscient, soit par une vision immensément lucide du fonctionnement de cet inconscient dans l’existence.
Arnaud Desjardins, extrait de « Tu es cela », À la recherche du soi, tome IV
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mercredi 11 août 2021
L'égo est vu...
Vous pourrez comprendre aussi ce que signifie réellement « être un avec ».
L’ego même calme, même paisible, même serein, même non égoïste ne peut jamais être parfaitement un avec. Il apporte toujours sa coloration, il se sent toujours quelqu’un en face de quelque chose d’autre. Quand vous vous sentez « quelqu’un », vous ne pouvez pas être un avec. Mais il y a en vous, ou vous êtes, une conscience qui n’est ni quelque chose ni quelqu’un (ce serait encore un objet), qui est vraiment comparable à un miroir, qui est seulement conscience, seulement lumière rigoureusement incolore. Ce n’est pas « moi » qui prends conscience de l’interrupteur ou de la poignée de porte ou du trou de serrure que j’ai là sous les yeux. Il serait peut-être juste, pour essayer d’exprimer l’inexprimable, de dire non pas : « Je vois la poignée de porte », mais simplement : « La poignée de porte est vue. » Et vous noterez, en effet, les différences de formulation entre l’école hindoue et l’école bouddhiste. Certains diront
: « Nous pouvons employer l’expression “je vois la poignée de porte”, à condition que ce je ne soit pas le moi ou l’ego, mais le pur témoin sans aucune définition ou limitation d’aucune sorte. » Et d’autres rétorquent : « Non, ce pur témoin est tellement incompréhensible à l’expérience ordinaire que si vous dites : “Il s’agit du pur je et non pas du petit moi”, le petit moi va immédiatement annexer ce pur je et ne comprendra pas. » C’est la formulation bouddhiste et certaines formulations hindoues.
Il n’est pas juste de dire je,
au sens le plus ultime du mot : je vois la porte. Il faut dire : la porte est
vue, c’est tout. Mais tous reconnaissent qu’il y a bien une certaine conscience
qui est là. La porte est vue et n’en disons pas plus sous peine de nourrir
l’ego dans ses illusions et ses incompréhensions. La formulation hindoue paraît
plus positive, la formulation bouddhiste paraît plus négative, mais elles
pointent vers la même direction. Les bouddhistes disent : « La rivière
disparaît dans l’océan. » Et les hindous disent : « La rivière se jette dans
l’océan. » « La rivière disparaît dans l’océan », l’ego prend peur : je vais
disparaître. Tandis que : « la rivière se jette dans l’océan », l’ego trouve ça
magnifique. « Je vais atteindre la grande Réalité suprême. » Il semble qu’une
formulation soit plus négative et effrayante pour l’ego, mais la réalisation
est exactement la même. Dans les deux cas la rivière a disparu et l’eau est
élargie à l’infini, à l’immensité de l’océan.
Arnaud Desjardins, Le vedanta et l’inconscient, À la recherche du soi, tome III
************mardi 10 août 2021
Ego en disparition
L’autre, quel que soit cet « autre », est un autre. Il est peut-être moi en tant qu’atman ou que brahman mais, en tant qu’ego, il n’est certainement pas moi. Le chemin du dépassement de l’ego et de la libération passe par cette nécessité de rendre à « l’autre » sa pleine liberté d’être lui-même, ce qui n’exclut pas le fait, tout en reconnaissant l’autre comme un autre, d’agir si vous sentez cette action utile et juste. Vous en tant qu’ego, vous pouvez disparaître complètement ; la Conscience demeure, les phénomènes continuent mais l’ego, qui fait des phénomènes une affaire personnelle, a disparu. Vous êtes là en tant que témoin immuable, permanent et les phénomènes sont là – sans confusion.
Les phénomènes
ont existé pour vous depuis la conception ; ils ont même existé dans ce que
nous appelons les vies antérieures ; ils existeront encore ce soir, demain,
après-demain, jusqu’à votre mort – et ils existeront encore après la mort de
votre corps physique. Laissez-les exister ! Et vous, vous en serez le témoin,
le spectateur. Pour le spectateur, l’histoire est achevée. Vous, vous sentez
que vous avez une histoire, un devenir, que vous avez eu des moments heureux,
des moments malheureux, que vous avez eu l’impression de progresser, de ne plus
progresser, peut-être même de rétrograder, de descendre la pente, de la
remonter.
Cette histoire
personnelle n’existe que pour l’ego. Les phénomènes ne vous concernent pas réellement.
Mais quand je dis : « vous », faites bien attention ; tantôt « vous » désigne
l’atman, tantôt « vous » désigne l’ego. Soyez attentifs et ne confondez pas.
C’est ce sens de l’ego qui vous donne l’impression d’avoir une histoire individuelle, avec un passé et un avenir, et que vous avez changé, progressé, pas progressé. Quand l’ego disparaît, pour vous, au sens le plus profond du mot « vous », le devenir est terminé. Vous avez atteint le but, vous avez atteint « l’autre rive », et, par conséquent, le voyage de l’existence est achevé. Mais, en vérité, pour la Conscience, cette histoire n’a jamais existé. Cette histoire personnelle n’a existé que pour l’ego et cet ego est un malentendu, une illusion, qui s’interpose entre le monde phénoménal (ou la réalité relative) et vous en tant que Conscience immuable.
Pour l’instant, cet ego est là. Quand vous dites : « je », vous vous confondez avec les chaînes de causes et d’effets, avec les phénomènes. Vous êtes pris, identifié, sujet au désir, sujet à la peur, sujet à la souffrance ; vous vous souvenez d’avoir eu un passé par lequel vous vous sentez très concerné et qui vous donne la conviction que vous avez un futur. Pour l’atman il n’y a aucun futur. L’atman est immuable. Il ne changera pas, quoi qu’il puisse arriver ou ne pas arriver. Mais, tant que votre conscience est celle de l’ego et non celle de l’atman, vous projetez le passé sur le futur et vous vous représentez, vous, comme ayant encore une histoire devant vous, qui sera peut-être heureuse, peut-être malheureuse ; certaines perspectives vous rassurent, d’autres perspectives vous inquiètent, alors que, pour la Conscience non-dépendante, il ne peut être question ni d’être rassuré ni d’être inquiet.
Voyez-le, cet ego, voyez-le à l’œuvre. Il y a un enseignement à suivre, il y a des découvertes à faire ; il y a des vérités que vous ignorez aujourd’hui et que vous n’ignorerez plus demain. Et dans cette connaissance ou prise de conscience se trouve tout un aspect de ce qu’on peut appeler « chemin », chemin qui concerne en fait une irréalité : cette illusion de l’ego. Pour l’atman, pour la Conscience, il n’y a aucun chemin : la Conscience est déjà là, mais elle n’est pas encore réalisée en plénitude. Attention, méfiez-vous, aujourd’hui vous êtes soumis à cette conscience de l’ego et l’ego s’imagine quelque chose sur cette libération dont il ne peut en fait rien se représenter, puisque la libération est la disparition de l’ego. Un ego libéré, cela n’existe pas. Un ego qui a disparu, oui. Comment cet ego peut-il disparaître, c’est toute la question.
Cet ego ne disparaît pas par la suppression, la répression, la négation – certainement pas. Cet ego disparaît en devenant de moins en moins contraignant, de plus en plus fin, jusqu’à ce que tout d’un coup, la rupture de niveau ait lieu, pareille à un éveil – le sommeil est de plus en plus léger et brusquement se produit l’éveil.
Arnaud Desjardins, extrait de Au-delà du moi, À la recherche du soi, tome II