Faudra-t-il ne s’aimer que de chair pour pouvoir s’embrasser ?
Laisserons-nous cette peur irraisonnée nous interdire de recevoir un baiser ?
Consentirons-nous encore et encore à laisser nos aînés partir seuls sans les avoir enlacés ?
Oserons-nous longtemps n’offrir à nos tout petits que des visages masqués ?
Oublierons-nous à tout jamais le plaisir de laisser nos corps se frôler et nos mains se serrer ?
Et pourquoi ?
Par peur d’une mort que nous faisons tout pour occulter ?
Mais c’est une mort lente que nous programmons là, la mort de la fraternité humaine, la mort des relations tendres et respectueuses qui constituent le bonheur simple et essentiel de la vie, le renoncement à la capacité que nous avons de nous protéger et de nous auto-guérir grâce entre autres, à la joie et à l’affection que nous partageons, à la liberté qui nous fait rêver et créer, à l’amour sans lequel la vie à laquelle nous nous cramponnons n’a aucun sens ...
Elisabeth Kuhn
Robert Delaunay 1885-1941 Le baiser 1922 |
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