dimanche 31 décembre 2023

A propos de changement …

 


2023 … 2024, changement d’année en général fêté dans la joie et à grand renfort d’espérances, de souhaits et de bonnes résolutions … Pour quels changements ?

Au niveau collectif, les mêmes interrogations et attentes, peurs et conflits sont toujours présents et, au niveau individuel, nos bonnes résolutions sont souvent vite dépassées, intenables et oubliées.

A un participant venant le trouver régulièrement lors d’une retraite, et n’arrêtant pas d’être contrarié par les évènements, le maitre dit tout d’abord gentiment :

« - N’oubliez pas d’être heureux.

Le participant, touché, lui répondit :

- Je vous remercie de ce souhait.

Alors, le maitre, plus fermement cette fois-ci :

-Il ne s’agit pas d’un souhait, mais d’une instruction ! »

Autrement dit, arrêtez de vouloir que les choses correspondent à votre attente, et exercez-vous à être en accord avec ce qui est, par la discipline et la pratique.

Sur le chemin de transformation qu’est le Zen, il nous est demandé de nous poser sérieusement la question de la possibilité d’un réel et radical changement.

Changement qui s’inscrit non pas dans une durée définie, une forme précise à atteindre ou dans l’attente d’une situation existentielle plus favorable, mais s’insère dans un processus de transformation universel et continu.

Reconnaitre et redevenir conscient de ce processus à l’œuvre chez l’être humain et tous les êtres vivants, c’est la proposition du Zen.

Dans l’exercice de Za-zen, ce processus de transformation auquel nous sommes invités à nous ouvrir et à pleinement et consciemment participer, est appelé « passage ».

Le passage ne s’inscrit pas dans une durée, mais est atemporel.

« ÊTRE n’est pas présent dans une forme définitivement acquise, mais dans les transformations sans arrêt de la forme. Dès que l’on commence à promettre à ceux qui font un exercice la santé ou les succès dans la vie, cela n’a plus rien à voir avec le zen …

… La méditation doit d’abord être une perception des contraires dans toute leur acuité.

Un effort prématuré vers l’harmonie compromet le résultat de tout travail de transformation.

La perception, le respect, la différenciation et l’intégration des contraires sont les conditions d’une transformation durable. » K.G. Durckheim

Fuite des contraires, préférences, effort prématuré vers l’harmonie : ces souhaits et désirs sont donc des pièges allant à l’encontre de la possibilité d’une réelle transformation.

Notre manière de pratiquer est alors dictée par ce que MOI je veux, MOI je préfère, MOI j’espère,

MOI j’imagine devoir atteindre, et nous renforce dans notre personnalité égocentrée, nous maintient dans une pratique de l’exercice raisonnée et raisonnable, tournée vers un but défini, prémédité, d’amélioration du MOI.

Hirano Roshi : « il y a mille et une façon de pratiquer la méditation, mais il n’y a qu’une manière de pratiquer zazen. On ne pratique pas zazen avec le mental. »

Et Jacques Castermane nous questionne sans arrêt :

« Méditer afin de garantir son besoin de sécurité, d’assurer son confort, d’assurer son désir de permanence et autres vaines espérances, est-ce vraiment zazen ?

Est-ce que je cherche à me transformer, moi, ou à accepter, favoriser, libérer une transformation voulue par la vie » ?

La méditation - Zazen - que je pratique est-elle une rupture avec ma manière d’être habituelle tendue vers une amélioration de l’avoir, du pouvoir ou du savoir, signes distinctifs du mental humain, ou est-elle un retour à l’origine de ma vraie nature ?

Participons-nous à un processus de dépouillement ou d’accumulation ?

Processus de mise à nu qui ne demande ni artifices ni ajouts, et ne peut naturellement se développer, s’exprimer et s’épanouir qu’à l’écoute de cette perpétuelle et éphémère transformation de la forme « qu’est je suis ».

Non pas conscient de cette vie qui m’anime et que je mets à mon service, mais conscient par cette vie qui m’anime, que je partage avec tous les êtres vivants, et devant laquelle je tais mes revendications, je m’incline, pour me mettre à son écoute, à son rythme, à son service.

Za-zen peut ainsi devenir ce moment où le moi habituel s’efface : je n’interviens plus, je ne cherche plus autre chose, je ne tente plus de maitriser, de reprendre le contrôle de l’exercice selon mon entendement.

Etant dignement assis en HARA, le geste vivant que je suis, peu à peu libéré des désirs de l’ego, se révèle, prend forme, se transforme par le souffle.

Un geste qui joue avec l’impermanence, se joue de l’impermanence, par des actions libérées des « contre-actions » issues du moi, se renouvelant en un écoulement de vie.

Za-zen peut devenir simplement, seulement, rien que :

« Accueillir être assis ».

Entièrement, corporellement être assis, et laisser la vie se dévoiler, s’épanouir en ce simple geste, afin de « contempler le corps dans le corps » (Bouddha). Quel mystère !

« Être assis, accueillir ».

Pas d’intervention, pas de refus, pas de but.

Goûter, avaler, digérer ce qui se présente d’instant en instant, porté par le va et vient du souffle, dans la pleine attention, la pleine participation à ce qui est, parfaitement immobile. Sentir que la vie se manifeste dans cette immobilité, ce geste corporel, cette ouverture des sens, ce renouvellement du souffle.

Redécouvrir que ce que K.G. Durckheim appelle « la Grande Vie » est le vrai soutien et sens de mon existence.

2023…2024, avril…mai, lundi…mardi, 8h30 … 8h31, inspir … expir

Où s’opère le véritable changement ? 

Joël PAUL

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Etre sur son 31


Au premier coup d'œil, l’expression « se mettre sur son trente-et-un (31) » semble simple à comprendre : on se pare des plus beaux tissus de sa garde-robe pour fêter le 31 décembre et la nouvelle année. Sauf que cette interprétation est erronée. On aimerait vous dire que nous savons la vérité, toute la vérité et rien que la vérité mais malheureusement, en ce qui concerne cette expression, nous n’avons à notre disposition que des hypothèses pour expliquer ses origines.

La première théorie, et la plus répandue, voudrait que le chiffre « trente-et-un » ne soit en réalité qu’une déformation d’un mot d’ancien français, « trentain ». Ce terme, désuet aujourd’hui (et qui renvoie plus communément à une série de trente messes dans le domaine religieux) désignait à l’époque un grand drap. Le Cnrtl le définit ainsi : « drap dont la chaîne est composée de trente fois cent fils » (lorsque « le dérivé désigne un drap caractérisé par la trame ; la base indique le nombre de centaines de fils »). 

Ce tissu si particulier est apparu aux alentours du Moyen Âge et sa fabrication coûteuse en faisait un habit que seuls les plus aisés pouvaient s’offrir. On estime donc que c’est par déformation de langage, sûrement par les classes plus populaires, que le mot « trentain » est par la suite devenu « trente-et-un ». Quant à la première partie de l’expression, « se mettre sur », c’est une ancienne tournure voulant dire « mettre sur soi ».

Selon une deuxième hypothèse, beaucoup plus douteuse, l’expression ferait référence à un jeu de carte du nom de « trente-et-un ». Enfin, une troisième explication donne pour origine la tradition des soldats prussiens datant du XVIIIe siècle : tous les 31 du mois, les soldats devaient se présenter dans une tenue irréprochable pour l’inspection de leur supérieur. Ils recevaient aussi ce jour-là une prime.

source : la langue française

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samedi 30 décembre 2023

Aimer l'égo

 


La libération ne sera jamais le fruit de la frustration et de la mutilation, plus on s'oppose par la force aux désirs de l'ego, plus on renforce l'ego. C'est ce qui se passe notamment dans l'enfance, plus on s'oppose à un enfant en essayant de briser ses caprices, ses violences et ses exigences, plus ont renforce son ego. Un ego humilié, un ego qui doute de lui, la tête en bas, les jambes en l'air c'est toujours un ego hypertrophié. La disparition des désirs ne peut se faire que par un minimum d'accomplissement des désirs et une compréhension aiguë de la nature même du désir.

L'ego ne révélera le Soi que s'il est convenablement traité. Un ego brimé dans l'enfance et ensuite brimé dans l'existence ne fera jamais place au Soi. Et s'il y a trop de frustration de l'ego la spiritualité sera viciée, elle deviendra une compensation et elle peut mener à une inflation énorme de l'ego. Pour que la graine se transforme en arbre il faut bien que le grain en tant que grain meurt. Mais cette mort est un accomplissement, le grain portait l'arbre potentiellement en lui-même, c'est pour cela que le chemin commence par l'amour de soi-même et non avec la mutilation et la destruction de soi-même. Et tout une part du chemin consiste à s'occuper avec amour de l'ego, pour lui permettre de s'effacer, de mûrir et de se transformer, d'être moins crispé, moins tendu.

L'ego ne mourra jamais de son plein gré, plus on veut le détruire, plus on le renforce. Pour que l'ego se sente accompli il faut qu'il se sente libre des vieux désirs frustrés de l'enfance. Si les désirs de l'adulte ne sont que la forme mensongère d'un désir d'enfant oublié, ce désir d'adulte ne sera jamais satisfait. Ce qui est important est de trouver ce qui désaltère à tout jamais …

Arnaud Desjardins

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vendredi 29 décembre 2023

La relation Maître-disciple


Entretien avec Gilles Farcet - #1 La rencontre d’un disciple avec son maître

Dans le cadre du 50e anniversaire de notre revue (Acropolis), après Antoine Faivre, nous publions l’entretien réalisé avec Gilles Farcet (1) sur la relation de maître à disciple.

Ce premier extrait raconte sa recherche d’un maître.

Revue Acropolis : Vous parlez souvent dans vos écrits de la relation maître-disciple. Pouvez­ vous nous expliquer ce qui dans votre vie vous a amené à réfléchir et à mettre l’accent sur cette relation ?


Gilles FARCET : Tout d’abord la conscience très claire que, pour progresser, pour croître dans quelque domaine que ce soit, profane ou sacré, humain ou spirituel (les deux étant d’ailleurs à mon sens inséparables) il faut apprendre. Je suis très étonné de constater que beaucoup prétendent aujourd’hui se passer de maître dans le domaine spirituel, alors même que chacun s’accorde à reconnaître la nécessité d’un apprentissage rigoureux dans les autres sphères de l’existence. Si je désire jouer correctement du piano – sans parler d’être un virtuose – il me faudra prendre des cours, m’initier au solfège, m’ouvrir à certaines influences. Je devrai choisir un professeur et ne pas en changer tous les quinze jours.

Tout le monde juge normal et même indispensable qu’un futur médecin aille à l’université et suive des stages à l’hôpital. J’avoue donc être surpris de voir cette nécessité d’une formation sérieuse si peu reconnue aujourd’hui parmi ceux et celles qui disent s’intéresser à « la spiritualité ». Beaucoup « picorent » un peu partout, suivent un stage, puis un autre… Or, je crois que si l’on veut véritablement approfondir il faut, non pas être fermé et ne plus jurer que par une personne hors de laquelle on ne voit point de salut, mais du moins s’exposer de façon durable à une influence, à une « école » – pour reprendre un terme cher à Georges Gurdjieff (2) –, quitte ensuite à pouvoir d’autant mieux s’ouvrir et se montrer disponible.

Donc, pour répondre de manière plus personnelle à votre question, mon intérêt pour le rapport maître­disciple vient de ce que j’ai eu assez tôt conscience de la nécessité de cette relation pour un travail spirituel digne de ce nom. Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais disons qu’à l’âge de vingt-trois ans, après avoir beaucoup pratiqué certaines techniques de méditation, fait de nombreuses et longues retraites, je me suis rendu compte de l’omniprésence de cette relation maître-disciple dans toutes les traditions. Qu’il s’agisse de la tradition hindoue, de la tradition bouddhiste, du soufisme, du christianisme des premiers temps et même de la tradition philosophique occidentale, celle de Socrate et Platon, on retrouve toujours et partout cette relation du maître et du disciple. Elle est d’ailleurs source de très belles histoires, vraies ou symboliques, et porteuses de vérités profondes. Par conséquent, je ne pouvais pas prétendre être un génie spirituel capable de tout découvrir par lui­même. Non que les génies spirituels n’existent pas : Ramana Maharshi l’un des grands sages hindous du début de ce siècle, s’est éveillé « spontanément » à l’âge de dix-sept ans, sans avoir suivi d’enseignement. Mais quand on s’engage sur un chemin, on ne saurait partir du principe que l’on est un génie et un nouveau Maharshi… Si l’on aspire à bien jouer du piano et à composer, mieux vaut commencer tôt à prendre des cours plutôt que de se prendre d’emblée pour Mozart.

Revue A. : Pouvez-vous nous parler un peu de votre itinéraire ?


G.F. : Oui, mais à condition de préciser que cet itinéraire n’a rien d’exemplaire ou d’exceptionnel. Il se trouve que l’on m’interroge parce que j’écris des livres et que j’ai effectué quelques activités publiques. Mais il y a, ne serait-ce qu’en France, des personnes bien plus avancées que moi et qui pourraient parler avec davantage d’expérience et de perspective de la relation maître-disciple. Sans doute n’est-ce ni leur fonction ni leur désir. Ceci précisé et puisque je suis distribué dans le rôle du « parleur », allons-y.

Il m’est très tôt apparu – aux alentours de mes vingt ans – que quoique très intéressé par le bouddhisme, l’hindouisme et les spiritualités orientales en général, je me devais de rencontrer un maître occidental. Je me suis toujours senti d’Occident, appelé à une relative insertion dans le monde tel qu’il était, pour le meilleur et pour le pire ; je n’ai jamais durablement cru que ma vocation était de me retirer, d’aller vivre en Orient ou de mener une vie contemplative dans le sens précis de ce terme, c’est-à-dire accorder la priorité à la méditation plutôt qu’à l’action. J’aspirais à une spiritualité dépouillée de tous les exotismes, de tout le côté rituel ; en outre, il était pour moi très important de pouvoir entretenir cette relation avec un être humain bien sûr enraciné dans l’expérience spirituelle mais en même temps passé par les tribulations d’un Occidental moyen.

Comment dire ? Je voulais être guidé par quelqu’un dont les références culturelles au quotidien seraient essentiellement les miennes : quelqu’un à qui la nécessité de payer un loyer et des notes de téléphone ne serait pas étrangère, quelqu’un ayant eu une famille, ayant vécu et travaillé non dans un ashram en Inde, mais à Paris ou New York.

Ceci me paraissait très important, justement parce que la sagesse, si elle existait, devait être possible partout et non dépendante d’une culture ou d’un contexte particulier.

Cela n’enlève rien à la grandeur des cultures traditionnelles ni au fait que certains environnements semblent bien plus propices à la recherche intérieure. Reste que jamais je n’ai voulu rejeter mon héritage, ni même cette civilisation, malade sans doute, folle à bien des égards et cependant très propice à la recherche, du fait de sa folie même…

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Principaux ouvrages de Gilles Farcet

• Arnaud Desjardins ou l’aventure de la sagesse, 1987, Éditions La Table Ronde ; réédition en poche chez Albin Michel en 1992 et à la Table Ronde en 2014

• L’Homme se lève à l’Ouest, Éditions Albin Michel, 1992 ; traduit en espagnol

• La ferveur du quotidien, Éditions L’Originel, 1993

• Regards sages sur un monde fou, avec Arnaud Desjardins, Éditions La Table Ronde, 1997 ; traduction en espagnol

• Manuel de l’anti-sagesse, traité de l’échec sur la voie spirituelle, Éditions du Relié, 2002, traduit en espagnol et en anglais

• La Transmission selon Arnaud Desjardins, 25 ans d’échanges avec un ami spirituel, Éditions du Relié, 2009

• Le défi d’être, entretiens avec Gilles Farcet, de Denis Desjardins et Gilles Farcet, Éditions Dervy, 2017

• Une boussole dans le brouillard, Éditions du Relié, 2019

• Le choix d’être heureux, Éditions Entremises, 2021

• La Réalité est un Concept à Géométrie variable, Éditions Charles Antoni-L’Originel, 2022

Et bien d ‘autres encore…


Participation de Gilles Farcet dans des films

• Sur la route avec Mr Lee, de François Fronty, 1995, Alizé diffusion.

• Stephen Jourdain, La Folle Sagesse, de Carole Marquand, avec Gilles Farcet et Denise Desjardins, 2006, Alizé diffusion.

• Denise Desjardins, de la révolte au lâcher prise, un film de Guillaume Darcq, 2008, Alizé diffusion

• La Frontière intérieure, Gilles Farcet, Images d’un parcours, de Guillaume Darcq, 2013, Alizé diffusion


Propos recueillis par Laura Winckler - Cofondatrice de Nouvelle Acropole en France

Gilles Farcet, écrivain, journaliste, producteur à France Culture, animateur de stages, a également collaboré à diverses revues et a fondé à La Table Ronde la collection « Les Chemins de la Sagesse ». Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages et a travaillé aux côtés d’Arnaud Desjardins, qu’il a considéré comme son maître. Il se consacre, dans ses écrits comme dans sa vie, à une meilleure compréhension de la relation maître à disciple, située au cœur de toutes les traditions spirituelles.

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jeudi 28 décembre 2023

Tomber amoureux de la vie...

 Quel serait votre conseil ? 

Eric Baret : De tomber amoureux de la vie, elle est courte. 


On souffre parce qu’on ne se sent pas aimé, pas respecté ou compris. Mais cela ne fait aucune importance qu’on me rejette. 

Si quelqu’un vous rejette et que vous l’acceptez alors vous vivez l’acceptation, alors que si vous ne l’acceptez pas, vous vivez le rejet. Cela vaut à l’égard de ceux qui ne vous aiment pas. 

Si on ne m’aime pas et que moi j’aime, alors cela me rend heureux. 

Les coups n’agressent pas, ce qui agresse est l’idée de résister à ces coups. 

La difficulté de vivre vient du fait de résister à la vie. 

C’est la résistance qui fait mal. 

Pour ceux qui n’ont pas compris cela, les arts martiaux de contact sont la meilleure école pour une expérience directe. 

Le yoga n’est rien d’autre que cette même transposition où tout événement apparait comme grâce et non comme conflit.

On est constamment en train de dire non à ce qui peut nous montrer nos limitations, pour vivre dans une hypothétique sagesse, liberté. 

On ne veut surtout pas se voir dans la peur, dans l’incertitude, surtout pas se rendre compte que l’on ne sait rien, que l’on ne peut rien. 

Donc on ajourne constamment ces opportunités pour vivre dans une image spirituelle, méditer, devenir comme ceci et comme cela, être libre de ceci et de cela. 

Mais un jour on se rend compte du mécanisme ; alors il y a changement. On ne cherche plus à devenir quoi que ce soit, à éviter quoi que ce soit.

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art Antonio Linde - Arjuna


mercredi 27 décembre 2023

Dignité

 


Juge digne de toi toute parole et tout acte qui est selon la nature.

Ne t'en laisse détourner ni par les critiques, ni par les calomnies, dont parfois la critique est suivie.

Du moment que ce que tu as fait, ou ce que tu as dit, est bien, ne crois jamais que ce soit au-dessous de ta dignité.

Les autres ont leur propre raison qui les conduit, et ils obéissent à leur impulsion propre ; ne regarde donc pas à autrui ; mais suis tout droit ton chemin, en te conformant tout ensemble à ta nature particulière et à ta nature universelle; car pour toutes les deux, il n'y a qu'une seule et même voie.

Marc Aurele - Pensées pour moi-même, Livre V

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mardi 26 décembre 2023

lundi 25 décembre 2023

L'Esprit de Noël - La longueur d'onde inconnue


Sur la bande des fréquences humaines, il existe une longueur d’onde, que pas grand monde ne capte . 

Bien peu en connaissent ne serait ce que l’existence. La part  préservée en eux , cependant, la soupçonne sans oser y croire. 

Elle les travaille cette longueur d'onde, elle les tenaille, leur mémoire originelle se souvient qu’elle existe.  

Mais leur "raison" la range sur le rayon des mythes, légendes, contes de fées et idéaux dont le temps est censé guérir. 

Cette longueur d’onde est celle de la bonté ;  celle de la compassion ; celle de la bonne volonté. 

Mais attention ! 

Pas de la bonté mièvre, de la compassion imbécile , de la bonne volonté qui bêle …

C’est une longueur d’onde qui n’émet aucun son du moins aucun décelable à l’oreille de chair. 

Ce qu’elle diffuse n’est audible que d’une oreille intérieure , laquelle, bien qu’elle soit là, ne devient accessible que par un rare travail.  Ouverte par le travail, cette oreille intérieure capte la longueur d’onde en question, et cette longueur d’onde émet un climat. 

Au sein du climat généré par cette fréquence inconnue , il n’y a plus d’argumentations défensives ;  plus de répliques :  plus de "débats" ; plus de vainqueur ni de vaincu. Il n’y a plus d’humiliations  ; plus de règlements de comptes. 

Il y a des paroles. Parfois agréables, parfois pas, du moins de prime abord, justement pour qui se réfère encore aux fréquences connues . 

Il y a des silences. Il peut y avoir des larmes, des larmes bienfaisantes qui ouvrent toujours plus grand. Il y a des rires et des sourires. 


Et tout cela a un goût qui instantanément  rassasie, soulage et détend quiconque s’y relie : le goût de la vérité.  Celle qui ne s'énonce pas, ne procède de personne, celle qui ne participe de rien d’autre qu’elle même. 

Et qui, pourtant, n’est pas une vérité sèche, soi-disant métaphysique, prétendument "non duelle".

Une vérité incarnée, immanente à l’humain ; l’humain, en tant que lui même émanation de cette longueur d’onde si bien cachée 

Toute parole, tout regard, tout sourire,  tout silence, tout geste qui puise sa source dans cette longueur d’onde est investi d’une force qui ne se discute pas . D’une autorité qui en impose sans diminuer et encore moins écraser . 

Cette longueur d’onde, elle est là,  toujours. Elle émet. 

Mais il est si difficile de s’y connecter, si difficile de la trouver et surtout de ne pas la perdre une fois captée. S’y connecter, se brancher sur elle, est en soi un travail, travail rendu possible par tant de nettoyages d’écuries, d’audaces et de périples hasardeux au bord des précipices. Cette longueur d’onde ne prêche pas ;  elle n’enseigne même pas, quoiqu’elle soit condition préalable à toute  transmission digne de ce nom 

Est ce qu’elle prie ? Oui mais pas de la manière connue .

Elle ne demande rien.  Elle confie, elle invite, elle remet,…

Elle est en elle même prière. Cette longueur d’onde n’est pas bon marché.  

On ne s’y abonne pas par quelques slogans psychologiques ou spirituels, ni par des concepts philosophiques, si impeccables de rigueur soient ils .

Elle ne se brade pas à la foire des "éveils". Elle se paie cher. Très cher. 

En unités de prétention, de mensonge, d’illusion, de postures, de déni, de résistance, d’évitement et autres noms donnés à ce qui, au final, n’est rien sinon le faux. 

Elle ne diffuse aucune recette. Elle ne résout rien. Et cependant,  elle éclaire tout , de sa lumière inouïe. 

Elle est l’unique issue. La seule réponse.  

Le vœu que je m’adresse, chaque année et chaque jour, est de me souvenir d’elle, de me connecter à elle et, autant que possible, de demeurer de plus en plus en elle. 

Pas pour m’y protéger. Pas pour mon confort, pas pour « ma » paix , mais pour la paix.  

Afin d’être son serviteur dans la multiplicité complexe du visible . 

Si, derrière la mécanique des « fêtes », la litanie des vœux pieux, des souhaits qui sonnent creux, des prières pour la forme, si il existe un esprit de Noël, c’est en cette longueur d’onde et en elle seule que cet esprit vit. 

Cette fréquence n’appartient qu’à elle même.  Elle n’est à personne. 

Certainement pas à une élite dont je m’imaginerais être, parce que j’ai le front d’écrire pareil texte. Et elle est notre terre commune. 

Elle est l’esprit de Noël , de Hanouka , de Divali, de al -Mawlid al nabawî. 

Amen Om Shalom Salam aleykoum

Gilles Farcet

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dimanche 24 décembre 2023

Des yeux de miséricorde


Tu prendras les mots comme ils te viendront. Mais ce que tu diras reviendra à ceci : dans la crèche il y a l’enfant-roi, l’enfant divin. Autour un père, une mère, des animaux avec des yeux de miséricorde. Un peu plus loin, un peu plus tard, il y a des bergers, des mages, tout un peuple qui vient prendre sa place. Et ce soir, il y a nous, autour de la même crèche, sur le même plan qu’elle. Elle n’est pas un élément du décor. Elle est le centre de nos vies. Le véritable soleil.

À Noël, l’enfance nous regarde d’un regard solaire. L’enfance de Dieu. Dieu comme enfance. À jamais. C’est le seul cadeau qui ne s’évente pas. Qui ne soit pas déjà ouvert. La mort peut venir avec ses hymnes désastreux. Le temps peut frapper à la porte avec ses clichés usés jusqu’à la trame. Le roi-enfant nous donne sa gloire et son regard d’amour. Ici et maintenant. À Noël, l’enfance te regarde. Elle revient de la longue nuit, et tu portes au visage, soudain, tes beaux yeux de toujours.

Emmanuel Godo. Poète et essayiste

(source : La Vie)

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Veillée pour voir mieux...

 

Une journée de lucidité avant une renaissance...




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samedi 23 décembre 2023

Solstice d'hiver...

 Texte de Sabine Dewulf

Solstice d'hiver... nous vivons, comme chaque année, en cette période, le grand seuil, désigné par René Guénon, féru de tradition, comme "la porte des dieux". 

J'aime beaucoup cette formule, liée au  mystérieux pouvoir du dieu Janus, divinité des portes, gardien des deux solstices ou portes de l'année, celle des hommes, en été, sous le signe du Cancer et de la Lune, et celle des dieux, en hiver, sous le signe du Capricorne et de Saturne, dieu des moissons, porteur de la faux tranchante, qui nous délivre du superflu, nous ramène à l 'essentiel, nous permet d'accéder à un niveau de nous-même insoupçonné. 

Le symbole est puissant. (Tout à l'heure, j'étais au rayon  d'une grande librairie, et je me disais : tiens, je ne vois ici aucun livre sur les symboles, sur la force initiatique de ces signes qui rôdent pourtant dans notre inconscient collectif... ) Ranimons un instant ce symbolisme qui tend à s'étioler...


Janus, nous le savons, nous offre deux visages. 

L'un d'eux - le visage de l'été, au moment où, paradoxalement, la graine de l'obscur est semée, où le soleil commence à décliner - se tourne vers la Terre, l'horizon toujours dérobé, où miroitent tant de nos illusions, le désir individuel, le projet d'existence, le goût de l'avenir, le pouvoir, en somme, d'incarnation dans le temps et dans l'espace - qui n'est nullement à négliger, précisons-le. C'est le visage de notre identité, indispensable, incontournable, même si nous le savons prisonnier du miroir, toujours perçu à bonne distance de nous-même et confondu avec ce que nous sommes en profondeur. C'est aussi la branche horizontale de la croix de notre destinée, l'accomplissement de l'ego. 

Son autre face est celle de l'hiver obscur, au coeur duquel renaît la lumière, toute frêle, pourtant invincible : c'est la clef qui ouvre le Ciel, la lumière étrange, secrète, presque imperceptible, constitutive de cet arrière-plan (arrière-pays, écrivait le poète Yves Bonnefoy) invisible qui nous anime tout en nous laissant croire que nous sommes les auteurs de nos actions. C'est le visage très pur (immense et transparent, disait Douglas Harding) de notre conscience, le pôle vertical, primordial parce que premier. Ce visage-là se tourne non pas vers le passé mais vers l'origine, l'essence même de notre être, jamais perdue mais toujours occultée, brouillée par notre vision à court terme, nos projections émotionnelles.  

La lettre Y est le temple de ce dieu si extraordinaire : équilibrée comme le Yin-Yang, elle ouvre ses deux branches, celle de gauche et celle de droite. C'est un arbre grand offert, une lettre double par ailleurs, mi-consonne, mi-voyelle. C'est un signe à deux voies - à deux voix. Ce  n'est pas un hasard si les Pythagoriciens lui accordaient une importance particulière. C'est une lettre hautement spirituelle, initiale du nom imprononçable de Dieu dans la Bible, de l'arbre mythique d'Yggdrasil, du Yoga sacré de l'Inde, dont les enseignements débordent tellement ce que nous croyons en connaître, en Occident. C'est également le Yod des Kabbalistes, le germe sacré par excellence. 

C'est tout simplement aussi là où nous sommes, le "y", le Lieu par excellence. Nous y allons, nous y demeurons, l'espace n'a aucune prise sur lui. Le temps non plus.

Alors, profitons de ce seuil éternel, où la lumière toujours se renouvelle. Puisons-y nos ressources, nos espérances, notre goût de l'ici-maintenant. 

Je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année !

Source : L'Oracle alphamythique - Sabine Dewulf et Antoine Charlet. Illustration de la carte : Marie Dewulf.

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vendredi 22 décembre 2023

Etre à l'écoute

 


Aujourd’hui, je vous parle d’un point très particulier, qui n’est pas un point d’acupuncture. 

C’est un tout petit point blanc au milieu d’une immensité noire.

Ce petit point, vous le connaissez tous, il est sur ce dessin : ☯️

Il nous parle de l'incroyable évènement cosmique que nous sommes en train de vivre :

LE MOUVEMENT DANS L’IMMOBILITÉ !

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🟡 21 décembre, solstice d’hiver : 隆冬 lóngdōng

🔹Pour l’esprit occidental : l’entrée dans l’hiver

🔹Pour l’esprit chinois : l’apogée de l’Hiver 冬 dōng

🔹Pour tout l'hémisphère Nord : la nuit la plus longue et la renaissance de la lumière

🔹Pour qui médite dessus : un truc vertigineux, une alchimie bouleversante

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🟡 Que se passe-t-il en terme de Mouvement ces jours-ci ?

Si vous avez déjà eu l’occasion d’observer l’évolution de la place du couchant à l’horizon, alors vous savez qu’aux solstices, pendant plusieurs jours, l’emplacement est quasiment le même, comme si le soleil hésitait avant de changer de sens.

Une sorte d’immobilité vigilante, à l’écoute, pour mieux gérer et suivre le nouveau mouvement naissant.

Cette hésitation, ce retournement profond, on est en plein dedans !

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J’aimerais vous donner quelques exemples de cet instant incroyable.

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🟡 Lorsque vous vous préparez à sauter 🤾, il y a tout le moment de préparation, de repli pour la prise d’élan.

C’est comme un recul à l’intérieur de vous, une condensation.

Puis vient le moment d’initier l’élan pour le saut lui-même. Une ultime flexion des genoux pour l’appui, et le mouvement s’inverse.

🔹C’est ça.

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🟡 Lorsqu’un groupe d’oiseaux 🐦 ou un banc de poissons 🐠 change de direction : on ne saurait pas dire lequel a initié le mouvement, mais on constate une accumulation, une densification et comme un ralentissement, avant de repartir fluidement.

🔹C’est ça.

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🟡 En calligraphie chinoise 🖌, pour tracer un trait droit, on trace en vérité une espèce de 8. On fait une sorte de boucle “sur place” avant de lancer le pinceau.

🔹C’est ça.

Le mouvement est déjà beau en soi, mais c’est encore plus délicieux à vivre avec le résultat visuel de l’encre, qui ne ment pas et nous montrera si c’était bien vécu donc bien exécuté.

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Comprenez-vous ce qui se joue en vous en ce moment ?

Nous sommes dans des jours d'inertie maximale.

Soyez à l’écoute, ressentez ces derniers instants d’immobilité apparente, de repli sur soi avant la poussée, toujours laborieuse au départ, qui permettra au yáng 陽 de renaître des profondeurs du yīn 陰 !

Alice Korovitch

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jeudi 21 décembre 2023

Partage de connaissance

 — Zen, Yoga, Taï-Chi-Chuan, Aïkido —

Il ne s'agit pas d'enseigner un savoir-faire ; il s'agit de partager sa connaissance.

C'est pourquoi je refuse absolument d'enseigner la voie tracée par Graf Dürckheim à distance par un réseau informatique. Pourquoi ? Parce que dans le face-à-face à distance que permettent les écrans il est impossible de se donner la main ... !

Est-ce vraiment raisonnable ? Ce qui ne serait pas raisonnable est d'imaginer ou de penser qu'à l'occasion de ce contact fictif, virtuel, que permet ce qu'on appelle le progrès dans le domaine de la communication, nous faisons l'expérience d'une rencontre réelle de personne à personne.

L’image de ces deux mains qui se donnent concrètement réanime un souvenir à la fois affligeant et stimulant.

Rütte 1969 — J'entre dans le bureau de Graf Dürckheim. Ce doit être notre troisième rencontre. Il se lève et tend la main. Nous nous donnons la main. Aussitôt ma main en contact avec la sienne, il me dit : « Jacques, ne bougez pas ! Sentez ce qu'on désigne par l'expression se donner la main. Vous sentez ? On pourrait mettre un œuf de pigeon entre votre main et la mienne. Ce qui signifie que vous manquez de contact ; vous manquez de contact humain ».

Tout en maintenant ma main dans la sienne, Graf Dürckheim m'a invité à métamorphoser ce geste, à le libérer de ce qui entravait le contact humain souhaité.

« Voilà ! Vous sentez la différence ? La main n'est pas quelque chose ; la main, c'est l'homme dans sa globalité et son unité. La main, c'est l'homme qui donne, c'est l'homme qui reçoit. Dans le travail que nous allons entreprendre et qui a pour sens l'éveil de l'homme à sa vraie nature, passer de l'idée que "l'homme A un corps, à l'expérience du corps que l'homme EST" ("Leib" dans la la langue allemande) est inéluctable ».

Je n'ai pas pris cette remarque — vous manquez de contact humain, — comme étant un jugement mais comme étant l'implacable diagnostic d'une manière d'être au monde qu'il est possible d'engager dans un processus de transformation.

C'est en contact avec le maître qui propose un chemin d'expérience et d'exercice que j'ai non pas compris mais fait l'expérience sensible, phénoménale du corps que l'homme EST. Leib, le corps vivant, n'est pas la somme des objets qui le composent, parmi lesquels : la main. Leib, le corps-vivant que nous sommes, est l'ensemble des gestes à travers lesquels chacun se présente, devient celui qu'il est au fond ou se manque.

Une telle expérience serait-elle possible lors d'un échange avec le maître par Face Time ou Skype ?

De l'expérience à l'exercice ; de l'exercice à l'expérience !

"Ne tirez pas, laissez cela tirer ... ".

Dans les années 1970 Graf Dürckheim m'a invité à proposer, aux personnes qui séjournaient à Rütte, les quelques exercices qui sont la base de l'Aïkido et les bases du Karaté Shotokan. Je pourrais comparer ces exercices au travail de la barre auquel se soumet tout danseur et toute danseuse dans le domaine de la danse classique. La condition que m’avait imposé Graf Dürckheim était de ne pas enseigner un savoir-faire mais de partager ma connaissance acquise grâce à des années d'entrainement dans ces voies tout à la fois artistiques, artisanales et martiales.


En parallèle, j'ai commencé la pratique du Kyudo, le tir à l'arc traditionnel. Entre les stages dirigés par le Maître Satoshi Sagino s'impose l'entrainement quotidien qui consiste à renouveler deux tirs chaque matin.

Le tir étant un rituel composé d'une séquence de huit gestes qui permettent d'encocher la flèche pour ensuite la décocher.

Lorsqu'on pratique le Kyudo, il est fréquent d'entendre ce rappel prononcé par le Maître de l'art : « Ne tirez pas, laissez cela tirer ! ». Injonction agaçante (si je ne tire pas, l'arc ne va pas le faire pour moi).

Injonction irritante, exaspérante et en même temps provoquante.

"Ne tirez pas, laissez cela tirer ... !".

Participant à un stage de Kyudo, je m'apprête à exercer un tir. Maître Sagino s'approche et prend l'arc en posant ses mains sous les miennes. Expérience inattendue : un tir à quatre mains ! C'est dans ce face-à-face - qui ressemble à celui d'un couple qui valse - que la séquence des gestes est engagée. D'une telle manière qu'il m'est difficile de dire lequel des deux partenaires conduit l'autre ou le suit ?

Etrange sensation de parfaite unité. Comment conceptualiser ce que j'éprouve ?

Le concept contact s'impose. C'est autre chose qu'un effleurement, une proximité ou un rapprochement.

C'est ce non-deux que je sens et ressens lorsque je pratique zazen et que je sens que je inspire. Non, si je conceptualise au plus près ce que je sens, il me faut écrire JEINSPIRE en un mot, parce qu'il n'y a ni distance ni écart de temps entre ce que je nomme "Je" et ce que je nomme "Inspire".

De même, à l'occasion de ce tir à quatre mains, l'action conciliée à celle du maître de la technique me libère de l'ego qui habituellement fait les choses et pense que s'il ne les fait pas, rien ne peut se faire. Et voilà qu'à mon insu ... Cela a tiré ! Maître Sagino s'est éloigné, sans rien dire, me laissant digérer ce que je venais d'avaler et qui doucement entreprenait la transformation si souvent souhaitée : un grand calme intérieur, une manière d'être en ordre inaccoutumée et en contact avec tout ce qu'il est possible d'approcher grâce aux cinq sens.

Les tirs suivants, à deux mains, me semblaient absolument différents ! L'union avec le maître devenait l'union avec la technique. Une telle expérience serait-elle possible lors d'un échange avec le maître de la technique, le maître de l'art, par Face Time ou Skype ?

Je vous suis reconnaissant de ne pas attendre de ma part un enseignement ... à distance.

Je me réjouis de bientôt avoir la chance de vous donner la main.


Jacques Castermane


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mercredi 20 décembre 2023

Décrancher

 Nous regardons des chaînes sans connaître les nôtres.

Nous pensons nous mettre au courant sans voir nos emprises.

Je vous propose quelques secondes sans que la télé commande. Une super vision silencieuse et sans écran.

Fermez les yeux et votre monde intérieur apparaît. Vous êtes enfin vraiment chez vous. 

Et si cela vous plaît, n'oubliez pas le replay !


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mardi 19 décembre 2023

On respire !!! et on soupire !

 La respiration est fondamentale : c'est le premier réflexe quand nous venons au monde, et le dernier avant de le quitter. Notre souffle nous accompagne 24 heures sur 24, et assure (entre autres) deux fonctions vitales : l'oxygénation des tissus (à l'inspiration, l'O2 vient "nourrir" chacune de nos cellules), et la détoxication de l'organisme (à l'expiration, on évacue le CO2, principal "déchet" produit par le corps). Parce qu'il est essentiel à la santé physique comme mentale, le souffle est au cœur de nombreuses pratiques ancestrales – la médecine traditionnelle chinoise, la médecine ayurvédique ou encore la médecine amérindienne. Ces approches holistiques ont développé des techniques de respiration : en voici quatre, aujourd'hui validées par la Science.

J'ai mal au dos : la respiration diaphragmatique


La lombalgie reste le mal du siècle : près de 9 Français sur 10 ont déjà eu "mal en bas du dos", une douleur favorisée par les mauvaises postures et la sédentarité.

Comment la respiration peut-elle aider ? Une étude coréenne réalisée en 2016 a montré l'intérêt de la respiration diaphragmatique en cas de douleurs lombaires chroniques. Cette respiration profonde a une double action : elle détend les muscles du tronc (lorsqu'on a mal, ils sont hyper-contractés), et les renforce (ce qui leur permet de mieux supporter le poids du corps). À raison de 45 minutes de respiration diaphragmatique 3 fois par semaine pendant 6 semaines, les 24 participants de l'étude ont vu leur douleur s'évanouir...

En pratique. Debout, jambes écartées de la largeur du bassin, une main sur le nombril et une main sur le dos (au-dessus des fesses). Prenez une grande inspiration (par le nez) en gonflant votre ventre puis expirez (par la bouche) en "vidant" votre ventre, comme si vous vouliez rapprocher votre nombril et vos lombaires. Répétez 10 fois, et recommencez plusieurs fois dans la journée.


Je suis anxieuse : la respiration alternée


L'anxiété n'est pas un "simple" stress : s'il constitue une réponse à un événement, l'anxiété s'apparente plutôt à une sensation de nervosité qui survient sans cause identifiée, mais avec des symptômes physiques marqués – le cœur s'accélère, la respiration devient saccadée...

Comment la respiration peut-elle aider ? La médecine traditionnelle indienne (ayurvéda) propose un exercice respiratoire pour réduire les signes de l'anxiété. Le Nadi Shodana (ou "respiration alternée") a été évalué par une étude indienne en 2011 : les chercheurs ont conclu qu'il suffisait de pratiquer 30 minutes par jour pendant 6 semaines pour observer une amélioration du rythme cardiaque et de la pression artérielle. Une seconde étude, réalisée en Suède, a montré une activation des zones cérébrales associées à la relaxation au bout de seulement 10 minutes d'exercice.

En pratique. En tailleur, le dos bien droit, posez l'index et le majeur de la main gauche sur le point situé entre vos yeux. Fermez les yeux, puis, avec votre pouce gauche, bloquez votre narine gauche et inspirez profondément (pendant 4 secondes) par votre narine droite. Avec votre annulaire gauche, bloquez votre narine droite et expirez profondément (pendant 4 secondes) par votre narine gauche. Répétez 10 fois, et recommencez plusieurs fois dans la journée.


J'ai mal à la tête : la respiration-clarté

Le mal de tête qui survient après une longue journée est très caractéristique : on a la tête lourde, on se sent agressée par tous les bruits, on n'arrive plus à réfléchir... Bref, on a la sensation d'avoir "le crâne dans un étau".

Comment la respiration peut-elle aider ? 


Le GyrokinesisⓇ est une nouvelle technique déjà très en vogue au Canada. À mi-chemin entre la danse et le yoga, cette approche psycho-corporelle vise à soulager les maux du quotidien avec des exercices de conscience du corps. La respiration-clarté travaille en particulier sur le psoas, un muscle situé dans le bassin : il a tendance à "se crisper" en cas de stress, et on le sait aujourd'hui, est impliqué dans les crises de migraine.

En pratique. Allongée sur le dos, posez vos mollets sur l'assise d'une chaise de façon à avoir vos cuisses à angle droit avec votre buste. Posez vos mains sur les plis de votre aine et fermez les yeux. Inspirez profondément par le nez pendant 3 secondes : imaginez l'air qui descend de la tête, passe par les omoplates, le milieu et le bas du dos. Expirez profondément par la bouche pendant 3 secondes : imaginez l'air qui monte depuis votre bas-ventre, passe par votre nombril, votre sternum et votre tête. Répétez cette boucle pendant 5 minutes, quotidiennement en fin de journée.


Je n'arrive pas à dormir : la respiration 4-7-8

Il existe différents types d'insomnies : l'insomnie d'endormissement est la plus fréquente, favorisée par le stress, la surexposition aux écrans et la sédentarité.


Comment la respiration peut-elle aider ? Mise au point par le Dr. Andrew Weil, un médecin américain, la méthode 4-7-8 promet un endormissement en 60 secondes chrono au bout de quelques semaines de pratique. Reconnue par plusieurs associations nationales (dont la très sérieuse Fédération Française des Diabétiques), cette technique s'inspire du yoga : l'idée, c'est de sur-oxygéner les tissus pulmonaires afin de détendre indirectement le système nerveux.

En pratique. Assise le dos droit, les pieds bien à plat, collez votre langue à votre palais, derrière les dents. Fermez la bouche et inspirez doucement par le nez en comptant jusqu'à 4. Ensuite, retenez votre respiration en comptant jusqu'à 7. Enfin, expirez par la bouche en faisant le son "woush" et en comptant jusqu'à 8. Recommencez 3 fois d'affilée, tous les soirs pendant au moins 3 semaines pour constater les premiers résultats.


Quel type de respiration avez-vous ?

Une respiration "saine", c'est-à-dire naturelle et détendue, qui remplit parfaitement son rôle d'oxygénation et de détoxication, répond à quatre critères :

Elle est ouverte. À l'inspiration, la poitrine et le ventre gonflent ; au toucher, l'abdomen et le sternum sont souples,

Elle est ample. À l'inspiration, le corps donne la sensation de "grandir" dans toutes les directions,

Elle est fluide. Il n'y a jamais de "pauses respiratoires" : le cycle inspiration-expiration n'est jamais interrompu,

Elle est détendue. La respiration n'est jamais douloureuse ; à l'inspiration, il n'y a aucun blocage musculaire.

Le soupir et le bâillement, bons pour la santé

D'après les dernières découvertes scientifiques, le bâillement et le soupir ne seraient pas inutiles, loin de là. Ces réflexes respiratoires permettraient de procéder à une "ré-initialisation" de l'organisme. Caractérisé par une inspiration profonde puis par une expiration longue, le soupir augmente d'un coup les échanges gazeux au niveau des tissus pulmonaires, ce qui entraîne une "remise à niveau" des taux sanguins d'oxygène et de dioxyde de carbone. Le bâillement, quant à lui, correspond à une grande inspiration associée à des petites contractions musculaires : ce phénomène accroît le flux de sang artériel, en particulier au niveau du cerveau, ce qui donne immédiatement une sensation d'énergie. Aucune raison, donc, de bâiller ou de soupirer en cachette !

Très accessible, ce livre propose des exercices de respiration concrets et faciles à réaliser pour se détendre, améliorer sa confiance en soi, aller à la rencontre de ses émotions... Un premier pas vers un travail sur soi !


Source : femme actuelle et "Respire... et découvre qui tu es !" de Catharina Von Bargen, éd. Eyrolles.

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lundi 18 décembre 2023

Voyage intérieur ?


 « J’ai pratiqué jusqu’à seize heures de méditation par jour. Était-ce pour autant un « voyage intérieur » ? D’une certaine façon, lorsque j’étais tout à fait honnête sur ce sujet, je reconnaissais que c’était surtout relaxant et reposant. Le mythe de cette sorte de Nirvana que j’attendais des méditations intensives a pris fin un jour. J’espérais que mon « moi » encombrant se dissoudrait propre et net dans le grand Soi, mais il n’en fut rien. J’avais pourtant des « expériences » (un mot qu’on entendait dans toutes les conversations à l’époque) qui montraient que j’étais sur la bonne voie, mais rien ne semblait se stabiliser. Les prodigieuses énergies qui se déployaient au bout de plusieurs heures de méditation, les visions, les sensations de plénitude, rien n’y faisait, j’étais toujours « moi » et même parfois au pire de ce « moi ».

Les années 1990 étaient encore tout imprégnées de la croyance qu’il fallait renoncer au monde pour atteindre l’illumination spirituelle. Certains étaient même partis dans des grottes, en France ! Tous ont vécu la même confrontation à leurs illusions. J’ai dû revenir à la case « monde », celle des femmes et des préoccupations de l’incarnation brute. Et le frottement avec cette matière a été bien plus bénéfique que mes extases intérieures. Ce n’est pas une exagération pour les besoins de ma démonstration. Le déchirement était plus fort, mais je devais être déchiré pour être enseigné. Et cela a continué sans cesse depuis ce jour. » 

–Thierry Vissac, Un Chemin de vie.

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dimanche 17 décembre 2023

« L’antidote à la fatigue est d’être dans l’engagement »

 La fatigue qui nous guette n’est pas tant physique que psychologique, mais elle s’avère vaste, complexe, profonde. Elle provoque en effet lassitude, découragement, peur de l’avenir, repli sur soi. Un cortège de maux sans doute à attribuer à notre société matérialiste, de surconsommation, de performance, qui nie notre vulnérabilité et toute transcendance. Comment retrouver notre énergie ? Fabrice Midal nous invite à puiser dans la sagesse des Anciens afin de redevenir plus vivants.

Notre fatigue n’est pas tant physique que psychologique. Comment se manifeste-t-elle ?


Cette fatigue psychologique, que je préfère nommer découragement, prend deux visages. La première forme, la plus évidente, nous rend sans tonus, sans allant. Mais la seconde, plus masquée et plus difficile à débusquer, se caractérise par une hyperactivité, qui vient d’une volonté de tout contrôler, d’être parfait, performant. Ces deux écueils – démission ou instrumentalisation de soi – sont en réalité des impasses. Dans les deux cas, ce qui nous fait défaut est le mouvement de confiance dans la vie.

En quoi la volonté de contrôle est-elle problématique, selon vous ?

Nietzsche avait alerté sur une volonté de contrôle, d’élimination de l’incertitude, au nom d’un progrès, qui entraînerait une haine de la vie et nous détruirait. « Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse », écrit-il dans Ainsi parlait Zarathoustra. De quoi se plaignent les soignants, les enseignants, les chercheurs du CNRS qui viennent de signer une pétition contre leur nouveau système de gestion des missions ? Il y a certes un besoin de reconnaissance, d’une juste rémunération, mais ils pointent avant tout leurs conditions de travail, qui les empêchent de faire leur métier. Ils dénoncent le poids des protocoles, des procédures, de l’administratif, des cases à remplir… Notre société souffre de cette gestion devenue totalitaire qui nous déshumanise en tuant la rencontre, la créativité, la vie.

Ce phénomène est donc nouveau ?

Nous vivons actuellement un burn-out individuel et collectif. Le burn-out est une maladie nouvelle, ignorée de nos grands-parents, qui travaillaient souvent 12 h par jour ! Ils connaissaient bien la fatigue physique, l’angoisse des fins de mois, mais pas ce sentiment d’être coupé de la vie en soi. Nous sommes trop souvent prisonniers de notre image. Et pas seulement les jeunes qui s’exposent sur les réseaux sociaux ! Je rencontre aussi des grands-parents qui se comparent, qui ont peur de ne pas être assez bons, assez bien… Or si j’essaie de me conformer à une idée de moi-même, je me coupe de l’élan qui m’habite.

Ce marasme ambiant touche beaucoup les jeunes. Pourquoi eux-mêmes ont-ils perdu leur vitalité ?

Pour la première fois de l’humanité, nos jeunes ne trouvent pas leur place dans la société. Je crois qu’ils manquent de responsabilités. Jamais nous ne leur avons fait si peu confiance. Alors que le passé illustre le contraire : les généraux sous Louis XIV étaient très jeunes, par exemple. Sans doute faut-il aussi nous interroger sur l’enfance que nous leur faisons vivre. Du fait de l’insécurité, les parents préfèrent savoir leurs enfants à l’intérieur, devant un écran. Ils jouent moins. Or, pour grandir, on a besoin de l’expérience du réel : courir, se râper aux arbres, construire une cabane… Se développer harmonieusement suppose un double mouvement, la confiance secure et l’exploration, dont l’articulation permet à l’enfant d’être heureux.

Les écrans nous happent tous aujourd’hui… Notre lassitude n’est-elle pas également engendrée par notre manque de déconnexion ?


Nous recourons trop peu à notre système par défaut, dont les neurosciences ont montré qu’il joue un rôle majeur. Il s’active quand on ne fait rien, quand notre cerveau vagabonde, quand on laisse libre cours à nos pensées… Aujourd’hui, nous fuyons ces moments de vide, de silence, de rêverie, pourtant fondamentaux pour nous ressourcer. Pas étonnant que l’on soit fatigué ! Bergson appelle l’humanité à un sursaut de la dimension morale et mystique pour équilibrer les progrès matériels. Autrement, nous serions prisonniers d’un modèle mécanique, en particulier d’un rapport faussé au temps, qui nous coupe de l’expérience véritablement humaine, et par conséquent de la joie. N’est-ce pas ce que nous vivons ?

En quoi consiste cette expérience véritablement humaine ?

Cette expérience passe par la relation, qui est éminemment surprenante. Le découragement se surmonte par l’audace de redonner sa confiance. Rencontrer suppose d’être ouvert, prêt à se laisser déplacer, toucher, bouleverser… Elle impose de sortir radicalement de la gestion, de renoncer à tout contrôler. Alors la vie, qui est « surgissement de l’inattendu », pour reprendre les mots évocateurs de Bergson, peut se déployer. Elle incite à oser partir à l’aventure, à explorer, à ressentir… Voilà ce qui nous nourrit. Revenons au réel pour guérir de la fatigue. Il donne ! Il suffit de s’occuper de son jardin pour le mesurer.

Qu’est-ce qui indique que l’on a retrouvé ce mouvement de la vie ?

La joie est le signe que la vie a regagné du terrain. Quand nous sommes épuisés, nous entendons des injonctions contradictoires : « reprends-toi en main », sous-entendu « gère davantage », ou au contraire « lâche prise… ». Je propose de nous foutre la paix et de redevenir humains ! Où est-ce que je me torture ? Comme en cas de fuite d’eau, il faut commencer par identifier le problème. Notre problème se résume souvent dans cette volonté de tout contrôler, d’être performant, de tout réussir. Tout l’enjeu consiste à retrouver notre unité profonde. Cela implique de revenir au réel, qui ne se contrôle pas mais s’accompagne, voilà l’antidote au découragement. Il suppose d’accepter nos limites, notre finitude, le fait qu’on ne peut plaire à tout le monde. Notre vulnérabilité est une force puissante, qui incite à la transformation. Il ne suffit pas de se reposer, mais de s’engager dans la profondeur de sa vie. C’est elle qui ressource.

Là où la fatigue risque d’entraîner un repli sur soi, il s’agit donc au contraire de s’ouvrir ?

L’antidote à la fatigue est le repos ; l’antidote à la fatigue est d’être dans l’engagement. Nous sommes trop autocentrés. La philosophie enseigne que l’être humain est fondamentalement hétéronome et non autonome comme voudrait le faire croire notre société. Sortons donc de l’enfer de nous-même. En tant que vivants, nous avons besoin du ciel, de la terre, des autres. Acceptons de donner de la place à l’autre, de prendre le temps de nourrir la relation. Être aimé conduit à s’aimer ; découvrir l’autre permet de se découvrir soi-même. J’ai besoin du regard de l’autre pour exister et advenir à moi-même.

Interview de Fabrice Midal

Source : La Vie

samedi 16 décembre 2023

Pardonner

 

"Pardonner, c'est libérer un prisonnier, et découvrir que ce prisonnier, c'était vous"

Lewis B. Smedes


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vendredi 15 décembre 2023

L'invisible ressenti


 La pratique c’est aussi laisser être ramenés au visible tous les fils invisibles qui relient entre eux chaque partie en une inouïe harmonie chaque fois qu’on l’oublie.

Lorsque l’on lève un bras, ça n’est pas juste ce bras qui se lève, tout le corps et même l’être entier y participe, il se lève grâce à tout, même à nos orteils, même à notre rein, même à notre salive, …

Sentir ça. Sentir Ça.

Lorsque l’on est dans une salle entouré.e des autres personnes avec lesquelles on partage notre pratique, ou même lorsque l’on pratique seul.e dans sa chambre, toutes les personnes avec lesquelles nous sommes connecté.e.s d’une façon ou d’une autre pratiquent avec nous comme nous pratiquons avec elles et même si elles ne pratiquent pas du tout.

Sentir ça. Sentir Ça.

Lorsque l’on croit être qui et ce que l’on croit être, simple petit individu singulier avec son histoire chronologique, ses souvenirs, ses événements marquants, ses ceci, ses cela, tout ce qui constitue cette petite vie que l’on habite où chaque élément a pourtant tellement d’importance pour nous, nous rappeler encore et toujours à la grande vie qui nous habite, bien plus importante encore que chaque ceci-cela et sans laquelle ça n’existerait pas.

Sentir ça. Sentir Ça.

Pas de pièces détachées, isolées les unes des autres, assemblées par la force des choses, indépendamment d’un puissant désir primordial qui les veut et les crée unies.

Vaste mystère divin qui prend forme(s) à travers la chair sous laquelle toutes les rivières sacrées suivent leur chemin depuis et jusqu’à la source de notre cœur vibrant en écho avec tout le vivant.

Palpitant.

Sentir ça. Sentir Ça.

Marie Ghillebaert - prof de yoga - https://yogasesame.com/

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jeudi 14 décembre 2023

De la crise, ou de quoi méditer en ces temps de crise ...

 

Issu du grec krisis (décision), ce mot a d’abord été un terme du jargon médical, désignant un tournant décisif dans l’évolution d’une maladie ou d’une blessure. C’est de là que lui vient sa connotation angoissante actuelle. 

En chinois l’idée de « crise » s’écrit avec deux idéogrammes. 

Le premier, 危 wēi représentait à l’origine une personne se tenant au bord d’une falaise. Au cours des siècles à cause de cette image d’une situation dangereuse, il s’est amalgamé avec un mot homophone plus ancien ayant lui le sens de : malheur, difficultés ; ce qui a conduit au sens actuel de ce mot : péril, passe difficile. 

Le second, 机jī, dans sa forme ancienne (機) représentait le ressort des arbalètes. Ces armes avaient constitué un des éléments déterminants de la supériorité militaires de Qin Shi Huangdi dans sa conquête des différents Royaumes Combattants aboutissant en 220 avant à la première unification impériale de la Chine et dont les milliers de guerriers en terre cuite qui gardent son tombeau donnent un idée de la puissance. Particulièrement l’arbalétrier au « présentez-armes ». 

Aujourd’hui, cet idéogramme a toujours un sens en rapport avec son ressort d’origine puisqu’il signifie : mécanisme efficient, ressort, moyen ingénieux, stratagème, occasion imprévue, opportunité.

L’écriture chinoise de la notion de « crise », le binôme危机  wēi jī, combinant ensemble l’idée de « passe difficile » avec celle de « ressort, d’occasion », offre une perspective plus vivifiante de ce qui est pour nous une crise. Il ne s’agit plus d’une aggravation dangereuse d’une situation critique, d’une fatalité mortifère mais bien plutôt d’un moment décisif, certes difficile, mais surtout porteur d’opportunités à saisir pour orienter la situation vers une vitalité nouvelle.

Winston Churchill, qui disait « Le pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, l’optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté », connaissait-il ce distique de son compatriote le poète William Blake : 

Bénédiction lénifie

Malédiction tonifie


Cyril Javary
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mardi 12 décembre 2023

Pommes brisées


 "La vie vous brisera. Personne ne peut vous protéger de cela, et le fait d’être seul ne vous protégera pas non plus, car la solitude vous brisera aussi avec ses envies et ses aspirations.

Il faut aimer. Il faut ressentir. C’est la raison pour laquelle vous êtes ici sur terre.

Vous devez risquer votre cœur.

Vous êtes ici pour être engloutis, avalés. 

Et quand il vous arrive d’être brisé, ou trahi, ou abandonné, ou blessé, ou que la mort vous frôle de trop près, asseyez-vous près d’un pommier et écoutez les pommes tomber tout autour de vous en tas, dilapidant leur douceur.

Dites-vous que vous en avez goûté autant que vous le pouviez."

Louise Erdrich in The painted drum

(par Fabrice Jordan)

lundi 11 décembre 2023

De maître à pensées...

 


Nous devons cheminer entre deux risques : si nous ne suivons pas une voie traditionnelle comportant la transmission d’un maître ayant lui-même reçu cette transmission d’un autre maître, nous risquons tout simplement de ne suivre que nous-mêmes et de nous bercer de nouvelles illusions. L’autre danger consiste à suivre une tradition en se figeant dans des formes, ou dans une pratique, qui devienne l’imitation d’un idéal créant en nous une personnalité artificielle. Il est essentiel de ne jamais perdre le contact avec le sens de l’expérience en suivant aveuglément les cultes ou les croyances.

Roland Rech - Moine zen en Occident

(...) Si, en étant bien concentré sur la posture du corps et la respiration, on se met à observer l'esprit, alors on réalise que l'esprit est insaisissable car c'est l'esprit lui-même qui observe, c'est l'esprit qui pense . Si on s'avise de vouloir saisir l'esprit, cela ne peut pas être l'esprit mais une idée au sujet de l'esprit et à ce moment-là, l'esprit , au lieu d'être ce qu'il est, illimité comme le vaste ciel contenant tout, devient à son tour une pensée, une fabrication mentale, quelque chose de séparé et de limité. Alors, l'esprit perd le pouvoir de nous libérer et devient un objet d'attachement parmi d'autres. Si l'on essaye d'observer l'esprit, ce que l'on peut juste faire, c'est d'observer ce qui apparaît et disparaît d'instant en instant dans cet esprit . En étant attentif au moment de l'apparition d'un phénomène, si on observe comment surgissent la pensée, la sensation, la perception, alors très vite l'agitation mentale se calme. Très vite un espace vide apparaît entre les pensées, les sensations et les perceptions. C'est le point où observation et concentration se rejoignent. Cela permet à l'esprit de fonctionner suivant sa véritable nature, c'est à dire de ne pas s'aliéner aux choses, aux pensées en s'identifiant à elles. Et, cela ne peut se réaliser qu'instantanément."(...)

Roland Rech - la voie de l'oiseau

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