La libération ne sera jamais le fruit de la frustration et de la mutilation, plus on s'oppose par la force aux désirs de l'ego, plus on renforce l'ego. C'est ce qui se passe notamment dans l'enfance, plus on s'oppose à un enfant en essayant de briser ses caprices, ses violences et ses exigences, plus ont renforce son ego. Un ego humilié, un ego qui doute de lui, la tête en bas, les jambes en l'air c'est toujours un ego hypertrophié. La disparition des désirs ne peut se faire que par un minimum d'accomplissement des désirs et une compréhension aiguë de la nature même du désir.
L'ego ne révélera le Soi que s'il est convenablement traité. Un ego brimé dans l'enfance et ensuite brimé dans l'existence ne fera jamais place au Soi. Et s'il y a trop de frustration de l'ego la spiritualité sera viciée, elle deviendra une compensation et elle peut mener à une inflation énorme de l'ego. Pour que la graine se transforme en arbre il faut bien que le grain en tant que grain meurt. Mais cette mort est un accomplissement, le grain portait l'arbre potentiellement en lui-même, c'est pour cela que le chemin commence par l'amour de soi-même et non avec la mutilation et la destruction de soi-même. Et tout une part du chemin consiste à s'occuper avec amour de l'ego, pour lui permettre de s'effacer, de mûrir et de se transformer, d'être moins crispé, moins tendu.
L'ego ne mourra jamais de son plein gré, plus on veut le détruire, plus on le renforce. Pour que l'ego se sente accompli il faut qu'il se sente libre des vieux désirs frustrés de l'enfance. Si les désirs de l'adulte ne sont que la forme mensongère d'un désir d'enfant oublié, ce désir d'adulte ne sera jamais satisfait. Ce qui est important est de trouver ce qui désaltère à tout jamais …
Arnaud Desjardins
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