Pourquoi pratiquer la méditation de pleine attention ? Parce qu’un pôle de notre humanité est occulté, ignoré. Ignorance qui est la cause de la souffrance propre à l’être humain: l’angoisse et les états qui l’accompagnent. Plus précisément un état d’être angoissé, un état d’être soucieux, un état d’être inquiet.
Je vais me permettre un rapprochement - en prenant le risque d’importuner quelques professionnels de la relation qui voient l’angoisse comme étant l’essence même de l’homme : observant quotidiennement notre chien, un berger allemand, il m'est arrivé de le voir inquiet. Cependant il ne vivait pas dans un état d’être inquiet du matin au soir. Ainsi, nous étions à table et il était allongé à mes pieds, absolument détendu. Un couvert tombe sur le carrelage. A ce bruit, plus rapide qu’un Samouraï qui dégaine son sabre, le chien (appelé ... Hara !) est debout en moins d’une seconde, tous les sens en éveil. Danger ? Non. Quasi instantanément le chien voit, entend, sent qu’il n’y a pas un danger réel. Aussitôt il se couche, soupire et sommeille.
Pourquoi ne pourrions-nous pas, en tant qu’être humain, vivre détendu, calme, serein ?
Il est rare, lorsqu’on s’intéresse à la méditation, d’associer spiritualité et animalité. Il est vrai que dans les domaines de la psychologie et de la philosophie, l’animalité est le plus souvent définie comme une catégorie privée de tout ce dont l’homme est doté. Or, le mot latin « animal » signifie : « Être doué de vie » !
Ne suis-je pas, comme l’animal, doué de vie ? Avec, bien entendu, une différence entre l’animal et l’homme qui, « en plus », devient un être « doué de raison » (plus ou moins trois ans après la naissance physiologique).
Ne serait-ce pas ce « en plus » qui - lorsque j’en fais mon identité - est cause de la cristallisation d’une inquiétude éphémère en un état d’être inquiet permanent, d’un souci éphémère en un état d’être soucieux permanent ?
La pratique de la méditation de pleine attention n’est pas un exercice qui va me permettre d’ajouter du calme, de la sérénité, de la paix intérieure à cette part de moi-même douée de raison. Le but de la méditation n’est bien sûr pas de perdre raison mais de ne pas oublier que cette part animale de moi-même, le corps doué de vie (Leib), est le domaine du calme, le domaine de la sérénité, le domaine de la paix intérieure.
Jacques Castermane