Tout ce processus demeure très discret, ne recherche pas les effets spectaculaires, les auréoles ni les arcs-en-ciel ! La détente de l'acceptation mène à la simplicité, à la sobriété. C'est l'exactitude de l'amour, juste ce qui est demandé, pas plus, pas moins. Je me sens intimement relié à tout ce qui m'entoure, issu de la même réalité.
Si je reviens à l'exemple, qu'est devenue mon irritation de départ?
Le parcours intérieur de la colère jusqu'au point sensible, l'ouverture et la détente ont changé mon état. Je nous vois chacun plongé dans nos préoccupations particulières – la vérité de la différence ! « Lorsque vous voyez la différence vous devenez un. »
Je vois aussi que prendre contre moi l'indisponibilité de ma compagne crée de la souffrance en moi. Cette souffrance rejaillit en agressivité et cherche à s'assouvir en la blessant. Cela m'éloigne encore plus d'elle au moment où je voulais en être proche. Tandis que percevoir le lien qui nous unit resitue son indisponibilité momentanée comme un incident de parcours qui peut être traité sans remous et même avec humour.
L'amour a été mis au défi et paradoxalement il va se nourrir de cette difficulté : vais-je m'aimer suffisamment pour ne pas prendre comme une offense personnelle cette situation, et vais-je aimer ma compagne suffisamment pour m'ouvrir à elle telle qu'elle est? Il ne s'agit surtout pas de forcer un sentiment de manière volontariste mais d'un changement complet de perspective: le passage du point de vue de l'ego à la perception de ce qui est. L'ego s'est focalisé sur un aspect, réduisant ici l'immensité infinie de la réalité à l'indisponibilité de ma compagne pour moi. Ce qui est ne peut être défini, ne peut se ramener à un événement particulier, c'est le mystère de l'existence. Cela, l'ego ne peut l'appréhender, il doit, au contraire, se laisser absorber par ce mystère et s'y fondre.
L'amour l'emporte alors dans son flux, faisant disparaître en même temps mon problème. Plus d'ego, plus de problème ! Plus d'ego ne signifie pas de le supprimer mais de réaliser qu'il est le fauteur de troubles, comme le voleur qui crie « au voleur! » pour détourner l'attention. Il faut juste lui demander de ne plus s'en mêler, de s'effacer discrètement. Il prétend servir au mieux mon intérêt alors qu'en fait sa maladresse, sa vision étriquée, sa susceptibilité, son avidité le contrecarrent et me desservent.
Au long de ce parcours, de la souffrance à la douleur, puis de la douleur au sentiment, le ressenti émotionnel a représenté le fil rouge de la transformation. Il en est le lieu et le vecteur et nous permet de savoir comment nous sommes situés, suivant en parallèle les quatre positions, moi seulement, moi et l'autre, l'autre et moi, l'autre seulement.
Nous pouvons les repérer aisément dans l'exemple qui précède où moi seulement se heurte à l'existence de l'autre, pour finalement l'inclure et cesser de s'opposer à lui. L'autre seulement ne signifie pas ma compagne seulement, mais s'élargit à la globalité de la situation telle qu'elle est seulement, sans l'interférence de l'ego, sans moi ni mes commentaires. L'autre seulement traduit simplement que moi s'est effacé de la scène : l'instance qui s'interpose et juge, compare, rejette, agrippe a disparu au profit d'une connexion directe avec la vie. L'autre seulement équivaut à la vie seulement, à l'amour seulement, sans condition.
Extraits de "Souffrir ou Aimer"
de Christophe Massin
Si je reviens à l'exemple, qu'est devenue mon irritation de départ?
Le parcours intérieur de la colère jusqu'au point sensible, l'ouverture et la détente ont changé mon état. Je nous vois chacun plongé dans nos préoccupations particulières – la vérité de la différence ! « Lorsque vous voyez la différence vous devenez un. »
Je vois aussi que prendre contre moi l'indisponibilité de ma compagne crée de la souffrance en moi. Cette souffrance rejaillit en agressivité et cherche à s'assouvir en la blessant. Cela m'éloigne encore plus d'elle au moment où je voulais en être proche. Tandis que percevoir le lien qui nous unit resitue son indisponibilité momentanée comme un incident de parcours qui peut être traité sans remous et même avec humour.
L'amour a été mis au défi et paradoxalement il va se nourrir de cette difficulté : vais-je m'aimer suffisamment pour ne pas prendre comme une offense personnelle cette situation, et vais-je aimer ma compagne suffisamment pour m'ouvrir à elle telle qu'elle est? Il ne s'agit surtout pas de forcer un sentiment de manière volontariste mais d'un changement complet de perspective: le passage du point de vue de l'ego à la perception de ce qui est. L'ego s'est focalisé sur un aspect, réduisant ici l'immensité infinie de la réalité à l'indisponibilité de ma compagne pour moi. Ce qui est ne peut être défini, ne peut se ramener à un événement particulier, c'est le mystère de l'existence. Cela, l'ego ne peut l'appréhender, il doit, au contraire, se laisser absorber par ce mystère et s'y fondre.
L'amour l'emporte alors dans son flux, faisant disparaître en même temps mon problème. Plus d'ego, plus de problème ! Plus d'ego ne signifie pas de le supprimer mais de réaliser qu'il est le fauteur de troubles, comme le voleur qui crie « au voleur! » pour détourner l'attention. Il faut juste lui demander de ne plus s'en mêler, de s'effacer discrètement. Il prétend servir au mieux mon intérêt alors qu'en fait sa maladresse, sa vision étriquée, sa susceptibilité, son avidité le contrecarrent et me desservent.
Au long de ce parcours, de la souffrance à la douleur, puis de la douleur au sentiment, le ressenti émotionnel a représenté le fil rouge de la transformation. Il en est le lieu et le vecteur et nous permet de savoir comment nous sommes situés, suivant en parallèle les quatre positions, moi seulement, moi et l'autre, l'autre et moi, l'autre seulement.
Nous pouvons les repérer aisément dans l'exemple qui précède où moi seulement se heurte à l'existence de l'autre, pour finalement l'inclure et cesser de s'opposer à lui. L'autre seulement ne signifie pas ma compagne seulement, mais s'élargit à la globalité de la situation telle qu'elle est seulement, sans l'interférence de l'ego, sans moi ni mes commentaires. L'autre seulement traduit simplement que moi s'est effacé de la scène : l'instance qui s'interpose et juge, compare, rejette, agrippe a disparu au profit d'une connexion directe avec la vie. L'autre seulement équivaut à la vie seulement, à l'amour seulement, sans condition.
Extraits de "Souffrir ou Aimer"
de Christophe Massin