L'histoire de cet homme est à connaître... En tout cas, je vous laisse ici quelques mots pour vous en donner l'envie...
La vie est aussi cabossée que mon visage. Mon nez, à lui seul, compte vingt-sept fractures. Vingt-trois proviennent de la boxe ; quatre, de mon père. Les coups les plus violents, je les ai reçus de celui qui aurait dû me prendre par la main et me dire " je t’aime ".
Il était iroquois. Quand ma mère l’a quitté, le poison de l’alcool l’a rendu fou. Il m’a battu à mort avant que la vie ne poursuive le jeu de massacre. J’ai survécu grâce à trois rêves : me faire renvoyer de la maison de correction où j’étais placé - un exploit jusqu’alors jamais accompli ; devenir chef de bande ; tuer mon père. Ces rêves, je les ai réalisés. Excepté le troisième. C’était à deux doigts... Durant des années, la flamme de la vengeance m’a fait vivre.
Dans la prison de ma haine, des personnes habitées par l’Amour m’ont visité et m’ont mis à genoux dans mon cour. C’est à ceux que notre société rejette, les cassés, les tordus, les handicapés, les " anormaux ", que je dois la vie. Et une formidable leçon d’amour. Je leur dédie ce livre. Ils m’ont permis de renaître.
Cette rencontre inattendue avec l’Amour a bouleversé mon existence. Je vis aujourd’hui dans une grande maison claire, sur les hauteurs de Lourdes, avec Martine, ma femme, Églantine, Lionel, Kateri et Timothée, nos enfants. Plus quelques personnes de passage qui font halte chez nous en attendant de reprendre la route. Ce matin, j’ai posé mes ruches sur le versant de la montagne. Demain, je les emmènerai ailleurs, vers d’autres fleurs, d’autres parfums. Je savoure le silence des collines qui m’emportent dans leurs chevauchées vers l’horizon.
Tim Guénard
tiré de cet article
Le passé se réveille à cause d’un son, d’une parole, d’une odeur, d’un bruit, d’un geste, d’un lieu entr’aperçu...
Un rien suffit pour que les souvenirs surgissent.
Ils me bousculent, ils me griffent.
Ils me rappellent que je suis encore sensible.
J’ai toujours mal.
Je ne serai peut-être jamais totalement pacifié.
Il me faudra sans doute recommencer mon pardon, encore et encore.
Pardonner, ce n’est pas oublier.
C’est accepter de vivre en paix avec l’offense.
Difficile quand la blessure a traversé tout l’être jusqu’à marquer le corps comme un tatouage de mort.
J’ai récemment dû subir une opération des jambes : les coups de mon père ont provoqué des dégâts physiques irréparables.
La douleur se réveille souvent ; avec elle, la mémoire.
Pour pardonner, il faut se souvenir.
Non pas enfouir la blessure, l’enterrer, mais au contraire la mettre au jour, dans la lumière.
Philippe Guénard
tiré de ce blog