Sabine m'a fait découvrir la poésie de Véronique Daine. Le premier poème m'a fait penser à la vision sans tête de Douglas Harding. Puis, je me suis enfoncé dans cette lecture avec douceur et lenteur...
« Le matin je fais mon matin. J’avance rêvasse
regard en coin. Me perds dans le vague. Attends que ça ravisse enlève égare. Le
regard prêt à se défaire du visage. Mais rattrapé aussitôt par le visage qui
résiste. Parce qu’il y a l’autre. Parce qu’il y a qu’on ne peut être sans
visage devant l’autre. Surtout où aucun visage ne peut s’exposer. »
« Faire le matin je crois que c’est
écrire. Rien à voir. C’est s’enfoncer. Sans mots. Sans phrases. Juste
s’enfoncer. Amoureusement. »
« Je fais mon matin. Fais la pulsation
des syllabes. Fais de la lenteur dans le corps. Ne céder à rien d’autre. Aucune
pensée ressassement. Aucun récit du connu. Trouver les yeux sourds le dormir
qui ne dort pas la faille par où vient la gueule. »
Véronique
Daine, Amoureusement la gueule, avec
six dessins d’Anne Marie Finné, éditions L’Herbe qui tremble, 2019.
Amoureusement la gueule de Véronique Daine ; Anne Marie Finné
Éditeur : Editions L'herbe qui tremble Prix de vente au public (TTC) : 13 € - 70 pages
Résumé : LE LIVRE Une suite de poèmes en prose qui tentent d’observer ce qui se passe dans le corps quand on écrit ; le conflit sans merci entre le visage (cette figure composée qu’on propose à autrui, sans quoi l’existence serait invivable) et la gueule (cette « bouche d’ombre » qui parle en soi). Écrire, ce qui s’appelle écrire, suppose un état de disponibilité auquel on ne s’abandonne pas volontiers parce qu’il implique un ébranlement, une dépossession dont on ne sort pas indemne.