mardi 31 janvier 2017

Les lignes de L'Adhyatma Yoga à suivre...


L'Adhyâtma Yoga de Swâmi Prajnânpad comporte quatre grandes lignes de travail clairement identifiables par lesquelles il est aisé de différencier cette forme de Yoga de toute autre :
  1. La connaissance des lois de la Vie (védânta vijnana).
  2. La destruction du mental (mano nasha).
  3. La purification de l'inconscient (chitta shuddhi).
  4. L'érosion des désirs (vasanakshaya)
En apprenant à mettre concrètement en œuvre l'art de vivre sous-tendu par ces quatre lignes de travail sur soi, on peut en effet parvenir à se désengager peu à peu des différentes causes de souffrance, tant psychologique que morale, et accéder ainsi à une qualité de vie où le sentiment de communion joyeuse avec toute la réalité remplace l'impression de coupure et de solitude qui est le plus souvent le lot de départ de l'être humain...
source : site Labertais.org

Je vous propose d'écouter Arnaud Desjardins à propos de la sagesse en cliquant sur l'image suivante :
http://azur-shiatsu.com/videos/arnaud_desjardins_oui-dire-1.mp3

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lundi 30 janvier 2017

L'Adhyâtma Yoga : définition

Je vous propose une semaine à la découverte de l'Adhatma Yoga...



Au sens restreint du terme, l'Adhyâtma Yoga est le nom par lequel on désigne le plus souvent l'enseignement du maître indien contemporain Swâmi Prajnânpad (1891-1974). Dans la continuité de l'approche non-dualiste de l'Inde ancienne (advaïta védânta), ce maître remarquable a élaboré une voie d'évolution intérieure originale, qui tend à établir le pratiquant dans une harmonie durable avec lui-même, les autres et l'Univers.
Dans ce sens particulier du terme, les personnes qui, en France, se réclament aujourd'hui de l'Adhyatma Yoga sont donc -de façon directe ou indirecte- des élèves de Swâmi Prajnânpad.

Que signifie l'expression  "Adhyâtma Yoga" ?

Les termes sanscrit "adhy âtma" signifient, mot à mot, "concernant le Soi" ou "en direction du Soi". Selon cette signification littérale, l'expression "Adhyâtma Yoga" désigne donc la partie du Yoga qui vise explicitement à la mise à jour de la dimension transpersonnelle de notre conscience d'être (âtman).
Cette terminologie est d'un usage fort ancien, puisqu'on la trouve déjà utilisée dans la Katha Upanishad (texte védique datant de plusieurs siècles avant notre ère), où elle sert à désigner une méthode d'introspection profonde, censée conduire le pratiquant au delà du bonheur et du malheur ordinaires.
"Après avoir fermement ancré son sentiment d'être dans le Soi (adhyâtma yoga), le sage est libéré des joies et des souffrances.Katha Up I,2,12.
Sachant que selon la pensée indienne traditionnelle, l'âtman est bel et bien le principe transcendant, libre de toute affliction et de tout changement, que tous les êtres vivants ont en commun, on comprend mieux pourquoi Swâmi Prajnânpad a choisi ce terme pour désigner son propre enseignement qui vise, lui aussi, à établir le pratiquant dans un sentiment d'unité avec tout ce qui existe.
source : site Labertais.org


"L’enseignement de Swâmi Prajnânpad est un yoga, c’est-à dire un chemin de réunification du limité à l’illimité, de la conscience individuelle à ce qu’on a appelé parfois la Conscience Cosmique, ou la Réalité, ou le Soi, en sanscrit l’atman. Ce yoga, Swâmiji l’appelait adhyatma yoga, yoga vers le Soi. En fait tout yoga hindou est un adhyatma yoga, c’est-à-dire un yoga conduisant vers le Soi, l’atman, mais c’est particulièrement vrai de cet enseignement. 

Cet adhyatma yoga est une forme du yoga de la connaissance, jnana yoga, un peu plus technique simplement. Il repose sur les mêmes affirmations védantiques que le yoga de la connaissance, sur les mahavakya, les quatre « grandes paroles » des Upanishads. 

Tat twam asi : « Tu es cela », 
ham brahmamsi. « Je suis brahman », 
ayam atma brahma : « Cet atman est brahman », 
et enfin prajnanam brahma : « La conscience est brahman. » 

Brahman signifiant l’Absolu, la Réalité fondamentale de l’être humain (le Soi) n’est pas autre chose que ce brahman ou cet Absolu. L’équation atman = brahman, le Soi = l’Absolu, est l’enseignement suprême non seulement du vedanta mais aussi du zen et du wahdat-alwudjud soufi."


Arnaud Desjardins
Extrait de "A la recherche du Soi" (tome 1)



dimanche 29 janvier 2017

Le monde derrière nous... avec Joshin Luce Bachoux


Magique... à chaque fois je m'émerveille. Un matin, je me lève, j'ouvre les volets, et le monde est devenu magique : blanc, pur, parfait. Sous la neige, le sol ondoie doucement, les pierres levées qui limitent le jardin deviennent de petits fantômes tout blancs, prêts à marcher vers la forêt ; les branches nues de l'églantier se parent de velours, et chaque feuille du bosquet de bambous semble un trait fin qui se détache sur le ciel gris. Autour du bassin, de petites marques de griffes m'apprennent que les oiseaux sont déjà levés, mais la cour est toute lisse, pas un renard, pas un chat, pas une personne n'y est encore passé.

Me vient le refrain hivernal : pieds mouillés-doigts gelés-pelle à neige, mais je rejette cette vision terre-à-terre pour mieux me laisser emplir de toute cette beauté. Du ciel tombent des milliers de flocons, chacun minuscule mais qui s'empilent très vite pour transformer le paysage en conte de fées. Pourtant, bien sûr, dans quelques heures la cour sera quadrillée de pas, de pelletées de neige, de chemins creusés par la brouette pour rapporter du bois ; mais ces traces disent la vie : nous allons nous rencontrer, sortir, nous chauffer, faire à manger.

En effet, en vivant je laisse des traces de toute sorte, dans la nature comme dans le cœur d'autres personnes et je n'ai pas toujours l'occasion d'y penser. Il y a tant de choses à faire aujourd'hui qu'hier est déjà loin et presque oublié. Le grand silence de cette matinée me fait réfléchir : comment est-ce que je laisse le monde derrière moi ? Je regarde ma chambre - c'est une habitude que j'ai prise de me retourner en sortant pour voir la première impression que j'aurais en y revenant. En quelques gestes je peux en faire un endroit agréable à retrouver tout à l'heure. Quant à mon bureau...disons que j'ai beaucoup de travail en retard, et que je vais, c'est promis, le ranger cet après-midi !


Et hier soir ? Je ne pense pas seulement à la cuisine, à la vaisselle, mais aux personnes avec qui j'ai passé la soirée, les ai-je quittées contentes de ce moment passé ensemble ? Celles que j'ai rencontrées dans la journée, celles avec qui j'ai parlé au téléphone... ? Qu'est-ce qui reste en suspens ? Une promesse, un message à envoyer, une petite querelle à oublier ? Est-ce que je suis allée dormir le cœur tranquille, ou bien lourd de mots maladroits, d'irritation stupide ? Examinant ma vie, verrai-je des colères blessantes, des rancunes profondes ? Quels chagrins pourraient être consolés ? Quel apaisement pourrait être apporté par un sourire ou quelques mots ? Quel pardon ai-je refusé ? Le monde derrière moi : peut-on y voir un peu plus de clarté, ou tout au moins, un peu moins d'obscurité ?

Quoi de plus important qu'apporter un effleurement de beauté, une échappée de lumière, et, disons le mot, une offrande d'amour. Avons-nous aidé à ouvrir une porte, avons-nous su alléger une souffrance ? Avons-nous planté un arbre, ou une fleur, ou au moins une graine d'espoir ? Le monde derrière nous : nous le savons meurtri, abîmé par la violence, mais qu'avons-nous donné à tous ceux qui nous accompagnent, nous soutiennent, nous aident à vivre et à ce monde qui nous porte et nous nourrit ? Je voudrais faire le vœu, un peu tardif, de me retourner régulièrement, pour être sûre que tout est paisible et harmonieux derrière moi. Contemplant cet espace infini de blancheur, ce matin, je voudrais être sûre de ne laisser que des traces légères, des souvenirs de joie, des instants de paix...



source : La Vie


samedi 28 janvier 2017

Belle année chinoise !



Le Coq de feu règne sur l'année chinoise commençant le 28 janvier 2017 et prenant fin le 15 février 2018. Dans l'astrologie de ce pays, on dit que les personnes nées sous le signe du Coq de feu sont charismatiques et pleines de charme.

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Fabrice Midal : Extraits de Foutez-vous la paix !


Voici un mode d’emploi pour être moins sage mais plus humain. En 15 courts chapitres, mêlant témoignage personnel et réflexion sociétale, le philosophe démonte une à une nos idées reçues sur la méditation. (Flammarion, 16,90€.)

« Je me souviens de mes grands-parents qui passaient de longs moments, en silence, à regarder crépiter le feu dans la cheminée. Communistes, ils avaient pris leurs distances avec la religion et la spiritualité. Ils étaient loin d’être des mystiques et n’avaient jamais entendu parler de méditation, mais leurs soirées devant le feu sont ce qui se rapproche le plus de la méditation telle que je l’entends. C’était, pour eux, une forme d’hygiène de l’esprit. Un acte naturel, banal mais indispensable.

Aussi naturel et banal que de marcher, de bouger, de se fatiguer, de pratiquer ce que nous appelons aujourd’hui le sport et que nous accomplissons, nous, selon des protocoles savants, avec des machines, des instructions, des appareils mesurant nos performances – et les comparant à celles du voisin. Nos arrière-grands-parents, eux, n’avaient pas besoin de faire leur jogging pour rester en forme.

J’avais 14 ans quand j’ai entendu parler pour la première fois de cette pratique (la méditation, ndlr) qui, à l’époque, était confidentielle. Elle m’avait fortement intrigué mais j’ai eu peur, en m’y engageant, de devenir une sorte de légume. Ne rien faire pendant un moment, n’est-ce pas une démission totale ? Par ailleurs, m’étais-je dit, si cette méthode si simple fonctionnait vraiment, tout le monde l’aurait adoptée. Je me suis replongé dans les livres que je dévorais et dans les poèmes que j’écrivais.

Mais au fond de moi, je restais intrigué… À 21 ans, j’ai sauté le pas. J’avais entamé des études de philosophie, et ma déception était à la hauteur de l’enthousiasme qui m’avait poussé dans cette voie. Pour tout dire, je n’y arrivais pas. Je m’y étais engagé en cachette de mes parents qui croyaient, eux, que j’étudiais le droit. Je ne me sentais pas très à l’aise avec mon mensonge, mais j’espérais réussir enfin quelque chose qui me plaise. Or mes résultats étaient médiocres. Je ne parvenais pas à lire les livres qu’il fallait et quand, au prix d’extrêmes efforts, j’en avais lu un, j’oubliais aussitôt les concepts que j’aurais dû maîtriser.

J’étais accablé quand j’ai sonné à la porte d’un groupe d’Américains dont on m’avait donné l’adresse. Un homme fort affable m’a accueilli et m’a introduit, en quelques mots, à la méditation : il me suffisait, m’a-t-il dit, de bien m’asseoir sur mon coussin et d’être juste présent, attentif à ce qui se passe. De mettre de côté mon savoir et mes compétences, et de ne pas essayer de comprendre, parce qu’il n’y a rien à comprendre. Je n’en revenais pas : cette fois, là, vraiment, je n’avais rien de compliqué à faire. C’est ainsi que j’ai médité pour la première fois. Sans savoir à ce moment que j’avais la chance d’être initié par Francisco Varela : l’homme affable qui m’avait ouvert la porte était en fait l’un des plus grands neurobiologistes contemporains.
(…)

Et là, pour la première fois, je n’avais rien à réussir : il me suffisait juste d’être présent à ce qui est, de revenir à ma présence corporelle, à mon souffle, à mes sensations, à mes perceptions, à ce qui m’entoure. (...)
Il m’a fallu du temps et des tâtonnements pour enfin admettre que méditer, c’est tout simplement se foutre la paix. Et que se foutre la paix, cette règle d’or de la méditation, devrait être le leitmotiv de toute notre existence. Nous sommes conditionnés à toujours « faire » : cuisiner, travailler, aimer, regarder un film, répondre au téléphone. Même quand nous disons « je ne fais rien », en réalité nous faisons plein de choses : nous zappons sur notre télé, nous bavardons dans notre tête, nous passons d’une activité et d’une pensée à l’autre, dans la discontinuité et la peur d’un moment de silence. Notre attention est fragmentée et nous avons réellement l’impression de « ne rien foutre », de perdre notre temps inutilement, de ne rien accomplir d’essentiel ni de nourrissant.
Méditer, au fond, c’est tout simplement le fait d’être. Le fait de s’arrêter, de s’octroyer une pause, de cesser de courir pour rester présent à soi, pour s’ancrer dans son corps. C’est une école de vie. (…)

Méditer est aussi simple que se laver les dents ou regarder un feu de cheminée.
Essayez. Asseyez-vous. Sur un coussin ou sur une chaise, peu importe : il n’existe pas de posture à prescrire ni à proscrire. Le fait de s’asseoir n’est pas une technique, c’est juste une manière très simple de réussir à ne rien faire, à ne se préoccuper de rien. J’y ajouterais un conseil de bon sens : tenez-vous droit pour rester alerte, présent, disponible. (…) La droiture de la posture ouvre l’esprit à l’entièreté du présent. (...) Méditer n’est pas se détacher ni se désincarner, mais, au contraire, s’ouvrir au monde à travers ses sens, donc à travers son corps. C’est sentir le contact de ses pieds avec le sol, de ses mains sur ses cuisses, des vêtements sur sa peau. C’est entendre une voiture qui freine, un passant qui parle, sans essayer de comprendre, sans juger, sans même y mettre de mots. En prenant acte, c’est tout : j’entends, je vois, j’ai faim, je suis en rapport, et bientôt le son devient plus ample, il devient infini, il devient poésie…

Nous sommes d’emblée des êtres relationnels, mais, dans la vie, nous nous coupons des relations, nous nous isolons, nous oublions cet acte généreux qui consiste à ne pas chercher à toujours expliquer, comprendre, justifier, critiquer. Je prends la méditation comme un entraînement très simple, très facile, à cette attitude généreuse que l’on devrait apprendre à appliquer, y compris à soi-même, ou plutôt d’abord à soi-même. Je ne conçois pas cet entraînement comme un exercice ni comme un travail sur soi. Il n’est pas une consigne ni un défi à relever, mais une invitation à se laisser entraîner. Il n’est pas une méthode d’introspection ou de bonification du moi, il n’est pas un « moi, moi, moi ». Parce que « moi » n’est pas un individu isolé qui médite pour regarder son nombril. En méditant, je découvre combien je fais partie du monde. J’entre en relation avec ce qui est, tel qu’il est, y compris avec moi, en un geste de bienveillance que la vie nous a désappris. Cessez de méditer… et respirez. Respirer est un acte naturel qui ne nécessite aucun effort. Mais c’est en même temps un phénomène extraordinaire, l’acte de vie par excellence : juste en me foutant la paix et en respirant, je suis vivant !

Méditer est du même ordre : c’est un acte naturel par lequel je laisse la vie revenir en moi, grâce auquel je redeviens vivant. C’est surtout un acte de tous les moments qui consiste en une forme d’attention et de bienveillance, en dehors de tout jugement. Je suis triste ou énervé ? Je prends acte de ma tristesse ou de mon énervement… et je me fous la paix. La méditation est une respiration sans consignes ni sanctions. Et c’est en cela que réside son pouvoir de guérison. Respirer, c’est se resynchroniser avec la vie. Méditer, c’est se foutre la paix et s’autoriser à redevenir humain... »

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vendredi 27 janvier 2017

Fabrice Midal : se foutre la paix (2)


Cesser d’être parfait, c’est se donner une chance d’être plus créatif ?

Je raconte dans mon livre cette histoire de concours de château de sable quand j’avais 10 ans. Nous avions juste une heure pour bâtir notre œuvre et sur les 15 enfants que nous étions, tous ont fait des choses différentes. Ma sœur a fait une coccinelle et, avec un pot de confiture emporté de la maison, elle a dessiné les taches sur son dos. Moi, j’ai essayé de faire parfaitement ce qu’on m’avait demandé de faire. Au bout d’une heure, tous les enfants avaient fini quelque chose, et moi… je n’avais fait que deux tours de mon château que je voulais parfait. Résultat : ma sœur a gagné le premier prix et moi, j’étais le dernier ! En voulant trop bien faire, fuir l’inconnu et rester dans les cadres, on passe à côté de l’essentiel.

Mais comment faire concrètement ?

En commençant par mettre un ­post-it sur son bureau « Je me fous la paix », déjà, on respire. Une manière de couper toutes les injonctions. On peut aussi faire trois minutes d’exercices dans cette même optique (www.fabricemidal.com). Et puis chacun peut trouver sa façon de « se foutre la paix » : aller au cinéma, marcher dans la nature, aller voir une exposition de peinture, entrer dans une église… tout ce qui ne répond pas à une injonction mais nous rend le plaisir de nous sentir plus vivants, nous déplace par rapport à nos soucis. C’est en se promenant et en recevant une pomme sur la tête que ­Newton a trouvé la solution à son problème. Face à une angoisse personnelle ou une décision, il faut arrêter de penser, accepter d’entrer dans l’incertitude et la fragilité en laissant la question de côté, marcher, prier ou méditer et faire confiance : quelque chose qu’on ne contrôle pas, qui est de l’ordre de l’intuition – ou que certains appellent Dieu ! – va me répondre.

On a tous l’image du méditant calme et zen. « Se foutre la paix », n’est-ce pas se mettre en retrait du monde ?

Il ne s’agit pas d’être calme mais d’être en paix. Le calme est contraire à notre nature profonde et même à la construction de la paix. Quand la mer est calme, les bateaux n’avancent plus ! Le Bouddha ne cherchait pas le calme, il a commencé par remettre en cause la société de son époque, il a critiqué les castes, l’exclusion des femmes de la vie spirituelle. Il n’était ni zen ni en retrait de la société, mais l’artisan d’une critique sociale. Le Christ n’est pas venu non plus apporter le calme sur la terre, mais la paix et l’amour brûlant qui transforme tout. Il n’a pas invité les apôtres à être parfaits mais à tout laisser tomber pour le suivre. En les libérant de leur identité, il les conduit à entrer dans leur humanité. Benoît XVI a souligné que si l’Antéchrist venait, il viendrait avec la promesse du bonheur et du calme complet pour toute l’humanité et il rappelle que le message du Christ est bien plus révolutionnaire que cela : ni sage, ni édulcoré, il sort des logiques habituelles des hommes. Promouvoir le calme, c’est promouvoir la déshumanisation de notre société.

De quoi, au fond, avons-nous peur ?

Nous sommes dans l’illusion que si nous courons de plus en plus vite pour faire quantité de choses, nous restons en vie. En réalité, plus je cours, plus je suis épuisé. Un moment de silence et d’arrêt n’est pas la mort, mais l’occasion de retrouver une source en moi et de redécouvrir que je suis un vivant. De même, face à l’angoisse d’un vieillard, d’un malade, d’un enfant, il vaut mieux s’asseoir quelques minutes à côté de lui sans rien faire, en s’efforçant d’être présent à toute sa personne plutôt que de vouloir « gérer » son stress ou son émotion. Il nous faut retrouver ce rapport de bienveillance, cet art d’habiter la tendresse humaine qui va à l’encontre de la dictature de la rentabilité. Nous sommes durs avec nous-mêmes comme avec les autres et nous avons du mal à toucher notre fragilité et notre vulnérabilité.

Est-ce une chance de s’ouvrir à la bienveillance ?

C’est un changement de perspective. En se sécularisant à l’extrême, notre société a cantonné au domaine religieux la bienveillance et la compassion sans comprendre qu’aucune société laïque ne peut vivre sans ces notions qui participent du bien commun. Dans la vie, les gens sont généreux mais les mots pour le dire sont devenus tabous : la charité est devenue solidarité et nous n’avons plus le droit de parler de compassion ou de bienveillance à l’école ou dans l’entreprise. On peut parler du devoir social de s’occuper de ceux qui souffrent mais pas d’un acte gratuit de bonté. « Se foutre la paix », c’est revenir à notre humanité et ce n’est pas une question de temps mais de qualité de présence. Beaucoup de soignants le disent : on peut faire le même geste en trois minutes en étant purement technique ou en étant bienveillant et présent au malade. En revenant à la vie, en s’autorisant à être comme on est, on retrouve une qualité de présence à l’autre.



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jeudi 26 janvier 2017

Fabrice Midal : se foutre la paix (1)

Résister aux tentations de perfection et d’hyper-performance valorisées par la société, c’est ce que le philosophe Fabrice Midal, créateur de l’École occidentale de méditation, propose dans son dernier livre Foutez-vous la paix et commencez à vivre (Flammarion). Le fondateur de l’École occidentale de méditation, qui pratique cette discipline depuis 30 ans, nous invite ici à nous libérer des modèles ambiants pour retrouver la liberté et l’audace de notre humanité. 


Vous revendiquez aujourd’hui le droit de « se foutre la paix ». Que voulez-vous dire ?

Pour la première fois dans l’Histoire, nous ne contrôlons plus le contenu de nos journées : la multiplicité des échanges virtuels, des réseaux sociaux, des rythmes de vie nous empêche de répondre à toutes les exigences qui nous écrasent. Le nombre d’e-mails, par exemple, a augmenté de manière si exponentielle qu’on ne peut, à la fin d’une journée, avoir tout lu, tout traité. « Se foutre la paix », c’est faire une pause par rapport à cette avalanche et refuser d’être tributaire de toutes ces injonctions. Il ne s’agit pas d’arrêter de faire, mais de refuser cette pression qui voudrait, qu’en plus on réponde à tout de manière parfaite et indiscutable.

Car nous avons nous-mêmes intégré cette pression ?

Oui et c’est une vraie compétition ! Nous nous demandons sans cesse si nous sommes à la hauteur. Il faudrait réussir sa vie personnelle, familiale, être à l’écoute de ses enfants, être un bon père, un bon professionnel… Et si je ne suis pas parfait, c’est de ma faute. Tout sert à entretenir ce challenge, même les livres de psychologie ou de méditation qui vous laissent croire qu’il faudrait être zen et calme en permanence, gérer parfaitement ses émotions. On retrouve cela dans le monde professionnel avec le phénomène du burn out. Des gens s’effondrent non pas parce qu’ils ont mal fait ou ne sont pas motivés, mais parce qu’ils veulent trop bien faire. C’est une maladie de l’hyper-performance. On est tellement poussé à bout qu’on se sent doublement coupable : de ne pas être parfait et de laisser surgir sa fatigue ou ses défaillances. Or, la fragilité, c’est ce qui tisse l’existence humaine. Se foutre la paix, c’est renoncer à un idéal inaccessible d’homme ou de femme parfait qui ne correspond pas à mon aspiration profonde et m’est renvoyé par notre société de performance.

Vous « foutre la paix » vous a sauvé ?

Oui, découvrir à 20 ans, avec la méditation, que je pouvais rester là sans rien faire m’a libéré. Toute mon enfance, on m’avait dit : « Peut mieux faire » et je ne comprenais pas ce qu’on attendait de moi. Mes grands-mères, restées veuves, voulaient que je les sauve de la solitude, mes parents que je m’intègre dans la société, que je fasse un bon métier – du commerce comme mon père ! Et à l’école, je ne faisais jamais assez bien. Et là, d’un coup, je m’assoie et on me dit : « Tu n’as rien à faire, tu n’as pas à être autrement mais à t’ouvrir à ce qui est là. » C’était libérateur. Bien sûr, il m’a fallu du temps d’apprentissage pour ne plus chercher à « bien » méditer, ni à me conformer à l’idée que j’avais du « bon » pratiquant. Comme beaucoup de chrétiens qui pensent qu’il faut être toujours généreux, toujours serviables. Ce qui, paradoxalement, empêche de l’être vraiment !

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mercredi 25 janvier 2017

Accomplissement...


" la nature ne se dépêche pas, tout est accompli."

Lao Tzu



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mardi 24 janvier 2017

Un pas sage...



Là où se trouvent tes pieds commence le voyage... 

Lao Tseu

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lundi 23 janvier 2017

peur de la peur...


Une vidéo connue et humoristique mais très juste à propos de la peur...



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dimanche 22 janvier 2017

Pour un monde plein d'attention... avec Christian Bobin


La racine du mauvais monde dans lequel nous nous trouvons, c'est la négligence, c'est le défaut d'attention, un manque d'attention, c'est que ça.

C'est peut-être pour ça que la poésie est une chose vitale, parce que la poésie est une pierre à aiguiser l'attention, une sorte de pierre de sel, pour se frotter les yeux, pour se frotter les paupières, pour revoir le jour enfin, pour revoir ce qui se passe, pour revoir le jour et les nuits et la mort en face, cachée derrière le soleil, voir tout ça. Le voir s'en trop s'en inquiéter, s'en trop s'en alarmer.C'est ça je crois la racine du mal d'aujourd'hui qui est grande, c'est juste un défaut panique d'attention, qui suffit pour engendrer tous les pires désordres et les maux les plus terribles. Juste ça, l'attention.

Ça ne sert à rien de se plaindre, tout le monde va vous dire que c'est insupportable, tout le monde va vous dire ça, mais tout le monde y participe. Juste faire attention aux siens, faire attention à ce qui se trouve mêlé à nous dans la vie banale. Ceux qui sont là, pas ceux qui sont à dix milles kilomètres et avec lesquels on fait semblant de parler à travers un écran, ça n'a pas de poids ça.
Mais simplement faire en sorte que les gens qui nous entourent ne dépérissent pas, et peut-être même les aider, les conforter.
..Voilà...
Faire simplement attention au plus faible de la vie, parce que c'est le plus faible qui est le plus réel et parce que c'est ça qui est digne de vivre, et qui vivra toujours d'ailleurs.

Recueillir ces choses là, porter soin, prendre soin, faire attention, voilà. Ce sont des pauvres verbes mais ce sont des verbes comme des armées en route si vous voulez, ce sont des verbes de grande résistance, et ce qui pour moi est en oeuvre dans ce qu'on appelle la poésie.

La poésie pour moi, c'est pas une chose désuète, c'est pas un napperon de dentelle sur la table, c'est pas un vieux genre littéraire....C'est la saisie la plus fine possible de cette vie qui nous est accordée, et un soin de regard porté à cette vie.
Voilà, c'est ça la poésie. C'est pas une chose qui même est tout de suite dans les livres, c'est pas une chose de littérature en tout cas, c'est simplement chercher à avoir un cœur sur-éveillé. Sur-éveillé!"

Christian Bobin

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samedi 21 janvier 2017

Il est temps... avec Pierre Rabhi



A 78 ans, vous vous dites fatigué et confiez ne pas arriver à lever le pied. Comment vivez-vous ce temps que vous passez à écrire, parler, sensibiliser ?


Disons que je ne tiendrais pas le coup si je n’étais pas engagé dans des enjeux gravissimes (la faim dans le monde, la destruction de l’environnement, etc.). L’humanité est folle et la planète est entre des mains inconscientes… Comme l’a prouvé le scientifique Pierre Teilhard de Chardin dans Le Phénomène humain, notre présence sur terre est fort récente et seule l’humanité a su introduire de la dualité dans la réalité terrestre… Tout cela pour des raisons imbéciles, spécieuses, et de surcroît avec des déséquilibres profonds, notamment entre masculin et féminin !
Votre vision n’est pas très optimiste…

L’évolution générale n’est pas bonne, même s’il y a de petits progrès de-ci de-là… Nous sommes capables de toutes sortes de prodiges et de prouesses techniques et technologiques, mais à force de mobiliser notre génie sur la destruction et la mort, nous retournons cette prodigiosité contre nous. La question est de savoir pourquoi nous sommes dans cette contradiction et comment nous nous sommes installés dans cette ornière. Il s’agit aussi de savoir si nous avons le temps de changer la donne. Comment appréhendez-vous cette question du temps ?
Depuis l’origine de l’humanité, le temps est indexé sur le temps cosmique (les saisons, le rythme du vivant), raison pour laquelle je peux renoncer à beaucoup de choses, sauf à mon jardin, qui me reconnecte à cette temporalité. J’ai aussi appris à m’écouter : revenir à son corps et à sa respiration permet de garder la vraie cadence de la vie.
Le tout consiste à échapper à la frénésie dans laquelle notre société est entrée : quand la logique de profit accélère le temps pour des finalités stupides, la société ne crée plus de joie et l’on recourt aux anxiolytiques pour atténuer notre mal-être. Cette frénésie est presque une épidémie généralisée… On est tombé dans cette anomalie pour gagner du temps, mais cette normalité nous piège maintenant.


Le retour à la terre et la permaculture, dont on parle beaucoup aujourd’hui, nous permettraient donc d’apaiser notre rapport au temps ?


Oui ! Le jardin oblige à la patience, car on ne peut semer aujourd’hui et récolter demain. Certains moyens artificiels accélèrent le processus, mais le vrai temps, celui qui est ponctué par la respiration ou les battements du cœur, est le seul à procurer un sentiment d’éternité. De même, la civilisation agraire imposait un temps différent de celui de la société industrielle dans laquelle les gens acceptent d’être enfermés dans des villes, d’être enfermés toute leur vie dans des boîtes, dans un espace où le soleil se lève et se couche pour rien. C’est à se demander s’il existe une vie avant la mort.
« Je retiens que le temps qui passe est une durée qui m’est octroyée, une soustraction permanente sur ma durée. » C’est comme si on restait dans le coma pendant onze mois, avant de profiter, pendant le mois restant, de ce que le système nous confisque… Il faut donc s’interroger sur les raisons qui nous poussent à être dociles à la frénésie plutôt que d’essayer d’innover pour mieux la supporter ! Prenons donc le problème à sa racine : quel mode d’organisation l’humanité doit-elle adopter pour jouir de ce que la vie sur Terre lui offre ?


Vous affirmez dans votre livre être convaincu qu’il n’y a pas de changement de société sans profond changement humain, et qu’il nous faut ensemble prendre conscience de notre inconscience. Mais a-t-on le temps d’attendre cette prise de conscience ?

Il y a un moment où chacun de nous est ramené à l’espace de liberté où l’on peut exercer sa spontanéité, sa liberté… C’est pour cette raison que nous avons créé le mouvement Colibris (association fondée en 2007 qui mobilise « pour la construction d’une société écologique et humaine »). Et c’est pour cette raison que j’ai organisé ma vie avec une cohérence de pensée et de conviction, car c’est par l’exemple et la cohérence qu’on arrive à convaincre. Le problème est surtout de savoir si nous sommes capables de changer les choses, de créer un autre espace-temps et de sortir du système esclavagiste qui nous est imposé.
Qu’apprend-on le plus avec le temps ?

Je retiens que le temps qui passe est une durée qui m’est octroyée, une soustraction permanente sur ma durée. On déduit sans cesse sur un capital vie dont on ne sait l’importance… donc pour moi le temps s’imprime sur quelque chose qui a une saveur d’éternité… C’est ainsi que l’on perçoit notre contingence, que l’on passe dans la vie sans arrêter le temps.


Interview de Pierre Rabhi
Journal Le Monde

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vendredi 20 janvier 2017

Danseuse et toiles...





“Nous tissons notre destin, nous le tirons de nous 
comme l'araignée sa toile. ”
François Mauriac




“Quelques gouttes de rosée sur une toile d'araignée, 
et voilà une rivière de diamants.”
Jules Renard


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jeudi 19 janvier 2017

Projection et réflexion...





Le monde n'est qu'une projection du mental dans votre état de veille. Il n'est donc qu'une idée et rien d'autre. Quant à la paix, c'est l'absence d'agitation.....

Qu'est-ce qui est bien, qu'est-ce qui est mal ? Il n'y a pas de critère qui permette de juger si une chose est bonne et une autre mauvaise. 
Les opinions diffèrent selon la nature de l'individu et selon son environnement. Ce sont des idées et rien de plus....

Le mal que l'on voit chez l'autre, c'est son propre mal. La distinction du bien et du mal est à l'origine du péché. On projette hors de soi son propre péché et, par ignorance, on le surimpose sur l'autre."


L'enseignement de Sri Ramana Maharshi, 

éditions Albin Michel

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mardi 17 janvier 2017

Marc Vella au forum à Ciel ouvert




Si vous n'avez pas suffisamment de temps, prenez-le ou écoutez la deuxième partie ...

Marc Vella, interview de 2015

Première partie (5 min.)



Deuxième partie (10 min.)



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lundi 16 janvier 2017

Chat l'heure...




"Une parole venue du cœur tient chaud pendant trois hivers."

Proverbe chinois

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dimanche 15 janvier 2017

Derrière le voile avec Philippe Mac Leod


La parabole révèle la parole encore secrète au cœur de la graine. Et la parole se tient là, tout entière, roulée sous cette enveloppe, comme l'arbre à venir jusqu'en ses plus fines ramures. La parabole ne donne que ce que l'on peut entendre et recevoir aujourd'hui, seulement ce que l'on peut deviner de ce qui se prépare dans la semence, pas plus grosse qu'une étoile dans la démesure des ciels nocturnes. La parabole ne fait que s'ajuster à nous qui entendons, comme en miroir elle épouse le voile de nos oreilles, la poussière de nos yeux, nous qui regardons et ne savons pas voir celui qui parle, celui qui agit au cœur du grain esseulé, qu'un vent étranger dépose sur l'hiver de nos terres.
Que nous dormions ou que nous nous escrimions, celui que nous ne distinguons pas se tient là, dans le noir de nos aveuglements, infime, minuscule semence dans le fond de nos barques, guère plus distincte qu'un murmure au beau milieu de nos vacarmes. Qu'il dorme ou qu'il veille, c'est nous qui faisons la nuit, d'une épaisseur impénétrable, puisque nous nous tenons au-dehors, trop loin pour entendre, beaucoup trop loin pour le reconnaître, lui, l'insaisissable pêcheur des hautes terres, l'étrange semeur dans sa barque, d'un geste large vers la multitude sur les talus, les foules éparses, assises face à la mer immense et bleue comme une médiation suspendue entre le ciel et la terre.
Le temps sera long d'une rive à l'autre, interminable le chemin sans tracé d'un temps à un autre temps. Et cette barque, qu'on ne quitte pas, comme un fil rouge qui disparaît, puis qu'on retrouve plus loin sur une grève inconnue. Et ces soirs qui descendent, vastes comme le monde, la nuit qui tombe sur la mer et remonte de la terre comme des pensées qui parlent un peu plus bas et parviennent jusqu'à nous, chargées de tous les silences traversés, jusqu'à ces lueurs à ma fenêtre, où je puis le reconnaître, debout dans la lumière de la Résurrection, tenant le fil jamais lâché, pour me le remettre aujourd'hui et ajouter à la chaîne des âges la longueur de mon regard.
Tant bien que mal je le suis sur des chemins identiques, seulement un peu plus longs et plus sinueux, et traversant des villes où les murs ont changé de langage, où les visages des hommes toujours se ressemblent. Ce n'est plus un livre que je tiens entre mes mains ou appuyé sur mes genoux. Le voile de la page est si fin, je peux voir trembler la flamme à l'intérieur du sanctuaire, une présence affleurer à la surface de ma peau déroulant un vivant parchemin, et je pense à cette silhouette légère, jadis, comme un remous à la surface des eaux.
C'est sur les airs qu'il marche à présent, enveloppé du scintillement de nos espaces, dans un aujourd'hui qui retentit de sa voix, et j'aime en suivre la courbe, aux premières heures, lorsque la clarté monte du fond de la nuit, jusqu'aux horizons rougeoyants, comme une phrase bien pleine, bien ronde, qui se déroule, parvenue au bout de son souffle. Il nous a laissé ce livre pour que de chacun de nos jours nous ajoutions une page chargée de sens, et à l'autre bout je m'endors en sentant derrière moi le poids de sa présence, comme si le temps lui-même, qui passe, jour après jour, instant après instant, comme si le temps lui-même était habité, traversé du vent de son passage, son haleine, le frôlement de sa parole vivante, sensible, qui pour moi, ce soir, devient le monde entier.


source : La Vie

samedi 14 janvier 2017

Pierre Rabhi... vu de l'intérieur...


Les problèmes sont en moi déjà !
La nécessité du changement intérieur... 
et du travail sur soi (corps, émotions, pensées)



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vendredi 13 janvier 2017

Introspection...




"Une vie sans introspection ne vaut pas la peine d'être vécue." 

 Socrate




"L’homme moderne, noyé dans de fausses idéologies collectives, désorienté par un manque de valeurs auxquelles se raccrocher, a oublié qu’il avait une âme. 

Il recherche désespérément en dehors de lui quelque chose qui puisse l’animer, le rendre vivant. 


C’est pourtant en lui qu’il pourrait retrouver le contact avec les forces inconscientes qui l’animent, en se confrontant avec elles." 


Carl Gustav Jung

Artiste : Vladimir Kush

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jeudi 12 janvier 2017

Pourquoi méditer ? Dominique Durand


Lorsqu'on se pose la question « Pourquoi méditer ? » il est nécessaire de revenir aux fondamentaux de la technique, la simple assise de Bouddha, parce que celle-ci est sans ego et qu'elle inspire une réponse qui ne concerne en rien tous les justificatifs proposés qui ne sont que des points de vue au service du moi.

Avant même que l'ego ait eu le temps de s'approprier la situation, lorsque l'on vient à peine de s'asseoir, la vertu de l'immobilité et de la tenue nous révèle une vérité qui nous pénètre en force : nous ne nous appartenons pas, rien ne nous appartient dans ce qui se passe en ce moment, ni nous-mêmes, ni ce qui se fait.

Alors, nous ne pouvons qu'être invités à contempler « ce qui se réalise et s'organise selon ses propres lois » (Jacques Castermane).
Un ensemble s'élabore de lui-même qui ne concerne pas seulement « celui de nos dix mille milliards de mitochondries jouant à la perfection leur rôle de nano-centrales énergétiques », ou encore « celui de notre foie régulant nos taux de sucre et d'insuline au millième de gramme près », organisations pour lesquelles nous ne sommes pour rien.

Quoique tout à fait respectable, cette prise de conscience ne serait encore qu'une objectivation de l'inexplicable. Il faut sauter le pas en nous aidant d'une indication de K.G. Dürckheim qui nous invite à « étendre notre intérêt à des régions et des aspects de notre existence que le moi ne peut pas soumettre : l'expérience des sens et l'expérience intérieure du corps », parce que, ajoute-t-il, « ces deux domaines ne sont jamais complètement corrompus ».

Qu'entend-il par là ? Qu'est-ce que le moi ne peut pas soumettre ? Dürckheim nous propose de simplement sentir sans nous approprier ce que nous savons ou ce que nous pensons de ce qui est senti. Henry Maldiney, phénoménologue reconnu, disait que, sentir, ça n'est pas avoir une sensation. L'acte pur de voir, d'entendre, de respirer et non pas de voir, entendre ou respirer quelque chose, ces fonctions, si tant est que l'on puisse les nommer ainsi, ne sont pas de notre fait, elles sont, elles se font et peu à peu et, libérées de nos pensées, nous imprègnent d'une autre façon. Et nous voilà, bouleversés, bousculés par le changement opéré dans notre manière d'explorer cela. Conduits malgré nous à contempler simplement ce qui se réalise, l'expérience nous pousse à devenir plus larges, plus vastes, pour laisser résonner ce vécu particulier : laisser se déployer sans heurts le « vivre », se laisser pousser soi-même par ce « vivre » au-delà des frontières établies et connues.


Cela ne nous appartient pas, nous ne le possédons pas, cela est tel que c'est et nous devons simplement permettre que cela soit. Le corps devient la connaissance immédiate de ce « vivre » qui ne passe plus par la conscience d'un moi contraint et limité. Le « vivre » s'accomplit de lui-même et nous en devenons simple témoin.

L'assise en silence révèle cette présence à la vie et nous saisissons alors combien il est dérisoire de répondre à la question « pourquoi méditer ? ». Parce que la réponse est bien trop vaste pour être contenue dans une logique explicative limitée à une cause et un effet. Même si nous sommes poussés un jour ou l'autre vers cette pratique avec le souhait d'améliorer quelque chose dans notre existence, nous sommes un jour ou l'autre, à force de pratique, confrontés à cette réalité, qu'il y a dans cette activité quelque chose de l'ordre de l'anonymat et de l'impersonnel, que nous serions bien en peine de définir.

La réalité connue à travers la pratique méditative ne pourra jamais être saisie par une pensée, une phrase, une explication, elle ne pourra jamais être au service du moi. Quant à cette question : pourquoi méditer ? Gardons-la sur le mode interrogatif et contentons-nous de nous ouvrir au mystère révélé par chaque assise.


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mardi 10 janvier 2017

Anniversaire !




Merci de votre fidélité... et de notre phytospiritualité.

Je compte sur vous et votre présence 
pour poursuivre notre chemin 
de transformation et de guérison
à travers ce blog.

Un petit message me fera plaisir 
(je suis humain !)

Par Acou...


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La citation sur l'image est de Swami Prajnanpad






Entière sensation...


“Chacun de nous peut représenter une différence réelle et substantielle sur cette planète. En vous engageant personnellement dans une quête de la conscience, vous assumerez vraiment un rôle marquant dans la transformation du monde.”


Shakti Gawain 
La Transformation intérieure

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lundi 9 janvier 2017

dimanche 8 janvier 2017

Hommage à Damien Ricour

Comédien depuis plus de 20 ans décédé vendredi 30 décembre, Damien Ricour a toujours mis son art au service de sa foi. Il avait interprété son spectacle inspiré de l'existence de François d'Assise aux Rencontres de la joie, organisées par La Vie en mars 2015 à Paris.

« Chaotique. Tel est le contexte dans lequel je suis entré dans la vie. Non désiré par mon père, qui a plié bagage avant ma naissance, j'ai vécu mes deux premières années chez une nourrice. Ma mère, très malade, venait me voir tous les week-ends. Jusqu'à l'âge de 18 ans, j'ai veillé sur elle. Notre vie était soumise aux allers-retours entre la maison et l'hôpital psychiatrique où elle était soignée. Sans repères solides, j'ai tenté, malgré tout, de me construire, nourri de l'amour de ma mère, qui n'a jamais failli, mais aussi de celui de mes cousins et de mes oncles et tantes. 

Tout s'est vraiment dégradé dans ma quatorzième année. J'étais alors beau, entreprenant, je plaisais aux filles, je faisais rire. Accident de mobylette. Dents cassées. Court temps de coma. « Dieu, où étais-tu à ce moment-là ? » Mon enfance avait été suffisamment difficile comme ça... Première colère. Première fois que ma chair était atteinte. Qu'une porte s'entrebâillait, laissant apparaître ma fragilité. 
Un peu plus tard, au lycée, la pente glissante a débouché sur une déscolarisation. J'ai pris la route, avec cette idée que la drogue me permettrait de mourir. Dieu n'avait plus de place dans cette vie que je n'estimais pas. Vaquant de squat en squat, je prenais comme modèles des compagnons de galère, à défaut d'avoir un père.

Au bout d'un an, je suis rentré à Paris, sans argent. Un soir, désespéré, je n'ai pu que crier vers Dieu : « Que veux-tu que je fasse ? » La nuit même, j'ai rêvé de théâtre... J'aime les planches depuis mes 8 ans, lorsque je suis monté sur scène pour la première fois. Moi qui n'avais jamais su comment me situer, je m'étais enfin senti à ma place. J'existais.

Cette quête d'amour et de reconnaissance, Dieu avait dû la percevoir en moi bien des années auparavant. À l'époque, la foi était très présente à la maison. Avec ma mère, nous lisions la Bible, allions à la messe parfois, visitions les sœurs franciscaines. Et, tout petit, j'ai ressenti un appel du Christ extrêmement fort : c'est comme s'Il me choisissait. À cette élection se mêlait la sensation d'être aimé de manière inconditionnelle et d'être habité par une grande joie. Seul Lui pouvait me débarrasser de tous mes problèmes. Samuel, appelé par Dieu (1 Samuel 3), c'était moi. Ce sentiment d'avoir été élu n'était pas dénué de toute-puissance. Me plaçant sur un plan strictement humain, j'allais enfin prouver qui j'étais : « Dieu t'a choisi, il va tout planifier. Tu seras encore plus connu que Michael Jackson ! »

D'un point de vue spirituel, un autre événement marquant a eu lieu quand j'avais 9 ans, année du décès de mon grand-père maternel. Cet homme tendre, drôle et cultivé m'a beaucoup marqué. Mais, j'ignore pourquoi, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le pitre avec mes cousins lors de son enterrement. Quelque temps après, j'ai assisté à une messe en latin avec les scouts. Bien que ne saisissant absolument rien à la liturgie, je me suis soudainement et physiquement senti saisi par un souffle venu d'ailleurs. Explosion de larmes. Repentance. « Je n'aurais jamais dû rigoler, faire le clown à son enterrement... et j'ai été dur avec grand-père parfois. » Ce saisissement n'était pas du même ordre que celui que j'avais ressenti tout petit. La première fois, c'est comme si une main m'avait sorti la tête de l'eau pour me permettre de respirer. Là, ce courant, humble, doux et bon, m'avait littéralement pénétré et me faisait percevoir ma pauvreté intérieure. À 42 ans, j'en pleure encore.

Fils unique, j'ai dû, dès mon plus jeune âge, jouer à peu près tous les rôles. Au fil de ma carrière, j'ai beaucoup développé le solo, qui me correspondait bien, en alternant spectacles profanes et pièces où je témoigne de ma foi. C'est après la fameuse nuit où j'ai rêvé de théâtre que j'ai décidé de me lancer dans cette voie. Peu à peu, mon goût pour la vie a repris. Le fait d'être en représentation rejoignait mes aspirations enfantines : briller, être applaudi, aimé.

Un jour, un ami de l'école de théâtre m'a proposé de jouer une pièce sur le bon larron dans son temple protestant. Une semaine avant la représentation, j'ai participé à une célébration. Lorsque le pain et le vin m'ont été présentés, au moment du partage eucharistique, j'ai entendu cette parole au fond de mon être : « Si tu manges mon corps et bois mon sang, tu dois te donner à moi. » Si j'acceptais, mon existence prendrait un tout autre sens, je le savais. Prononçant « Oui, Jésus, je t'accueille », j'ai porté à ma bouche le pain et le vin. Pour la troisième fois de ma vie, j'ai été saisi de l'Esprit saint. Retournement intérieur. À cet âge, j'aurais pu penser que le bonheur était d'avoir une belle voiture, une maison, la reconnaissance... Ce jour-là, j'ai enfin compris que ce n'était pas la gloire qui me sauverait, mais Son amour. Dieu me prenait tout entier, pauvre, fragile, limité. C'était la plus belle chose que je pouvais recevoir. Indicible joie.

À partir de ce moment, mon seul désir a été de me construire avec le Christ. Une année au service de la vie du temple, avec le pasteur, une autre au sein de l'Église m'ont permis de comprendre que je n'étais pas appelé à la vie consacrée. En parallèle a émergé l'envie de parler de Dieu dans mes spectacles. C'est comme ça que j'ai couché sur le papier Bienvenue au Paradis, version complétée du Bon Larron. Prisons, écoles, paroisses... depuis, je joue partout où ma voix peut trouver une place.

La joie dans l'épreuve. C'est ce que j'expérimente depuis une dizaine d'années. Jalonnées de très beaux événements, comme mon mariage avec Élisabeth et la naissance de mes enfants, elles furent aussi marquées par de grandes souffrances. Durant environ deux ans, j'ai connu la dépression. À certains moments, il m'était impossible de jouer sur scène. Une seule chose m'apaisait : savoir que Dieu était là, à mes côtés. Alors, je n'ai pas cessé de lui parler. Mais parfois, l'adresse se faisait cri, face au tourbillon de solitude dans lequel je m'enlisais.

Les médecins ont diagnostiqué une forme de bipolarité. Je serai suivi à vie. Tout ce que je veux, c'est ne pas retomber : pour moi, la souffrance psychologique est la pire de toutes. Il y a eu aussi l'annonce de mon cancer à l’œil, l'été dernier, à Avignon. Juste avant de partir en tournée, j'étais tombé sur cette parole : « Rien n'est impossible à Dieu. » Sur le moment, bêtement, j'ai pensé à mon spectacle : « Cela va bien se passer. » Aujourd'hui, je pourrais compléter cette phrase par : « Il peut aller jusqu'à me faire ce cadeau. » Oui, je considère mon cancer comme un cadeau. Peu m'importe de connaître son sens ou son origine. Je sais juste que l'amour de Dieu est tel qu'Il va jusqu'à permettre cela.

Dans l'Évangile, que le paralytique guérisse ou non, Dieu va jusqu'à descendre au fond de ses ténèbres. Aussi étrange que cela puisse paraître, mes ténèbres à moi sont imprégnées de la « joie en Dieu ». Elle n'est pas volontaire ou fruit d'une méthode. Elle n'est en rien dépendante d'un contentement, de satisfactions, déceptions ou souffrances humaines. Pure, grâce, elle vient d'ailleurs. Récemment, j'ai confié à mon père spirituel que, sur la Croix, le Christ avait dû être joyeux. La joie, telle est la réponse ultime. »


Les étapes de sa vie :
 1972 : Naissance à Paris.
1981 : Mort de son grand-père.
1994 : Conversion.
2003 : Création du spectacle Debout dans le vide, adaptation de la vie de Pier Giorgio Frassati.
2005 : Mariage, dont naîtront quatre enfants.
Août 2014 : Apprend qu'il a un cancer.



Les dix premières minutes d'un documentaire sur Damien Ricour, comédien décédé le 30 décembre dernier, ont été dévoilées par les réalisateurs, James et Sabrina Gunnell. Dans le film, le comédien revient sur la dépression qu'il a traversée, mais aussi sur sa façon de vivre son cancer, toujours ancré dans le Christ.


« C’est un message de vie face à la mort qui se profile, un message d’espérance extraordinaire », explique Steven Gunnell, qui a réalisé le film avec sa femme Sabrina. « Il montre comment un couple résiste dans une épreuve, comment la foi peut permettre de traverser la maladie, quand la fin arrive. » Avec sa petite société de production KREA Film-Makers, Steven Gunnell réalise des films principalement pour des structures catholiques.

« Il faut que l’image de Damien reste dans les cœurs et qu’il aille dans les cœurs de ceux qui ne le connaissent pas », poursuit le réalisateur. « Moi, je dis que c’est un saint. Son amour pour Dieu ne le quittait pas. Il s’est battu, avec une hargne… mais je ne l’ai jamais entendu pester ou rechigner. “Je n’ai plus qu’à me laisser aimer”, disait-il. »
Amis de Damien et Elisabeth Ricour, le couple Gunnell s’est lancé dans ce documentaire en début d’année 2016. « On voulait faire un DVD pour les aider », raconte Steven Gunnell. En effet, depuis le pronostic de son cancer, Damien Ricour ne pouvait plus se produire, en raison du retrait de ses assurances. Il avait même dû fermer sa compagnie de théâtre. « On est allé chez eux, on l’a suivi sur scène, à droite à gauche. Il avait beaucoup d’énergie. »

« En octobre sa situation s’est dégradée, on a compris qu’il ne remonterait pas sur scène. J’avais déjà fait un premier teaser. Damien m’a dit : “Fonce, fait le film, pour la gloire de Dieu”. Il a eu le temps de le voir avant de partir, il m’a dit : “C’est pas mal” ! » Après avoir eu l’aval de la famille, Steven Gunnell pense attendre encore quinze jours avant de diffuser le film dans son intégralité.

source : La Vie


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