lundi 30 septembre 2013

Amma a eu 60 ans

"L'amour est notre véritable essence. Cet amour n'a pas de limites de caste, de croyance, de couleur ou de religion. Nous sommes tous des perles enfilées sur le même fil de l'amour."
Amma



"Tant qu'il y aura assez de force pour tendre la main à ceux qui viennent à moi, à passer ma main sur l'épaule d'une personne qui pleure, Amma va continuer à donner le darshan, 
pour amoureusement caresser les gens, les consoler et essuyer leurs larmes jusqu'à la fin de la forme de ce corps.
 c'est le souhait d'Amma. "
Amma



dimanche 29 septembre 2013

Un fil lumineux et fragile de vérité...avec Emily Loizeau

"Il y a une fêlure dans chaque chose, c'est par là que la lumière passe" Léonard Cohen 


 «C'est tellement plus beau en anglais, et surtout écrit par Leonard Cohen. Mais, en dehors de la beauté renversante de cette chanson, ces mots sont pour moi des mots de résistance. Je les garde au fond de moi. Ils m'indiquent une quête fondamentale dans le rapport à soi-même, à la création et au monde. Apprendre à protéger la beauté de notre fragilité. de ce qui nous rend ou rend une oeuvre rare. Chérir cela comme un trésor. 

L'oeuvre parfaite ne m'a jamais fascinée. J'aime ce qui est sur le fil, ce qui donne à penser sur notre solitude absolue. Ce qui me touche, c'est ce qui reste d'humain et de faillible, et non le bluff du tour de force ou du record battu. Pour moi, le vrai dépassement de soi se trouve là. C'est si difficile de toucher à cette vérité sensible, d'assumer ce que l'on a de plus fragile. Tenter d'y parvenir me semble le plus passionnant des défis.» 

Emily Loizeau, (cliquer pour aller sur son site)
auteure, compositrice et interprète, est actuellement en tournée en France avec son album Mothers and Tygers .

 1. Leonard Cohen, romancier, auteur, compositeur et interprète canadien (né en 1934 à Montréal).
2. La phrase complète est "Ring the bells that still can ring/Forget your perfect offering/There is a crack in everything/That's how the light gets in» (in Anthem, chanson tirée de l'album The Future,1992). 

(source : psychologies magazine)


samedi 28 septembre 2013

"En ouvrant la porte du monde, on ouvre toujours plus grand..." Eve Ricard

"parler de la maladie n’est pas témoigner d’un malheur, mais dire qu’elle n’est pas un malheur serait une tromperie.
La nuit, je souffre, mais, au petit matin, je suis encore là. Ma vie est sauve. Chaque nuit me fait accoucher de la vie. "
(Parkinson Blues)

Face à la peur vient l'abandon de la peur !

Je suis dans la joie... A chaque instant, je bénis l'instant. Cela fait 23 ans que j'ai cette maladie (parkinson) et j'ai envie de continuer la fête de la vie.

N'avoir plus de peur de quoique ce soit donne une liberté à l'esprit extraordinaire.

(conférence émergences septembre 2013)

Eve Ricard




A la dame des mots !



jeudi 26 septembre 2013

Des poètes en temps de détresse par Michel Séonnet

Regardant tout ce monde aller et venir place Saint-­Sulpice, à Paris, à l’occasion du marché de la Poésie, me revenait la vieille question du poète allemand Friedrich Hölderlin : « Pourquoi des poètes en temps de détresse ? » Oui : à quoi bon des poètes dans le brouhaha des informations quotidiennes qui se succèdent et s’effacent l’une l’autre sans que l’on ait eu le temps d’en prendre vraiment la mesure ? Que vaut un poème face aux unes des journaux, à la vie difficile, aux violences subies, chômage, séparations ? Que vaut un poème au royaume des valeurs boursières ?

La semaine précédente, dans un autre de ces hauts lieux de la poésie, à Coaraze, près de Nice, j’avais animé une rencontre avec le poète marocain Mohammed Bennis. Dans son recueil Lieu païen, qu’il vient de publier (L’Amourier), il écrit :

Les poètes peuvent-ils exister
sans une fraternité qui les réchauffe
le long des sentiers perdus
Que peuvent-ils protéger
sinon la sève du chant

Il s’en était expliqué en disant qu’au-delà de toute recherche de beauté ou de sens, le poème est le lieu où la langue joue sa propre survie. Partout, la langue est bafouée, ramenée à la portion congrue d’un vocabulaire limité, d’expressions banalisées facilement commercialisables. Le poème est le lieu où la langue résiste. Il est tout à la fois un conservatoire de langue et un laboratoire d’inventions, de propositions. De la même manière que les recherches les plus pointues dans les sciences physiques mettent en évidence des éléments qui serviront à la vie commune dans 30 ou 50 ans, de même le poète, aussi discret qu’il soit, quel que soit le peu de cas qu’en font les médias, concocte les modulations d’une langue qui conditionnent la vie future de notre langue commune.

L’homme et la langue, c’est tout un. La Bible regorge de paroles qui mettent en avant la force de la parole dite. L’univers est né d’un poème, suggèrent certains sages du judaïsme. C’est en tout cas ce que je crois entendre à la lecture du magnifique psaume 17, où les mystères de la Création sont intimement liés à la magie des mots qui le disent.

À la liste de bonnes intentions que nous nous formulons au fil de l’année, il conviendrait, je crois, d’ajouter celle de lire régulièrement un poème. À chaque fois, nous en reviendrons plus riches d’un peu de langue, nous ­en serons un peu plus humains.

Michel Séonnet
http://petitspointscardinaux.net/
(source : La Vie)


mercredi 25 septembre 2013

Sur les empreintes de Pierre Rabhi (3)

"De ses propres mains, Pierre Rabhi a transmis la Vie au sable du désert... Cet homme très simplement saint, d'un esprit net et clair, dont la beauté poétique du langage révèle une ardente passion, a fécondé des terres poussiéreuses avec sa sueur, par un travail qui rétablit la chaîne de vie que nous interrompons continuellement".

Yehudi Menuhin


http://www.colibris-lemouvement.org/

mardi 24 septembre 2013

Sur les pas de Pierre Rabhi (2)

Deuxième épisode 

Pour que les arbres et les plantes s'épanouissent, pour que les animaux qui s'en nourrissent 
prospèrent, pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée.




lundi 23 septembre 2013

Sur les traces de Pierre Rabhi (1)


Retour sur le parcours de Pierre Rabhi, agriculteur, philosophe et essayiste français d'origine algérienne. Ce dernier est l'inventeur du concept de «sobriété heureuse». A travers le monde, il est reconnu comme l'un des experts internationaux de référence en matière de sécurité alimentaire. 

En Ardèche, dans son refuge, l'homme se confie sur son enfance passée en Algérie et à Paris. Il revient sur la décision la plus importante de sa vie : quitter avec sa femme le monde industriel de la banlieue parisienne pour l'univers rural de l'Ardèche. De cette expérience, il en tire un nouveau modèle de société basé sur «l'agro-écologie». Ce nouveau paradigme propose une société plus généreuse pour l'Homme et la Terre.


"Plutôt que proclamer des vérités interprétables de mille manières selon les convenances de chacun, je préfère nous inviter mutuellement à nous unir pour servir et promouvoir des valeurs simples telles que la bienveillance à l'égard de ceux qui nous entourent, une vie sobre pour que d'autres puissent vivre, la compassion, la solidarité, le respect et sauvegarde de la Vie sous toutes ses formes."
Manifeste pour la Terre et l'humanisme : Pour une insurrection des consciences 

de Pierre Rabhi


dimanche 22 septembre 2013

Conversion du regard par Alexandre Jollien


Spinoza lance dans son Éthique une phrase qui m'aide, chaque jour, à vivre le handicap. L'assumer, c'est l'œuvre d'une vie. Ici, nul acte définitif, tout reste provisoire. Constamment, je m'interroge : « Comment puis-je assumer mon infirmité ici et maintenant ? » En osant écrire « Par réalité et perfection, j'entends la même chose », Spinoza m'apprend que c'est la comparaison avec d'autres réalités que la mienne qui crée chez moi un sentiment de privation. Prenons un exemple assez fidèle à la tradition spinoziste. Lorsque je contemple un moineau virevolter de branche en branche, je ne regrette absolument pas de ne pas avoir d'ailes. Imaginons cependant qu'autour de moi tout le monde en ait. Il y a fort à parier que j'en voudrais aussi et que subitement elles me feraient cruellement défaut ! Sans les créer tout à fait, la comparaison accentue nos faiblesses. Souvent, sur le handicap physique, mental ou psychique, peut se greffer un handicap social : être handicapé sous le regard d'autrui, être ainsi pour l'autre. 

Je ne me sens nullement infirme quand je me promène avec mes enfants dans la rue. Certes, je suis un peu lent, facilement sujet à la fatigue, mais, à leurs yeux, je n'apparais pas comme « le handicapé », je suis simplement « papa ». Parfois, un rire bref, un doigt tendu, des coups de coude viennent me rappeler la différence qui choque, perturbe. Mais soyons précis, je préfère le mot « singularité ». Il nous aide à considérer chaque personne comme un individu à part entière et à refuser les étiquettes. Il nous empêche de nous installer sur le terrain de la comparaison : je suis différent par rapport aux autres. Ainsi, le handicap, comme toute autre fragilité, peut être une porte ouverte sur notre condition. En effet, l'envisager, c'est parler de l'être humain. Méfions-nous des ghettos et ne nous trompons pas de combat. Nous mobiliser pour les droits de la personne handicapée, c'est lutter contre chaque forme d'exclusion, c'est faire la promotion de l'humanité tout entière et de chacun de ses membres. 

Vivre cette réalité nous montre également que l'homme est irréductible à une définition, qu'il échappe aux normes et que sa dignité ne se réduit pas tout à fait à son efficacité. La société considère souvent ce qu'elle peut apporter aux « plus fragiles ». Cependant, si elle lui prêtait davantage l'oreille, elle pourrait en tirer mille enseignements. D'abord, l'extrême nécessité de la solidarité, qui n'est pas seulement une valeur éthique mais un instrument de joie. Nous sommes des animaux sociaux, nous pouvons compter sur nos semblables pour exister et pour nous créer dans la joie. Tous les jours, je fais l'expérience de l'aide qui, loin de m'aliéner, me grandit. L'autre m'est nécessaire pour m'épanouir, pour être. À l'heure où l'on glorifie sans vergogne le self-made man, celui qui a plus manifestement besoin de soutien vient nous rappeler ce qui nous constitue : la relation, l'ouverture et la disponibilité. 
Mais gardons-nous de tout paternalisme ! Être handicapé, c'est aussi et surtout faire l'expérience du don, de l'échange. Il n'y a pas d'un côté celui qui reçoit et de l'autre celui qui donne. Précisément, la richesse de la société, c'est cette communion de la faiblesse. Et pour qui convertit son regard, celle-ci n'est pas toujours où nous la croyons. En ce sens, les médias peuvent permettre ce changement de regard, tenter de congédier la pitié et la commisération pour inviter au respect, à l'audace de la rencontre authentique.

ALEXANDRE JOLLIEN 
(source La Vie)

samedi 21 septembre 2013

Vivre le réel...par la rencontre de maîtres...



La personne non-éveillée vit dans son monde, la personne éveillée vit dans le monde.
Andrew Cohen

Ce n'est pas l'éveil qui arrive ou s'en va, c'est le moi qui disparaît ou apparaît.
Yvan Amar

Le centre de la pratique, c'est l'acceptation. « Ce qui est » n'a pas de définition, c'est simplement ce qui est.
Lee Lozowick

Plus on vit moins on pense, plus on pense moins on vit.
Arnaud Desjardins

jeudi 19 septembre 2013

Des fleurs quotidiennes pour en faire des bouquets



Ma première rencontre avec Thérèse de Lisieux s'est faite dans... un bureau de TF1 ! Ma manageuse m'avait demandé : "Es-tu catholique?" Je lui ai répondu oui, elle m'a alors proposé de chanter des poèmes de Thérèse mis en musique par Grégoire. J'étais réticente. Des textes pieux, vieux de cent ans sur des musiques contemporaines. Un "sacré" pari !

Thérèse parle de son Dieu comme le ferait une amoureuse. En rentrant, je me suis précipitée sur Internet pour lire l'histoire de cette Thérèse Martin qui implora le pape de la laisser entrer au couvent avant l'âge légal. J'ai acheté 'Histoire d'une âme', ce livre qui rassemble ses écrits. J'ai été bouleversée...

...Je crois à la vie après la mort, aux anges gardiens qui veillent sur nous... Il y a quatre ans, ma meilleure amie est morte. J'ai éprouvé le besoin de prier, de rouvrir la Bible de mon enfance. Et aujourd'hui, Thérèse me fait un joli clin d'oeil depuis son ciel! Non sans humour: ce n'est pas à TF1 que je pensais faire une telle rencontre !

Pour Thérèse, il ne s'agit pas de réciter des formules, il s'agit d'aimer, tout simplement. Elle me touche parce qu'elle a essayé de transfigurer le quotidien le plus prosaïque par de minuscules attentions. Elle appelait cela "faire des bouquets". J'essaie, moi aussi, de faire chaque jour un petit bouquet.

Chacun trace sa route vers la vérité. Pour moi, cette vérité s'incarne en Jésus. J'aime sa douceur. Thérèse lui ressemble; elle choisit la joie, la compassion, plutôt que l'autoflagellation et le jugement... C'est une femme très libre!

Natasha Saint Pier
(Psychologies magazine 2013)



mercredi 18 septembre 2013

Le ronronnement de l'instant...ou la ronronthérapie

« Le chat ronronne le présent. Le chat est toujours dans aujourd'hui... »
 Paul Morand

Les vétérinaires considèrent que les chats guérissent rapidement des fractures, ont moins de complications postopératoires et ont moins de maladies osseuses, musculaires et ligamentaires que les chiens. Une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. De nombreux félins émettent des vibrations dont la fréquence permet de calmer les douleurs aiguës, les problèmes tendineux, musculaires ou articulaires. Le ronronnement serait alors un moyen de garder la santé pour le chat en assurant une maintenance corporelle.
(source Wikipédia)

Pour les humains aussi, le ronronnement du chat a des vertus thérapeutiques : il relaxe et apaise. Des CD de ronronnements, destinés à détendre et faciliter l’endormissement, sont même commercialisés. Cela s’appelle la « ronronthérapie » !


mardi 17 septembre 2013

Steve Jobs et le morceau de pomme zen...


Petit extrait audio de la biographie de Steve Jobs


" Esprit neuf de débutant. L'esprit du débutant contient beaucoup de possibilités, mais celui de l'expert en contient peu."
(S. Suzuki. (1970) Esprit zen, esprit neuf)

lundi 16 septembre 2013

dimanche 15 septembre 2013

Entrevoir le trésor créatif de notre caverne... avec le Père Denis Sonet


...S'ils ne s'aiment pas, c'est qu'ils s'identifient à une partie négative d'eux-mêmes. On a tous une partie négative. Je leur explique comment est fait l'être humain, et j'utilise ce que j'appelle la parabole de la caverne d'Ali Baba. Je leur montre que l'être humain est fait de trois couches :

- La première, c'est la façade. On peut avoir une belle façade cachant de la pourriture ; à l'inverse, une façade désavantageuse peut cacher une belle sensibilité (pensez à certains trisomiques).


- Derrière la façade vient la couche de nos défenses : la carapace. Elle a une fonction positive : elle nous protège et nous défend contre les intrusions de gens un peu curieux qui essaieraient de pénétrer dans notre intimité. Mais si cette carapace est trop épaisse, elle ne va pas permettre une communication. Le vécu de notre vie -c'est là notre péché originel- s'est inscrit dans cette carapace. Si on a eu du succès, on peut s'être constitué une carapace faite de suffisance ; si on a été maltraité ou incompris, on a pu se composer une carapace faite d'agressivité ou de timidité etc...
- Heureusement, il y a le cœur de la personne, la caverne d'Ali Baba (qu'un psychologue appelle "le petit prince"). C'est la partie merveilleuse de l'être humain. Il a en lui une richesse qu'il ne soupçonne même pas. Nous n'avons pas assez d'une vie pour développer toutes nos possibilités et nos qualités. Chacun, pour s'aimer, doit savoir qu'il est une caverne d'Ali baba. Dans la rencontre avec l'autre (ou les autres), il lui est possible, par le sésame de la communication et de la confidence respectueuse, de dépasser sa façade et sa carapace pour découvrir, ébloui(e), le merveilleux de sa caverne. J'aime dire à une épouse : « Votre mari, vous ne le connaissez pas encore pleinement : le meilleur de lui ne vous est pas encore apparu ! ».


Père Denis Sonet
(Revue Reflet n°7)



vendredi 13 septembre 2013

Hommage à Albert Jacquard...un homme de la rencontre...




"J’atteins l’âge où proposer une utopie est un devoir" est la première phrase de votre livre Mon utopie. Il existe donc un âge où l’utopie devient une nécessité ?
Nécessairement. Le fait de vieillir, d’avoir de l’expérience, a des conséquences sur les espoirs ou les inquiétudes sur l’avenir. Il est donc naturel, à mon âge, de ne pas se contenter du présent, mais de penser cet avenir. En effet, je constate que ce dernier est mal servi par les gens qui s’expriment actuellement. Les choses essentielles ne sont pas dites. Penser, par exemple, qu’au cours de la dernière campagne présidentielle 2012 on ait pu parler de choses insignifiantes sans pratiquement jamais aborder la question du conflit nucléaire qui se prépare prouve que nous passons à côté de la réalité. Jeune, il m’était difficile de dire cela. Je dois le faire aujourd’hui, à plus de 80 ans.
Votre constat sur le monde actuel est sombre. Pourtant, vous proposez des pistes pour un monde meilleur. D’où vous vient cet espoir ?
De la logique. Si je n’ai pas d’espoir, si je suis désespéré, alors ça ne vaut vraiment pas la peine de vivre. Est-il possible que demain soit meilleur qu’aujourd’hui ? Ma réponse est en pure logique : oui, évidemment. Et de qui cela dépend-il ? De moi, de chacun de nous, c’est-à-dire de quelques autres qui sont 7 milliards. Je n’ai pas le droit d’être pessimiste car cela signifierait que j’abandonne l’humanité à son cours absurde. Être un utopiste, c’est essayer d’avoir un avenir lointain raisonnable.
Personne n’a le droit d’être pessimiste ? Même ceux qui ont des conditions de vie difficiles ?
 Heureusement, ce ne sont pas les plus désespérés. Finalement, l’espoir vient de personnes qui réagissent malgré des conditions épouvantables. Ce sont des figures emblématiques comme Mère Teresa qui m’obligent à être non pas d’un optimisme béat qui dit « ça va s’arranger, il suffit d’attendre », mais d’un optimisme qui affirme : « C’est possible, j’en suis sûr, ça dépend des hommes. » Je ne crois pas en l’homme, mais en sa capacité à obtenir des réussites qui rendent l’humanité meilleure.
Quel est selon vous le plus grand défi pour l’homme d’aujourd’hui ?
Je suis obligé de vous répondre : la menace d’une guerre nucléaire. Car si nous n’admettons pas cette urgence, nous allons tout droit à la catastrophe. C’est un thème dont je parle en permanence et sur lequel je viens d’écrire un ouvrage avec Stéphane Hessel, Exigez ! Un désarmement nucléaire total. En effet, il faut le dire et le redire, non pas pour faire peur, mais pour tirer les conséquences logiques de l’absurdité des actes des hommes.
D’autres défis existent aussi, comme celui de prendre notre temps pour créer des êtres à part entière et réaliser une société de rencontres permanentes. Au fond, apprendre à être ouvert à autrui, voilà ce dont il s’agit : faire du temps la matière première et non l’ennemi. Le matérialisme a créé une société où l’on perd son temps alors qu’il ne peut se perdre. Le temps doit être un allié utile à un choix que je fais. 
À vouloir penser au meilleur des mondes possibles, n’y a-t-il pas le risque de passer du rêve au cauchemar ?
Le mal existe, mais il est une invention des hommes. Il faut lutter contre. Quand on pense qu’il existe encore des humains capables de torturer d’autres humains, c’est le cauchemar le plus affreux. Or, quoiqu’il arrive, l’idée même d’approuver le mal en ne participant pas est une trahison de la condition humaine. C’est pourquoi je répète souvent la phrase de Théodore Monod, avec qui je manifestais un jour. « Est-ce que vous croyez que notre manifestation à tous les deux sert à quelque chose ? » lui ai-je demandé. Et il m’a répondu : « Je n’en sais rien, mais je sais que je n’ai pas le droit de ne pas y être. »

Diriez-vous que les nouvelles générations qui ont mené les révolutions arabes et conduit le mouvement des Indignés sont utopistes ?
Ce sont des générations qui commencent à exiger. Tant mieux. On a besoin d’elles. L’important est de leur dire : « Continuez à exiger, vous n’avez pas fini. » Être utopiste, oui, mais avec la persévérance qui naît de l’espoir en tout ce qui est réalisable.

jeudi 12 septembre 2013

Pour la sortie du nouveau livre de José Le Roy


Almora : Vous venez de publier un livre sur la connaissance de soi. La question de la connaissance de soi est-elle récente ? 
José Le Roy : Non. Elle est aussi ancienne que l’homme probablement. L’homme est l’être pour lequel la question de son propre être se pose. Il existe et s’étonne de sa propre existence ; Je suis, oui, mais Qui suis-je ? Qui est là en train de vivre ? Qu’est-ce que le je ? 

Almora : est-ce une question qui n’apparait qu’en Occident ? 

José Le Roy : Elle est liée pour nous à la philosophie grecque avec le fameux « Connais-toi toi-même », mais on trouve aussi la question en Orient par exemple en Inde : « Ko’ham ? » Qui suis-je ? en sanskrit. J’ai voulu donner dans mon livre des références occidentales mais aussi orientales. La question de la connaissance de soi est universelle. 

Almora : Mais on n’a pourtant pas l’impression que les individus soient bien soucieux de savoir qui ils sont ? 

José Le Roy : C’est vrai. Beaucoup de personnes ne semblent pas inquiets ou curieux de savoir ce qu’ils sont. Mais c’est sans doute parce que nous pensons nous connaitre. Je suis moi, Pierre Dupond, avocat, père de trois enfants, français. Point final. 

Almora : Et bien sûr ces réponses ne sont pas suffisantes.
José Le Roy : Elles sont suffisantes peut-être pour fonctionner et vivre dans la société, mais elles sont très superficielles. 


Almora : Si l’ignorance sur soi-même est suffisante pour fonctionner, comme vous le dites, alors pourquoi chercher à se connaitre ?
José Le Roy : Les traditions sont unanimes : la connaissance de soi est une condition de la sagesse et du bonheur. Voici ce que dit Ramana Maharshi, le grand maître indien du XXème siècle : «Tout être brûle du désir d’être toujours heureux, inaffecté par la tristesse ; et chacun a le plus grand amour pour soi-même, ce qui est dû au simple fait que le bonheur est sa vraie nature. Par conséquent, afin de réaliser ce bonheur inhérent et inaltérable qu’il éprouve bien chaque jour lorsque son esprit est plongé dans le sommeil profond, il est essentiel qu’il se connaisse. Pour obtenir une telle connaissance la question « Qui suis-je ? » dans la voie de la recherche du Soi est le meilleur moyen. » 


Almora : Mais la connaissance de soi telle que vous l’entendez est très différente d’une simple connaissance psychologique ?
José Le Roy : Oui, absolument. Par connaissance psychologique on veut dire connaissance de ses émotions ou de son caractère. Tout cela est intéressant mais ne répond pas encore à la question de savoir QUI a ses pensées ou QUI a tel ou tel caractère. Il faut aller plus profond, au-delà de la psychologie. 


Almora : Mais peut-on vraiment se connaitre ?
José Le Roy : De nombreux philosophes et cela depuis l’Antiquité ont prétendu que c’était impossible. En effet un sujet peut connaitre des objets parce qu’il est différent des objets, mais comment le sujet pourrait-il se connaitre lui-même ? Je ne peux pas être à la fois au balcon et me voir passer dans la rue ! 


Almora : Oui car nous sommes déjà qui nous sommes ?
José Le Roy : En effet, mais nous l’avons oublié. C’est pourquoi la connaissance de soi est une reconnaissance de soi. En fait le chercheur est le cherché ; Il y a là un paradoxe. 


Almora : Comment faire alors ? 

José Le Roy : Eh bien, je crois que ce problème est sérieux mais pas insurmontable. Je peux déjà prendre conscience de ce que je ne suis pas. Suis-je le corps ? Suis-je le personnage social ? Suis-je mes pensées ? 

Almora : En fait vous montrez qu’on s’identifie à ce qu’on n’est pas.
José Le Roy : Oui il faut apprendre à distinguer entre ce que nous sommes vraiment et ce que nous croyons être, disons entre notre essence et nos apparences. Le grand philosophe indien Shankara le formulait ainsi : nous surimposons le non-soi sur le soi. 


Almora : Vous citez beaucoup d’auteurs dans le livre ; De qui êtes-vous le plus proche ?
José Le Roy : On sait que j’ai été un grand ami de Douglas Harding dont l’approche m’a beaucoup impressionné. Mais mes sources sont aussi : Plotin et Maitre Eckhart pour l’Occident ; Shankara, Abhinavagupta pour l’Inde et les grands maitres du bouddhisme Chinois T’chan comme Houei-Neng ou Houang-Po. 


Almora : Pensez-vous qu’aujourd’hui la connaissance de soi au sens où vous l’entendez suscite l’intérêt ?
José Le Roy : Oui, je le crois. Pendant des années on a limité la connaissance de soi à la psychologie, ce qui était très réducteur. Aujourd’hui du fait de la rencontre avec les spiritualités orientales, on s’intéresse à l’éveil à soi-même ; on découvre le transpsychologique et le transpersonnel. Un nombre non négligeable de nos contemporains se lancent dans cette quête. J’espère que mon livre répondra à certaines de ces questions. 


Almora : Merci.


Petit traité de la connaissance de soi 
José Le Roy (Auteur) - 7,5 euros

mercredi 11 septembre 2013

Quand les pierres respirent... l'ici et maintenant grâce à Lorand Gaspar


"Non pas en exil. Non pas en étranger.
Solidaire des hommes et des bêtes
Solidaire des eaux, de la boue,
de la roche et des champs
des forêts et forêts de constellations.
Graine de la grande tribu des sables et cailloux

de toute cellule vivante,
pétales de floraison dans le vent,
solidaire de la joie et de la douleur.
D'une patrie de pensée infinie
de toute connaissance limitée
clairières de notre pensée finie.
Solidaire d'une commune ignorance
de tous nos forages, explorations, recherches
de notre désir infini de comprendre -
de toute lumière et de promesse de lumière
qu'elle témoigne d'elle-même ou de la nuit,
de celle à certaines heures que respirent
au désert de Judée les pierres -
Solidaire d'une patrie de mouvement infini
des limites de nos ici et maintenant innombrables. "


Lorand Gaspar, 
extrait d'un poème inédit paru dans la revue Europe n°918 qui lui est consacrée



mardi 10 septembre 2013

Un regard aimant avec Bernard Montaud

Juste quelques instants pour se dire complétement "oui, je m'aime".
Être de tout coeur avec soi !

dimanche 8 septembre 2013

François et Claire d'Assise par Jacqueline Kelen

Il est son frère en pauvreté. Elle est sa « petite plante ». Il chante la Création, elle atteste que la vie est un don de Dieu. Pendant quinze ans, un lien de respect et de tendresse les unit...

Ils étaient obligés de se rencontrer, non seulement parce que tous deux vivaient à Assise, qui ne comptait à l'époque guère plus de 250 habitations, mais parce qu'ils aspiraient l'un comme l'autre à cette joie d'en haut qui fait chanter le monde. En dépit des années qui les séparent, ils ont en commun la détermination, la ferveur et un amour de Dieu qui leur commande de tout quitter, de choisir la totale pauvreté afin de se livrer à l'essentiel.

Petite fille, peut-être a-t-elle vu passer dans la belle cité un jeune homme aimant les fêtes ou entendu conter ses exploits chevaleresques. Plus tard, lorsqu'il s'est converti, certainement l'a-t-elle écouté prêcher. Quand, en 1210, il s'est établi sur ce lopin de terre nommé la Portioncule, elle a reçu un appel irrésistible à rejoindre les Frères mineurs, dont le pape Innocent III venait d'approuver la règle. L'évêque Guido a dû jouer les intermédiaires, et Rufin, le cousin de Claire, qui venait de rejoindre la communauté, a donné l'exemple.

Mais plus que tout, c'est son cœur qui a parlé. Le cœur d'une jeune aristocrate qui refusait de se marier en dépit de son allure gracieuse. Quant à François, une intuition lui était venue alors qu'il réparait, en 1206, le sanctuaire de Saint-Damien : ce lieu allait accueillir des femmes qui suivraient la même voie de dépouillement que lui, celles qu'il appellera les « Pauvres Dames » et que l'on nomme aujourd'hui clarisses.

De 1210 à 1212, François et Claire ont dû s'entretenir souvent, avant que celle-ci ne s'engage définitivement sur le rude chemin de la pauvreté et de la réclusion. La décision est prise la nuit qui suit le dimanche des Rameaux de l'an 1212, Claire s'enfuit de la maison paternelle avec une petite escorte. Franchissant les murailles d'Assise, le groupe descend vers la Portioncule, où François et ses frères attendent. La profession des vœux religieux a lieu dans l'église : Claire est pieds nus, revêtue de hardes, une corde pour ceinture, et François coupe ses beaux cheveux. Dès le lendemain, les parents alarmés viennent rechercher leur fille, mais ils reçoivent de sa part un refus énergique. Quelques jours après, Catherine, la sœur cadette, rejoint Claire. Les jeunes filles, d'abord hébergées chez les Bénédictins, s'établissent à Saint-Damien. Elles suscitent rapidement des vocations dans les alentours.

À la communauté dont Claire devient abbesse à 21 ans, les Frères mineurs fourniront un appui tant matériel que spirituel, remplissant l'office de chapelains et allant quêter sur les chemins pour assurer une maigre subsistance. À Saint-Damien, la règle est très austère : vie cloîtrée, jeûne, silence et prière ; mais ce qui surpasse tout est la louange. Ainsi, Claire recommande aux sœurs qui peuvent sortir de louer le Très-Haut « quand elles voient de beaux arbres fleuris et feuillus », et de faire de même « à la vue des hommes et des autres créatures ». Une incessante action de grâce illumine son existence comme celle du Poverello.

Pendant quinze ans, ils entretiennent un lien de respect et de tendresse, où les âmes s'approchent avec délicatesse. Il est son père spirituel, son frère en pauvreté, son guide exigeant et bienveillant. Elle est sa « petite plante », mais une plante résistante, droite et vive. Il chante la Création, elle atteste que la vie est un don de Dieu. Abbesse, elle se plaint de la rareté de ses visites ; lui, maigre, malade, sans plus de ressemblance avec le fougueux jeune homme qu'il fut, confie que le visage de Claire est l'un des deux seuls visages féminins qu'il ait contemplés en ce monde...

Claire ne vit pas à l'ombre de François, mais tous deux respirent dans la lumière de Dieu, comme en témoigne un épisode des Fioretti. Répondant enfin à la demande de Claire, François lui accorde de partager un repas avec elle à la Portioncule, où elle n'est pas revenue depuis sa prise d'habit. Avant le repas, François se met à parler de Dieu de façon si merveilleuse que les convives entrent en ravissement et une lumière si forte rayonne au-dessus du monastère que les gens d'alentour accourent avec des seaux d'eau, croyant à un incendie... Lorsqu'en 1224 le Poverello revient du mont Alverne où il a reçu les stigmates, on lui construit une hutte à proximité de Saint-Damien où Claire vient le soigner et veiller sur lui. François compose alors le Cantique du soleil. L'ultime consolation de Claire sera, en 1226, de se recueillir sur la dépouille de son vénéré Père : le cortège funèbre fera un détour pour s'arrêter à Saint-Damien.

L'abbesse vivra encore vingt-sept ans. Elle se montre endurante et ferme autant que douce et humble. Dès 1216 elle avait obtenu du pape le « privilège de la pauvreté », qui sera confirmé en 1228. En 1252, elle rédige la première règle monastique composée par une femme. Puis, en août 1253, la vaillante « petite plante » rejoint son ami François au jardin du Bon Dieu.

Jacqueline Kelen


Petite vie de Claire et François d'Assise 
1182 Naissance de François à Assise. 
1193 Naissance de Claire à Assise. 
1207 Conversion de François qui commence à prêcher sur les routes.
1210 Rencontre de Claire et François. 
1212 Claire débute sa vie religieuse. 
1226 Mort de François.
1253 Approbation de la Règle de Claire par le pape Innocent IV. Mort de Claire.

vendredi 6 septembre 2013

Un petit conte de Jacques Salomé



Okinestha, 
La petite fille qui était ce qu'elle était (11 min.)

mardi 3 septembre 2013

Michael Lonsdale et Saint François d'Assise


Je reviens d'un beau périple sur les pas de Saint François d'Assise. 
Il y aura donc forcément quelques empreintes sur Phytospiritualité. 
Bonne rentrée ! 



lundi 2 septembre 2013

L’appel à la vie, plus fort qu’Auschwitz (5)

Si elle se définit volontiers comme juive baptisée, Magda Hollander-Lafon refuse le terme de ‘convertie’. 

 Elle s’en explique, tout en rapportant l’incompréhension que son baptême a pu susciter et suscite encore dans la communauté juive.


dimanche 1 septembre 2013

L’appel à la vie, plus fort qu’Auschwitz (4)


Magda Hollander-Lafon est sortie des camps avec une énorme interrogation sur son identité. Elle explique quel a été son chemin de reconstruction, mentionne des personnes qui ont été des jalons salutaires pour elle dans cet après-guerre, où elle a dû entreprendre une formation professionnelle.