C’était un jeune de banlieue à la dérive. Sa rencontre avec le Christ a bouleversé sa vie. Devenu chanteur et conteur, Ladji Diallo témoigne, dans sa musique et ses spectacles, de ce Dieu d’amour qui l’a sauvé et fait renaître.
Longtemps, j’ai vécu avec la violence. J’avais beau savoir qu’elle n’était pas une voie d’accomplissement, qu’elle ne me rendait pas heureux, je ne pouvais faire autrement que de m’y adonner. Jeune caïd de banlieue animé par une haine irrésistible que je déversais sur les autres, j’avais besoin de cogner. Tout pour moi était prétexte à me battre. Évidemment, cette violence a laissé des traces, et je repense souvent à ces personnes à qui j’ai fait du mal gratuitement. Aujourd’hui encore, leurs regards apeurés, exprimant l’injustice, hantent ma mémoire.
J’ai grandi près du quartier de Belleville dans une famille musulmane, au milieu de sept enfants. Originaires du Mali, mes parents sont arrivés en France dans les années 1970. Papa était boulanger-pâtissier ; maman complétait le revenu familial en faisant des ménages. Comme la plupart des immigrés, mes parents étaient très soucieux de notre intégration à la culture française. Ainsi, alors qu’entre eux ils dialoguaient en bambara, leur langue maternelle, ils utilisaient le français pour s’adresser à nous. C’est ce même souci d’intégration qui explique qu’ils n’ont pas voulu nous élever dans la religion musulmane, qu’ils pratiquaient pourtant avec assiduité et ferveur.
L’année de mes 9 ans, nous avons déménagé en Seine-et-Marne, où j’ai vécu une adolescence chaotique et violente. Je ressemblais alors à ces jeunes banlieusards que les médias montrent désœuvrés dans des cages d’escaliers. Cherchant sans cesse la confrontation, contestant toute forme d’autorité, j’ai connu les conseils disciplinaires, les renvois d’école, l’échec scolaire, la bagarre, le « business »... Interminable litanie d’une adolescence errante marquée aussi par la vacuité spirituelle. Car ma réputation de dur, de caïd, m’interdisait toute écoute de moi-même, toute attention à mes émotions, à ma vie intérieure.
En 1996, tandis qu’il se remettait d’un accident de voiture, mon père a entendu parler, via son voisin de chambre d’hôpital, d’un camp de vacances à Julos, dans les Hautes-Pyrénées. Il a rencontré ensuite son directeur, le père Joseph Besnier, un homme droit, ouvert et généreux, qui l’a invité à m’y envoyer l’été avec mes frères et sœurs, et insisté pour que l’argent ne soit pas une barrière. Dans cette colonie, j’ai vécu une succession de premières fois. Premier séjour hors de la banlieue parisienne. Première découverte de la nature, sublime dans ce coin des Pyrénées. Première fois où, ma mauvaise réputation ne m’ayant pas précédé, je n’étais pas prisonnier de mon identité de délinquant. Où je rencontrais, aussi, des jeunes catholiques de mon âge, habités d’une foi joyeuse et communicative, et qu’en la personne du père Joseph je nouais une relation avec un prêtre. Cet homme de Dieu m’interpellait profondément. D’où lui venait ce charisme, cette façon de nous aimer, de nous responsabiliser ? Quelle était la force qui l’animait ?
De la fenêtre de ma chambre, j’avais remarqué que certains jeunes, en dehors des offices, se rendaient à la chapelle. Intrigué par ce manège, j’ai décidé un soir d’y aller à mon tour. C’était une petite chapelle moderne où tout favorisait le recueillement. Installé sur un banc près de l’autel, reproduisant la gestuelle des jeunes dont j’avais observé l’attitude à la messe, j’ai fermé les yeux, joint mes mains et j’ai attendu. C’est alors que j’ai fait l’expérience de la présence de Dieu au plus profond de mon être ; c’était comme un flot d’amour qui, d’un seul coup, me submergeait, me brûlait le cœur, me libérait de cette violence qui m’avait si longtemps habité. De retour dans ma chambre, encore secoué par les larmes, j’ai ouvert les Évangiles. Une nouvelle fois, mon cœur s’est enflammé. Tout ce que le Christ exprimait sur le pardon, le rachat ou la conversion semblait m’être personnellement adressé. J’étais rejoint dans mes blessures les plus secrètes. Je me sentais aimé, apaisé.
Au début, ma conversion a blessé mes parents ; ils la considéraient comme un reniement des cultures musulmane et africaine. Pour respecter leur sensibilité, j’ai donc mené mon catéchuménat dans le silence. Tous les jours, je m’isolais pour me mettre en présence du Seigneur. Cette oraison quotidienne m’a vraiment aidé à m’engager sur le chemin de la guérison, de la confiance en moi, à me lancer dans la quête de mon identité. Peu à peu, devant mon évolution personnelle positive, mes parents ont accepté mon chemin spirituel. Lequel, loin de me détourner de mes racines, a permis de les approfondir. Soucieux de respirer la terre de mes ancêtres, de mieux connaître mes parents aussi, je suis ainsi parti avec ma mère pour un long voyage au Mali, le long du fleuve Niger. En devenant disciple du Christ, je me suis aussi réalisé sur le plan professionnel, faisant fructifier, comme dans la parabole, mes talents artistiques, découvrant mon grain de voix particulier, mes dons de conteur et de chanteur.
Longtemps, j’ai marché dans le désert, épuisé, et sans eau ; puis j’ai découvert la source où coule l’amour, et elle a fécondé toute ma vie. Tous les jours, je rends grâce au Seigneur pour les changements qu’il a opéré dans mon existence ; chanter est pour moi une manière de lui rendre hommage car je lui dois tout !
source : La Vie
L’année de mes 9 ans, nous avons déménagé en Seine-et-Marne, où j’ai vécu une adolescence chaotique et violente. Je ressemblais alors à ces jeunes banlieusards que les médias montrent désœuvrés dans des cages d’escaliers. Cherchant sans cesse la confrontation, contestant toute forme d’autorité, j’ai connu les conseils disciplinaires, les renvois d’école, l’échec scolaire, la bagarre, le « business »... Interminable litanie d’une adolescence errante marquée aussi par la vacuité spirituelle. Car ma réputation de dur, de caïd, m’interdisait toute écoute de moi-même, toute attention à mes émotions, à ma vie intérieure.
De la fenêtre de ma chambre, j’avais remarqué que certains jeunes, en dehors des offices, se rendaient à la chapelle. Intrigué par ce manège, j’ai décidé un soir d’y aller à mon tour. C’était une petite chapelle moderne où tout favorisait le recueillement. Installé sur un banc près de l’autel, reproduisant la gestuelle des jeunes dont j’avais observé l’attitude à la messe, j’ai fermé les yeux, joint mes mains et j’ai attendu. C’est alors que j’ai fait l’expérience de la présence de Dieu au plus profond de mon être ; c’était comme un flot d’amour qui, d’un seul coup, me submergeait, me brûlait le cœur, me libérait de cette violence qui m’avait si longtemps habité. De retour dans ma chambre, encore secoué par les larmes, j’ai ouvert les Évangiles. Une nouvelle fois, mon cœur s’est enflammé. Tout ce que le Christ exprimait sur le pardon, le rachat ou la conversion semblait m’être personnellement adressé. J’étais rejoint dans mes blessures les plus secrètes. Je me sentais aimé, apaisé.
Les étapes de sa vie
1980 Naissance à Paris.
1996 Conversion au catholicisme.
1998 Baptême.
2000 Voyage au Mali.
2001 Deug arts du spectacle. Découvre sa voix.
2003 Mariage dont naîtront deux enfants.
2011 Prix de la musique spirituelle La Procure-Pélerin pour l’album Fils de lumière.
1996 Conversion au catholicisme.
1998 Baptême.
2000 Voyage au Mali.
2001 Deug arts du spectacle. Découvre sa voix.
2003 Mariage dont naîtront deux enfants.
2011 Prix de la musique spirituelle La Procure-Pélerin pour l’album Fils de lumière.