J’aime mon prochain
Exactement comme moi même
Je le juge
Lorsque je préside le tribunal
Où je me cite à comparaître
Je ne lui voue que mépris
Lorsque je me méprise
Je consigne
La moindre de ses fautes
Dans mon grand livre
Et l’en tiens comptable
Lorsque je procède
A l’inventaire des miennes.
Quand je ne me pardonne pas
Et le châtie durement
Lorsque je me punis
Envers lui me voici
Des plus intransigeant
Cependant que je traque
Le moindre de mes manquements
Si, pourtant
J’abdique mon arrogance
D’arbitre tout puissant
Au profit de la bienveillance
Envers la créature
Démunie
Que je suis
Dès lors que je me vois
Désemparé
Et aux abois
Pris
Dans les rets de cette vie
Me voilà saisi
De pitié
Et de patience
Envers moi
Comme envers autrui
Ou est la différence ?
Si il se veut mon ennemi
C’est qu’il est déçu de lui
Tout comme c’est dans la déconvenue
D’ un moi
Qui d’ailleurs
N’existe pas
Que je me meurtris
Oui, mon prochain je l’aime
Exactement comme moi même
Ni plus ni moins
Que je ne m’aime
- Ou pas.