La connaissance-sagesse
Nous pouvons ainsi grandir dans la connaissance de nous-mêmes tant psychologiquement que spirituellement. L’auto-introspection peut être un premier pas pour clarifier nos valeurs, nos objectifs de vie, en étant sans cesse vigilants pour nous assurer que nos actes, nos paroles sont toujours en phase avec nos priorités de vie. Nous pouvons nous inspirer de livres, de conférences, de podcasts, de vidéos désormais si facilement accessibles. La connaissance de soi amène de la clarté là où il y a de la confusion sur les véritables raisons qui dictent nos choix et nos décisions. Dans la revue de vie, les personnes ne soulignent-elles pas que ce sont les motivations profondes de nos actions qui comptent le plus ? C’est une invitation à être cohérents avec nous-mêmes et avec les autres. Une invitation à ne pas « être à l’ouest », alors que nous aspirons à garder le cap que notre nord nous propose.La psychothérapie ou toute forme de recherche intérieure de ce type peut être un autre allié de choix dans cette connaissance de soi, en permettant d’identifier nos potentiels, nos richesses, nos talents cachés, mais également en levant en nous les obstacles psychiques qui font barrage à l’accomplissement de soi, en remettant en question les croyances et les schémas de pensée limitant qui inhibent l’expansion de notre être. De même, les récits d’EMI ne cessent d’insister sur l’importance de la qualité des relations qu’on entretient avec autrui. Cela invite à développer une intelligence émotionnelle à l’égard des autres, afin d’être plus conscients, plus attentifs aux enjeux relationnels auxquels nous sommes confrontés : quelles relations nous élèvent et nous font du bien ? Comment les cultiver? Quelles autres, au contraire, nous sont toxiques et nous tirent vers le bas ? Comment les identifier et les éliminer de notre quotidien ?
La connaissance de soi passe aussi par une quête spirituelle. La démarche psychologique n’est en rien antinomique avec une telle quête, les deux sont parfaitement complémentaires. Comme le disait le psychanalyste Carl G. Jung, «psychologie et spiritualité sont deux directions de notre psyché». La méditation trouve bien évidemment une place de choix dans cette quête intérieure. C’est, depuis des millénaires, le moyen privilégié d’exploration de la conscience. On peut par exemple commencer par la méditation de pleine conscience (qui ne sont que les premiers pas sur le chemin) pour tendre vers une méditation plus «authentique» où est restaurée la dimension spirituelle qui a été, à tort ou à raison, volontairement retirée de la méditation de pleine conscience.
La « véritable » méditation, quand elle est nourrie d’enseignements spirituels qui en expliquent les fondements, ouvre pleinement à la dimension de sagesse.
L’expression artistique - écriture, dessin, peinture, chant, danse... -, quand elle ne se met pas uniquement au service de l’ego de l’artiste, peut également contribuer à la connaissance intérieure. On peut toucher au sublime en écoutant une symphonie, en créant ou en contemplant une œuvre d’art. En nous mettant en phase avec la subtile et méconnue beauté de notre être, la créativité, sous toutes ses formes, nous prend par la main pour nous mener à nous-mêmes et inspirer autrui.
La connaissance de soi passe aussi par une communication intime et sacrée avec la nature, avec le vivant. Cela fait jaillir en nous l'ardent désir de le protéger, de le préserver, d’en prendre soin, conscients que l’écologie extérieure est à l’image de l’écologie intérieure où on ne se laisse plus polluer par les négativités de l’existence.
En suivant ces voies de connaissance, il y a fort à parier que notre vie prendra un essor jusque-là méconnu, s’enrichira d’une manière que nous ne soupçonnons pas. Tout cela demande incontestablement des efforts. C’est sûrement plus facile de ne rien faire, de vivre sans se poser la moindre question, de ne se nourrir que de Netflix ou de chaînes d’info en continu. Mais je garde toujours en mémoire les paroles désolées de certaines personnes en fin de vie que j’ai accompagnées : «J’ai perdu mon temps dans tant de choses inutiles... J’ai gaspillé ma vie, je n’en ai rien fait... et maintenant, je meurs... » Avez-vous envie d’avoir de tels regrets au seuil de votre mort ? Si le jugement que nous porterons sur notre vie au moment de la quitter repose en partie sur ce que nous avons acquis en termes de connaissance de soi, des autres, du monde, ne serait-il pas important d’y consacrer dès maintenant un peu de notre temps, d’y investir un peu de notre énergie ? Pourquoi alors ne pas chercher à vivre le plus pleinement possible, avec enthousiasme et curiosité ? La décision nous appartient. Personne ne peut la prendre à notre place.
livre de Christophe Fauré - Cette vie et au-delà : enquête sur la continuité de la conscience après la mort.