jeudi 29 février 2024
Une saison inédite
mercredi 28 février 2024
Sois sage et vigilant
Qui a vu demain ? Qui sait quand retentira soudain l'appel du monde inconnu — un appel auquel nul ne peut jamais dire : "Attends encore un peu, je te prie ?" L'oubli de la mort n'empêche pas la mort de venir, ignorer Shiva ne suffit pas pour échapper à ses mains. Le temps est fugace, le chemin est long et le soir de la vie vient vite. Pourquoi gaspiller les précieux moments en amassant de l'argent et en servant le moi fallacieux et vulnérable, avec le vain prétexte de "service social".
Commencer ici et maintenant est la ligne de conduite la plus sûre et la plus saine. Le passé est mort et le futur inconnu.
Seul le présent est réel, seul le présent est vivant. Quelqu'un peut-il vivre hier ou vivre demain ? Pour penser au passé ou à l'avenir vous devez inévitablement en faire du présent. Seul le présent est vie et cette vie ne nous appartient pas — nous en sommes seulement les gardiens ; elle appartient à Dieu, et à Dieu elle doit être consacrée.
S'ensuit-il qu'il incombe à tous de fuir foyer et famille pour s'enfoncer dans les bois pour Le trouver ? Pas nécessairement, et ce n'est pas non plus de cela qu'il s'agit. Il s'agit pour l'aspirant de s'adapter à son milieu de telle manière que, au lieu de s'abandonner à des rêveries sur un avenir plus ou moins lointain où il s'adonnera à la contemplation, il prenne le départ maintenant, s'asseyant chaque jour pour méditer et prier avec régularité, faisant du présent le meilleur usage.
Des sceptiques diront peut-être : "Dans les circonstances compliquées d'aujourd'hui, il est impossible de vivre dans le monde et de s'engager en même temps avec sincérité sur le chemin qui conduit à Dieu ou de gravir tous les échelons d'une vie faite de pureté et de perfection spirituelle." C'est là exagérer la difficulté.
On constate que même dans des circonstances contraires ou peu propices, certains s'assoient régulièrement en état de concentration spirituelle, et s'élèvent très haut dans la divine félicité tandis que d'autres, disposant largement de quoi vivre à l'aise et ayant à portée de la main les moyens indispensables pour mener à bien une ascension spirituelle (pour peu qu'ils en aient le désir), ne s'assoient jamais pour méditer et sont voués dans l'ordre spirituel à une faillite totale.
En réalité, l'excuse de circonstances défavorables pour s'abstenir de s'engager dans le divin sentier est, le plus souvent, un autre prétexte invoqué par l'ego inférieur parce qu'il hait sa soumission au Soi supérieur et s'efforce de s'y soustraire.
Il y a des conditions tout à fait défavorables à un développement spirituel, je l'admets. Mais n'est-il pas vrai que le moral d'un soldat dans la bataille compte plus que l'équipement dont il est pourvu ? "Vouloir c'est pouvoir", comme dit le vieux proverbe. Le nœud du problème réside dans la fascination qu'exercent les gunas sur les humains, de sorte que le monde et eux ne font qu'un. Qu'il y ait une ardente aspiration et le reste suivra. Le Seigneur ne nous choisit que si nous Le choisissons. Il nous aide à condition que nous sollicitions Son aide.
Ami ! Ce corps humain, malgré sa nature périssable, est, du point de vue de la Sadhana, le bien le plus précieux. Le mépriser foncièrement ou l'utiliser pour son propre contentement est une mauvaise attitude qui témoigne d'une complète incompréhension des choses. Ne le gaspille pas en vaines paroles et bagatelles. Il te donne l'occasion rare de mettre fin à ton exil dans le monde du temps. Ne gaspille pas cette chance précieuse.
Sois sage et vigilant. Prie et vis. Prends à cœur de commencer ici et maintenant. Pratique assidûment. Médite ton Soi véritable et deviens libre.
Qu'est-ce donc qui peut te détourner de Dieu ? Rejette toute faiblesse. Pourquoi devrais-tu succomber à tous les caprices du monde ? Pourquoi remettre à un avenir lointain l'approche du libérateur suprême alors qu'Il est présent en toi ? Éveille-toi et va de l'avant. Et ne t'arrête pas tant que le But n'est pas atteint.
~ Chandra Swami
L'art de la réalisation (1985)
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mardi 27 février 2024
La réalité est une demeure...
S'asseoir en méditation n'a pas pour objet de penser, réfléchir ou se perdre dans le domaine des concepts et des discriminations ; mais ce n'est pas non plus rester immobile comme une pierre ou un tronc d'arbre. Comment éviter également ces deux extrêmes que sont la conceptualisation et l'inertie ?...
La solution est de demeurer dans le sein de l'expérience de la réalité, sous la lumière de la Pleine Conscience.
Thich Nhat Hanh, Clés pour le zen
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lundi 26 février 2024
Anniversaire
A toutes et tous qui avez eu la délicate attention de me souhaiter cet anniversaire , à mi chemin dans les « sixties », en route vers les « seventies » ….
Cette citation de mon très cher ami Yvan Amar qui résume parfaitement mon état d’esprit aujourd’hui :
« C’est quand on entre dans un grandir constant, qu’on ne cherche plus à atteindre une destination finale, un but, qu’on l’appelle « éveil » ou autrement, que le grandir devient lui-même la conscience vivante dans laquelle tout est inclus. Saint Jean de la Croix disait : « Celui qui s’arrête en quelque chose cesse de se jeter dans le tout. »
Ce que je me souhaite donc, c’est simplement de ne m’arrêter en rien et de continuer à me jeter bras ouverts dans le tout.
En gratitude indicible pour tout ce qui m’a été donné (y compris sous la forme de ce qui m’a été « pris »). Et dans la curiosité attentive de ce qui va suivre.
(Photo prise à Mangalam, Québec, mai 2023)
Gilles Farcet
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dimanche 25 février 2024
Dans l’énergie du printemps, allégeons et dépoussiérons nos intérieurs
Dans la maison comme dans la nature, la nouvelle saison s’annonce par un grand nettoyage, une régénération du corps et de l’esprit pour mieux accueillir la vitalité montante. Un coup de fraîcheur revigorant qu’il nous faut préparer. (Par Élisabeth Marshall)
Avec le retour de la lumière me vient depuis quelques jours des envies de ménage et de renouvellement. Des envies d’ouvrir grand les fenêtres, de dépoussiérer les meubles, de dégager l’espace et la vue, de nettoyer les recoins et d’alléger mon intérieur. Comme une cure de rajeunissement pour la maison et pour l’esprit. Repousser définitivement les derniers miasmes de l’hiver, débusquer les coins d’ombre et me laisser porter par l’énergie du printemps qui monte.
On associe depuis toujours, et dans toutes les cultures du monde, le printemps à une forme de nettoyage et de régénération, de la nature comme de l’humain. La saison contient en germe un bouleversement et une vie à l’état brut qu’il nous faut être prêts à recevoir. Tandis que le ciel se lave à grandes eaux de soudaines giboulées, la tradition et le bon sens invitent l'humain à s’alléger par le jeûne et le repos digestif. À se libérer des « stocks » de l’hiver pour remettre son corps en mouvement et au jardin. Une invitation pour la médecine traditionnelle chinoise à nous « mettre au vert », et ce dans une merveilleuse synchronicité avec la nature : au moment où l’on s’attache par la verdure à régénérer le foie, les talus se couvrent de feuilles de pissenlits aux vertus nettoyantes.
L’élan des nouvelles énergies
Pour cette approche taoïste de santé, la saison printanière a débuté dès le mois de février, durant cet entre-deux où tout se met en branle, où les graines commencent à germer, les jours à rallonger. Le printemps nous fait entrer, bien avant le 21 mars, dans l’élan des nouvelles énergies et inspirations. Ne mésestimons pas dès lors l’effort d’adaptation que représente, pour le corps, ce passage vers la renaissance saisonnière, entre fatigue déprimante ou trop plein de tension et d’impatience. Et respirons ! Aérons nos intérieurs, au moins une heure chaque jour. Retrouvons le réflexe de grandes inspirations et expirations devant la fenêtre ouverte ou la pratique des « nettoyages de poumons », ces méthodes ancestrales de pranayama par lesquelles le yoga vise à réveiller notre énergie vitale et à éliminer ce qui nous encombre.
C’est là que mon ménage de printemps révèle aussi tous ses atouts. En substituant à la fatigue visuelle du désordre, de l’accumulation ou de la poussière, un intérieur frais lavé, des vitres de nouveau transparentes, des pièces dégagées où circule la lumière, je me redonne de l’élan et de la vitalité… à moi-même ainsi qu’à tous les visiteurs de la maison. Je me souviens que c’est dans cet esprit que le Japon – l’un des pays les plus propres au monde ! – entretient ses temples zen ou ses intérieurs. Ou que, dans un monastère de Bourgogne, les moniales marquent l’arrivée du printemps en ouvrant grand les voilages d’hiver qui occultaient les fenêtres de la chapelle.
Et il me plaît de déceler de subtiles mais constantes correspondances entre les traditions. De faire miens, en ces jours d’allègement du carême, les mots dansants du poète japonais Issa : « Rien qui m’appartienne sinon la paix du cœur et la fraîcheur de l’air. »
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source : La Vie
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samedi 24 février 2024
C'est le moment du pissenlit
Le retour des plantes sauvages et, en premier lieu, voici le pissenlit :
Caractéristiques de composition (hors macronutriments, vitamines et minéraux)
- Une étude a mis en évidence la présence de plusieurs polyphénols dans les fleurs de pissenlit, dont l’acide gallique (44,14 µg/g de matière sèche), la rutine (18,66 µg/g de matière sèche), le resvératrol (274,92 µg/g de matière sèche), l’acide vanillique (82,88 µg/g de matière sèche) et l’acide sinapique (593,04 µg/g de matière sèche) (Lopez-Garcia, 2013). On y retrouve également des flavones : la lutéoline et du chryoeriol (Milek, 2019).
- Le taraxastérol (triterpène) a également été isolé du pissenlit (Liu, 2013). Celui-ci aurait des effets anti-inflammatoires et antioxydants, qui pourrait notamment lui permettre d’être bénéfique dans certaines conditions telles que le foie endommagé par l’alcool, une alimentation riche en lipides (Xu, 2018 ; Li, 2020), le cancer de l’estomac (Chen, 2020) et l’inflammation du côlon (Che, 2019 ; Chen, 2019).
- Les feuilles de pissenlit contiennent des acides organiques dont, du plus au moins abondant, l’acide malique, l’acide malonique, l’acide tartarique, l’acide citrique, l’acide quinique, l’acide succinique, l’acide acétique et l’acide formique (Grauso, 2019).
- Tout comme les fleurs, les feuilles renferment également des polyphénols tels que des flavonoïdes (luétoline et dérivés, dérivés de quercétine) et des acides phénoliques (acide caféique et dérivés caffeoyl, acide chicorique) (Flores-Oceloti, 2018 ; Grauso, 2019 ; Milek, 2019).
- Les feuilles contiennent aussi des caroténoïdes, comme le β-carotène, la lutéine et la violaxanthine. En revanche, la teneur en chlorophylle et en caroténoïde dépend de la variété et de la localisation de la culture (Gomez, 2018).
- La présence de polyphénols et de caroténoïdes confère au pissenlit une activité antioxydante (Gomez, 2018 ; Aremu, 2019), qui est plus importante pour les feuilles que pour les fleurs (Milek, 2019)
- La lutéoline et les dérivés de l’acide caféique et caféoylquinique ont montré un effet antiviral (Flores-Oceloti, 2018).
- La lutéoline serait également un antidiabétique en inhibant l’α-glucosidase qui empêche la digestion des glucides (Choi, 2018).
- De plus, l’acide chicorique, le taxastérol, l’acide chlorogénique et les sesquiterpènes lactones contenus dans le pissenlit permettent aussi de lutter contre le diabète de type 2. Les sesquiterpènes lactones sont généralement extraits des racines, mais sont aussi contenus dans les feuilles du pissenlit, tels que l’acide taraxinique et l’acide β-D glucopyranoside (Wirngo, 2016).
- Les composants principaux identifiés dans un extrait à l’hexane des feuilles de pissenlit sont le phytol, le lupeol, l’acétate de taraxasteryl, le β-sitosterol, l’α-amyrin, le β-amyrin et l’acétate de cycloartenol (Ivanov, 2108). Cette fraction présente également une activité antioxydante et antimicrobienne (Ivanov, 2018).
- source : Aprifel
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vendredi 23 février 2024
L'écran vierge de la conscience
Mes chers amis,
A la méditation, nous avons employé une image pour parler de ce qu'est l'esprit, la conscience.
Nous pouvons comparer la conscience à un écran sur lequel est projeté un film, le film de notre vie, le film de tout ce que nous percevons. Bien que le film n'ait aucune substance, il existe et peut être vu.
Le film n'est pas l'écran et pourtant il n'est pas séparé de lui. De même notre vie n'apparaît nulle part ailleurs que dans notre conscience et n'est pas séparée d'elle. Sans écran, la projection du film n'est pas visible.
L'écran lui ne peut pas être vu quand le film est projeté, et le film est projeté en permanence.
Sans être vu, l'écran est connu. L'esprit, sans substance, immatériel, ne peut être vu, mais il peut être connu.
L'écran n'est pas affecté par le film qui est projeté. On ne retrouve pas dans l'écran de traces de balles après un film de guerre ; de même l'esprit n'est pas affecté par les phénomènes qui apparaissent au sein de la conscience.
Le film est vu sur l'écran, mais en réalité il est dans la bobine de film qui est dans le projecteur.
Toutes nos empreintes karmique sont engrangées dans ce que les bouddhistes appellent la "conscience base de tout". C'est elle qui conditionne notre vision du monde. Nous avons besoin de notre précieux corps humain pour que la lumière prenne la forme d'un film en "traversant" nos empreintes.
L'écran n'attend pas un film particulier, ne préfère aucun film, n'est déçu par aucun film, n'est jamais triste qu'un film s'arrête, parce qu'il y en a toujours un autre qui commence…
A la différence de l'écran, notre esprit à la capacité de se connaître lui-même, c'est le miracle de l'auto-connaissance, un caractéristique que seul possède l'esprit.
Nous pourrions donc dire que nous sommes à la fois l'écran, le film, le projectionniste, la bobine de film et le spectateur et que c'est cela la vie…
Mais tout cela n'est qu'une image, nous avons juste besoin de méditer en silence pour reconnaître ce que nous sommes, pour le réaliser.
Avec ma profonde amitié pour vous tous, je vous souhaite souhaite un bon film, le film de votre journée.
Philippe
jeudi 22 février 2024
L'émotion du bois
Nous sommes entrés dans le mouvement du bois. Il vient de la profondeur de l'eau (les racines) et va vers la communication du feu (l'ouverture). C'est bourgeonnant (et pas bougonnant) ! Bonne lecture avec Alice Korovitch !
mercredi 21 février 2024
Sans besoin
Les problèmes humains sont uniquement dans la demande : j'ai besoin d'être compris, telle personne ne me comprend pas, ne me respecte pas, ne m'aime pas. Un moment donné, on ne demande plus rien à un être humain. Quand on ne demande plus rien, la vie est facile. Mais tant qu'il y a la moindre demande, on vit dans la misère parce qu'une demande, c'est une trahison de notre état essentiel qui est un état sans besoin. Quand je prétends que j'ai besoin de quoi que ce soit, je m'écarte de la vérité, je m'écarte de cet amour profond.
Je n'ai besoin de rien : ça c'est le véritable amour.
~ Éric Baret
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mardi 20 février 2024
Refus de l'émotion
lundi 19 février 2024
Violence, tensions, micro-agressions : comment apprendre à se préserver
INTERVIEW. Le psychiatre Christophe Massin nous invite à analyser nos propres mécanismes de défense et partage des pistes pour se protéger et « se réconcilier avec soi-même ».
par Alice Pairo-Vasseur (Publié le 16/02/2024) dans Le Point
« Avoir du mal à se défendre n’est pas une fatalité. On peut avoir le sentiment que cela nous dépasse, qu’on ne peut faire autrement, mais la vérité est que chacun peut progresser dans ce domaine », fait valoir le Dr Christophe Massin.
L'attitude délétère d'un proche, le mépris d'un chef, l'agressivité d'un quidam… La nécessité de se défendre et de se faire respecter nous concerne tous. Or nous n'avons pas tous la même capacité à le faire. Pourquoi certains subissent quand d'autres protestent et savent poser leurs limites ? Et comment apprendre à s'opposer et se préserver ? Avec Savoir se défendre – L'immunité psychique (éd. Odile Jacob), le psychiatre Christophe Massin propose une analyse fine et accessible des mécanismes de défense. Il nous invite à observer notre propre fonctionnement, à prendre conscience de nos conditionnements et partage ses pistes pour faire face aux agressions extérieures. Et « se réconcilier avec soi-même ».
Le Point : Vous nous invitez, à travers votre livre, à préserver notre « immunité psychique ». De quoi s'agit-il exactement ?
Christophe Massin : Comme avec l'immunité physiologique, qui nous protège des agressions de toutes sortes (microbiennes, infectieuses…), l'immunité psychique vise à nous défendre de situations (actions, paroles…) qui pourraient nous atteindre et nous perturber sur le plan psychologique. Mon observation part d'un constat clinique : pour m'être occupé de risques psychosociaux en entreprise, j'ai pu observer pendant des décennies combien les personnes qui manquaient de défenses, de limites, pouvaient être maltraitées, exploitées ou écrasées.
Et ce, dans tous les milieux : ouvriers, cols blancs, infirmières, gendarmes… Ces actions ne mettaient pas, à proprement parler, leur vie en danger. Mais elles avaient le pouvoir de les atteindre, de les perturber sur le plan psychique et même, à terme, d'avoir un impact sur leur corps et leur santé (allergies, déficiences immunitaires, maladies auto-immunes…). Préserver son immunité psychique revient donc à distinguer ce qui est bon pour soi de ce qui peut nous faire du tort. Mais aussi à se faire respecter, à poser ses limites et à défendre son intégrité. Comme une sentinelle qui dirait : « Non, ça, je ne laisse pas passer. »
Notre société nous mettrait plus à l'épreuve que jamais, exposez-vous dans votre livre. Expliquez-nous…
Je ne suis pas sociologue et cela mériterait une analyse à part entière. Mais force est de reconnaître qu'une désinhibition des pulsions agressives opère dans notre société. Et le mouvement semble général : les conducteurs de bus, les maires, les médecins, les professeurs. Tous ceux qui travaillent au contact du « public » sont touchés. Les écriteaux de salles d'attente rappelant qu'on doit « respecter la secrétaire », les professeurs qui racontent qu'ils se font insulter par leurs élèves…
Tout cela aurait été inconcevable quelques années en arrière ! Cette agressivité dépasse d'ailleurs nos frontières, le climat de tensions et de crises que l'on observe sur l'ensemble de la planète (réchauffement climatique, conflits…) fait monter les réflexes de peur, donc la violence. Dans cet environnement de plus en plus instable et imprévisible, il est fondamental de s'interroger sur ses ressources. Suis-je prêt à faire face ? Vais-je réussir à ne pas me laisser embarquer ?
Vous pointez aussi les effets délétères d'une agressivité « minimisée », « banalisée »…
Oui, car cette agressivité n'est pas reconnue comme telle, et peut être, de fait, un véritable piège. Plus pernicieuse que l'attaque frontale ou l'insulte, elle est faite de jugements dépréciatifs, de mépris, voire d'une surdité à ce que l'on est. Quand, en réunion, ce supérieur ou ce collègue vous fait une remarque « l'air de rien », ce peut être une flèche, un projectile que vous recevez. Et il est important de ne pas s'y habituer. Cela commence par le fait de le reconnaître et de le nommer puis de le signifier. Cela n'a souvent « pas l'air méchant », mais ce peut être, dans certains cas, un poison : vous êtes déstabilisé, commencez à douter de vous, à culpabiliser…
dimanche 18 février 2024
La « pulsion de mort », fatale ou pascale ?
Yeshoua envoie ses disciples annoncer l’Évangile de vérité (alétheia), vérité qui est Amour/Agapè, conscience du Réel infini, un et diversifié.
samedi 17 février 2024
Se détacher du miroir
Désolé si cette pépite – sous-titrée « Reflecting a lifetime » – vous semble un peu rude pour commencer une année … qui s’annonce difficile :
« Il raconte l’histoire d’un homme qui passe de l’enfance au statut de vieillard, le temps d’un brin de toilette. … Si ce récit paraît être une fiction, il est pourtant bel et bien réalité puisqu’il est tout simplement l’histoire de chacun d’entre nous. »
Comme nous sommes tellement « ignorants de ce dont nous sommes le plus assuré, notre essence transparente comme le cristal », nous avons besoin de « réveils » sans cesse plus puissants. D’autant plus que, généralement, « nous n’aimons point les réveils … ».
Il existe deux manières radicalement différentes de regarder « Le miroir » & de se regarder dans un miroir :
- l’habituelle : l’objet reflète ce que nous sommes, constate les inexorables effets du temps sur nos corps … Entretien machinal d’une commune léthargie, si bien résumée par Christian Bobin dans Le Très-Bas : « Le monde veut le sommeil. Le monde n’est que sommeil. Le monde veut la répétition ensommeillée du monde. … L’enfant va à l’adulte et l’adulte va à sa mort. Voilà la thèse du monde. Voilà sa pensée misérable du vivant : une lueur qui tremble en son aurore et ne sait plus que décliner. C’est cette thèse qu’il te faut renverser. »
- celle de la Vision du Soi, le véritable cadeau :
Voilà ce que Douglas écrit dans « Vivre sans stress » à quelqu’un qui se regarde dans un miroir tenu à bout de bras :
« Votre visage humain, votre visage acquis, votre apparence est là-bas, à un mètre environ. C’est une chose. Mais ici, de ce côté-ci de votre bras, se trouve votre visage non-humain, votre Visage Originel, votre Réalité. Ce n’est pas une chose. […] Il est bénéfique de bien faire la différence entre nos deux visages et de bien mettre chacun à sa vraie place. […] Utilisez maintenant votre miroir pour vous débarrasser du stress – en le regardant pour voir ce que vous n’êtes pas. »
Ne vous contentez surtout pas de lire ce passage, faites réellement l’expérience devant un miroir, vérifiez ce qu’il en est pour vous-même !
Elle coïncide bien entendu avec celles que proposent la plupart des véritables spiritualités, le Zen notamment :
Connaissez-vous le kôan : « Vous êtes l’image au miroir, mais l’image au miroir n’est pas vous » ? Le moi n’est que votre image, celle que vous présentez aux autres et à laquelle par erreur vous vous identifiez. Votre moi est aléatoire, il n’est que provisoire, il naît et il meurt, il meurt parce qu’il est né. Or vous, vous étiez avant et vous serez après. Voilà ce que signifie l’expression « visage originel ». Jacques Brosse « Pratique du zen vivant » (page 85)
Elle s’inscrit dans le droit fil de la logique de la Vie « surabondante », la Grande Vie : « Mais l’amour veut l’éveil. L’amour est l’éveil chaque fois réinventé, chaque fois une première fois. » (Christian Bobin, Le Très-Bas).
Et l’observation & constatation soigneuses de ce qui est vu permettent – simplement, concrètement, joyeusement – d’adopter cette nouvelle & très ancienne façon de Voir :
d’où sort la dent de lait ?
où vont la brosse à dents, le rasoir, la cigarette ?
où disparaissent le gant de toilette, l’eau dont s’asperge l’adolescent, la gorgée effervescente ?
les lunettes ne s’ajustent-elles pas en un « œil unique » ?
les nombreux « R » inversés dans le titre et le générique de début ne sont-ils pas autant d’invitation à retourner le regard vers sa source ?
Jean-Marc Thiabaud
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