Tiré d'un article intéressant de Mediapart
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NOUS NE MANQUONS DE RIEN
La pandémie révèle la fragilité et la fausseté de notre société. Nous pouvons continuer de répondre à cette « agression » comme d’habitude, en renforçant notre refoulement et nos mensonges, en partant en guerre pour faire disparaître ce qui nous dérange, en nous empiffrant toujours plus vite et toujours plus intensément pour chercher l’objet externe qui enfin nous comblera et nous coupera des émotions que provoque notre désarroi profond. Ou bien en profiter pour ouvrir les yeux, déboucher nos oreilles et écouter.
Il semble que lorsque l’on se réouvre à la vie qui nous entoure et dont nous sommes, lorsque l’on retrouve cette union simple avec le vivant, une joie simple d’être vivant émerge. Nous voyons et sentons les choses différemment, avec un autre goût. Nous retrouvons la saveur de vivre. C’est une fête des sens et une joie profonde. Dans la vie, par notre réintégration à la nature comme élément vivant parmi les autres, nous retrouvons nos racines. Nous nous sentons entiers, complets. Ce que nous cherchions désespérément à l’extérieur de nous, était depuis toujours en nous et tout autour de nous. Nous découvrons que nous sommes déjà entiers et que nous l’avons toujours été. Faites l’expérience, peu à peu, et vous sentirez. Expérience du souffle, de la présence. Les mots peuvent sans doute paraître mièvres, mais l’expérience ne l’est pas. A toutes les époques, dans toutes les régions du monde et toutes les cultures, des personnes ont cherché à retranscrire cette expérience (Râmana Mahârshi, Rabindranâth Tagore, Osho, Jiddu Krishnamurti, Tchouang Tseu, Lao Tseu, Thich Nhat Hahn, Saint François d’Assise, Sainte Thérèse de Lisieux, Rûmi, Ostad Elahi, Rashi, Martin Buber, Arnaud Desjardins, Armelle Six, Daniel Morin, Jean Bouchart d’Orval, Jeff Foster, Richard Moss…).
La peur peut alors se réveiller. Ce simple plaisir est-il encore durablement possible ? Mes enfants pourront-ils encore profiter de cette simple joie de vivre ? Il n’est jamais trop tard pour s’interroger sur le monde qu’on laisse à ses enfants… pour s’interroger sur ses responsabilités. Ce sera toujours possible d’être plein de la joie d’être vivant, mais dans quel environnement ? Que pouvons-nous faire ? Que pouvons-nous répondre au Covid-19 (qui est lui aussi un virus vivant qui cherche à se reproduire et à se perpétuer) ?
CE QUI SE JOUE N'EST PAS LA VICTOIRE SUR UN VIRUS MAIS BIEN LA COMPRÉHENSION DE NOTRE RÔLE DANS LES DRAMES QUI S'ANNONCENT
Voici quelques modestes et rapides pistes. Ce qui se joue n’est pas la victoire sur un virus mais bien la compréhension de notre responsabilité et de notre rôle dans les drames qui s’annoncent. Si nous ne pouvons pas contrôler la nature et les humains, il nous reste une marge d’action immédiate et majeure : le contrôle de nos créatures et de nos chimères. Le contrôle du monde parallèle. La fin du cheminement consistant peut-être à ne plus avoir besoin de contrôler quoi que ce soit. Ce cheminement a sans doute deux volets : une introspection individuelle et le discernement de perspectives pertinentes puis le passage à l’action dans la société.
L’introspection individuelle est le premier et principal contrôle dont nous disposons, celui qui nous permet de construire et de déconstruire à notre gré nos croyances et notre vision du monde, nos dénis et nos peurs, nos pulsions et nos sentiments de manque. La première chose à faire semble sans doute de nous éveiller au monde vivant qui nous entoure et nous habite et de discerner au milieu des carcans idéologiques, dogmatiques, culturels collectifs et au milieu de nos croyances individuelles celles qui sont encore pertinentes et que nous voulons conserver et celles limitantes ou opacifiantes que nous devons modifier ou dont il nous semble important de nous émanciper. Le réenracinement dans le monde de la vie va de toute façon changer notre manière d’appréhender le monde, la vie et les êtres vivants.
Au niveau social, ce qui dépend de nous est beaucoup plus délicat. Cela ne doit pas nous freiner ni nous empêcher de chercher à apporter notre pierre à l’édifice et jouer notre rôle de colibri.
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