Parfois la vie nous demande de lâcher prise un peu plus en profondeur, de lâcher quelques croyances et illusions un peu plus fondamentales que les autres. Dans ces moments, on a l'impression que tout s'effondre, que plus rien n'a de sens, que tout ce beau, long et difficile chemin vers soi-même et vers la réalité de ce qu'est la vie, n'a servi à rien. Oui, "à quoi bon". Le désespoir peut prendre alors une place immense. Notre mental peut commencer à sérieusement paniquer, et tenter de trouver une issue de secours, un moyen de mettre fin à cet inconfort, à ce tiraillement interne qui peut devenir un vrai calvaire mental.
Sans aucun doute, nous sommes arrivé au bout d'un fonctionnement, au bout d'un conditionnement, notre organisme essaie de s'en séparer, mais le mental essaie lui de reprendre la main, par tout moyen. Et c'est tellement tentant n'est-ce pas : de reprendre la main, de trouver une porte de sortie, pour aller mieux.
Pourtant mieux vaux ne rien faire. Mieux vaut se laisser faire, se laisser être ça, totalement, autant qu'on le peut, et mieux vaut justement ne surtout pas tenter de trouver une porte de sortie. Mais plutôt laisser ce désespoir s'exprimer jusqu'au bout. Laisser le mental aller au bout de son délire. Vivre le truc à fond.
C'est un moment délicat, car nous devons renoncer aux invitations incessantes du mental à aller vers les solutions habituelles (méditer, pratiquer, investiguer, comprendre, chercher, envisager un mieux, reprendre espoir), alors que la situation nous demande justement d'arrêter toutes ces stratégies, qui ont peut-être fait leurs preuves à un moment (voir de nombreuses années), mais qui sont désormais obsolètes.
Se laisser "couler", "chuter" totalement. Voilà la seule vraie possibilité à mon avis : arrêter toutes nos stratégies, n'en suivre aucune même la plus alléchante, pour vivre vraiment et totalement cette dé-construction intérieure. C'est le seul moyen d'abdiquer toujours plus profondément à la réalité du vivant. Il n'y a pas d'autre moyen.
Séverine
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