S'il vous est arrivé de laisser de côté la pratique méditative pendant ces mois d'été, ne passez pas trop de temps à vous accabler de reproches. Reconsidérez plutôt avec sérieux ce propos de Karlfried Graf Dürckheim : « On sait que l'on est sur le chemin lorsqu'on ne peut plus s'en écarter ».
En effet, chercher de bonnes raisons au fait que l'on a médité ou pas, c'est encore vouloir justifier cette pratique et l'enfermer dans des grilles de lecture définies par le moi.
La méditation ne se justifie pas, elle est sans usage, elle se présente sans référence et ne ressemble à aucune autre activité. Il n'y a pas à se dire : « C'est bien de pratiquer », « Je devrais pratiquer », ou encore : « J'aurais dû pratiquer ». Ces remarques ne font qu'introduire entre le moi et la pratique une relation de marchandage. Nul ne peut définir la méditation et nous ne pouvons nous définir par rapport à elle. En outre, la pratique ne s'aborde pas à petits pas (un pas en avant, trois pas en arrière), c'est un saut.
Afin de répondre à l'exigence du propos de K.G.Dürckheim, nous devons démontrer une confiance absolue dans l'action de s'asseoir, le dos droit, totalement immobile. Immersion sans retenue dans une pratique corporelle saisissante de simplicité et qui demeure inchangée depuis Bouddha. Expérience vierge de tout présupposé, à laquelle vous vous abandonnez chaque jour parce qu'elle est toujours neuve. La tenue juste, à elle seule, désorganise la pensée et ses stéréotypes.
Quand nous regrettons de ne pas avoir suffisamment médité, nous soumettons notre pratique à « la surveillance du moi ». Si nous laissons dépendre notre assiduité d'une gratification du moi, nous perdons l'essence de la pratique.
Abandonnons marchandages et palabres inutiles; devenons simplement curieux de l'approfondissement de notre propre façon d'expérimenter. C'est cette curiosité qui devient alors invitation à la pratique, se soustrayant ainsi au contrôle du moi existentiel. La curiosité a quelque chose d'immédiat, elle ne nous engage pas dans le long terme, elle nous libère de cette idée d'une quête infinie. Elle nous introduit dans la méditation avec ce regard éveillé, totalement attentif à la manière dont nous sommes touchés par ce qui nous arrive. Personne n'est en mesure d'inciter quelqu'un à persévérer dans la pratique, il n'y a que la pratique pour expliquer la pratique et pour convaincre de pratiquer.
On ne peut pas « se forcer » à méditer et cependant il faut s'efforcer, jusqu'au point où l'on bascule dans cette évidence corporelle qu'est l'exercice méditatif. Là commence le chemin, parce que la foi en zazen (dont parle maître Hakuin) s'est suffisamment nourrie d'une pratique assidue. La foi ne peut se passer de la pratique, de même que la pratique ne peut se passer de la foi.
Négliger la pratique n'est pas un manquement par rapport au moi, puisqu'elle est sans usage pour le moi, mais par rapport à notre vraie nature, à ce qui nous fait être, un manquement quant à l'actualisation de ce que nous sommes au plus profond. Cela ne s'évalue pas en terme de regrets, de culpabilité.
En effet, chercher de bonnes raisons au fait que l'on a médité ou pas, c'est encore vouloir justifier cette pratique et l'enfermer dans des grilles de lecture définies par le moi.
La méditation ne se justifie pas, elle est sans usage, elle se présente sans référence et ne ressemble à aucune autre activité. Il n'y a pas à se dire : « C'est bien de pratiquer », « Je devrais pratiquer », ou encore : « J'aurais dû pratiquer ». Ces remarques ne font qu'introduire entre le moi et la pratique une relation de marchandage. Nul ne peut définir la méditation et nous ne pouvons nous définir par rapport à elle. En outre, la pratique ne s'aborde pas à petits pas (un pas en avant, trois pas en arrière), c'est un saut.
Afin de répondre à l'exigence du propos de K.G.Dürckheim, nous devons démontrer une confiance absolue dans l'action de s'asseoir, le dos droit, totalement immobile. Immersion sans retenue dans une pratique corporelle saisissante de simplicité et qui demeure inchangée depuis Bouddha. Expérience vierge de tout présupposé, à laquelle vous vous abandonnez chaque jour parce qu'elle est toujours neuve. La tenue juste, à elle seule, désorganise la pensée et ses stéréotypes.
Quand nous regrettons de ne pas avoir suffisamment médité, nous soumettons notre pratique à « la surveillance du moi ». Si nous laissons dépendre notre assiduité d'une gratification du moi, nous perdons l'essence de la pratique.
Abandonnons marchandages et palabres inutiles; devenons simplement curieux de l'approfondissement de notre propre façon d'expérimenter. C'est cette curiosité qui devient alors invitation à la pratique, se soustrayant ainsi au contrôle du moi existentiel. La curiosité a quelque chose d'immédiat, elle ne nous engage pas dans le long terme, elle nous libère de cette idée d'une quête infinie. Elle nous introduit dans la méditation avec ce regard éveillé, totalement attentif à la manière dont nous sommes touchés par ce qui nous arrive. Personne n'est en mesure d'inciter quelqu'un à persévérer dans la pratique, il n'y a que la pratique pour expliquer la pratique et pour convaincre de pratiquer.
On ne peut pas « se forcer » à méditer et cependant il faut s'efforcer, jusqu'au point où l'on bascule dans cette évidence corporelle qu'est l'exercice méditatif. Là commence le chemin, parce que la foi en zazen (dont parle maître Hakuin) s'est suffisamment nourrie d'une pratique assidue. La foi ne peut se passer de la pratique, de même que la pratique ne peut se passer de la foi.
Négliger la pratique n'est pas un manquement par rapport au moi, puisqu'elle est sans usage pour le moi, mais par rapport à notre vraie nature, à ce qui nous fait être, un manquement quant à l'actualisation de ce que nous sommes au plus profond. Cela ne s'évalue pas en terme de regrets, de culpabilité.