« Celui qui conduit sa vie quotidiennement dans le secret et l’obligation de conscience au sein de la relation sera appelé soit par l’instructeur soit par sa propre pratique à un exercice régulier qu’on peut appeler le recueillement, le rassemblement, la méditation. Cette méditation-là, bien sûr, n’est pas une technique de transformation intérieure, ce n’est pas non plus un travail supplémentaire. C’est le shabbat quotidien de l’homme conscient. Dans la voie du monde et de la relation consciente, il existe une méditation, qui n’a pas grand-chose à voir avec les techniques - hautement respectables - d’énergie, de transformation, de modification du mental, etc. Elle est ce moment du recueil en fin de journée qui jouit du fruit d’une journée consciente. C’est le repos de la conscience avant le repos du corps. C’est pouvoir s’asseoir tranquillement, les yeux ouverts ou clos, et laisser véritablement s’exprimer ce que nous sommes en cette fin de journée.
Ce qui apparaît à ce moment-là nous montre vraiment le résultat de la journée, de la vie telle que nous la menons. Et il est bon de ne pas y toucher, ne pas le transformer, ne pas le manipuler, mais au contraire le laisser nous parler parce que c’est le baromètre de l’état dans lequel nous vivons, le résultat véritable de la journée que nous menons dans notre quotidien. Il s’agit d’y consacrer un court moment - dix ou vingt minutes peu importe - mais y consacrer un temps régulier, afin de voir, de constater vraiment et sans jugement, où l’on en est de la relation consciente. Parce que nous épuisons, dans la pratique de la relation consciente, un contentieux personnel qui s’exprime dans les relations. On verra alors qu’au fil des jours les relations ne laissent aucune trace, aucune mémoire en nous, parce qu’elles sont vécues de plus en plus pleinement, sans arrière-pensées, sans contentieux, sans résidus ; elles ne sont plus vécues pour des résultats, dans l’anticipation ou la mémoire.
Si on observe bien, pourquoi pratique-t-on des techniques destinées à rendre silencieux le mental ou à pacifier les agitations émotionnelles ? Parce que continuellement, dans la journée, les relations perpétuent, entretiennent ces agitations, ces préoccupations, ces attentes, ces anticipations, ces rancoeurs, ces contentieux… Mais si on vit la relation de façon de plus en plus consciente, non intéressée, pour accomplir sa valeur réelle, alors ces mécanismes-là s’épuisent, et lorsqu’on s’asseoit le soir, en silence, il y a de moins en moins de retour des relations évitées, avortées, non menées à terme. Il y a de moins en moins de bruit, de « conciergerie » intérieure. On devient non pas un méditant, mais un lieu de plus en plus paisible, le lieu de méditation de Dieu. Au lieu d’être le lieu du bruit du monde, d’un monde avorté, inachevé, on devient vraiment le lieu de l’avènement du Royaume, le lieu où l’univers se plait à se reconnaître. On devient, au sens noble, un temple où Dieu fait Sa résidence, non seulement dans ces moments de silence, mais la journée suivante, dans la qualité de notre relation au prochain. Voilà la méditation de la voie du monde.
Celle qui nous dit ce qu’il en est de la qualité de notre relation au quotidien et celle qui nous oblige à nous rappeler, le jour suivant, le travail à faire au sein de cette relation. Rien à pratiquer dans cette méditation : s’asseoir, constater. Et, peut-être, prendre la résolution d’une meilleure conscience le lendemain, dans la relation.
Paroles d’Yvan Amar au séminaire "Obligation de conscience", Trimurti 27/31 août 96.
Ce qui apparaît à ce moment-là nous montre vraiment le résultat de la journée, de la vie telle que nous la menons. Et il est bon de ne pas y toucher, ne pas le transformer, ne pas le manipuler, mais au contraire le laisser nous parler parce que c’est le baromètre de l’état dans lequel nous vivons, le résultat véritable de la journée que nous menons dans notre quotidien. Il s’agit d’y consacrer un court moment - dix ou vingt minutes peu importe - mais y consacrer un temps régulier, afin de voir, de constater vraiment et sans jugement, où l’on en est de la relation consciente. Parce que nous épuisons, dans la pratique de la relation consciente, un contentieux personnel qui s’exprime dans les relations. On verra alors qu’au fil des jours les relations ne laissent aucune trace, aucune mémoire en nous, parce qu’elles sont vécues de plus en plus pleinement, sans arrière-pensées, sans contentieux, sans résidus ; elles ne sont plus vécues pour des résultats, dans l’anticipation ou la mémoire.
Si on observe bien, pourquoi pratique-t-on des techniques destinées à rendre silencieux le mental ou à pacifier les agitations émotionnelles ? Parce que continuellement, dans la journée, les relations perpétuent, entretiennent ces agitations, ces préoccupations, ces attentes, ces anticipations, ces rancoeurs, ces contentieux… Mais si on vit la relation de façon de plus en plus consciente, non intéressée, pour accomplir sa valeur réelle, alors ces mécanismes-là s’épuisent, et lorsqu’on s’asseoit le soir, en silence, il y a de moins en moins de retour des relations évitées, avortées, non menées à terme. Il y a de moins en moins de bruit, de « conciergerie » intérieure. On devient non pas un méditant, mais un lieu de plus en plus paisible, le lieu de méditation de Dieu. Au lieu d’être le lieu du bruit du monde, d’un monde avorté, inachevé, on devient vraiment le lieu de l’avènement du Royaume, le lieu où l’univers se plait à se reconnaître. On devient, au sens noble, un temple où Dieu fait Sa résidence, non seulement dans ces moments de silence, mais la journée suivante, dans la qualité de notre relation au prochain. Voilà la méditation de la voie du monde.
Celle qui nous dit ce qu’il en est de la qualité de notre relation au quotidien et celle qui nous oblige à nous rappeler, le jour suivant, le travail à faire au sein de cette relation. Rien à pratiquer dans cette méditation : s’asseoir, constater. Et, peut-être, prendre la résolution d’une meilleure conscience le lendemain, dans la relation.
Paroles d’Yvan Amar au séminaire "Obligation de conscience", Trimurti 27/31 août 96.