"Maintenant la nuit tombe. Dans le cours de cette nuit, jusqu'à l'aube, le
Bodhisattwa franchit tous les degrés de réalisation. Ayant pleinement compris
le cycle de la « production conditionnée » (pratîtya samutpâda), il parvient à
l'éveil total : il est Bouddha. L'univers entier est transfiguré de joie. Alors le
Bouddha entonne son fameux chant de victoire :
Cherchant le bâtisseur de la maison,
J'ai couru ma course dans le tourbillon
Des naissances sans nombre qui jamais n'échappent à l'entrave de la mort ;
Le mal, de naissance en naissance, se répète.
Possesseur de la maison, je te vois.
Jamais plus tu ne me bâtiras une maison.
Toute ta charpente est brisée,
Le faîte du toit a volé en éclats :
Son assemblage n'est plus ;
Mon esprit est parvenu à la destruction des désirs.
Le Bouddha reste pendant sept semaines dans le cercle de l'arbre de
l'Éveil, goûtant le bonheur de la Délivrance."
Ananda K. Coomaraswamy, Hindouisme et bouddhisme
Traduit de l’anglais par René Allar et Pierre Ponsoye